Une comparaison
est faite avec Paris raconté
et illustré par les enfanta (Édit. La Noria). Yvon explique qu'il trouve
ce livre « plus joli » parce qu'il ne contient qu'une histoire.
Les autres albums comprennent aussi des photos, des poèmes. Cela rappelle
trop « Art enfantin ».
Lorsque
je demande comment ils envisagent les prochains albums à paraître :
- « Il
faudrait une seule histoire qui remplisse toutes les pages du livre. »
(Et de proposer d'en inventer une nous-mêmes l'an prochain. Déjà des idées
fusaient !)
- « Il
faudrait un album avec seulement des poèmes. Juste un album, une fois. »
- « Il
faudrait seulement des dessins d'enfants et pas de photos. »
- « Il
faudrait que les dessins « se ressemblent », que ce soient seulement
des peintures, seulement des encres de Chine, etc., dans tout le livre. »
(Qu'il y ait une unité, quoi. Ils y ont été très sensibles en feuilletant
Paris raconté et illustré par des enfants.)
On aimerait
savoir ce que pensent d'autres enfants, d'autres classes, de ces trois
premiers albums.
D'autres
vont suivre. Ils sont attendus chez nous avec intérêt. Qu'en est-il ailleurs ?
Pensez-vous
que les gens vont acheter ces livres réalisés par les enfants ?
Pendant longtemps,
les éditeurs nous ont opposé cet argument... Ce que fait l'Enfant n'a
pas de valeur (puisqu'il ne sait pas et qu'il est tout instinct !)
et bien sûr aucune valeur marchande.
Les Enfants
sont vraiment les parias de notre culture et de notre société !
Ainsi donc,
vous allez continuer à enfermer les enfants dans leur Enfance !
Nous venons
d'affirmer le contraire ! Nous réclamons une juste part et pas davantage.
Notre propos n'est pas de remplacer le livre pour enfants par le livre
des enfants ! Comment pourrions-nous y prétendre ? Nous sommes
des éducateurs. Nous pratiquons une pédagogie fondée sur les valeurs de
l'Enfance. Nous appliquons des techniques qui accordent à l'Enfance un
droit absolu d'expression, qui facilitent cette expression en lui offrant
des moyens, des outils facilitant la communication (le journal scolaire,
l'imprimerie, la correspondance, la diffusion de la pensée, l'expérience
et la recherche, etc.).
De ce fait,
des enfants se révèlent différents, pas seulement bourrés de classiques
ou matraqués de B.D. ou conditionnés par la
T.V., sans doute moins dociles (c'est ce qu'affirme une enquête
sur les enfants nés de 1968) mais davantage autonomes, riches d'expériences
et de personnalité. Certains vont même jusqu'à affirmer qu'il existe un
« style FREINET » mais nous aimerions en savoir plus !
C'est donc
plus qu'une édition et une tentative commerciale : c'est une lutte militante ?
Même si nous
n'en avions pas eu l'intention, la rogne et la hargne de ceux qui attaquent
cette production ou plus simplement le silence résolu qu'on nous oppose
- même un critique préfère recommander ce qui se vendra ! - nous
conduisent à accompagner le lancement de cette nouvelle collection d'un
indispensable combat militant : il nous faut sans cesse expliquer, redresser
les fausses assertions, accompagner nos démonstrations de témoignages
et surtout affirmer le caractère populaire de cette littérature des enfants
: populaire en ce sens qu'elle n'est pas issue d'une expression privilégiée,
d'une école vivant grâce à des conditions particulièrement favorables
et ne rassemblant que deux dizaines d'enfants ; et populaire aussi
parce que tout homme, toute femme se sent attiré, pour le moins intéressé
par une oeuvre provenant en droite ligne de l'Enfance - ou de l'Adolescence
-. Rien de ce qui vient de là ne laisse indifférent.
MEB
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