A leur passage, toutes les créatures se couchent et s'endorment : une immobilité presque biblique s'installe sur le plateau alors qu'un son de flûte très lié annonce une solennité attendue. Quelques coups de tambour très doux dans lesquels sons clairs et sons assourdis s'unissent, précipitent l'événement de dernière heure: la présence du Père Noël passant dans un monde endormi qu'il réveillera tout à l'heure. |
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Les accompagnateurs du Père Noël frappent des pieds et font une musique de marche qui s'allège et s'évanouit. On n'entend plus rien. Un chant modulé de caille traverse la scène et s'éteint. Puis, deux personnages mystérieux font irruption sur le plateau. Ils se penchent sur ce paysage endormi, appellent les grillons (qui chez nous sont toujours à l'honneur...). Un troisième personnage surgit qui fait retentir le timbre de bronze. |
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La caille reparaît : elle a pris un masque nègre. Le grillon chante dans un tube en carton qu'il martèle en même temps. Les longues flûtes en roseau et en bambou reprennent les souffles de Noël. |
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« Mais pourquoi a‑t‑on
inventé le Père Noël ? ». Les parents ont dû penser : les petits auront plus de plaisir de croire que les choses ne se paient pas et diront : « Qui m'a porté cela ? Ce serait gentil de le voir ». Peut-être y a-t-il un Père Noël ? Ce qu'on imagine est vra ? Ou faux ? Ou moitié-moitié, ou vrai un jour, d'autrefois, ou demain ? Pour nous faire croire, les parents nous disent : « C'est vrai puisque je te le dis ». Et devant les jouets posés : « Tu vois bien ! ». Mais quand on sait, c'est triste. C'était trop beau, un autre, au ciel, qui nous aimait. Peut-être voulaient-ils nous faire croire qu'ils n'étaient pas tout seuls à nous aimer. Ils m'ont dit ce matin : « Pas de Père Noël si tu n'es pas sage ! ». Quand j'aurai un gosse, je lui dirai : « Le Père Noël c'est moi », un point c'est tout. |
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