Une revue comme notre ART ENFANTIN, qui dans les mille difficultés inhérentes à la pauvreté et aux conditions péjoratives de l’école publique, met un entêtement, un point d’honneur à se prolonger et à durer est, n’en doutez pas, une revue digne de vivre !

Élise FREINET

 

Nous avons récemment, à l'occasion de notre numéro 75, évoqué ici l'histoire de notre revue... Aujourd'hui, il ne s'agit d'évoquer que l'aspect survie économique, financière et... coopérative : le présent brûlant ! Les tournants historiques sont nombreux au cours de nos quinze années d'existence : nous avons dû louvoyer entre de nombreux et dangereux écueils !

Ces six ou sept dernières années, nous avons pu exactement doubler le nombre de nos abonnés et parvenir ainsi à un nombre de lecteurs égal à ceux de la revue L'Éducateur !

Survient la crise... Vous en connaissez toutes les implications car chaque quotidien, chaque hebdomadaire, chaque revue se doit de lutter pour ne pas périr comme beaucoup doivent le faire...

Les publications capitalistes ont des moyens de défense : elles renforcent leurs appuis, elles font appel à de nouvelles publicités, elles passent des accords commerciaux (surtout pour les revues d'art qui subsistent...)

Mais nous ? Nous ne vivons que grâce à nos abonnés et uniquement eux ! Pas de mécènes (mais la liberté et l'indépendance ...). Pas de publicité (fait unique dans la presse...). Aucun accord avec qui que ce soit et aucun appui (ni « artistique » ni « pédagogique » ni « administratif »). Pratiquement pas de vente au numéro (pourtant 34 numéros sont encore disponibles et passionnent ceux qui se les procurent - à Cannes et auprès de nos groupes). Aussi, la montée des coûts de production qui ne parvient pas à s'équilibrer avec la montée des recettes d'abonnements, pourtant importante, nous oblige-t-elle à réduire nos dépenses.

Réduire les dépenses, dans la presse cela signifie quoi ? D'abord des licenciements de personnel : mais nous n'avons qu'un seul et unique maquettiste ! Ensuite (les réductions dans le nombre de pages ou bien des réductions dans le nombre des quadrichromies : bref, une baisse incontestable de qualité, donc d'efficacité ! Rien de tout cela n'a été retenu par nos organismes responsables de la gestion de cette revue : pas de baisse de qualité au contraire ! Il a été décidé de publier cette armée quatre numéros - revue - dans la forme habituelle (même nombre de pages toujours aussi richement illustrées) - et un disque 33 tours 17 cm qui est, d'ailleurs servi dès maintenant dans ce numéro à tous les abonnés : donc, le même nombre de parutions, la même valeur « marchande » pour les lecteurs, mais sur le plan productif une mesure d'attente sage et salutaire.

Car il s'agit maintenant d'attendre l'effet du sursaut coopératif. En effet, cette revue ne peut respirer que grâce à l'oxygène apporté par les militants et les abonnés eux-mêmes. Posséder des numéros d'ART ENFANTIN, être régulièrement, le destinataire des revues qui paraissent devrait être un geste partagé... Ceux qui sont déjà fidèles ne peuvent s'assurer coutre les aléas et pour la survie de la revue, qu'en multipliant le nombre de ceux qui y souscrivent !

Pour plus de la moitié des abonnés qui reçoivent aussi les suppléments, nous rappelons les livraisons qui seront effectuées cette année : un autre disque leur sera adressé en mai-juin, deux livraisons de TEXTES LIBRES, la gerbe des enfants et sans doute trois livraisons de la GERBE des adolescents puisque, comme vous le savez, nous livrons nos éditions « art enfantin » dans la proportion des recettes des souscriptions.

Faut-il une conclusion ? Chacun peut l'exprimer puisque selon nos règles coopératives, nous sommes les artisans de notre survie !

ART ENFANTIN & CRÉATIONS

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