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L'ART POUR LES ENFANTS
est une nouvelle collection des Éditions Bradley Smith publiée par Weber à Genève.
Trois volumes ont paru (?20 F l'un) consacrés à Klee, Picasso et Chagall.
Les couvertures sont très belles et, disent les enfants, donnent envie d'ouvrir ces livres. Viennent ensuite quinze grandes reproductions d'oeuvres caractéristiques de la recherche de chaque peintre. Si le format est intéressant, la qualité des reproductions n'est pas toujours satisfaisante, malheureusement. En regard de chacune un texte d'Ernest Raboff, peintre, poète, critique d'art qui prétend présenter d'une manière directe et pleine d'imagination, les tableaux des peintres les plus célèbres. En termes simples et saisissants il analyse chaque tableau, explique les symboles et suggère des interprétations possibles. Tel est, de prime abord, ce que nous apprend le revers de la jaquette. Il y a de quoi s'inquiéter avant même de commencer la lecture des commentaires... Voici des exemples pris dans l'ouvrage consacré à Picasso tout d'abord.
À propos des Deux saltimbanques : les deux garçons et le chien sont représentés debout (ça, on l'avait trouvé tout seuls !) l'un près de l'autre. Ils travaillent, jouent, sentent ensemble. Ils doivent être bons amis ils se ressemblent même. Ils pourraient être frères.
Mes enfants ne sont pas du tout d’accord ! Ils revendiquent le droit d’inventer une autre histoire, dix autres histoires. La profonde mélancolie, la tristesse des regards des deux jeunes garçons les conduit d’ailleurs à penser que loin d'être amis ils viennent de se faire de la peine au cours d'une dispute... Pourquoi pas ?
Dans le livre consacré à Chagall; à propos des Trois Bougies :
Ce tableau est une composition dramatique et puissante... Le fiancé qui tient la femme aimée dans ses bras semble surpris et effrayé.
Mes enfants s'accordent pour voir dans ce tableau paix, bonheur, amour...
Au-delà des interprétations, le commentaire qui se veut simple ne peut s'empêcher d'utiliser le jargon cher au critique d'Art
Le bleu du jour s'harmonise avec 1e bleu foncé de 1a nuit. Ils donnent à 1a toile toute sa plénitude. (Le temps n'est pas de rire. Chagall)
Picasso a utilisé le lyrisme des formes, et des couleurs. I1 a fait un chef d'oeuvre. (Pêche nocturne à Antibes.)
Picasso remplit l'espace du tableau avec le garçon et l'âne comme il enchâsserait un diamant dans un paysage lumineux. (Paul, fils de l'artiste.)
Chaque ouvrage comporte une première page réservée à une biographie sommaire du peintre présenté et au regard une seconde page est réservée à des citations empruntées à ce même artiste. Elles ne sont généralement pas à la portée d'enfants de 8-9 ans. Toutes les pages de commentaires sont illustrées par des graphismes non « expliqués et décortiqués » cette fois. On peut rêver ! Pourquoi certains mots dans le texte ont été imprimés en couleurs ? On ne le sait pas...
Nicole Athon.
L'ART ENFANTIN ET LA PÉDAGOGIE FREINET AU FESTIVAL D'AVIGNON.
Ce Festival 1971 sera un festival « Art Enfantin ».
• Le comité de jumelage de la Ville d'Avignon, vivement intéressé par l'exposition de juillet 1970 organisée par le groupe École Moderne du Vaucluse, réalisera, pendant 3 mois, de juillet à septembre, une exposition internationale de dessins d'enfants au Palais des Papes. Elle fera suite à l'exposition Picasso. Les ambassadeurs de tous les pays, les inspections académiques, l’I.C.E.M. ont été contactés. Un musée succédera peut-être à cette exposition.
A la fin de l'année scolaire, tous les camarades qui le pourront, organiseront des expositions locales ou des journées « portes ouvertes ».
Les parents, les travailleurs, un public nombreux viendront voir les oeuvres des enfants et les discussions permettront une meilleure compréhension de notre travail et de la Pédagogie Freinet.
