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Le parti pris des maîtres
Une expérience que je ne referai pas
Jeannette LE BOHEC – Ecole de Montgermont
– CP-CE1
J’ai entendu dire ces dernières années : - Moi, j’accepte tout !
– Pour moi tout est beau ! – Vous limitez les enfants ! – Vous
les enfermez dans vos critères du beau ! J’ai voulu faire l’expérience
aussi totale que possible de l’effacement de ma personne, pendant toute
une année de CP.
J’ai rayé de ma mémoire les innombrables
témoignages apportés par Elise Freinet et les camarades. Et ceux que m’avaient
apportés mes propres élèves dans le passé. J’ai pensé : « Et
si vraiment, nous avions eu une trop lourde part du maître ? »
Alors tout en donnant les mêmes moyens matériels et les mêmes horaires,
j’ai réfréné le plus possible mes impulsions verbales, mes mimiques. J’ai
généralement réussi à ne pas interdire – même les réminiscences de Blanche-Neige et de Poule-rousse
dont ils étaient imprégnés – à ne pas valoriser, à ne pas critiquer, à
afficher à peine (d’ailleurs pas de place cette année-là). J’ai demandé
cependant par égard pour le prix du matériel et pour le temps de préparation
de la peinture qu’on ne fasse pas de mélange dans les pots afin que ceux
qui avaient le goût du « propre » puissent quand même s’y exercer.
Alors pendant un an, les enfants ont tourné en rond : maisons, maisons,
maisons, copies, copies, copies, décalquages, stéréotypes, ennui général,
stagnation, désintérêt.
Je les ai suivis en CE1. Que faire ?
Il n’était pas facile pour moi de faire volte-face alors que je les avais
laissés s’installer dans cette technique de vie et pourtant, il m’apparaissait
urgent et indispensable d’utiliser au mieux cette nouvelle année. Le hasard
fit bien les choses : une invitation à participer à une exposition
à thème à la Maison de la Culture (un thème imposé !! je n’en étais
plus à un sacrilège près !). Il fallait illustrer une expositions médico-poétique sur « le
cœur ».
Sciemment je décidai de rectifier le tir
et pour donner l’impulsion, je distribuai des matériaux nouveaux et beaux :
de grandes feuilles de bristol d’un glaçage extraordinaire et de l’encre
de Chine noire et sienne (les seules qui restaient). Si j’ai voulu le
papier, je n’ai pas choisi le rapprochement des tons « racés ».
C’est la pénurie qui en a décidé.
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Je ne sais quels ont été les éléments
déterminants : les matériaux nouveaux ? la
motivation de l’exposition artistique ? la
visite préalable de l’expo médicale à Rennes ? le
thème cœur ? mon changement d’attitude ?
(je ne fis rien de spécial : aucun conseil graphique ou
pictural, seulement une attente et un intérêt qu’ils ont certainement
perçus). Une série insolite est apparue qui rompait vraiment avec le passé.
Alors, j’ai pris un parti énergique et
quasi chirurgical : j’ai dit à la cantonade que je ne voulais plus
voir les éternels chats moustachus, les tulipes et les châteaux crénelés
archi-vus depuis des mois, j’ai interdit le décalquage.
Un silence médusé a suivi.
Jamais je n’avais donné un ordre en Art…
Cette fois les choses étaient claires !
Je ne me suis fait, cette fois, aucun
scrupule, pour dire qu’en copiant ou en décalquant, on n’inventait rien,
mais qu’on faisait uniquement preuve d’adresse. Je ne pense pas qu’il
y ait eu là-dedans aucun jugement de valeur.
La preuve pour moi était faite, qu’en
laissant les enfants faire leur pain quotidien de ce genre de travaux,
on les abandonnait à leurs conditionnements et on en faisait des prisonniers.
On me dira peut-être que cette tendance à la copie, au décalquage, dénote
quelque besoin profond. N’est-ce pas déjà la manifestation de la soumission
au modèle donné et au respect du critère de ressemblance véhiculés par
la famille ? Les gens ont été formés à l’école du passé tout entière
basée sur la reproduction servile.
Paul Klee disait en 1912 : « Les
enfants ne sont pas moins doués et il y a une sagesse à la source de leurs
dons. Moins ils ont de savoir-faire et plus instructifs sont les exemples
qu’ils nous offrent… et il convient de les préserver très tôt de la corruption ».
Et c’est justement à Paul Klee que se
référait un professeur de faculté, formateur de futurs professeurs de
dessin en regardant les toiles de jute de mes anciens élèves de CE2 (1).
Il se demandait comment ces enfants avaient pu redécouvrir les lois que
Klee a dégagées lui-même des formes géométriques de ses œuvres. Or, ni
ces enfants, ni leur maîtresse, à ce moment-là, ne connaissait Paul Klee !
