- Est-ce
qu'il vous arrive pendant que vous cherchez, de ressentir un manque, c'est-à-dire
quelque chose qui vous fait défaut du point de vue technique ? Vous
voudriez présenter quelque chose mais vous sentez que votre corps n'est
pas capable de le reproduire parce que peut-être on ne vous l'a pas appris.
- En
classique, oui. En moderne, cela ne m'est jamais arrivé.
- C'est que
vous faites une différence entre classique et moderne.
- Quand on
a fait de la danse classique on sent beaucoup moins ce manque.
- Est-ce
que vous voulez montrer aux gens ce que vous dansez quand vous dansez ?
- Oui,
on voudrait leur faire comprendre ce que l'on a ressenti. C'est une façon
de s'exprimer. Si l'on n'avait pas de mots pour échanger des idées, on
pourrait danser.
- Une fois
que je sais bien ma danse, que je suis à l'aise dedans, j'ai besoin d'un
public, de quelqu'un qui regarde et qui puisse me critiquer.
- Moi, mon
plaisir de danser c'est prioritaire, parce que si les gens n'aiment pas
ce que je danse et que moi je l'aime, leur avis m'importe assez peu.
- Est-ce
que vous danseriez si personne ne vous regardait jamais ?
- Oui.
- Que vous
apporte le public ?
- Il
y a le public actif et le public passif. Le public passif, c'est celui
qui regarde sans avoir d'opinion.
- Est-ce
que vous avez besoin d'un public pour danser ?
- Oui,
nous avons besoin de quelqu'un qui critique. C'est le public actif.
- Si ce que
je fais est réussi j'aime bien le montrer, même à un public passif. Mais
si j'estime qu'il y a quelque chose qui cloche j'aime mieux le montrer
à un public actif.
- Moi, je trouve
qu'il faut d'abord le montrer au public actif ; si l'on critique
on essaye de faire de notre mieux. Lorsqu'on voit que le public actif
est content, on peut le montrer au public passif.
- Et pourquoi
voulez-vous à ce moment-là le montrer au public passif ? Est-ce que
c'est pour vous faire admirer ?
- Il
y a un théâtre au lycée. On y apprend des pièces. Eh bien on va les montrer
après au public passif. Ce n'est pas pour qu'il nous critique c'est parce
que cela nous plaît.
- On essaye,
en leur montrant ce qu'on a fait, de leur faire comprendre la danse pour
peut-être les inciter à venir danser avec nous.
- Qu'est-ce
que tu veux faire comprendre dans la danse, toi ?
- Leur
faire comprendre le thème.
- Quelle
place accordez-vous à votre danse ?
- J'accorde
la première place.
- Moi aussi.
- Dans votre
vie actuelle, quelle place tient la danse ?
- Tout
au long de la semaine, on y pense, on cherche des mouvements, on note
la musique.
- Moi je n'y
pense que lorsque j'écoute des disques à la maison, autrement je n'y pense
pas.
- Est-ce
que ce que nous faisons le jeudi matin répond à ce que vous espérez en
venant là ?
- Oui.
- Qu'est-ce
que représente pour vous la danse ?
- Quand
on arrive à la danse on ne pense plus au reste.
- Est-ce
que vous voudriez qu'on en fasse davantage ?
- Oui.
- Que cela
prenne la place de quoi, par exemple ?
- Du
latin
- Si on
vous supprimait la danse ?
- J'aime
la danse et si on me la supprimait je m'arrangerais quand même pour y
venir.
Nom des élèves
ayant participé à cet entretien :
BRIGITTE, 15
ans (4e) ;
FABIENNE, 15 ans
(4e) ;
VÉRONIQUE, 12 ans
(5e) ;
THÉRÈSE, 13
ans (5e ) ;
ISABELLE, 13,
ans et demi (5e ) ;
ANNIE, 11 ans
(6e) ;
MARIE-CHRISTINE, 12 ans (6e ) ;
ELODIE, 12 ans
(6e ).
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