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FAIRE CONFIANCE
Pau est
une tris belle ville. Mais que le « Pavillon des Arts » se présente
donc curieusement ! Il faut oublier l'arrivée sous le funiculaire,
oublier l'entrée sombre, oublier les dimensions cubiques de la salle et
sa couleur, ouvrir très grandes les portes de la galerie, souhaiter le
soleil et les Pyrénées, et « faire confiance » comme nous le
dit Freinet, aux peintures de l'enfant libre.
Gainer de
toile, claire les murs de la salle fut notre premier travail.
Et alors, nos tapisseries, nos tentures, nos peintures, nos céramiques
animèrent la pièce de leur joie de vivre et gagnèrent leur droit de cité.
Aucun ordre didactique ne nous guida. Il fallait que ce soit beau. Nous
avons montré l'extrême diversité des oeuvres d'enfants et les personnalités
inscrites dans ces dessins : dans le graphisme pur de ce portrait
vert d'un garçon de 11 ans, dans les arabesques foisonnantes de fillettes
d'un C.P., dans la structuration affirmée d'un
couple à l'encre de Chine, dans l'audace d'une sirène en papiers collés, dans
la douceur d'un croquis, dans la sensibilité des monotypes et la poésie
volubile des feutres et des alus repoussés.
Des pierres tendres sculptées, des terres cuites patinées ou émaillées,
de belles tapisseries brodées avec amour, des étoffes peintes dès la maternelle
avec un rare bonheur ou par des enfants déjà sûrs d'eux, telle la grande
tenture de l'école Freinet où courent joyeux tous les « carnavals »
de la cavalcade, toutes ces oeuvres d'expression libre témoignent « d'une
passion de vivre qui se suffit à elle-même sans souci du qu'en dira-t-on
et des bonnes fortunes » (E. Freinet)
Comme devant
les oeuvres d'Art authentique, car elles sont toutes créations personnelles,
nous nous laissons envahir par l'émotion, l'exaltation, la tendresse ou
la joie, et la poésie qui toujours supplante la raison. N'est-ce pas là
leur plus belle action ? Et n'avions-nous pas raison de leur faire
confiance ?
Maintenant, le soleil est venu et c'est vrai ! Les
Pyrénées, à peine embrumées, dominent la ville, le Gave bouillonne à nos
pieds. Tout est transformé. Tout est beau.
Jeanne VRILLON
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