Alors, s’il est indispensable par l’Art
d’essayer (par ce moyen-là aussi) de libérer l’enfant et de faire œuvre
psychologique, ne peut-on, par surcroît, dans de domaine bien spécifique,
lui faire se découvrir une esthétique personnelle ? L’expérience
de « grattage d’encre de Chine noir sur fond de crayons gras de couleurs »
(voir n° 67 d’Art Enfantin et Créations) qui s’est enchaînée dans ma classe
sur l’illustration de l’exposition du « Cœur » a été très positive.
- Les enfants ont fait durer leurs travaux
quatre longs mois.
- Ils les ont enrichis de trouvailles
techniques et graphiques.
- Ils ont « gratté pour gratter »
(pointes, plumes, gouges, etc.) avec acharnement mais ils ont aussi maîtrisé
pour organiser les motifs avec des retours en arrière au stade du grattage
frénétique, après avoir recouvert d’encre noire, parfois entièrement,
des grattages terminés.
Ce qu’il est essentiel de comprendre,
c’est que les maîtres sont différents et qu’ils ne peuvent absolument
pas avoir des comportements identiques dans leur classe. Je ne l’avais
pas compris. Il faut d’abord être authentiquement soi.
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- Si on me le demandait je dirais à certains maîtres de ne pas s’embarrasser
de scrupules paralysants et de ne pas craindre de s’impliquer en Art
Enfantin, s’ils le désirent, car de toute façon leur personnalité passera
d’une manière ou d’une autre dans la classe.
- A ceux qui me diraient : « Vous vous
faites plaisir ! » je répondrais qu’un maître doit d’abord
être en accord avec lui-même : il n’est disponible qu’à cette condition.
- A ceux « qui acceptent tout », je dirais
qu’ils se donnent les beaux gants du maître pur et qu’ils acceptent
aussi que les enfants restent à l’extérieur d’eux-mêmes. Une attitude
extrême est toujours facile, mais rarement juste. La copie, le décalque
laissent les enfants en état de dépendance totale, de non-existence.
C’est une contribution à la formation des individus soumis que la société
attend. Des façons d’hommes qui ne savent que se couler dans un moule
ou se laisser canaliser.
- Et s’il en reste qui continuent à crier haro sur
le mot et le contenu de l’Art enfantin qu’ils contribuent à faire mourir
par un dépit compréhensible certes, mais très lourd de conséquences,
je dirais, plutôt que de guerroyer sur des mots !
- Avez-vous travaillé pendant deux sinon
trois ans avec les mêmes enfants ? Avez-vous refait maintes fois
ce cycle ?
- Avez-vous donné une place convenable
dans l’horaire aux ateliers d’Art ?
- Avez-vous eu le courage tenace, d’assurer
vous-même le fastidieux et constant entretien des ateliers ? Tâche
impossible à demander (temps) à de jeunes enfants de CP-CE (sans femme
de service qu’il faudrait peut-être envisager) ?
- Avez-vous
eu souci de l’expérience vécue des camarades par la fréquentation assidue
du groupe départemental ?
- Avez-vous, toutes ces conditions réunies,
eu la possibilité et le désir de permettre le tâtonnement commun de la
classe et du maître avec chez ce dernier, l’attente passionnée de ce qui
doit naître ?
Et si on m’écoute encore, je dirais qu’il
y a en Art des moments dont certains enfants ont besoin. Foin à ces moments-là
d’interdisciplinarité, de liaison avec d’autres modes d’expression, de
vie du groupe, etc. qui sont des incitateurs d’une expression différente
et sûrement utile, spectaculaire souvent, mais fugace et superficielle
pour l’éveil artistique car trop collée au réel et n’engageant pas l’être
en profondeur.
Il faut que l’enfant ait l’occasion de
rester seul avec son matériau ou ses instruments et qu’après avoir profité
du groupe-classe, il échappe à certains aspects
maternant et oppressants du groupe pour jouir de son autonomie. Il doit
être mis en situation de laisser monter ce qui peut y avoir en lui d’informel,
d’imprévisible, d’unique.
C’est la grande RÊVERII interdite à l’enfant moderne corseté dans un
emploi-tue-temps : en classe, le mercredi, en vacances
et qu’on ne laisse jamais à ses rêves. « Heureux l’enfant qui a possédé,
vraiment possédé ses songes » dit Bachelard.
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Une première expérience de peinture
Dans un CE1 (21 élèves) – groupe scolaire
Villejean-Guyennes - Rennes – Yvette
AGAESSE
MON PARTI PRIS
Je veux à tout prix démarrer le
groupe-classe en Art Enfantin et susciter le
goût de peindre. Pour cela
JE PRENDS MES RESPONSABILITES
- Je prépare la palette que je mets à la disposition des
enfants, en n’oubliant pas les teintes pastel.
- J’accorde du temps pour peindre.
- Témoin inexpérimenté et craignant de ne pas voir
la classe « se mettre sur orbite » j’interdis à la cinquième
séance : le fond uni exécuté au rouleau ; les stéréotypes :
bateau, maison, arbre, fleur, vulgaires dessins au trait exécutés sans
application ; et les pluies de ois (solution de facilité pour terminer
un dessin).
