|
EXPOSITION
LURÇAT à NICE
Nice - Galerie des
Ponchettes, décembre 1962 - février 1963
Après
avoir admiré la soixantaine de tapisseries de LURÇAT, exposées à la galerie
des Ponchettes, on se sent réconcilié avec la vie. La joie de regarder,
de découvrir, de sentir les mille liens qui rattachent l'âme de l'artiste
au monde, c'est avant tout une bonne action. S'il y a un génie de l'inspiration,
il nous apparaît ici comme familier à la fois par ses sujets humbles,
courants, à la portée de nos regards et de nos mains et par une sorte
de bonhomie joyeuse du créateur. LURÇAT, c'est un homme qui pense, médite,
sans en avoir l'air, et c'est pourquoi, il donne vraiment à penser aux
autres. D'autant plus qu'au delà de l'inspiration de l'artiste se profile
le travail méticuleux de l'artisan. Jamais ces deux aspects de l'homme
n'avaient fait meilleure et si fertile alliance pour nous redonner le
sens de la vie et la notion de véritable culture. C'est ce qu'exprime
dans la présentation de l'exposition en une analyse pénétrante, le meilleur
peut-être de nos critiques d'art contemporains : RENE HUYGUE :
Les
tapisseries de Lurçat sont là à mûrir paisiblement l'Art Moderne comme
des pampres qui se chauffent au soleil, à des soleils familiers tombés
du zodiaque pour rouler sous des tables.
Voici
les vendanges : le jeu plastique des lignes décrites à grandes courbes
comme la trace du ballet de sa main, le jeu des couleurs, qu'il a réduites
au nombre des planètes ; harmonies, cadences et rythmes ; le
mystère de ce qui, par delà la logique accoutumée, va retrouver l'atavisme
des symboles inconscients ; et le réel enfin, lavé, racheté de ses
platitudes, évadé du réalisme, le réel s'élevant jusqu'à la plastique
et descendant aux profondeurs de la poésie, fenêtre ouverte, table, poissons,
coqs, perdrix, feuilles, grappes ou planètes, alphabet coutumier et magique
de l'Univers ! Ce n'est plus l'héritage fructifié du cubisme et du
surréalisme, c'est par delà le sel des plus vieilles traditions, la familiarité
surnaturelle du Moyen Age qui, lui aussi, savait d'une branche enroulée
autour d'un chapiteau et d'un zodiaque évoqué au portail, susciter le
Monde du végétal à l'astre.
« Cette
familiarité surnaturelle » les
quelques enfants de l’Ecole Freinet qui nous accompagnaient, en étaient
éblouis. Cette oeuvre immense aux vastes perspectives et aux infinies
patiences était de leur monde. Aussi grande fut leur joie de découvrir
parmi de telles richesses, une tapisserie qui leur rendait LURÇAT plus
proche encore. Le commentaire de cette oeuvre était ainsi libellé :
23.
Vase Freinet, 1961 Créée après une visite de l'artiste à l'Ecole Freinet
à Vence, d'après le dessin d'un élève : 150X150
Ce fut pour eux le meilleur cadeau de Noël.
E.F.
|