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Les mains
dans les poches
Les cheveux au vent
Les idées enfermées dans
une boîte dorée
Je me promène dans cette
ville
Au milieu de ce bruit,
De ces gens pressés,
Ces hommes, ces femmes courent après
quelqu’un
Qu’ils ne pourront jamais
rattraper …
Peut-être
le temps
Peut-être la paix,
Peut-être le bonheur
…
Les uns ont le visage sérieux,
Soucieux
comme un ciel avant l’orage,
Les autres sont gais, insouciants,
turbulents
Comme des enfants dans une
cour de récréation.
Mais TOUS sont PRISONNIERS,
Prisonniers de leur
vie, de leurs habitudes
De
leurs parents s’ils sont adolescents
De
leur femme ou de leur mari s’ils sont mariés,
De
la société s’ils sont bourgeois ….
Tous veulent quelque chose,
Tous pleurent pour quelque
chose,
Tous vivent de quelque chose,
Esclaves de l’argent-roi,
tous lui sont soumis,
Je reproche à ces hommes,
à ces femmes de vivre ainsi
De
courir de cette façon,
De
rester passifs, enfermés
Dans leur petit monde, dans
leur petite vie …
Je leur reproche de ne pas ouvrir
les yeux sur les autres,
De ne pas les comprendre,
De laisser aisément quelqu’un
mourir sur le trottoir
Et de continuer leur chemin,
impassibles, le pas
Toujours aussi rapide,
Je leur reproche, je leur reproche
….
Mais au fond ne suis-je pas
comme eux ?
Huguette
Pourquoi
toujours écrire
des
choses à pleurer
les
malheurs des autres
des
poèmes d’amour ?
Écrivez donc
La VIE
Marie-Paule
Gardiens des mots invisibles
des bourrasques
drues et contestataires
comme des
chemins d'étoiles et des domaines sans trahison,
les garçons et les filles de 1973 parlent
un ton plus haut
un
ton plus fort que nous
de ce qui
froisse leur rêves
de ce qui
brûle leurs désirs
de ce qui
rogne leurs ailes.
Ils nous hurlent le nom de ce qui s'interpose entre le
bonheur et eux
entre le bonheur et nous
Mais nous ne sommes plus toujours habitués à regarder les
choses
aussi verticalement
à poursuivre le geste et le cri jusqu'à la cime du langage
jusqu'à bout de bras.
Et leurs devancements nous pèsent,
leurs coups de cornes
nous donnent le tournis.
Et pourtant, « comment vivre sans inconnu
devant soi » dit Char ?
Dans leur apparente absence de cohérence,
ces garçons et ces filles
cherchent la vie
cherchent à être.
Et nous devons leur offrir tous
les moyens possibles d'extérioriser leurs énergies profondes dans des
créations
nous devons
leur permettre de dire sans se soucier uniquement de bien dire
de
regarder 1e monde les yeux ouverts.
Mais plus que l'écriture et le poème, plus
que le graphisme sculpture, c'est, à travers
ces traces laissées,
ces fresques coulées
ces gestes inscrits dans le bois ou la pierre, une manière
d'être ou d'exister qu'il importe de les aider à découvrir.
Qu’ils aient quotidiennement le
pouvoir d’exprimer leur imagination
Le
pouvoir de faire et de défaire le monde à leur dimension
Le pouvoir
de vérité car ce qui doit nous inquiéter,
ce n’est pas leurs bras si longs qui poussent nos certitudes
ce n’est pas leurs cris orgueilleux jetés en plein visage
de nos routines
ce n’est pas leurs rêves de grand large
mais bien plutôt leur résignation
leur
démission inutile
leur
passivité.
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