Pascale nous
a livré un poème :
« ll faudrait leur faire comprendre
Que nos prisons sont en acier...
»
qu'elle
avait illustré de deux cartes postales impossibles à reproduire, mais
très caractéristiques : une belle fille, chinoise, en larmes et enchaînée,
vêtue de rouge ; puis la même fille mais debout, combative, enveloppée
du drapeau rouge soviétique.
Vincent devait
substituer à ces cartes postales, et en accord avec les idées qu'elles
véhiculaient, une illustration qui si possible ne trahirait pas le poème
ni le montage photographique, mais qui serait personnelle.
Le poème paraissait par son contenu convenir à ce que
je connaissais de la personnalité de Vincent - lequel a accepté l e projet.
Au bout d'une
semaine, Vincent, en désaccord avec le contenu du poème, s'avouait incapable
de « sortir quoi que ce soit ».
- Ça ne vient
pas ! Je ne suis pas d'accord avec ce qu'elle (Pascale) dit. Trop
de rouge ! Quel drapeau ? Quelle politique ? etc.
II n'était
pas content des trois premiers dessins - hormis, peut-être, celui de l'homme
ébranlant les barreaux de sa prison qui fut d'ailleurs retenu.
La discussion
qui suivit fut un commentaire du poème et une sorte de dialogue élargi
où Vincent remettait en question la liberté de la parole chez les jeunes.
Il aurait été
intéressant, à ce moment-là, de mettre en présence Pascale et Vincent.
La rencontre n'a pas eu lieu
Vincent, bien
qu'en désaccord avec le poème, n'a pas voulu abandonner - mais il voulait
plus de latitude.
- « J'essaierai...
mais en ajoutant quelque chose de doux. Je tâcherai de faire quelque chose
à ma façon, selon ce que je sens, mon élan... »
Quelque temps
après, il apportait une série de dessins dont il était content :
dessins faits d'une seule traite, sorte de parole, d'expression personnelle
doublant le poème de Pascale, le complétant, l'affinant.
La deuxième série de dessins était annotée. Ainsi le
dernier : « J'y suis arrivé » ou un autre : « Tiens,
je suis presque arrivé à une certaine liberté. Mais j'ai toujours un certain
fardeau qui me pèse et me fait honte un peu. »
II aurait été intéressant de faire paraître tous ces
dessins. Mais la Gerbe départementale était déjà bien trop volumineuse.
Les collègues du groupe ont fait un choix, ne retenant que deux dessins.
D'autre part, à eux seuls, les dessins de Vincent devenaient
un poème difficile à caser dans la Gerbe (déséquilibrant la Gerbe au profit
des adolescents).
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