Du 15 au 24 juillet, de 15 à 22 heures, le groupe rassemblera les travaux des expositions locales en une exposition : « Recherches et créations de l'enfant » dans une chapelle désaffectée, en plein centre d'Avignon.
Elle s'ouvrira aux habitants du quartier et aux « festivaliers ».
Des documents audiovisuels seront projetés toutes les heures, un stand sera installé, des discussions auront lieu... Une soirée en collaboration avec les autres mouvements de pédagogie nouvelle sur le thème de l' « École ouverte » est projetée...
Une équipe vivra le Festival (tentes et caravanes) et s'occupera de l'animation de l'expo...
Tout semble possible, nous verrons bien.
Pour la commission exposition : Georges Bellot. C.E.G. Le Pontet.
DANS LES REVUES
Dans Zoom n° 6 de février-mars (je précise l'adresse qu'on réclame : 30, rue Le Peletier, Paris 9e. Revue bimestrielle, 12 numéros : 130 F; le n° : 12 F.) :
Deux pages consacrées (deux pages seulement) à l'auteur de ces dessins qui vous ont peut-être « agressé »... Ces dessins de friture, de mégots dans le cendrier, de poubelle débordante, ces dessins d'odeurs et de puanteurs, qui ne sont QUE des dessins PUBLICITAIRES - pour une certaine bombe je crois. Mais à vrai dire, j'ai complètement oublié ce qu'on voulait que j'achète pour ne voir que les dessins de Michel Guiré-Vaka.
Ça ne me fait rien que cette publicité, en définitive, ne soit pas rentable, ni payante pour la bombe ! Et pas non plus pour Michel Guiré-Vaka : il dessine ! J’admire toutes les formes de création ; j’éprouve un besoin immense de créer, donc de dessiner… La recherche systématique du beau ne m’intéresse pas, bien qu’il existe une beauté brute dans la laideur. Je cherche autre chose.
Il compte consacrer prochainement un livre à la critique par l'image de nos différentes institutions sociales.
Et quoi encore ?
Je viens de faire un grand balayage dans ma vie J'ai tout abandonné : appartement, costumes, objets personnels,.. Je solde ! j'étais marié, je vivais dans le confort.. Tout à coup je n'ai plus pu supporter tous ces liens matériels qui me tenaient prisonnier, qui m'étouffaient, Il me faudra un certain temps pour laisser mes souvenirs se décanter... Ensuite, je voudrais m'essayer à tous les genres graphiques, trouver d'autres moyens d'expression, donner plus d'impact à mes dessins satiriques. I1 est toujours dommage d'atteindre trop vite sa voie, de se figer dans une spécialité souvent un peu facile, car alors, il n'y a plus de mystère…
Comme quoi le dessin mène à tout ! Au grand Tout !
Si je devais m'assigner une mission, avoir « quelque chose de grand » à faire, il me semble que ce serait de réhabiliter la bande dessinée, dans l'esprit des enseignants, des parents et des adultes qui ont été conditionnés par des campagnes imbéciles menées par des fanatiques. Le « Bien » entre guillemets a aussi ses fanatiques !
On a tout mis dans le même sac. La bande dessinée c'était le Diable ! Évidemment, ce n'est pas si simple ! Maintenant c'est une vraie campagne qu'il faudrait entreprendre : avec les mêmes moyens - cinéma, publications, propagande, conférences - que les Ligues, syndicats et autres associations ont employés pour nous bourrer le crâne.
Disons que la bande dessinée c'est comme la langue d'Ésope...
Zoom présente Frazetta.
