Nous voyons Verlaine aller comme les impressionnistes vers des choses fugitives et de plein air (1) ; il serait facile de relever des titres tels que Soleils couchant, Effet de nuit, Chanson d’automne, Clair de lune, Sur l’herbe, Mandoline,. Bien entendu, tous ce poèmes ne sont pas de facture impressionniste du fait de leur titre, ils ne font que nous révéler l’atmosphère où se complaît la création artistique de Verlaine. Mais déjà cette poésie surprenait ses contemporains pas l’absence de moralités, de spéculations idéologiques, de rhétorique. La poésie se nourrissait de sensations : c’était alors La Bonne Chanson, Romances sans paroles. Mais voyons plus précis avec le poème : Dans l’interminable ennui de la plaine : L'Enfant aussi est impressionniste... Ecole de Beaulieu - Doubs Dans
l'interminable
Le ciel est de cuivre Comme
des nuées Le
ciel est de cuivre Corneille poussive Dans
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Ainsi s'agit‑il de ressusciter la sensation. Jusque là rien de très original par rapport aux idées des cénacles symbolistes, Mais plus que par ses buts voici que Debussy est caractérisé parla forme de son langage technique, Ecoutons Les Préludes, que ce soit Feuilles mortes, Des pas sur la neige, ou tout autre. Ce qui frappe le non initié, c'est la rupture de la ligne mélodique traditionnelle ; les accords sont accolés et c'est de cette juxtaposition harmonique que naît l'oeuvre. Nous n'y trouvons point l'effusion sentimentale d'un Chopin par exemple, mais des suggestions qui reposent en grande partie sur des harmonies raffinées, des timbres à l'état pur, une fragmentation des thèmes. Dans son oeuvre pianistique, comme dans les poèmes de Verlaine ou les toiles d'impressionnistes, la nature est saisie sans ce qu'elle a de plus mouvant, de plus fugitif ; on assiste à une dissolution calculée des formes réelles au bénéfice de suggestions ou, si l'on veut, d'irradiations. L'impressionnisme apparaît ainsi comme un art de la nuance dans la sensation. Art dont la nécessité est apparue aussi bien aux peintres qu'aux écrivains ou aux musiciens, chacun d'eux s'exprimant en son langage. Pénétrer l'art des uns, c'est se préparer à recevoir l'art des autres. Et tout cela nous rapproche de ce point de vue si souvent exprimé que les diverses inventions du génie humain ne révèlent sans doute point de principes psychologiques différents. P. Morisset |
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