CE QUE PERMET
NOTRE RELATION AVEC L’ENFANT
Dans ce cheminement
de quelques peintures, l'important n'est pas, nous semble-t-il, de nous
attarder sur l'histoire de L..., 14 ans, enfant de 5° de transition.
L'important
n'est pas de savoir qu'il est issu d'un milieu social défavorisé - selon
la formule consacrée - que son intelligence est inférieure à la moyenne,
qu'il est scolairement en retard, que son comportement n'est pas toujours
« normal ».
L'important
est que ce cheminement est le reflet d'une relation maître-élève,
d'une relation unique, sans cesse recommencée dans le sens où, sans
cette relation, rien de ce qui est ne serait. Relation comportant trois
pôles immédiats : l'enfant - le maître - le groupe ; et bien d'autres
pôles médiats.
En effet, à
un moment, le maître a permis, a fourni en abondance la matière,
a accueilli, a réagi, a émis un avis, a encouragé, a soutenu, a répondu
favorablement au choix d'une activité et l'a ainsi privilégiée par sa
réaction.
Et ce maître
est présent avec toute « sa culture artistique », son sens « artistique »,
son sens du beau et du laid, sa sensibilité aux couleurs, sa propre imagination,
avec « sa » pédagogie (Freinet bien sûr...), autant de valeurs
variables d'individus à individus, qui orientent l'attitude et l'action
du maître.
L'enfant,
lui, arrive avec tout son passé,
fait d'échecs et de réussites, de démarches affectives et logiques conscientes
et inconscientes, avec des techniques de vie plus ou moins déterminées
et fixées, certaines positives, d'autres négatives - et son besoin d'identification.
Mais il arrive surtout avec son flou, sa malléabilité, sa bonne volonté,
son espoir de grandir... autant de valeurs variables qui orientent son
attitude et son action.
C'est donc
cette relation qui est le levier de la démarche créative ici, de l'enfant
dans le milieu scolaire. II reste que dans le cadre de cette relation,
L...
a choisi
ses matériaux, ses thèmes,
a donné
libre cours à son imagination,
a décidé
seul de sa palette en fonction de ce qui était disponible,
a ordonné
les moments pour réaliser à l'intérieur de la grille scolaire.
Quant aux titres
(voir p. 17) L... vous répondrait : « parce que j'avais envie...
c'est comme ça, ça ne s'explique pas ».
Et si cela
peut s'expliquer, ce n'est pas l'important ici.
Ce qui nous
a semblé important, c'est de pointer le jeu dialectique constant et toujours
présent entre l'enfant et son maître, jeu qui, seul, peut permettre l'éclosion
de productions auxquelles on peut donner le nom d'œuvres.
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