Évidemment, pour une réhabilitation, Frazetta est un gros morceau à enlever ! C'est le dessinateur des couvertures de Creepy, Eerie et plus récemment de Vampirella. La violence, le fantastique, l'horreur, le romantisme aussi... (voyez les dessins de Victor Hugo !) sont-ils d'emblée à rejeter, même, oui même en matière d'éducation ? Si c'est oui, alors il faut être franc. Qu'on prenne une grande feuille de papier et qu'on inscrive dessus les sujets, les thèmes, les formes, les élans rigoureusement interdits et inabordables. En tête, on écrit « censuré ». Et aussi attention ! L'Enfant qui dessine dans votre classe, sera peut-être, plus tard, le dessinateur de génie des comics d'épouvante. Alors ? Frazetta nous dit :
J'ai commencé dès l'âge de trois ans. Quelques années plus tard, je devais suivre des cours dans un institut d'art où j'étudiais la peinture, les beaux-arts. Mon professeur, Michael Salanga, était un vieil italien très traditionaliste et extrêmement hostile à l'art moderne, C'est auprès de lui que j'ai appris les notions fondamentales du dessin, Disons plutôt que j'ai développé, sous sa direction, les intuitions que j'avais déjà, J'ai passé cinq ou six ans dans cette école,
En fait, les dessins que je faisais dans ma jeunesse ressemblaient déjà à mes travaux actuels, mais entre temps, avec toutes les années passées à effectuer un travail routinier sur les bandes dessinées, j'avais vraiment perdu la main et il m'a fallu réapprendre beaucoup de choses, En comparant aujourd'hui mes dessins de différentes époques de ma carrière, je me rends compte que j'ai en quelque sorte « bouclé la boucle ». Les dessins que je fais actuellement ressemblent, avec l'expérience en plus, a ceux que je faisais quand j'avais dix ans. J'avais trouvé- mon style dès cette époque, pour le perdre par la suite, avant de le retrouver.
Que ceci ne soit que l'occasion d'entamer le débat et de remettre la bande dessinée au sein des possibilités d'expression qui doivent nous être, toutes, offertes..
« Andy Warhol, le pape incontesté du Pop'Art américain » a séjourné quelques mois à Paris : la presse française en a beaucoup bavardé. Zoom a la prétention de faire une mise au point et d'apporter une information non démarquée.
C'est peut-être vrai. A vous de comparer avec ce que, par ailleurs, vous aurez pu lire de lui.
Pas d'interprétation, pas de réaction, pas de jugement, pas d'émotion, pas de commentaire dit Calvin Tomknis à propos de Warhol. C'est aussi vrai du Pop'Art qui est un art de consommation, sans références et anonyme.
A vous de voir !
Dans jardin des Arts nous découvrons dans les derniers numéros une « rubrique » qui apparaît comme essentielle et même indispensable : il s'agit de présenter en noir et en couleurs parfois, établie sur une époque précise ou bien sur toute l'histoire de l'art, une gerbe de peintures et dessins rassemblée sur un thème.
Ainsi en novembre (n°92) La Danse, en décembre (n°193) La Femme et son corps, en février (n°195) La Neige, en mars (n°196) Lorsque l'Enfant paraît.
Nous avons pensé offrir dans la Bibliothèque de Travail des brochures construites sur cette formule. Nous allons publier Des oiseaux vus par des artistes par Jacques Caux. Les chevaux sont en préparation. On pense aussi aux bouquets.
Mais en attendant on peut se référer à jardin des Arts.
Pour les images uniquement ! J'avoue n'avoir parcouru que des yeux le texte dont je sais à l'avance l'inefficacité du jargon ! Pourquoi délayer tant de mots ? Pourquoi ces commentaires ? Faut-il du texte ? En tout cas, dans nos brochures, nous n'en mettrons pas.
Si nous pouvions - au profit des enfants seuls et de l'éducation -, trouver un accord entre les éditeurs de revues d'art et la Bibliothèque de Travail et profiter de la photogravure, alors nous ferions un grand pas dans l'introduction de « l'Art à l'École ».
Mais jusqu'ici, même nos propositions d'échanges gratuits et mutuels de nos revues sont restées sans réponses. Les revues dont je rends compte sont celles auxquelles nous nous abonnons. Ce qui après tout, préserve notre liberté. Mais tout de même, quand l'éducation intéressera-t-elle les critiques et les commentateurs de l'art des autres ?
Nous aimerions bien éclaircir ces rapports !
