Ce spectacle
nous donnera la réponse et je dirai d'avance pleine de confiance « Oui,
à TOUT, »
J'étais attirée
par le thème de « La Petite Fille qui Cherche le Printemps »,
par la poésie de l'idée et la grandeur du thème, comparable aux thèmes
mythologiques grecs (Perséphone). Toute simple, l'histoire de l'enfant
a cette même grandeur et cette poésie ! Le mythe est le pont qui
fait la liaison entre le monde de l'esprit et le monde objectif, c'est-à-dire
le réel, thèmes qui sont les mieux traduits par l'art chorégraphique.
L'univers psychique
d'un peuple, d'une civilisation, d'une époque existe dans leurs mythes,
et tous les mythes, de toutes les époques se rejoignent pour raconter
les mêmes vérités, et les mythes de l'enfance en font partie.
Vous avez
confié aux adolescents qui suivent vos cours, et en toute liberté, le
soin de créer la chorégraphie du ballet de « La Petite Fille qui
Cherche le Printemps ». Vous devez donc penser que l'on peut mettre
sur le même « pied » d'égalité la création et l'apprentissage
de la danse...
Pour revenir
aux idées sur la formation artistique d'un enfant : oui, je mets
sur le même « pied » d'égalité la création et l'apprentissage
de la danse ; ce sont les deux parties d'un tout, l'une ne peut se
passer de l'autre et c'est pour cela que je trouve nécessaire dans toute
éducation artistique, un développement simultané des dons créateurs et
des dons techniques d'interprète, donnant aux deux la même importance.
Pendant
qu'il danse, à quelle part de création le danseur a-t-il droit ?
Autrement dit : comment une technique aussi exigeante, aussi impérative
que la danse permet-elle une interprétation aussi délicate, aussi profonde
que celle de la poésie de l'enfant ? ou
encore : la technique ne tue-t-elle pas trop souvent « l'esprit » ?
La part de
création d'un danseur pendant qu'il danse est proportionnelle à la liberté
d'expression acquise par le contrôle conscient et la discipline de son
corps.
Un enfant,
jusqu'à l'âge de 5 ou 6 ans, a cette liberté d'expression, sans que ce
soit ni conscient, ni volontaire, mais par la grâce d'être un enfant et
d'habiter le monde de l'enfance où l'esprit et le corps ne font qu'un.
L'enfant n'a
pas encore la notion consciente d'une ligne de démarcation entre ces deux
mondes, tandis qu'avec l'adolescence la séparation existe et se précise,
les barrières sont montées, ensuite doit commencer la lutte pour devenir
un artiste adulte : il doit dompter le physique et le soumettre (comme
simple moyen d'expression) au monde de l'esprit. Notre part de création
est fonction de cette réussite.
Y a-t-il
vraiment une différence à faire entre la poésie, la danse, la chorégraphie
quand elles sont issues de l'enfant, de l'adolescent, de l'adulte ?
N'est-ce pas toujours la Poésie, la Danse ?
L'esprit créateur
de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte sont trois parties d'une même
vérité.
La création
de l'enfant est intuitive, tandis que l'adolescent exprime une prise de
conscience du monde réel et en général en lutte avec son monde intuitif ;
l'adulte, en tant que créateur, doit réaliser une recherche volontaire
de l'intuition et l'expression d'un équilibre et d'une harmonie entre
les vérités des deux mondes.
Hésiteriez-vous
à produire le ballet de « La Petite Fille qui Cherche le Printemps »
devant le public des grandes salles, devant les habitués comme devant
ceux qui ne sont pas familiers de la danse ?
Je n'hésiterai
pas à produire « La Petite Fille qui Cherche le Printemps »
devant le public des grandes salles, devant les habitués comme devant
ceux qui ne sont pas familiers de la danse, parce que je trouve que les
créations de jeunes expriment leurs propres pensées ; leurs problèmes
dans le monde d'aujourd'hui sont d'une importance majeure.
En ce moment
puisque nous cherchons à donner « la participation » à la jeunesse,
il est primordial d'être éclairé sur leurs pensées. Et comment l'être
mieux que par des oeuvres de leur création ?
La valeur artistique
de cette oeuvre pourrait être discutée à cause des limitations techniques
des jeunes interprètes, mais en observant très objectivement, je vous
assure que « non » ! Et s'il y a des limitations techniques,
elles sont compensées par la force dynamique et la ferveur des interprètes,
apportant à l'œuvre une vérité d'enfant devant laquelle, nous, adultes,
sommes souvent désarmés.
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