- N’y va pas ! N’y va pas ! Ils vont te voler » Joëlle.
Les images singulières de J.P. ont ravivé chez les autres des souvenirs oubliés.
Les mots, dans leur enveloppe rigide, emprisonnent les émotions, et s’adaptent
mal aux soubresauts de la conscience.
Alors, d’instinct, les enfants adoptent le crayon. Le crayon devient outil d’exploration,
pour mesurer chez les autres, à différents niveaux de profondeur, le retentissement
de nos états d’âme… et c’est, dans cette série de dessins rapides, l’enfance
dans sa turbulence et son dynamisme, l’enfance téméraire animée de principes
de vie profonde, aux possibilités de recommencement.
Les hommes, les animaux rendus à leurs vertus premières se « reconnaissent »
comme aux premiers âges du monde. L’enfant retrouve sans effort la bonté
naturelle, simple, et le crayon médiateur devient alors l’outil d’analyse
des pulsions exprimées.
Certains de ces croquis sont empreints d’une telle densité d’expression, d’une
telle valeur humaine, que l’adulte en demeure confondu.
Les scènes sont campées avec un sens aigu du détail suggestif.
Chaque élément fixe le décor avec une étonnante mesure, dans un trait que l’on
juge davantage dans son élan, dans ce qu’il évoque, que dans le résultat.
« Leurs qualités artistiques et surtout humainse s’expriment sur une longueur
d’onde que ne captent pas les concepts intellectualistes des lois, des
chiffres et des instruments. » (E.Freinet.)
C.BERTHELOT
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