Le problème de l’illustration des poèmes

TEXTES LIBRES

SECOND DEGRÉ

Groupe vauclusien de l'École MODERNE

PÉDAGOGIE FREINET

Contexte: Le groupe vauclusien désirait faire paraître en une Gerbe, la littérature des enfants et des adolescents (de la 6e à la Terminale). Le choix de textes fait, chacun devait proposer l'illustration d'une page à sa classe. Ainsi devions-nous rapprocher le texte de Pascale (Lycée Mistral, Avignon) d'un dessin de Vincent (CEG Cadenet).

II faudrait leur faire comprendre
Que nos prisons sont en acier
Mais que nos drapeaux sont du feu
Qui fera fondre les barreaux
II faudrait leur faire comprendre
Que rien ne vaut la liberté
Que rien n'est plus beau que les fleurs
Quand la misère a disparu
II faudrait leur faire comprendre
Que nous forgeons nos propres chaînes
Des chaînes rouges de sueur
Des chaînes noires de racisme
Des chaînes que nous briserons
Rouges de notre sang
Rouges comme UN DRAPEAU

BENEDETTO Pascale, 2e I Lycée Mistral, Avignon

   

Pascale nous a livré un poème :

« ll faudrait leur faire comprendre
Que nos prisons sont en acier... »

qu'elle avait illustré de deux cartes postales impossibles à reproduire, mais très caractéristiques : une belle fille, chinoise, en larmes et enchaînée, vêtue de rouge ; puis la même fille mais debout, combative, enveloppée du drapeau rouge soviétique.

Vincent devait substituer à ces cartes postales, et en accord avec les idées qu'elles véhiculaient, une illustration qui si possible ne trahirait pas le poème ni le montage photographique, mais qui serait personnelle.

Le poème paraissait par son contenu convenir à ce que je connaissais de la personnalité de Vincent - lequel a accepté l e projet.

Au bout d'une semaine, Vincent, en désaccord avec le contenu du poème, s'avouait incapable de « sortir quoi que ce soit ».

- Ça ne vient pas ! Je ne suis pas d'accord avec ce qu'elle (Pascale) dit. Trop de rouge ! Quel drapeau ? Quelle politique ? etc.

II n'était pas content des trois premiers dessins - hormis, peut-être, celui de l'homme ébranlant les barreaux de sa prison qui fut d'ailleurs retenu.

La discussion qui suivit fut un commentaire du poème et une sorte de dialogue élargi où Vincent remettait en question la liberté de la parole chez les jeunes.

Il aurait été intéressant, à ce moment-là, de mettre en présence Pascale et Vincent. La rencontre n'a pas eu lieu

Vincent, bien qu'en désaccord avec le poème, n'a pas voulu abandonner - mais il voulait plus de latitude.

- « J'essaierai... mais en ajoutant quelque chose de doux. Je tâcherai de faire quelque chose à ma façon, selon ce que je sens, mon élan... »

Quelque temps après, il apportait une série de dessins dont il était content : dessins faits d'une seule traite, sorte de parole, d'expression personnelle doublant le poème de Pascale, le complétant, l'affinant.

La deuxième série de dessins était annotée. Ainsi le dernier : « J'y suis arrivé » ou un autre : « Tiens, je suis presque arrivé à une certaine liberté. Mais j'ai toujours un certain fardeau qui me pèse et me fait honte un peu. »

II aurait été intéressant de faire paraître tous ces dessins. Mais la Gerbe départementale était déjà bien trop volumineuse. Les collègues du groupe ont fait un choix, ne retenant que deux dessins.

D'autre part, à eux seuls, les dessins de Vincent devenaient un poème difficile à caser dans la Gerbe (déséquilibrant la Gerbe au profit des adolescents).

   
   

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