POURQUOI CETTE INTERVENTION ?
- Je suis affolée par les premières
œuvres.
- Je constate que les enfants se
fatiguent à attendre que le fond sèche, d’où perte de temps et excitation.
Ils utilisent mal les couleurs.
L’ennui est quasi général dans l’atelier de peinture.
J’AI
UN ENGAGEMENT
Je suis les travaux de la commission
Art Enfantin départementale. J’ai hâte, au sein de cette commission, d’amener
mes enfants sans expérience à découvrir eux aussi les joies de la peinture.
Evidemment, j’omets de faire confiance
à l’enfant, j’en suis bien consciente. Cela me coûte mais, pour l’instant,
je ne vois qu’une solution : « forcer » le groupe à l’originalité.
Et ça marche :
« Moi, je vais faire une fleur
merveilleuse » déclare Brigitte.
« Moi, je fais faire des carrés
et des ronds » dit Philippe.
Des idées sont lancées. Des tableaux
naissent.
J’AFFICHE. Les enfants sont heureux.
Les séances qui suivront verront le tâtonnement se préciser dans
la recherche de l’abstrait dont les tentavies
s’interpénètrent.
Je me suis demandé pourquoi les enfants
choisissaient cette voie. C’est celle où ils pouvaient se lancer puisqu’à priori les stéréotypes étaient interdits. Elle facilitait
la réussite des plus malhabiles.
Inconsciemment, j’ai privilégié
cette voie dans l’affichage.
L’année s’achève, les enfants parlent.
- Nous aimons peindre et nous peignons beaucoup. Géraldine
- On borde bien. Jérôme
- On choisit les couleurs qu’on veut. On fait quelque
chose d’original. Sonia
- La maîtresse accroche nos peintures et c’est beau
dans la classe ! Karine
Leurs critères
de réussite sont la propreté et l’harmonie des couleurs. Le dessin n’intervient
qu’en troisième lieu. Toutefois, ils rejettent les dessins trop pauvres.
CE QUE M’APPORTE
CETTE EXPERIENCE
Un projet de travail pour l’an prochain.
Je me sens plus apte à faire confiance
à l’enfant. Je n’aurais pas ce souci de réussite à tout prix. Mon parti
pris est déjà pris : je m’interdis d’interdire !
Ce n’est pas l’exact contrepied de ce que j’ai fait cette année car je n’abandonnerai
pas l’enfant. Je serai un plus souple témoin de son tâtonnement. Je donnerai
aussi davantage la parole au groupe-classe pour
cette fonction de témoignage.
L’expérience aide l’adulte dans
son rôle.
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J’ai pris « ma part »
Danielle AGAESSE - Rennes – CE1
Moi aussi, je voulais introduire
l’Art Enfantin dans ma classe et cette année, j’ai pris « ma Part ».
- J’AI DAVANTAGE PREPARE
LA PALETTE QUE LES ANNEES PRECEDENTES après une remarque de Jeannette
lors d’une séance « créativité peinture adulte » : « On
prépare des tons pastels maintenant ». Jusqu’ici, je ne mettais
à la disposition des enfants que les couleurs vendues dans le commerce
et je ne préparais les tons pastel que sur demande de l’enfant.
- J’AI ACCORDE PLUS DE TEMPS QUE LES ANNEES
PASSEES : au moins deux séances par semaine en dernière heure.
Mais cette heure tardive me vaut aussi de nombreuses peintures non terminées
et non reprises à la séance suivante. Pour plusieurs enfants, ce n’est
pas le moment de création picturale. Je voudrais aller vers la création
d’un atelier permanent.
A l’origine
de l’explosion créatrice, il y a toujours eu un « événement ».
- D’abord L’AFFICHAGE REGULIER
A MIS EN RELIEF CE QUI ETAIT NOUVEAU.
- C’est ainsi qu’après le premier « vitrail »
de Bernard, la classe a exploré ce style, le laissant pur ou le combinant
avec le style « bandes successives accolées » et même avec
les points et les taches rajoutées. Parallèlement, s’est développé aussi
le style « répétition d’éléments semblables juxtaposés ».
- J’AI PRESENTE A LA CLASSE LES PHOTOGRAPHIES DES TOILES DE JUTE ABSTRAITES
de la classe de Jeannette à Saint-Gilles parce que leur style s’inscrivait
dans la ligne du moment de la classe et la prolongeait.
- MON ATTENTION AUX RECHERCHES CRAYONNEES SUR PETIT
FORMAT a été aussi à l’origine de cette explosion créatrice.
- LE POISSON VITRAIL DE CHRISTOPHE. Non seulement chacun a peint son
poisson mais ce dessin a été le point de départ d’un autre tâtonnement
dans le style « vitrail ».
