Il est pourtant d'autres joies compensatrices que seule l'École Moderne est en mesure de procurer : celle de retrouver sous des cheveux blanchis sa première institutrice, et le souvenir des premières Gerbes lues et dans ces grandes à peine reconnaissables, des enfants hier. Joie de se retrouver, joie de retrouver ensemble un univers qui avait été le nôtre... Souvenirs précis et émus que Suzon (15 ans), quelques jours plus tard, m'adressait, ainsi magnifiés : « La grâce délicieuse, délurée de ces choses d'enfant, des choses naissantes et si fraîches qu'elles peuvent rajeunir le soleil, m'apparaissait sur la grisaille de ces murs, comme les touches justes et sonores d'un poème. J'éprouvais d'abord à rester immobile, une sensation de détachement ; peu à peu une joyeuse ivresse s'emparait de moi, me permettant d'entrer sans peine dans ce royaume de l'enfant, ce royaume dans lequel i1 vit comme à l'intérieur irisé d'une bulle de savon... J'étais dans la bulle de savon. Au collège, où l'on ignore toutes ces choses, j'ai mieux compris ce qu'est l'École Moderne : c'est le bonheur de rejeter une lourde chaîne de classe quotidienne, c'est respirer l'indépendance où le coeur s'élève, où les pensées vont vers la création, c'est le bonheur de poursuivre, dans la petite flamme, pour toujours allumée, la suite de ses rêves ». |
|