Vers une Méthode naturelle de musique

Récit de la naissance d'un chant collectif sur un texte libre.
(en italique, ce que fait le maître)

Un matin, Daniel (7 ans), nous montre un dessin accompagné d'une courte phrase.

« Sur la mer, les grands navires
voguent sur l'eau, claire et bleue ».

Tout le monde s'intéresse.

Nous l'arrangeons vite au tableau.

sur la mer
claire et bleue
les grands navires voguent.

- Je voudrais le chanter.
- Moi aussi, moi aussi...

 

   

Je dessine la portée.

- N'oubliez pas la clé de sol. Je vous la dessine.

Et déjà chacun s'essaye...

J'attends, j'écoute tour à tour.

Francis : Ça se balance comme la mer. Il faut continuer comme cela.

Daniel : Oui, pour trouver, il faut presque s'endormir. Là, on chante.

- Je l'écris au tableau

- Mimi : Ce qu'a chanté Daniel, c'est « le petit escalier », trois notes qui se touchent en descendant.

- Oui, comme dans « le petit arbre ».

Jean-Pierre : Il faut « claire » très haut.

- Choisissons le plus clair, le plus lumineux.

- Coco : La fin c'est trop bas.

- Rechantons.

- C'est vrai, c'est trop bas. Il n'y a que Bernard qui peut le chanter, et puis ce n'est pas joli. Ça se balance pourtant.

- Serge :

- Là, c'est un peu joli.

France : Il ne faut pas appuyer sur le « guent », mais un peu sur le « vo ».

- Mettons l'accent.

- Chantons-la pour l'apprendre.

- Le début est difficile, apprenons-le tout seul.

- Chacun son tour.

- Demain, on le saura tout à fait.

Pourquoi avez-vous mis les petits dessins, à côté de la clef de sol.

- Le premier, c'est un si bémol.

- Et si on ne le mettait pas.

- Voilà ce que ça ferait : je chante.

- Ce n'est pas l'air. Il faut celle d'en haut plus bas.

- Oui, celle d'en haut, c'est un si, pour le baisser, on met un bémol.

- Et l'autre si ?

- Ecoute - sans bémol... avec...

- Il faut le bémol.

- On le met au commencement, et il comptera pour tous les si de la chanson.

L'après‑midi, sous le cèdre, nous dansons. Bernard fait le navire qui se balance, les autres la mer et les vagues.

   

LE LENDEMAIN

- Elle est jolie cette chanson.
- Le bateau se balance.
- Je le vois dans ma tête.
- Les vagues se balancent.
- Le blanc qu'il y a derrière le bateau aussi.
- L'écume.
- Comme un drap qui traîne.
- Comme à la mariée.
- La traîne.
- Jolie traîne.
- Plus que jolie, belle traîne.
            derrière eux
            belle traîne
- L'écume se balance.
- Chantons-le avec le même air.
- La mer et le ciel se ressemblent, Le ciel se voit (se reflète) dans la mer.
- Blanc et bleu...
- Tous les deux.
- Mer et ciel (je chante) se ressemblent.
- Bernard :

- Les airs se ressemblent. C'est bien comme cela.
- Francis. Il faut rester sur deux.
- Alors, j'écris le point d'orgue. Chantons.
- Alain. Il faut aller moins vite à la fin.
- Ralentir
- Oui,
- Alors, écrivons Ral...
(Je n'ai pas, jusqu'ici posé les barres de mesure et personne ne s'est encore inquiété de la valeur des notes).
- On a oublié les quand on appuie un peu.
- Les accents. Oui, cherchons-les. Chantons en suivant au tableau.
- C'est toujours pareil.
sur la mer claire et bleue
- Et comme cela :
sur la mer claire et bleue
- Ça se balance mieux.
- Je pose les barres de mesure.
- Pourquoi ces barres et pas les « accents ».
- Parce que c'est toujours pareil. La barre indique qu'on appuie sur la note qui la suit.
- Et ce que vous avez écrit au commencement.
- Pour aujourd'hui, c'est assez... Chantons.
- On va l'aimer celle-là.

DELBASTY, Buzet-s-Baïse (L.-et-G.)

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