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LA SERIGRAPHIE
Des photos dans un journal scolaire
Depuis trois
ans, nous essayons de reproduire les photographies dans notre journal
scolaire. Nous avons progressivement amélioré notre technique. Voici comment
nous procédons à l’heure actuelle.
LA PHOTO
On photographie en noir et blanc
avec n’importe quel appareil. Quand la pellicule est finie on la développe
dans une cuve à ‘abri de la lumière et on obtient le négatif.
Avec l’appareil réflex
du maître on peut photographier de près, dans les livres, des croquis,
des cartes, des dessins et même les photos avec un film spécial (film
trait) qui supprime les gris (Kodak microfilm ou Agfa Copex pan).
LE CLICHE
En sérigraphie
on ne peut reproduire que des documents dessinés sur un support transparent
par exemple un dessin peint à la gouache noire sur papier calque.
On peut aussi dessiner sur le papier calque à l’aide des stylos
à encre de chine qu’emploient les dessinateurs (Rotring
ou Faber-Castell de diverses grosseurs). C’est
un procédé moins cher que le recours du terphane ou du Kodatrace.
On peut aussi rehausser une partie du dessin
en employant les trames Letraset Mecanorma (dessin ci-dessous).
LA REPRODUCTION DES PHOTOS
C’est le travail
qui réclame le plus de soins. Il est bon de partir d’un cliché net
et bien contrasté :
- deux procédés sont possibles :
1 - à partir d’une photo sur papier :
il faut enduire 24 h à l’avance le dos
de la photo (carton) d’huile de table pour la rendre translucie et poser la trame entre la photo et l’écran au
moment de l’exposition à la lampe UV. Ce procédé manque de finesse mais
il permet toutefois à celui qui n’a pas de labo de se débrouiller.
2 - à partir d’un positif transparent Kodalith
Dans le laboratoire de la classe nous préparons nos
clichés comme si nous développions des photos sur papier. Il faut travailler
en lumière rouge et avoir dans les cuvettes un révélateur Kodak D 11 et
un fixateur pour films. On place dans l’agrandisseur le négatif de la
photo qu’on veut reproduire dans le journal. On règle la hauteur de l’agrandisseur
pour obtenir une image aux dimensions voulues. Sur le plateau on pose
le kodalith puis une trame et par-dessus une plaque de verre
bien propre pour tasser le tout. On développe 3 mn
dans le révélateur et autant dans le fixateur (Ilford
Hypam liquide 1 + 4). J’emploie le « Kodalith Film ortho type 3 » au format 18 x 24 que je
recoupe en deux si nécessaire. Les photos en 18 x 24 sont les plus lisibles.
Je développe le Kodalith dans du révélateur
Kodak D 11. Le révélateur donne des résultats supérieurs au Kodalith
prévu pourtant pour ce film ; de plus on peut le réemployer (ce qui
n’est pas le cas avec le révélateur Kodalith).
Il est bon de savoir que le D 11 est très sensible à la température et
qu’on pourra augmenter visiblement le contraste d’un cliché en le chauffant
à 23-24°.
Bien entendu nous commençons par faire des essais avec des petits bouts
de Kodalith car un bon cliché doit avoir des
points bien noirs tout en restant parfaitement transparent entre
les points. Il faut donc trouver un temps de pose juste. Quand le
cliché a été exposé sous l’agrandisseur, sans rien toucher, on éclaire
pendant 2 s le laboratoire à la lumière blanche pour bien graver la trame.
Cette dernière est une feuille de plastique grise portant de nombreux
petits points noirs. Nous l’utilisons pour pouvoir reproduire les gris
qui, grâce à elle, se trouvent remplacés par des points noirs plus ou
moins gros.
LA TRAME
Tous nos essais avec des trames bon marché (Letraset
ou autres) n’ont pas donné de bons résultats, seule une trame professionnelle
convient bien. Nous avons adopté la Kodak 100 lignes au pouce et obtenu
des résultats convenables. On ne peut prendre de trame trop fine sinon
on risque des interférences avec le quadrillage des fils de nylon de l’écran.
Voici les références de notre trame « Kodak gray contact screen
format 8 x 10 in ». Son seul défaut est un prix de l’ordre de 250
F.