- J’AI DONNE LE GRAND FORMAT
et depuis ce jour-là, toutes les peintures sont le reflet d’un élan
nouveau.
- J’AI DONNE LE FEUTRE NOIR.
- J’AI REFAIT UN AFFICHAGE
mettant de nouveau en valeur une « fleur merveilleuse » au
feutre. Et cela a été la source inspiratrice pour trois nouvelles peintures.
- UN ELEVE S’EST REMIS A PROJETER DE LA PEINTURE ET A PLIER alors qu’au début
de l’année j’avais interdit ce procédé pour permettre à la peinture
propre de s’installer dans la classe. Certains enfants de ce fait avaient
été lésés. C’est pour cela que, finalement, j’ai permis le tâtonnement
dans cette voie, quand cela ne pouvait plus nuire à l’ensemble de la
classe.
J’ai donc beaucoup porté l’accent sur la peinture.
Et il m’est même arrivé à titre expérimental, de repeindre certaines
parties de dessin pour que la peinture soit réussie comme l’enfant
l’avait désiré alors qu’il avait échoué par insuffisance technique.
Mais je ne sais comment j’ai fait : j’ai repassé des peintures qui
n’avaient nullement besoin de l’être… Et je le regrette beaucoup parce
qu’on pourrait ergoter sur l’authenticité des œuvres et penser avec plus
ou moins de bonne foi que je ne m’étais pas limitée dans cette intervention
à quelques rares œuvres mais à l’ensemble des productions. De toute façon
celui qui ne veut pas croire ne croira pas. Mais c’est maladroit de lui
donner le plus petit argument. Mais pour le graphisme, ça c’est certain,
je me suis totalement abstenue de toute influence. J’ai seulement recueilli
dans un dossier tous les graphismes des élèves. Et comme cela se passe
chez Michèle Le Guillou, ce simple fait a provoqué une abondante production.
Et cet été, en compulsant mon épais dossier,
je vais peut-être obtenir la réponse à une question nouvelle.
Certes, il faut peut-être interdire les stéréotypes
pour que les enfants débouchent plus rapidement sur leur liberté :
mais si on n’interdit pas l’Indien, le Lucky Luke,
le cow-boy, que deviennent-ils ? Restent-ils fixés éternellement
dans leur image définitive ? Ou bien les enfants s’en servent-ils
tout de même à leurs fins personnelles ?
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Nous, on montre
- pour se faire plaisir, pour être joyeux ;
- pour dire notre histoire, expliquer ;
- pour faire du « beau », pour que tous les dessins soient bien ;
- pour voir ce que disent les autres et apprendre à chercher ;
- pour savoir dessiner, faire des progrès.
Classe unique
Jean-Claude SANSON
Ecole publique Saint-Genoux - Guichen
Chaque samedi matin, on montre et on explique si besoin
nos réalisations. Cette séance n’est qu’un moment seulement.
Mais elle permet une rencontre de tous dans une classe
de six cours.
Un moment de compréhension, d’échange, d’aide où le maître
est partie prenante.
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J’accepte tout !
Odette JEGOU
Saint-Gilles – CP
Contrairement aux autres, je me garde absolument de toute
intervention. J’accepte tout.
Ce sont les enfants eux-mêmes qui, par leurs remarques,
leurs commentaires, font démarrer de nouvelles pistes. C’est ainsi qu’apparaissent
les périodes « fleurs », « maisons, « bonhommes »,
« dessins inventés », etc.
Il faut dire qu’à leur arrivée en CP, les enfants ont
un passé riche d’expériences picturales, car ils peignent librement à
la maternelle.
- Et tu ne fais rien ? Absolument rient ?
- Ah ! si, j’affiche. Je
choisis suivant mon goût en essayant de faire en sorte que tout le monde
ait un dessin affiché.
Et je prépare la palette de peinture avec courage. Car
j’ai compris qu’il fallait une bonne organisation de base. Mais ça ne
me coûte pas car je crois que je le fais avec amour et respect des enfants.
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Forçage à la liberté
Daniel BOULANGER
Ecole Léon-Grimault – Rennes
Je pense que dans tous les domaines, il faut faire un
forçage à la liberté, forcer l’imagination, ouvrir des voies nouvelles
pour qu’au bout du compte chacun ait trouvé sa place quelque part et se
sente libre dans sa création.
Je veux lutter contre l’esprit actuel qui consiste à
faire croire que seuls quelques-uns sont compétents dans tel ou tel domaine
et notamment dans la création artistique.
En art enfantin ceci se concrétise par :
1) Le libre choix du matériau et de la technique :
peinture, feutre, pâte à modeler, polystyrène, carton, ferrailles, bouteilles,
branches, bois, écorce…
2) Incitation à jeter un œil nouveau sur ce qui nous entoure.
Ex. : S’allonger au pied d’un arbre, coller son
nez au tronc, cela contribue à éliminer les stéréotypes.
