Une exposition d'Art entièrement conçue pour les enfants, ce n'est déjà pas banal mais qu'en plus elle soit préparée par des enfants, cela semble exceptionnel. En moins de quinze jours, 500 enfants et adolescents de 5 à 17 ans trièrent parmi les toiles du musée et firent des commentaires et des remarques (pour une présentation complète de la démarche de travail se reporter au n°5-6 de L'Éducateur). Ces impressions, imprimées, furent affichées à côté des oeuvres présentées. Comme les collections du musée ne sont pas très à jour (les dernières acquisitions datent du début du siècle), des artistes contemporains vivant dans l'Yonne prêtèrent des oeuvres qui furent, elles aussi, commentées par les enfants. Afin d'élargir le panorama présenté, un montage audiovisuel fut réalisé selon le même procédé : choix et commentaire par les enfants. Un atelier s'ajouta à l'exposition afin que les classes venant en visite puissent peindre et dessiner. Les artistes qui avaient prêté des oeuvres vinrent à tour de rôle bavarder avec les enfants. Malgré une prolongation d'un mois de l'exposition, on ne put éviter de refuser un tiers des classes avant demandé à venir. Par contre il est prévu que l'exposition circulera dans le département et de nouveaux projets, tirant parti de cette expérience, sont à l'étude pour 74-75 Est-il possible de finir par un rêve : QUE PETIT À PETIT, DANS CHAQUE DÉPARTEMENT LES ENFANTS INVESTISSENT LES MUSÉES. Il y aurait d'ores et déjà des expériences en cours : Soissons, Blois, Marseille, Grenoble... Ne pouvons-nous pas pousser à la roue, chacun de toutes nos forces ?
R. CROUZET
Au musée d’Auxerre
Deux classes maternelles ont été très impressionnées par une statue en bois de F.Brochet. A la suite de leur visite elles ont réalisé des albums, des statuettes sur ce même thème de la mère de l’enfant.
Nous avons conservé pour Art Enfantin les témoignages d’expression des enfants de retour en classe après leur visite. Les autres œuvres présentées à l’exposition font l’objet d’une B.T à paraître. L’édition d’un ouvrage donnant le compte-rendu complet de cette expérience est prévu pour plus tard.
La « maman » de F.Brochet.
Elle est debout
Sur un bois.
Elle a un petit bébé tout nu.
Il fait dodo mamour.
Elle a une longue robe qui cache
ses mollets
Elle a de longues mains.
Elle est mince.
Elle est lisse.
Elle est douce.
Elle est en bois.
La danse en classe «AVANT»
La classe : dix filles, dix garçons, du CE2
au CM2
a) LES FILLES : dansent très souvent pendant
les ateliers et aussi le vendredi soir après la classe.
Précision : par décision coopérative, chaque vendredi
c'est « la fête » pendant une heure supplémentaire ; les tables sont repoussées
contre les murs.
Soit qu'on présente les pièces ou danses
qu'on n'a pas eu le temps de montrer en semaine,
soit qu'on crée sur des disques apportés par les gamins ou
qu'on fasse du théâtre improvisé.
LES FILLES DANSENT TOUJOURS ENTRE ELLES
b) LES GARÇONS : un ou deux mis à part, ils semblent avoir décrété une fois pour toutes que la danse est du domaine des filles. Celles-ci les qualifient gentiment de lourdauds. Le seul rôle qu'elles leur accordent est celui de spectateurs ou quelquefois, quand cela est indispensable, le rôle de figurants ne devant qu'exécuter scrupuleusement les gestes qu'elles leur ont indiqués. En gros, donc... ... LA DANSE APPARTIENT AUX FILLES
LE « LUNDI »
Ce fameux lundi après-midi
donc - il a marqué, les enfants en parlent toujours - c'est l'effervescence
en classe. On a sorti toutes les tables, toutes les chaises car ON LES
ATTEND : la toile, les caméras, les projecteurs, les appareils photos
et les opérateurs (connus et inconnus : ils viennent à cinq).
C'est comme au cinéma !
D'aucuns (quelques garçons) ont apporté
des instruments supplémentaires : guitares, harpe, harmonicas, d'autres (les
filles) ont apporté disques, foulards, préparent des costumes, elles ont même
pensé aux maillots de bain mais... il y a des gens que l'on ne connaît pas !
Tous les projecteurs sont installés, le
magnéto prêt à fonctionner, les caméras chargées. La toile, elle, est
installée de telle manière que tous les enfants la voient.
- Bon, on y va!
- Vous avez dit jeudi dernier que vous
alliez danser, chanter ce tableau !
- Ben... Oui m'sieur !
TRÈS LONG SILENCE
Évidemment ça ne va pas partir au quart
de tour. C’est même très long à démarrer. Nous repartons à zéro. Au bout d’une
demi-heure, de re-tâtonnements nécessaires, c’est chaud et nous arrivons à quelque
chose d’extraordinaire.
Je passe sur tout ce que les enfants ont
créé deux heures durant pour m’attacher seulement au fait important de l’après-midi
et aux répercussions de cette expérience.
Tout d’abord Renaud a repris son idée évoquée précédemment au musée
devant la toile (voir album ci-dessous intitulé Mon tableau, qu’il a
d’ailleurs écrit une semaine après ce lundi) et immédiatement
LES GARCONS ONT DÉMARRÉ
Renaud sentait très bien ce qu'il nous avait
dit mais il était incapable de le danser seul.
Alors il s'est transformé en maître de
ballet, guidant ses copains, distribuant et expliquant les rôles à chacun. Nous
étions tous béats (nous les adultes !) et moi particulièrement. Pour la première
fois depuis que je les connais (trois ans et quatre pour certains) je découvrais
mes garçons sous un jour nouveau.