Chaque année,
à la même époque, je remarque une attirance chez les enfants pour les
œuvres en noir : feutres ou encre de Chine, c’est en janvier-février,
période de neige à Saint-Claude,
c’est le moment où chaque chose se détache en noir sur le paysage.
Comment ne
pas établir cette relation entre la nature et les dessins ! Peu
à peu disparaissent ces œuvres exclusivement en noir et en mars avril,
avec les premières fleurs si nombreuses chez nous, les enfants retrouvent
le goût des couleurs chatoyantes : seul, cette année-là, Raoul continuera
jusqu’en juin ses dessins en noir.
Raoul commente
ses dessins à peine terminés ; au début son récit est détaillé, il
deviendra de plus en plus court pour disparaître enfin complètement ;
peut-être Raoul est-il fatigué de raconter ? Il n’en éprouve plus
le besoin.
Les peintures
sont, elles aussi, rarement commentées et les dernières œuvres de Raoul
ne paraissent-elles pas s’en rapprocher ?
On sentait
déjà, dans les premiers dessins, le mouvement, le rythme donné par des
zones alternées de noir et de banc, par des traits discontinus ;
grâce à un outil à peine différent : feutre à la pointe plus large,
Raoul utilise la masse noire qui envahit peu à peu sa feuille.
Ne ressemble-t-il
pas à ce débutant en peinture qui, grisé par une couleur, oublie d’en
changer ?
Dans les
deux dernières œuvres présentées, dans la dernière surtout, il est arrivé
à un équilibre entre blanc et noir ; n’est-elle
pas plus proche de la peinture que du graphisme ?
Yolande HENRIOT
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