Dessiner en quelques traits et très vite des traces sur
la terre, une branche, une souche, un visage : voilà autant d’expériences
qui contribuent à ébranler le besoin de la « ressemblance ».
3) Je provoque des séances de création collective
(pas suffisamment). Tout le monde y et à l’aise
–peinture collective
–statues vivantes
4) J’essaie de valoriser ce qui est nouveau plus
que ce qui est beau.
Ce qui n’empêche pas les champions de telle ou telle forme d’expression
d’être reconnus comme tels. Mais cela permet souvent aussi aux autres
d’être valorisés.
Chez nous deux mots sont à la mode : inventeurs
et chercheurs.
Tant que j’y suis : un mot au sujet du beau que
j’admets au niveau des enfants pour le démarrage.
Je ne conteste pas la notion de beau mais l’établissement
de critères de réussite uniquement basés sur le beau.
Ces critères qui peuvent être : la ressemblance,
l’abstrait, la propreté, le choix des couleurs, le choix du thème… peuvent
très bien, si on n’y prend pas garde, devenir des barrières à l’expression
des enfants.
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Certains enfants réussissent très bien avec ces critères
et sont, dans toutes les classes, reconnus comme des campions. Mais les
autres doivent aussi réussir !
Il faut alors, à mon avis, établir de nouveaux critères
de réussite qui peuvent être ceux de l’originalité, de l’expérimentation,
du nouveau, du rigolo, etc.
Je voudrais essayer de résumer tout ça.
Je pense qu’il est dangereux de baser l’art enfantin
uniquement sur la notion de beau et qu’il est plus juste de le baser sur
la notion d’expression. Permettre à chacun de s’exprimer comme bon lui
semble et de réussir. Les critères de réussite pouvant être tout simplement
pour l’enfant :
- les sensations ressenties en expression
- la satisfaction de l’acte accompli
- le bien-être,
et pour les autres :
- le nouveau, le comique, le triste, le beau…
Ainsi, j’ai le sentiment que dans la classe tous les
enfants espèrent qu’on dira de leur dessin qu’il est beau. Mais ils sont
aussi très heureux si on leur dit qu’ils ont fait acte de créateur. Et
là, il y a de la place pour tout le monde ! Ceci n’empêche pas qu’on
leur dise qu’ils auraient pu s’appliquer davantage, etc.
Tout ça n’est pas facile à dire…
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Avec 50 élèves…
Edith PERRIGAULT
Saint-Malo – Petite section maternelle
Il y a cinquante enfants dans ma classe et je ne peux
travailler qu’avec six à huit d’entre eux pendant la sieste.
Ils travaillent assis ou debout, comme ils le désirent
sur le moment. Ils sont protégés par une grande blouse à élastiques aux
poignets et au cou qu’ils enfilent tout seuls.
Ils peuvent jouer avec les couleurs et les tracés, les
techniques du monotype.
Ils n’ont pas à appuyer pour dessiner. Ils trouvent là
un moyen différent du feutre. Ils aiment surtout les couleurs des encres
d’imprimerie.
Je voulais qu’ils peignent…
Fernande CHEVALIER
CNPI – La Motte-au-duc – Rennes – Classes
de perfectionnement
TAC AU TAC : dessins collectifs réalisés par des
enfants de huit à douze ans (au cours de classes de neige) qui n’ont pas
l’habitude de peindre. Cette classe rassemblait des enfants venant de
trois classes différentes, je n’étais pas leur maîtresse habituelle.
Je voulais qu’ils peignent…
J’ai proposé le tac au tac, technique inspirée par la
télévision.
A chacun son pinceau, à chacun sa peinture et l’on passe
à son tour et le tour revient ; on s’exécute après son copain, on
le fait devant tous et pas n’importe quoi…
Que va faire celui-là ?
Pourquoi fait-il cela ?
Que vais-je faire, moi ?
On va parler pendant la séance, commenter ?
On va se taire et observer ? (à
décider avant la séance).
Chacun coopère et l’agressivité passe par la recherche
et les frustrations passent par la peinture. C’est une équipe qui palpite.
Chacun y trouve une place, il y a :
les démarreurs, les finisseurs, les fignoleurs, les démolisseurs,
les retapeurs, les copieurs.
Qu’importe !
Ce sont des artisans ; l’œuvre est ce qu’elle est,
jamais ratée, aimée toujours. Le « moment », lui, a été passionnant,
enrichissant, très souvent émouvant.
Quelques conseils techniques pour mener à bien ce tac
au tac.
FORMAT au choix, sur plan vertical ou incliné pour le
recul.
PAPIER kraft beige préférable.
PARTICIPANTS de 2 à 10-12, le maître est participant.
TEMPS DE PASSAGE : 1 minute ou 2
ou un refrain chanté par les enfants
ou un mouvement musical
ou…
ORDRE DE PASSAGE : strictement respecté et ordonné
par le premier tour. Pour ce premier tour, chaque participant s’insère
quand il le décide.
