Essayons de trouver les raisons du succès de ces circuits près des enfants. D'abord la joie de voir d'autres peintures que les leurs : « L'arrivée très attendue des dessins des petits camarades a déchaîné des explosions de joie à Toury » « Grande joie lorsque le carton, très vite identifié arrive à Arpheuilles ». L'appréciation suit l'exposition : « Sur le très beau dessin de Bernadette de St-Rémy ils ont poussé des « oh ! » et des « ah ! » et des « que c'est joli », sans intervention de ma part bien entendu. Je trouve ça très réconfortant, qu'ils aient un instinct assez sûr pour apprécier ce qui est beau, personnel, original » nous dit Laurence Poueymarie. Et quand la qualité n'est pas aussi aveuglante la discussion s'engage qui forme le jugement : « L'intérêt de cette présentation de dessins c'est que les enfants y découvrent mieux que dans les leurs ce qui est bien, ce qui est mal. A force de trouver que chez les autres, les lignes horizontales font trop raide, ils finiront par ne plus en faire eux-mêmes. J'ai déjà eu des résultats en ce sens... ». Paulette Bry Les petits nous apportent leur spontanéité et leur fantaisie merveilleuses : « Contre toute attente mes grands aiment les dessins des petits de trois ans. Je croyais qu'ils riraient et afficheraient des airs supérieurs, pas du tout ! Ils ont été d'abord étonnés, chez nous on ne va à l'école qu'à 5 ans et on gribouille, on ne dessine pas comme les petits de Renée Cherpeau ! ». L. Poueymarie |
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La confiance en soi naît : « J'éprouve la joie de découvrir des possibilités insoupçonnées chez certains enfants, une plus grande confiance naît entre nous, nous partagerons la même joie, joie de l'effort et joie de la réussite ». Madame Glory de Fondettes J'ai trouvé au départ des petits projets qui restaient à l'état d'embryon. C'est dans ces commencements que j'ai essayé de voir le germe fragile. Il fallait encourager tout détail original trouver un coin à cultiver, une plantule à soigner, à faire grandir et embellir. - Tes arbres sont beaux, Nathalie, mais tes fleurs trop petites et si pâles... Si tu les grossissais ? - C'est bien ! mais attention ne laisse pas couler ta peinture, égoutte ton pinceau, veille à être plus soigneux. - Surtout ne bâcle pas pour finir, attends à demain, d'autres idées viendront qui te permettront d'achever en beauté, car ton soleil et ta fillette étaient joliment dessinés ! Jje trouve dans Van Gogh, à la fois notre raison de travailler et notre ardeur : « 'ai depuis longtemps été touché de ce que les artistes japonais ont pratiqué très souvent l'échange entre eux. Cela prouve bien qu'ils s'aimaient et se tenaient, et qu'il régnait une certaine harmonie entre eux, qu'ils vivaient justement dans une sorte de vie fraternelle, naturellement, et non pas dans les intrigues. Plus nous leur ressemblerons sous cet aspect-à, mieux l'on s'en trouvera ». Et voilà probablement le secret ! Nous retrouvons dans ces lignes une des idées-lés de Freinet, une de celles qui ouvrent les portes : l'échange. Avez-vous senti votre gorge se serrer au moment de l'arrivée du colis dans « L'Ecole Buissonnière » ? Avez-vous revécu comme moi le moment émouvant et exaltant de l'ouverture des lettres et des paquets dans votre classe ?... Quand pendant la projection du film dans la salle de café de mon village, les enfants se sont retournés, ravis et heureux de la ressemblance de ce moment... « c'est comme nous, Madame, c'est comme nous ! » ce fut pour moi, la certitude d'être solidaire de notre Ecole Moderne, d'être liée à elle par un attachement grandi dans les échanges et l'amitié. JEANNE VRILLON |
Ecole de Tours - Clocheville C.E. |