LA PREPARATION DE LA SOIE
On a fabriqué un cadre de bois sur lequel on a agrafé de la soie de
nylon très fine et bien tendue.
Avec un râcle-creux, sorte de raclette en forme
de cuiller, on enduit la soie d’un vernis qui devient sensible à la lumière
ultra-violette quand il est sec.
Pour réussir il est essentiel de ne passer qu’une mince couche
d’obturator. Enlever les excès par des passages
entrecroisés du râcle-vide jusqu’à ce que la
totalité de l’écran ait une couleur pâle et uniforme.
L’obturator photo sensible contenu dans le coffret
sérigraphie Pébéo vendu par la CEL donne de
bons résultats quoiqu’il soit délicat à étendre à cause d’un manque de
fluidité. On peut aussi employer la « solution sensible spéciale
photogravure » vendue pars les Ets TIFLEX à Poncin (01) qui étant
liquide s’étale très facilement en couche mince.
Pour lui garder sa sensibilité nous le mettons à sécher dans un meuble
fermé. On peut aussi, quand on est pressé, sécher la gaze dans le laboratoire,
en lumière rouge, au moyen d’un sèche-cheveux.
Pour exposer la soie et y reporter une photo ou un dessin nous disposons
d’une installation très simple : nous écartons deux tables sur le
bord desquelles nous posons une plaque de verre. Sur la plaque est disposée
la photo ; nous installons en dessous une lampe à bronzer qui produira
des rayons ultra-violets. Nous tirons les rideaux
de la classe et nous posons le cadre avec sa soie enduite de vernis sec
au contact de la photo. Un contact étroit entre soie et photo est maintenu
par un bloc de caoutchouc mousse pressé par une plaque de contreplaqué
chargée des poids les plus divers. Nous allumons la lampe et l’exposition
aux rayons U.V. dure de 4 à 6 mn suivant la densité du cliché.
Nous employons une lampe à bronzer Philips type 3202 qui vaut à l’heure
actuelle environ 150 F dans les pharmacies. Un bricoleur peut se contenter
d’acheter la lampe (100 F) ; il lui faudra modifier une douille ordinaire
car cette lampe possède trois ergots au lieu de deux.
Le cadre est ensuite plongé dans un bac à l’abri de la lumière. Pendant
15 mn, l’eau agit un peu comme un révélateur :
elle dissout le vernis partout où il a été protégé de la lumière par les
parties noires de la photo. Petit à petit le dessin apparaît sur la soie.
On achève de déboucher au jet d’eau dans le lavabo. Finalement
on obtient une sorte de pochoir. Nous laissons sécher le cadre au soleil
ou près du poêle avant de commencer à imprimer.
Nous avons renoncé à employer l’eau tiède à la suite de déboires ;
nous préférons perdre un peu de temps et n’employer que de l’eau froide
pour des bacs à photo de 50 x 60. L’écran se comporte comme un papier
photo ; s’il se débouche mal on insiste un peu au jet d’eau mais
il peut arriver qu’on ne parvienne pas à le déboucher complètement, c’est
un défaut qui peut venir soit d’une surexposition (dans ce cas on recommence
en posant 30 s à 1 mn de moins) soit d’un cliché
trop transparent (photo trop pâle ou dessin reproduit avec de l’encre
de chine délayée).
Quand on sous-expose, une grande partie de l’obturator
se ramollit et disparaît au premier coup de jet. Un écran bien débouché
permet de voir la lumière à travers comme un stencil bien gravé.
LE TIRAGE
Pour imprimer, nous avons une machine qui a la forme d’une caisse
dont le couvercle est percé de nombreux trous. Cette caisse possède sur
le côté une petite trappe qu’on peut manœuvrer pour ouvrir ou
ferme un trou d’aspiration.
Nous relions un aspirateur à notre caisse pour que les feuilles se collent
au couvercle et ne bougent pas pendant l’impression.
Le couvercle porte des charnières qui permettent de fixer le cadre et
de le soulever. Nous répandons sur la soie de l’encre de notre fabrication,
plaçons une feuille, fermons la trappe, baissons le cadre et passons une
raclette de caoutchouc sur la soie. L’encre s’infiltre dans les trous
et reproduit la photo sur la feuille.