THEME
- avec thème (après un spectacle par exemple)
- sans thème
COULEURS : une au choix du participant
- que l’on peut garder pendant toute la séance (très
intéressant car chacun peut reconnaître ses interventions)
- que l’on change à chaque passage (ceci doit être décidé
avant le démarrage)
TEMPS D’EXECUTION : très
variable.
Travail terminé dans la séance et affiché de suite.
Le TAC AU TAC est un travail d’atelier ; quelques
enfants se groupent et c’est parti. Pour les enfants non habitués à peindre
c’est une rampe prodigieuse de lancement.
Pour le maître qui soi-disant ne sait pas peindre c’est une
rampe excellente de lancement.
Pour tous, c’est le bonheur d’avoir ensemble réalisé
une œuvre.
N.B. Les deux dessins présentés sont sans thème.
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Expression et communication
Janine PORTAL
Ecole Léon-Grimault – Rennes
– CP
Le samedi matin, il y a communication au groupe-classe des peintures de la semaine.
Les remarques naissent :
- celle-ci est propre, soignée
- celle-ci a des jolies couleurs
- sur celle-là, Sandrine a joué avec les formes
- celle-là me plaît, on dirait une grosse bête
- elle me fait penser au tonnerre
- celle-là est nouvelle
- on a déjà vu souvent cet arbre
- ce soleil est nouveau, etc.
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Maîtresse, j’ai plus d’idées…
Marcelle JOURDAN
Ecole de Villejean-Guyenne
– CE1
Les élèves : vingt seulement cette année (une chance
exceptionnelle !) arrivent de quatre CP différents où ils ont très
peu peint.
Au CE1, pendant les deux premiers trimestres, ils ont
beaucoup dessiné : au feutre, au crayon, au bic, sur des albums,
mais peu fait de peinture. Les poudres de couleur que l’école nous octroie
se dessèchent si rapidement qu’il faut recommencer chaque jour à « touiller »
dans les pots. J’avais souvent la femme, on donnait la priorité à autre
chose(notamment à la parole) dans la classe
J’exposais aux murs de la classe ce qui me plaisait le
plus et ou ce que les enfants préféraient mais
je faisais aussi en sorte que tous les enfants aient ainsi une mise en
valeur de leurs créations. Je valorisais en particulier, par l’exposition,
tout ce qui était riche en couleurs, en formes, tout ce qui ne ressemblait
à rien de réel et aussi surtout tout ce qui apparaissait comme nouveau
soit dans la forme, la couleur ou la technique.
En fin de second trimestre j’ai pris le temps de préparer
les poudres mêlées à l’eau (pas trop d’eau) et les grands formats de papier
pour la peinture.
Je fixe un papier de la longueur du tableau de la classe
et vient qui veut commencer à peindre (je leur ai apporté des brosses,
plutôt que des pinceaux, le geste est plus réussi).
Lorsqu’un enfant me dit : « Maîtresse, j’ai
plus d’idées… » un autre vient continuer,
si le premier le permet. En général ils aiment qu’on reprenne, qu’on « enrichisse »
(c’est le terme que j’emploie) leur œuvre.
Les enfants choisissent, au départ, une couleur ou deux
que j’ai préparées sur un plateau-éventaire.
Ensuite ils échangent avec les copains.
Maintenant ils peignent individuellement un peu partout
dans la classe. Contre le tableau et à quatre pattes par terre (un vrai
chantier !)
Quand on a décidé de changer de couleur, j’exige qu’on
reporte sur le plateau le pot dont on ne se sert plus avant d’en prendre
un autre.
Je demande aussi qu’on veille bien à ce que la peinture
soit sèche avant d’en « approcher » une autre.
Parfois, lorsqu’une peinture me paraît pauvre ou peu
harmonieuse, je place un pot d’une couleur qui me semble convenir près
du petit peintre et je lui dis : « Si tu essayais celui-ci ?
Vois si ça te plaît ou non. Qu’en penses-tu ? Veux-tu autre chose ? »
- Tu ne culpabilises pas ?
- Non. Nous sommes heureux dans la classe les enfants
et moi.
Et si vous me trouvez un peu trop directive, je crois
que l’extrême diversité de notre abondante production plaide en ma faveur.
D’ailleurs je ne peux mettre mon grain de sel partout et bien
souvent j’ai assez à «refaire » des couleurs qui manquent :
« Maîtresse y a plus d’bleu… tu veux bien me donner d’autre rouge… »
Je ne peux être partout à la fois d’autant que le plus
souvent je place un disque sur l’électrophone pendant notre atelier privilégié.
Ils me demandent de la musique douce, mais là aussi ils
subissent peut-être (sûrement) mon influence, car je sais de quelle manière
ils réagiraient à des rythmes violents. Et le moment n’est pas propice !
