Peu lui importent ceux déjà créés ou que l’on veut créer pour lui, ceux dont la maîtrise nécessite une technique inaccessible pour lui. Et la vérité nous oblige à dire que nous, adultes (du moins ceux qui ont perdu les privilèges de l’enfance) ne sommes capables de retrouver ces musiques qu’à travers nos découvertes électroniques du XX° siècle.
Geneviève ouvre la voie aux explorateurs du monde des objets sonores, mine d’une richesse exceptionnelle si généreusement ouverte à tous.
L’ORAGE de Yann et Francis. C’est l’intermédiaire d’une série qui commence par « Le Château hanté » ou « Combat contre la mort ». Un bruitage orchestré se transforme en véritable morceau de musique par la redécouverte et l’utilisation systématique du leit-motiv cher à Wagner.
Cette série aboutit à un magistral poème symphonique, « La Ruche », où la guerre apocalyptique détruit toute civilisation. La longueur de cette œuvre maîtresse, les brusques oppositions entre les niveaux sonores extrêmes ont rendu l’enregistrement difficile et la reproduction sur disque impossible.
Malgré l’utilisation d’instruments peu orthodoxes (dos de piano, vieille cithare et planche à clous) L’ORAGE est d’un classicisme évident. La spontanéité ne s’y retrouve que dans les thèmes ais ils sont orchestrés suivant un plan rigoureux, logique, le même qui inspira Beethoven dans sa Sixième Symphonie, Wagner dans son Vaisseau Fantôme, Rossini dans l’ouverture de son Guillaume Tell et bien d’autres à leur suite.
La discussion qui suivit la première audition publique montra nettement que les auteurs ignoraient leurs classiques (qu’ils reconnurent très bien par la suite) et qu’ils étaient maîtres d’une pratique éprouvée sur eux-mêmes, technique qui parvenait à communiquer leurs propres sensations physiques, support indispensable de la musique moderne.
Le thème de l’éclair, en particulier (interprété sur la planche à clous) doit produire chez l’auditeur « les grincements de dents et la chair de poule sur les avant-bras », témoins sensitifs d’un orage intérieur. Cette discussion révéla aussi leur connaissance instinctive de la symbolique de l’orage, épouvante mystique de l’homme impuissant devant les éléments déchaînés de la nature ou de sa propre nature, suivi de l’apaisement bienfaisant produit par l’accord de tierce et de quinte, point final de l’orage.
Maurice BERTELOOT
Le disque ICEM n°9 : « Chants et musiques de l’École Freinet » et la Gerbe « Le temps et la vie, quoi ! » ne sont livrés qu’aux abonnés à « Art Enfantin et Créations » ayant souscrit au supplément.