Nous avons connu de nombreux déboires avec l’encre. Nous avons remarqué
que les encres de sérigraphie du commerce étaient trop fluides et salissantes
(il faut un solvant pour nettoyer le cadre), la gouache est trop fluide
et on perd tous les détails de la photo. Plus de gris, trop de noir. Toutes
deux sont très chères. Nous avons cherché une « encre » qui
colle à la raclette et ne sèche pas vite sur la soie. Nous avons mis au
point un mélange de colle de tapissier (glutolin) et de gouache en poudre ou en pot. Depuis que nous
l’utilisons nos photos « sortent » avec beaucoup de détails.
A l’heure actuelle ce problème est résolu.
Le coffret sérigraphie Pébéo que vend la CEL contient une boîte de « base incolore »
qui sert à épaissir non seulement le colorex
mais aussi la gouache Pébéo. On délaye la gouache light ou la super maquette dans
la base incolore et on mélange les couleurs primaires jusqu’à l’obtention
de la teinte désirée. Nous préparons notre encre dans des bocaux de verre
(anciens bocaux d’olives) munis d’un couvercle. Il faut que le mélange
gouache + base soit gélatineux comme un flan, qu’il colle à la spatule
et à la raclette. Au moment de terminer le brassage des couleurs on ajoute
une cuillerée à café de retardateur pour que l’encre ne sèche pas sur
la soie et n’obstrue pas les tous en cours de tirage.
Je ne saurais trop insister sur la qualité de l’encre, il la faut bien
collante et onctueuse ; si elle l’était trop, un peu d’eau remettrait
tout en ordre. Une encre réussie, c’est la clé du succès. 70% des éches
viennent de là, le reste étant dû pour une bonne part à des clichés ou
des dessins trop transparents.
POUR IMPRIMER EN SERIGRAPHIE
Il faut réunir une équipe nombreuse ;
- un pour manœuvrer la trappe afin que la feuille se colle au tirage et
puisse s’enlever quand le cadre est soulevé
- un pour passer la raclette
- un qui place les feuilles
un pour les enlever
- trois ou quatre pour les répartir sur les tables et relever les feuilles sèches.
Dès la fin du tirage, tant que l’encre est encore humide, on nettoie le
cadre et la soie au jet. La raclette aussi est soigneusement nettoyée
pour éviter que de l’encre sèche ne déchire la soie.
Pour enlever le vernis on laisse tremper le cadre 15 mn
dans un bac contenant de l’eau de javel préparée en versant un berlingot
dans 2 litres d’eau. Il ne reste plus qu’à rincer à l’eau courante, laisser
sécher la soie et le cadre est prêt pour une nouvelle impression.
Cette facilité de nettoyage est un agrément supplémentaire pour une encre
à base de gouache. Les encres du commerce rendent l’opération de nettoyage
salissante et onéreuse à cause du solvant (white
spirit) qu’il faut employer. Nous ne les utilisons
que pour imprimer des affiches car elles résistent au mauvais temps.
POUR DEBUTER EN SERIGRAPHIE :
Il n’est pas nécessaire d’acheter le matériel
le plus cher
- le limographe à volet sérigraphie
- une raclette d’impression de 245 cm
- une raclette (râcle-creux) pour étendre ‘obturateur
- un coffret « 500 Pack Light Colorex Sérigraphie »
qui contient encres et autres produits
- éventuellement une lampe à bronzer et des stylos à encre de chine et
un coussin 24 x 35 de mousse de caoutchouc.
On peut avec ce matériel reproduire tous les dessins qu’on calque par
transparence. Ce sont des travaux faciles à réussir et qui n’exigent pas
à l’impression une encre parfaite.
Si la réussite vient confirmer ces premiers essais c’est le moment de
sortir le « grand jeu » et de se mettre à la reproduction des
photos ce qui entraînera forcément de nouveaux achats (l’indispensable
trame et le Kodalith avec son révélateur).
Nous restons naturellement à la disposition de tout camarade qui voudrait
des renseignements supplémentaires et éventuellement l’aider à rechercher
les causes de ses échecs.
A.LECLERC
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