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Et la flamme ?…
Paulette FORGET
Ecole publique de Moigné-Le Rheu
– SE-CP-CE1
Depuis que je connais « Freinet », j’ai toujours
favorisé, le mieux que j’ai pu, l’expression dans ma classe, et en particulier
la peinture. Lorsque j’ai quitté ma classe unique, après quatre années,
les enfants avaient beaucoup peint, aimaient peindre. Il aurait suffi
de peu pour que ma classe « soit lancée ». Mais je n’avais jamais
su donner le coup de pouce nécessaire (que de richesses ai-je ainsi laissé
faner pour n’avoir pas su les vivifier !)
Les deux années passées dans mon nouveau poste, j’ai…
laissé faire. On a peint, on a fait de tout d’ailleurs (expression corporelle,
écrite, mathématique) mais comme ça, sans flamme. Du moins, si je l’avais,
je n’ai pas su la communiquer aux enfants…
Cette année seulement, l’événement a eu lieu. Pour moi,
grâce au travail du groupe « art enfantin » sans lequel rien
ne se serait passé.
J’ai su (mieux qu’à l’habitude) être à l’écoute, attentive
aux réalisations, au travail des enfants. Ils ont peint, comme ils l’avaient
fait l’an passé avec ma collègue. J’ai affiché, comme d’habitude, (mais
avec plus d’amour peut-être), j’ai plus souvent changé l’affichage…
Et puis… un jour, plus de papier à l’école ! Je
n’ai trouvé que du papier kraft en grande feuille.
- Il n’est pas beau !
- Il va falloir tout cacher.
Les feuilles étaient très grandes, mais ils les ont voulues entières.
Trois d’entre eux, les trois CE1, se sont attaqués avec
ardeur, courage, aux grandes feuilles tristes. Cette semaine-là, ils allaient
à l’atelier peinture (permanent chez moi) dès qu’ils avaient un moment,
et les feuilles se sont couvertes : ils en sont venus à bout et ils
étaient fiers.
Il allait de soi qu’il fallait valoriser ce travail,
(surveillé par toute la classe d’ailleurs) et le soir j’ai repassé quelques
traits sur deux de ces peintures et je les ai affichées. Il faut dire
qu’en entrant, les enfants ont été saisis et ont particulièrement aimé
la grande girafe inspirée par une projection de diapos sur les animaux
d’Afrique. Et voilà.
J’ai vu naître des girafes de toutes tailles, de toutes
couleurs et de toutes formes. Maintenant encore il en ressurgit parois.
Puis les girafes ont laissé place aux bonshommes, aux fleurs, aux formes,
etc.
Ca y était, ça y est toujours.
Ce sont eux maintenant qui exigent que les peintures
soient propres, qui me lancent un regard de reproche
si je n’ai pas eu le temps de refaire les couleurs.
Une de mes fillettes, craintive entre tos, affolé devant
la moindre difficulté, s’est mise à peindre ; est-ce cela, ou les
créations mathématiques que tous réclament maintenant (ou les deux), qui
lui a fait écrire :
C’est l’histoire d’un cochon imprudent.
Il avait peur de tout.
Une fois une petite souris s’approcha
de lui.
Vite le cochon fit demi-tour.
Une autre fois il rencontre une
puce.
Vite, vite, il se sauva.
Donc le cochon avait peur de tout.
Il se disait « Mais si je n’avais
plu peur ce serait mieux » ;
Et il se décida de n’avoir plus peur.
J’ai aussi proposé, afin de travailler avec les élèves
de mon collègue, de décloisonner une fois par semaine.
Ses grands viennent donc peindre chez moi (ils avaient déjà peint
l’an passé) et en quelques semaines, sa classe, à son grand étonnement,
s’est trouvée tapissée de peintures… Il m’a dit : « Je suis
converti (au moins pour la peinture).
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Les parts du maître
Renée LE HERISSE
Ecole de Montgermont – CM1-CM2
On nous dit « Les enfants n’ont pas fait ça tout
seuls, ce n’est pas possible ! ». Le ton est convaincu,
l’accusation grossière. Nous comprenons «C’est vous qui dites quoi
faire, comment faire ! » à la limite « C’est vous
qui faites cela !… »Een réaction
nous bondissons : « Nous n’intervenons PAS DU TOUT, nous laissons
faire, faites comme nous et vous verrez… »
Et pourtant c’est VRAI : les enfants ne font pas ça tout
seuls, mais la part du maître est beaucoup plus importante et plus subtile
que celle qui consisterait à tenir la main de l’enfant.
Dans le domaine de l’art il n’y a pas de contenu à faire passer. Il y
a des sensibilités à ouvrir, à développer et la personnalité du maître
est plus qu’ailleurs déterminante.
C’est absurde de dire que si le maître n’était pas là
il n’y aurait pas d’expression artistique dans la classe.
Ca l’est moins de constater que des enfants qui peignent
en classe ne continuent pas souvent à la maison, même si le matériel et
les parents sont favorables.
Ca ne l’est plus de s’apercevoir que si le maître s’en
va pour quelques semaines, l’élan créateur retombe.
