|
Après
la rencontre de Bazas - 1972
Il
est difficile, dans une revue comme la nôtre, de donner une image vraie
de la production enfantine de toute une région, voire de tout un pays
à un moment donné.
Nous
pourrions, d'ailleurs, ne pas nous demander si les oeuvres des enfants
doivent être présentées d'après un tel critère.
Nous
tenons pourtant cette fois-ci le pari et s'il existe des écoles « artistes »
il semble bien qu'il existe aussi un style régional, une ambiance tant
il est vrai que l'expression libre s'enracine profondément dans chaque
terroir original, dans chaque unité ethnique, chaque palette dans son
paysage, chaque expression dans son accent.
A
feuilleter les derniers numéros de notre revue, on pourrait constater
l'absence de certaines régions. Ce n'est pas volontaire. Ce n'est pas
le fait d'une pauvreté qui pourrait les caractériser. Ce sont simplement
les nécessités de l'édition qui créent cet état de choses et fardent la
réalité.
Nous
avons profité de l'exposition de la rencontre du Sud-Ouest
à Bazas, en Gironde, groupant un très grand nombre de classes pour tenter
de vous donner un reflet de la production enfantine de cette vaste région.
Les
dessins rassemblés dans le hall se comptaient par centaines ; les
productions diverses, tant au niveau des techniques, que des dimensions,
que des contenus ont un grand moment embarrassé les camarades responsables
des productions Art Enfantin.
C'est
alors que Michèle Barrouillet a eu l'initiative
de demander à chacun comment il voyait cette exposition (ce qui est difficile
lorsque l'oeuvre commune est de taille et lorsque les gens se sentant
concernés sont divers et très nombreux).
Cette
confrontation a été fructueuse: chaque volontaire ou groupe de volontaires
a choisi le thème qui lui venait à l'esprit devant cette montagne de dessins :
|
|
|
- MICHEL, les dessins des
bébés
- JACKIE, les animaux
- PAUL, l'abstrait
- JEANNE, les bateaux
- Un autre groupe, les poèmes
- PIERRE, les craies d'art
- RENÉE, l'inhabituel
- Guy, le décoratif
- ANNIE, le noir et blanc
- SIMONE, une technique, les monotypes.
Tel
fut l'apport de l'adulte dans l'exposition, mais de l'adulte à part entière,
de l'adulte qui parle de l'enfant aux autres adultes avec sa propre sensibilité,
en ayant le souci de leur faire remarquer ce qu'il avait remarqué, aimer ce
qu'il avait aimé, connaître de l'enfant ce qu'il en connaissait lui‑même.
Il ne s'agissait donc pas d'une exposition « apprêtée », construite,
mais d'un complexe sensible dont l'unité était, au départ, un esprit Sud-Ouest.
Et dans cette exposition, nous avons photographié ce que nous aimions le mieux
nous aussi. D'autres auraient choisi des oeuvres différentes. Nous leur en reconnaîtrions
le droit, certes ; d'autres encore auraient pu vous les présenter autrement.
EN LES CLASSANT PAR TECHNIQUES ET MODES D'EXPRESSION :
les dessins, les peintures, les sculptures, les tapisseries, les moquettes,
les céramiques.
|
EN LES CLASSANT PAR THEMES : les mamans, les bateaux,
les animaux, les personnages...
EN LES CLASSANT PAR AGES : les bébés, les petits,
les moyens...
Nous
avons retenu l'idée des thèmes, certains se recoupant, en indiquant parfois
les techniques et les âges.
Ainsi,
ce numéro riche et varié comporte les mêmes thèmes que l'exposition. Vous
les retrouverez en tournant les pages ; ils pourront vous surprendre
par leurs diversités. Cette richesse, cette qualité, cette diversité,
ce sont les qualités à la fois de l'Art Enfantin et de cette exposition
du Sud-Ouest, des qualités auxquelles tiennent
tout particulièrement nos camarades et nous pensons ainsi rester fidèles
à l'esprit que nous avons ressenti en parcourant cette exposition et apporter
un témoignage supplémentaire de ce que l'enfant exprime (nous n'avons
volontairement pas tout montré: nous avons conservé pour une prochaine
parution les constructions de bois particulièrement étonnantes des petits
de la classe de C. Capoul et de M. Meynieu).
Dans
cette production si riche et si profuse qui caractérise toute méthode
naturelle, nous avons pourtant remarqué - mais cela n'engage que nous-
un manque ; nous nous expliquons, un manque d'oeuvres très achevées :
-
tapisseries témoignant d'une recherche dans l'expression, choix des dessins,
harmonie des couleurs,
-
céramiques « irréprochables », du graphisme sans bavure à l'émaillage
sans erreur...
Cette
perfection n'est pas pour nous synonyme d'abondance ; elle peut être
sobriété, rigueur, mais rigueur témoignant d'une longue réflexion, d'une
élaboration consciente.
|
|
|
Nous
savons bien qu'un enfant qui peint ne réussit pas du premier jet ce qu'il projetait ;
nous savons qu'il faut bien des fois remettre l'ouvrage sur le métier mais nous
pensons aussi qu'il y a un long cheminement, un échange enrichissant entre le
maître et l'enfant et qu'au loin, au bout de la route, on trouve quelques-uns
de ces aboutissements dont nous avons parlé plus haut.
Mais,
de même que chaque région a son caractère propre, de même le compagnonnage avec
l'enfant prend de multiples formes. La part du maître peut aller de l'observation
presque scientifique à l'écoute sensible ; elle peut être celle du maître
suivant l'enfant pas à pas, jour après jour, ou celle du maître aidant l'enfant
à se dépasser, à rechercher toujours plus loin, plus en avant.
Dans
le Sud-Ouest, il semble bien que le trait dominant soit le respect
quasi intégral de l'expression brute enfantine, que ce soit dans le choix des
couleurs ou des matériaux...
C'est
cette caractéristique qui lie entre elles toutes les productions enfantines
qui parlent brutalement, comme s'adresse à nous sans détour l'enfant de notre
classe.
Jacqueline CROUZET
Jacques CAUX
Télécharger
ce texte en RTF
Retour au sommaire