Le Magazine Littéraire, mensuel (dans toutes librairies) n°47 a publié un numéro : Où en est la poésie française ! ... La poésie revient... La poésie s'en va... La poésie re-revient...
Il faut reconnaître aussi, qu'il s'agit de l'édition, de la publication, de la parution des poèmes, problème (un peu) différent de la Poésie. II s'agit aussi du monde immense des revues si nombreuses !
Quand on entre dans cette nomenclature, on s'y enlise et bientôt... de poésie, il n'y en a point !
C'est à vrai dire, un numéro sur la poésie. Mais, pour les jeunes poètes « qui entrent dans la carrière » c'est un très bon panorama.
Dans jardin des Arts encore, n°192 (novembre), le fameux 1 %.
Le public cherche ses artistes. Les artistes cherchent leur public. Quête stérile.
Donc il faut partir de zéro. Commençons par l'école.
Suffît donc, croit-on, de placer en permanence et une fois pour toutes, dans l'enceinte du C.E.S. tout neuf, une oeuvre d'un artiste vivant à laquelle sera consacrée 1%. de la dépense de la construction du dit C.E.S.
A titre de réconciliation, dit P. Joly. Cela date de 1951. Un décret. II apparaît que ce n'est pas « obligatoire ». C'est l'architecte qui a la totale initiative.
Viennent ensuite les droits de regard de tous ceux qui paient. En premier lieu : la commune.
Il s'agit donc en vérité :
- d'un côté de régler les rapports entre l'architecte et les artistes contemporains - et souvent locaux ;
- ensuite, ce contact établi, de donner les résultat en spectacle aux adolescents et aux enfants.
Mais les rapports entre l'artiste et le public ? Nous n'en voyons pas !
L'article se poursuit par l'expression de diverses opinions d'artistes, face au 1%. ; opinions mitigées pour le moins. Le mur passé, on se retrouve dans une architecture inchangée (il s'agit du mur où gît « l'œuvre »...)
Nous sommes loin de l'idée de Malraux : La faculté, musée permanent !
Mais de jeunes artistes désirent réaliser des oeuvres qui puissent être consommées par tous.
C'est déjà mieux. Mais pourquoi réduire nos enfants et adolescents au rôle - encore une fois - de consommateurs ? Enfants ? adolescents ?
Le mot n'est pas prononcé. Comme souvent c'est le cas pour nos « grands professeurs », pour les clercs ! Enfants et adolescents : les élèves en l'occurrence, et rien que ça, sont les gêneurs. Si l'on pouvait se passer d'eux !?
En définitive, personne n'est content. Les artistes ne veulent pas être réduits à l%. Ils ont raison. Les architectes « oublient » souvent cette collaboration, après tout pas toujours possible ni souhaitable : l'architecture ne devrait-elle pas être elle-même une oeuvre d'art ?
(Naturellement quand on voit les façades made in St-Gobain de nos C.E.S. nouvelle formule, on en doute !)
Pourtant, une suggestion. Pourquoi le 1 % ne serait-il pas utilisé à mettre en place les structures, les espaces, les surfaces où les enfants, les adolescents (ces élèves !) pourraient eux-mêmes entretenir leur musée permanent ? Un musée organisé par eux, entretenu par eux, conçu par eux. Quelquefois à leur propre usage - dans ces conditions « l'exposition de fin d'année » prendrait un autre relief ! Quelquefois livré à des invités : artistes vivants ou morts et dont les oeuvres seraient mises directement au contact de la population scolaire et de l'autre aussi... tout court. L'École ouverte !
Mais voilà : l'Ad-mi-nis-tra-tion n'a pas prévu le cas. Le décret de 1951 doit donc être changé.
Cette action nous appartient. Il nous faut protéger cet acquis du 1% Et le rendre utile, éducatif, efficient.
Après tout rendre le l% à ses usagers. Quand les architectes s'intéresseront-ils à l'usager ? Il serait bon que cette revendication soit précisée, divulguée, défendue. Voulez-vous qu'on y travaille ? Écrivez-nous dans ce sens ! Merci !
MEB