Il faudrait que nous fassions une analyse lucide, honnête, de la
part de nous-même que nous investissons dans les créations de nos élèves.
Cette analyse est difficile. Notre part ici n’est pas mesurable, elle
est
souvent inconsciente.
Essayons.
Il y a
Les maîtres qui préparent eux-mêmes la peinture
avec des couleurs pures
avec des couleurs pastel
avec les deux
avec ou sans intérêt
avec ou sans amour
Ceux qui laissent les enfants la préparer eux-mêmes.
Ceux qui ont du beau papier, des bons pinceaux et ceux
qui n’en ont pas.
Ceux qui achètent de leurs deniers le matériel manquant et ceux
qui font avec les moyens du bord.
Ceux qui montrent les dessins d’autres classes.
Ceux qui présentent, commentent, affichent des œuvres
d’artistes adultes.
Ceux qui refusent de le faire.
Ceux qui affichent les réalisations.
Ceux qui ont la manière de le faire.
Ceux qui affichent TOUTE la production de la classe.
Ceux qui sélectionnent
- seuls
- avec l’aide des enfants
- par les enfants seulement.
Ceux qui changent souvent l’affichage.
Ceux qui ont la flemme.
Ceux qui arrangent les peintures des enfants pour les
mettre en valeur
- en repassant certaines couleurs ou certains traits
- en découpant des morceaux bien réussis
- en découpant les dessins et en les collant sur une
feuille de couleur
- en encadrant le dessin
- en l’affichant à une jolie place.
Ceux qui organisent des discussions collectives sur les
peintures terminées parce qu’ils pensent que la communication est importante.
Ceux qui ne veulent pas le faire parce qu’ils pensent
que l’art est avant tout affaire personnelle.
Il y a ceux qui savent encourager les enfants. Simplement
en collant tous les dessins chaque jour, dans un album.
Ceux qui encouragent par la parole
- les mots
- l’intonation
- l’exclamation rapide, anodine
Ceux qui ont la voix sincère et le cœur sincère.
Ceux qu n’ont que la voix.
Ceux qui n’ont que le cœur.
Ceux qui encouragent par le regard, par l’intérêt silencieux.
Ceux qui encouragent en participant.
Ceux qui aident en prenant un pinceau, pour qui un trait
tracé sur le dessin d’un enfant vaut tous les discours (j’en suis, c’est
ma façon de m’intéresser et d’encourager. J’ai assez culpabilisé pour
en parler. Si cette aide est plus directe et laisse des traces elle n’est
pas forcément plus déterminante que la parole, qui s’envole…)
Il y a aussi ceux dont la seule présence est encouragement.
Paul Klee considère qu’il y a trois étapes dans la création
artistique : la pré-création (pour nous
motivation), la création elle-même et la re-création ou communication
aux autres.
Il y a ceux qui sont intéressés surtout par la pré-création.
·
Ceux qui ne
s’intéressent qu’à la création, au moment vécu sans souci du résultat.
·
Ceux qui s’intéressent
surtout à la production, à la présentation (au groupe, sur le mur, aux
parents etc.)
·
Ceux qui s’intéressent
à deux aspects (au choix).
·
Ceux qui s’intéressent
aux trois.
Il y a ceux
qui acceptent tout : le décalque, les peintures sales, les taches.
Ceux qui pensent que tout ça c’est
bon, qu’il y a des pistes partout
Ceux qui le refusent
- parce que la femme de ménage râle
quand c’est sale
- parce que eux-mêmes ne supportent
pas le sale
- parce qu’ils trouvent que ça gaspille
du matériel
- parce qu’ils pensent que l’enfant
n’a rien à gagner en pataugeant.
Il y a ceux qui savent que l’on peut aller
plus loin (mes élèves ont peint sur toile de jute il y a plusieurs années,
je trouvais ça pas mal. J’ai vu les toiles peintes par les élèves de Jeannette.
J’ai su que l’on pouvait faire mieux et MYSTERIEUSEMENT les toiles peintes,
après, dans ma classe, étaient beaucoup plus belles).
Il y a des maîtres qui ont de l’imagination,
d’autres qui en ont moins, d’autres qui n’en ont pas. Il y en a d’artistes
et de non-artistes.
Il y a ceux qui croient au beau et ceux
qui n’y croient pas…
Ceci est une
liste OUVERTE.
Si elle était plus complète chacun
pourrait faire son propre menu et tracer son profil.
Je crois que plus la part du maître
est grande, plus l’enfant se sent libre de créer et plus en a de plaisir.
La création du maître serait la
totalité de la création faite dans sa classe, il en est le responsable
s’il n’en est pas l’auteur.
A nous de travailler à élargir la
vision du maître pour élargir celle de l’enfant et lui ouvrir le chemin
de l’art.
« L’art est l’aléatoire
absolu ».
Anne HONYM
Renée Le HERISSE
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