J’ai quitté mon enfance

comme j'ai quitté mon pays.

Adieu paysages verts

Adieu collines et ruisseaux

Adieu je m'en vais.

   

Testament

Je vous laisse mon premier sourire
Ma première parole et ma première amitié
Je vous donne mon premier amour
Mon premier poème et ma première chanson
Mes seules richesses.
Voici une rose fleurie et mes joies passées
Mes parents ne m'ont rien laissé
Moi je vous donne mon premier dessin
Mon premier regard
La dernière feuille de l'automne cueillie dans le bois
J'offre mon premier printemps aux enfants du village.

Dis-moi

Dis-moi
Comment la terre est née
Comment le soleil chauffe
Comment verdit le pré
Comment les oiseaux chantent
Comment les fleurs éclosent
Comment les cerises rougissent
Comment Paris est né
Comment l'été embaume
Comment l'hiver s'en va
Comment les cheveux poussent
Comment le monde EST.

CEG Biganos (33) M.Dubroca

   

Joëlle, 14 ans, Ecole Freinet, Vence
Mme Berteloot

Très cher

Peu importe mon nom, que je sois Vénus, Mars ou Jupiter
cela n’a aucune importance,

Peu importe mon âge, que j’ai dix ou vingt ans,
cela n’a aucune importance,

Peu importe le son de ma voix, qu’il soit aigu ou doux,
cela n’a aucune importance

Que je sois un dahlia, une rose ou une fleur de lys,
Que je sois une statue, une photographie ou encore un diable,
cela n’a aucune importance,

Peut-être suis-je une fille, une pensée
ou alors un passe-temps quelconque,
un souvenir qui s’est envolé et parti à jamais

Peut-être encore une laide pièce de monnaie,
qui traîne dans les mains des boulangers…

Cela à longueur d’année,
J’essaie d’oublier.

PASTORALE

Il s’allongea dans sa verte prairie
Il vit l’abeille qui cherche le pollen de la fleur

Il vit la fermière qui lavait son linge
La fourmi qui portait son grain dans sa maison…

Il pensa :
« Moi qui m’ennuie, je vais les aider ».

Il prit une brindille, y fit monter la fourmi
Et la transporta jusqu’à son trou.

Il se leva
et alla proposer ses services à la fermière ;
Elle accepta.

Il lava du linge toute la matinée.

Il proposa ses services à l’abeille :
pour toute réponse elle le piqua
Et s’en alla.

D'UN PERE A SON FILS

Aussi longue fut ma vie,
aussi long fut mon malheur
Le ruban se déroulait et moi je me lamentais
Ma vie ne fut qu'un long tissu noir
cousu de malheurs.
Ma vie ne fut qu'un long refrain mélancolique
Qu'une douce symphonie
délaissée par un grand musicien
Qu'une valse triste dansée
par des gens indifférents,
Qu'une étoffe de soie portée par une reine
et déchirée par des rosiers
Comme un manteau couleur de lilas,
et au parfum de dahlia,
Mon petit la vie n'est pas toujours faite de soie.

A UN POETE

Toi qui écris sur de l'écume,
Toi qui crois à la vie,
Ecris-moi un poème
Sur ces pages blanches
Remplies de mystère.
Ecris moi un poème
Qui retentira dans ma tête
Et qui sortira de ma bouche
Comme la voix d'une sirène
Chantant pour la mer et les poissons.

TU PEUX T'EN ALLER

L'or s'est terni, les larmes se sont séchées,
Les chiens ne hurlent plus à la mort,
Les feux follets ont arrêté leur manège cadencé,
Tu peux t'en aller, les épines sont de l'herbe,
Les chardons sont des rosiers,
Tu peux t'en aller,
Malgré moi je te chasse de mon coeur.
Tu peux t'en aller,
tu peux t'en aller et ne plus revenir,
Tu peux t'en aller.

   

A MA GRAND-MERE

Tu es belle comme le jour
Mais le jour t'apporte une ride
Ton visage est plus finement travaillé que le tulle.
Tu es belle comme le jour
Mais chaque jour te pèse
Ta vie se déforme comme un tissu trop porté.
Tu es belle comme le jour
Mais chaque jour d'un voile ténu couvre tes yeux
tu vois le monde
comme à travers une cascade d'eau claire.
Tu es belle comme le jour
Mais le jour se couche
Et tu nous quittes,ô mamy.

A MA MERE

Dans ton cadre, tu meurs lentement
On t'arrache à la vie
On t'a mise dans un cadre.
Je vois très bien les perles
qui coulent sur ta joue.
Quoique tu sois dans un cadre noir,
Tu as gardé ton charme
Mais tu ne souris plus
Tu ne parles plus
Tu ne remues plus.
Pourtant tu illumines de ton charme
La maison
Et tu m'éclaires le soir.
Mais ta bouche est pincée
et tes yeux semblent vides,
D'un vide qui, ne finit jamais
Et pourtant, pour moi, tu vis.
La vie est un long ruban
Où sont placées les bornes kilométriques
de l'âge
Tu le sais très bien maman
Tu es maladive
et la mort t'entraîne vers son pays
Pourtant tu es gentille
Tu m'adores
Et moi aussi

J'AI OUBLIE

Je ne sais plus, je ne sais pas,
Il y a tellement longtemps de cela
Je crois que c'était un jour
Où les arbres avaient perdu leurs parures
de soie verte.
Je crois que c'était un jour rempli d'or
Où le lac pleurait les temps anciens
Je ne sais plus, je ne sais pas.

   

LA LAVANDIERE

Femme blonde qui travailles sans arrêt
à ton linge, ton linge blanc,
Tu ne prends pas garde à ton enfant,
Tu travailles sans arrêt,
Tu ne prends même pas garde
aux jolies parures des dames.
Tu travailles... tu travailles,
Le travail t'emprisonne.

Pourtant sous ta blonde chevelure
On aperçoit des yeux clairs comme des fontaines
Une bouche rouge comme une groseille
Des joues roses comme le matin.
Tu relèves la tête, pour étendre ton linge,
Ton linge blanc. On entrevoit tes mains blanches,
Blanches comme la mousse de ton baquet.
Le drap se déroule sur le fil...
La merveilleuse apparition s'évanouit.

De nouveau tu courbes la tête sur ton baquet
Lentement tes cheveux blonds retombent
sur ton visage
Et la vie continue à se dérouler sous tes pas.

   

Retour au sommaire