-Maîtresse,
moi, aujourd'hui, je voudrais...
FAIRE
PEINTURE
École
maternelle de Le Bois-Plage-en-Ré
(Charente-Maritime)
Michelle FOUR TUNE
- Moi,
argile !
- Moi, tissu,
maîtresse !
- Et moi,
du rouleau! (1)
- Et moi
d'la « gomme», maîtresse ! (drawing-gum).
Et tout de
suite, ça éclate dans toutes les directions... A l'argile on pétrit,
on aplatit, on tape, on enfonce les doigts, on coupe en bandes, en cubes...
- Maîtresse,
tu nous donnes la barbotine ?
Bien sûr,
théoriquement, la barbotine, c'est pour coller les morceaux, mais on
peut surtout tremper ses doigts dedans.
- C'est doux.
Ça glisse. Ça brille !
François,
hilare, doigts écartés :
- Regarde
mes mains !
Laurence
et Colas, à l'atelier monotypes, appuyés des deux mains sur leurs rouleaux,
étalent l'encre d'imprimerie sur la plaque. Ils roulent, roulent encore
et encore. Les rouleaux glissent, s'arrêtent, repartent. L'encre fait
un petit bruit en se décollant. Ils penchent tous deux la tête pour
la voir luire.
- Ça fait
beau, hein maîtresse ?
A l'atelier
tissu (tapisserie), Antony et Renaud fouillent dans la caisse en carton
et tirent, pêle-mêle, des coupons disparates.
- Il est
beau le jaune ! I1 se coupe facilement, ce tissu, alors on en découpe
un grand morceau.
- Regarde,
ça f ait un ventre !
Alors, encore
un peu pour les boutons et pour les jambes et pour les mains. I1 se
coupe si bien ! Christelle a trouvé un morceau de velours noir. - I1
est doux. J'le veux !
Mais le velours
est récalcitrant sous les ciseaux.
- C'est dur.
J'vais faire un p'tit nez !
Les mains
et les yeux plongent dans la boîte, caressent ou rejettent. Le morceau
de tissu élu (non en fonction d'une harmonie éventuelle ni d'une signification,
mais pour sa «belle couleur» ou parce qu'il «se coupe bien») s'envole
au bout des ciseaux et atterrit sur la tapisserie en s'intégrant. spontanément
à l'ensemble sans intention préalable.
A l'atelier
tissu (tapisserie), Antony et Renaud fouillent dans la caisse en carton
et tirent, pêle-mêle, des coupons disparates.
- Il est
beau le jaune ! I1 se coupe facilement, ce tissu, alors on en découpe
un grand morceau.
- Regarde,
ça f ait un ventre !
Alors, encore
un peu pour les boutons et pour les jambes et pour les mains. I1 se
coupe si bien ! Christelle a trouvé un morceau de velours noir. - I1
est doux. J'le veux !
Mais le velours
est récalcitrant sous les ciseaux.
- C'est dur.
J'vais faire un p'tit nez !
Les mains
et les yeux plongent dans la boîte, caressent ou rejettent. Le morceau
de tissu élu (non en fonction d'une harmonie éventuelle ni d'une signification,
mais pour sa «belle couleur» ou parce qu'il «se coupe bien») s'envole
au bout des ciseaux et atterrit sur la tapisserie en s'intégrant. spontanément
à l'ensemble sans intention préalable.
Denis, près
du radiateur, surveille avec impatience le séchage de l'encre qu'il
vient d'étaler par-dessus son dessin au drawing-gum,
car le grand plaisir c'est de frotter et de tirer le ruban élastique
qui se décolle et qui «claque».
- Tu veux
que je t'aide, Denis ? demande Patrice qui suit l'opération avec convoitise.
- Ah non,
c'est mon dessin, j 'veux le faire tout seul !
Impossible
de partager avec un autre la jouissance qu'on s'est préparée patiemment.
En retenant
presque sa respiration Sylvie étale l'encre orange lumineuse sur la
feuille blanche... Isabelle frotte inlassablement son dessin à la craie
avec la térébenthine.
- ça sent
bon ! Dominique, depuis hier, remplit son bel oiseau avec les crayons
feutres neufs qui glissent sans effort sur la feuille.
A ce moment
même, chacun d'eux agit pour le plaisir des sens.
N'est-ce
pas à la fois une fin en soi et le tremplin
vers d'autres accomplissements ?
(1) Voir
Art enfantin n° 82, p. 42 à 46.