Le bonheur

Bonheur où te caches-tu ?

Dans la lune éclatante la nuit ?
Dans les étoiles étincelantes ?
Dans le coeur d'un oiseau ?

Dans l’âme d'un nuage ?
Dans un ciel bleu d'hiver ?
Dans l'esprit d'une fille ?
Dans les feuilles de l'arbre ?
Dans le corps d'une poule ?

Dans la luge d'un enfant les jours de neige ?
Dans mon jardin fleuri ?
Dans les pétales d'une fleur ?

L'homme de Paris

L'homme de Paris marche tout seul dans la rue.

Il pense qu'il est pauvre, qu'il ne sait pas où aller.

Il pense à manger du pain, du cheval ou du beefsteak ou du poulet...

N'importe quoi !

Il a une vieille veste à carreaux et une cravate à raies qu'il avait achetée dans un grand magasin.

Elle est fanée comme une vieille fleur.

Car à Paris où tout est beau il faut avoir une cravate.

Mais l'homme de Paris tout déchiré et tout gelé est encore très beau

Mais on ne le sait plus parce qu'il est fatigué et sale...

Et l'homme de Paris longe les maisons de Paris.

Les maisons qui ont des portes et des fenêtres mais on ne voit pas leurs rideaux ni leurs fleurs...

On passe dans les rues, et il n'y a pas de fleurs dans les rues.

L'homme de Paris a de plus en plus faim.

Il a demandé à bien des gens de lui donner à manger.

Mais personne n'a voulu ou personne n'a pu.

Alors il s'est dit : – « Je vais me mettre à chanter »

Mais l'homme de Paris n'a pas une jolie voix et il ne pouvait pas chanter avec son coeur.

Alors les gens ne l'écoutaient pas.

C'est beau Paris.

Mais pas quand on n'a pas l'argent pour acheter le pain...

Et les autos passent,

bleues, vertes, rouges et noires.

Elles passent,
          passent comme à travers l'homme.

Il ne veut plus les regarder.

Il voudrait bien se mettre en colère, mais il a envie de pleurer.

Alors il a pris n'importe quelle route et il a quitté Paris.

Il voyait passer encore des autos, des autos et des autos.

Mais lui, l'homme de Paris il marchait à pied, très lentement, très péniblement, et il ne pensait toujours qu'à manger et il ne voyait rien.

C'est en arrivant vers le marais que l'homme de Paris a trouvé des arbres pleins de dentelles et des festons.

Il a levé les bras et il a dit : « Comme c'est joli ! »

Un papillon est passé qui se promenait.

L'homme de Paris l'a suivi.

Et il a trouvé un petit chemin qui sentait bon l'eau de Cologne avec au fond une odeur très fine de pain chaud.

L'homme de Paris a tendu les bras vers le soleil !

C'était 8 heures du matin,

              Léon allait déjeuner.

Son pain refroidissait dans le fournil.

Il a vu l'homme sale

              avec un petit bouquet

              à la boutonnière,

              un bouquet

              qu'il avait trouvé

              dans le petit chemin.

L'homme de Paris avait de plus en plus envie de pain.

Et il était là encore debout devant la boulangerie de Léon.

En rentrant dans la cuisine, Léon a dit : « Encore un bohémien ! »

Et il ferma sa porte...

L'homme de Paris ne savait plus quoi faire !

Il n'est pas rentré...

Il est retourné dans la campagne mais il n'avait plus la force de marcher.

Et il s'est couché dans le fossé.

Et l'homme voulait voir encore la route qui passe à Orx.

Les vanneaux

dans le ciel et les arbres

avec les nids pleins d'oeufs.

Mais Papillon, le cheval de Léon, venait manger l'herbe tout seul et il passait pour s'amuser entre les arbres, les oreilles droites, tout heureux.

Et l'homme avait envie de manger du cheval.

Et il a suivi celui qui s'appelait Papillon.

On ne peut pas manger un cheval qui s'appelle Papillon.

Ils sont partis ensemble vers la vieille maison ; là où le pays se nomme « La Merveille ».

La vieille femme réparait son toit.

Elle mettait des pointes

pour arranger les tuiles.

Elle avait aussi le soleil sur sa tête

et en voyant l'homme elle a dit :

« Tiens, voilà l'homme de Paris ! »

« Rentre donc, tout est prêt ! »

Et pendant qu'il mangeait tout ce que la vieille lui avait préparé, il écoutait encore ce qu'elle disait.

Elle lui racontait l'histoire de la petite fille qui veut des graines pour faire pousser les feuilles.

Et puis elle va les vendre aux petites maisons pour les rendre jolies, la petite fille amie des oiseaux, toute habillée de traits et de points.

Papillon, lui, est rentré chez Léon très satisfait...

Ils vont faire la tournée pour apporter du pain nouveau partout où il faut !

Bonheur où te caches-tu ?

Entre les cornes d'une vache ?

Dans le regard de mon chien ?

Bonheur, toi qui nous fais danser

Bonheur où te caches-tu ?

MARIE - JOSÉ

École d'Augmontel Tarn

   

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