Progrès... oui, progrès, mais moins de contact avec la Nature dans l'auto, ou dans les rues du village. Moins de beaux paysages à contempler tout à son aise, moins de rêverie au long des chemins... Cependant, à l'âge où l'enfant se cherche et se retrouve, vers treize, quatorze, quinze ans, c'est à nouveau l'éclosion. On la sent se préparer, on en suit les tâtonnements, les hésitations, l'éclosion. C'est le plus souvent les filles qui, par le dessin, commencent à dévoiler leur âme secrète. C'est en général la série des portraits - l'image ou les images de la jeune fille qu'elles voudraient être - qui s'imposent au départ. Essayons de voir l'ensemble, chez tous nos enfants de la terre, de cette montée vers la sûreté de l'expression. Trois étapes nous apparaissent : • Il y a d'abord une période pauvre où le dessin n'est soucieux que de reproduction fidèle. C'est une période cependant comme globale dans laquelle le sujet compte plus que la forme. • Puis, chaque dessin est riche d'un détail mieux traduit, mieux aimé, mieux senti et qui se détache de lui-même, se met en relief dans l'ensemble encore pauvre et mal composé. |
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Cette période n'est pas sans réussites, parfois fortuites, mais qui sensibilisent l'enfant à certaines valeurs : originalité du dessin, choix heureux des couleurs. Le détail heureux est très longtemps répété, placé dans d'autres combinaisons et l'inspiration finit par prendre ses droits, la personnalité par s'affirmer en même temps qu'une prise de possession d'une technique personnelle et un souci, non plus de reproduire mais de traduire, d'inventer, de créer, • Alors, c'est l'éclosion : comme pour les textes libres, par tâtonnements heureux, l'expression trouve sa formule personnelle. Cette période, si émouvante, est, hélas ! très courte pour nous car c'est le moment où l'adolescent va nous quitter pour se plonger dans les obligations de la vie quotidienne qui ne sera guère propice au rêve et à son expression. Mais, nous l'avons constaté, ceux-là sauront toujours voir, sentir, aimer les beaux spectacles découverts à l'instant où la sensibilité en éveil aime toute la création. C'est à cet âge où l'on sait regarder «le grand frêne qui, dans la nuit, étend sa branche noire soulignée d'argent». Ou : «La mare coquette, aux eaux vertes, lumineuses comme les yeux d'un chat. » Ou : «Le ruisselet surprenant la sauterelle, qui part, ouvrant ses ailes en éventail rouge ou bleu... » Ils sauront toujours être sensibles à la beauté du monde. M .L et P. CABANES (1964) |
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