Ecole maternelle de Saumur |
LES LIVRES Mains d’enfants, Mains créatrices G.TRITTEN Ed.Delta S.A. La Tour-de-Peilz, Suisse Ce « guide pratique de l'activité créatrice et de l'expression artistique », comme le précise l'auteur, met à la disposition des maîtres toutes les techniques qui permettent l'expression plastique. (Il n'en manque, je crois, qu'une : les monotypes). Les illustrations nombreuses, dont un certain nombre en couleurs, nous démontrent que l'enfant de 5 à 11 ans sait user de techniques diverses dans la limite des exercices qui lui sont proposés par le maître. G. Tritten pense très loyalement - et les résultats obtenus le lui permettent - que la meilleure façon de procéder, d'« endiguer » l'enfant, de l'orienter, est la leçon de dessin préparée par le maître. Je dis « endiguer » et certainement l'auteur trouverait ce terme abusif, synonyme d'un dirigisme étroit qui n'est pas dans sa pensée. En effet, très souvent G. Tritten fait appel à la sensibilité, à l'imagination, aux dons spontanés de l'enfant et de fait, les oeuvres obtenues sont originales, personnelles, du moins, bien dans la facture « dessin libre ». Je ne doute donc pas, que, conduite par des maîtres intuitifs, respectueux de la personnalité de l'enfant, la leçon de dessin - dont le thème, le matériel, le commentaire ne laissent rien à l'aventure - soit efficace. Les enfants dessinent toujours avec plaisir, modèlent avec entrain et pour peu qu'on les aide, le succès est sinon assuré, du moins à peu près certain. Cependant la meilleure conscience ne va pas sans risques quand elle précède l'action au lieu d'en être la sanction et le juge. II est à craindre que l'excès de méthode venu de l'extérieur ne nuise à l'initiative personnelle qui par tâtonnement expérimental arrive à instaurer un tour de main, une façon habile de prendre le matériau et d'en user dans le bon biais, et, par un raccourci d'effort, d'approcher de la maîtrise. Je ne dis pas qu'il faille laisser les enfants «se dépatouiller» tout seuls, comme ils disent, quand les difficultés d'une technique pénible à affronter et à dominer l'exige. Mais dans ces cas, l'exemple du praticien sûr de lui suffit. C'est sur le chantier qu'on apprend le métier, et sur le chantier, l'on ne fait pas de leçons, on travaille avec tous les risques que le travail comporte : « Cette fois ce n'est pas réussi, disent nos gamins, mais tu vas voir, à la prochaine!» Et la prochaine fois en effet, l'enfant ne compte que sur lui-même, sur sa technique plus sûre, plus affinée. Mais il a grandi aussi en expérience car la technique dominée, il a enfin, l'esprit libre pour créer et c'est cela qui compte. Ainsi va s'affirmant un art de plein vent qui déjà est de l'art tout court. Ce qui étrique l'enseignement par la leçon, c'est l'atmosphère de pédagogie scolaire dans laquelle elle maintient l'enfant. On subit la leçon comme on subit un examen : on ne sait plus distinguer l'acquisition de la façon personnelle dont elle a été acquise on ne sait plus distinguer la technique de l'invention et c'est ainsi que l'on a pu dire que la technique tue l'esprit. C'est l'activité créatrice en pleine genèse qui est essentielle, et les risques qu'elle court dans l'imprévisible sont plus éducatifs que 1a sûreté technique apprise d'avance par la leçon. C'est cet excès de pédagogie que l'on pourrait reprocher à G. Tritten, une conscience abusive de ses responsabilités d'éducateur. Rien n'est laissé au hasard : le matériel, les techniques, les sujets qui résument tous les aspects de la Création sous leurs formes zoologique ou florales. Tout est enfermé dans l'Arche de Noé mais il faudra la venue de la Colombe pour donner le signal de la liberté. Dans nos Écoles Modernes, nous sommes habitués à voir autour de nous la pâte lever sous l'effet de tant de levains personnels qu'il n'est plus nécessaire d'expliquer comment il faut faire son pain. C'est ainsi que nous arrivons à ces grandes oeuvres collectives qui sont le clou de nos expositions d'œuvres enfantines. Feuilletant l'ouvrage de G. Tritten, nous sommes frappés par l'aspect scolaire des sujets exécutés, par leur isolement, par leur solitude. Nous savons dans nos chantiers, que la spontanéité est la meilleure éducatrice et qu'elle élabore et proclame la vie comme le fait la nature dans des œuvres qui ont leurs mystérieuses logiques et leurs raisons. E.F. |
Ecole de Courlay - Vienne |
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LES REVUES LA GALLERIE DES ARTS N° 28, octobre 10, Rue Saint-Marc, Paris 2° Abonnement: 30 F. Dans ce numéro un article d'envergure, pourrait-on dire sur Chagall ou la présence de l'irréel par André Parinaud. Cet article est la première étude d'une série consacrée à l'analyse des sources d'inspiration, des idées, des valeurs plastiques des grands Maîtres de tous les temps. L'article d'André Parinaud est d'une densité humaine qui va beaucoup plus loin que ce qu'on a l'habitude d'appeler la critique d'art. Toute l'oeuvre de Chagall est baignée de mystère et d'irrationnel, et aussi d'une insondable tendresse, imprégnée d'une invincible nostalgie d'un au-delà de la vie. " Une orgie d'irrationalisme " dit Parinaud est la constante de toute l'écriture de Chagall, et le critique analyse dans les œuvres les plus marquantes du Maître, ce mouvement orgiaque qui est secondaire à un jeu de signes plastiques mais aussi à une pensée déracinée de ses sources, à des valeurs éthiques déracinées du règne logique. Un très bel article, à lire ligne à ligne et à suivre dans les détails des oeuvres analysées qui illustrent abondamment un texte dont on ne redira jamais assez qu'il est à la hauteur de l'oeuvre du Maître. Dans ce numéro : Rabuzin, le naïf céleste, par Raymond Charmet. ABC - DECOR Octobre n° 12. 3 F le n°. Abt : 30 F. 8, Rue Saint-Marc, Paris 8°. Cette revue nous ramène un parfum de jadis dans une cueillette minutieuse des choses du passé. Dans ce numéro, la mesure du temps nous entretient des vieilles montres et des vieilles horloges qui ont eu l'heur de marquer des temps plus paisibles que les nôtres. Les meubles d'art, les maisons, les immeubles historiques ramenés au goût du jour et tout ce respect des vieilles choses nous déconditionnent un instant de l'emprise du moderne. E.F |
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