GERBE ADOLESCENTS

Science-fiction

MAGNÉTOPHONE D’UN TEMPS À UN AUTRE

par Jean-Yves PLANTEC

Le bourdonnement venait sans aucun doute du bout de l'Oberstrasse.

La Gulf, rouge, vrombissait et, dans un nuage de fumée, venait se ranger devant une grille rouillée par le temps.

Lentement, Dave Howards coupait le moteur. Du bout des doigts il caressait le cuir des sièges, et, d'un geste vif époussetait de l'index une infime pellicule de poussière sur le volant. II laissa retomber sa main d'un mouvement de lassitude : « Bah, à quoi bon tant de chichi ? ». II ouvrit la portière machinalement et jeta les clefs près de la boîte à gants, comme s'il n'en avait plus besoin.

Amoureusement, il posa un dernier regard sur la petite Gulf rouge, achetée, il s'en rappelait, d'occasion à Miami en 79.

II se décida enfin à entrer dans l'enceinte, de l'autre côté de la porte. De l'intérieur même il lisait en lettres rouillées un mot sans signification apparente, mais qui, pour Dave Howards, signifiait métier, argent, vocation et... inexorable réalité. Centre de recherches atomiques eu­ropéennes :: « C.R.A.E. ».

Dave regarda devant lui ; une immense bâtisse aussi neuve que la grille faisait de l'ombre : une ombre inquiétante, aussi inquiétante peut-être que le secret que renfermaient ses laboratoires, sombres et délaissés. Comme d'habitude, le jardinier était à son poste, vigilant et évoluant parmi ses roses en distribuant de l'eau par-ci ou du terreau par-là.

Dave Howards n'était pas sans s'étonner de tant de zèle, mais il se ravisa. Bien sûr, cet homme en blouse et en tablier gris ne pouvait savoir.

Avant de gravir les marches, Howards alluma une cigarette. Bien que le paquet fût plein, il le jeta, ainsi que son briquet.

II poussa le battant de la lourde porte et, au bout du couloir, prit l'ascenseur. C'était étonnant qu'il marchât encore ! Premier étage. Dave regarda sa montre : 9 h - second étage - 9 h ! Les enfants devaient être à l'école et Kathy devait faire son shopping - troisième étage - Remarquez, dans un pareil moment il aurait dû se trouver auprès d'elle... Mais à quoi bon l'inquiéter - quatrième étage : Dave poussa le bouton rouge. La machine stoppa, la grille s'ouvrit. D'un pas assuré il s'enfonça dans le couloir.

« Porte Z : salle des réunions », et Dave Howards entra... Six hommes étaient là, croupissant dans des fauteuils, le col ouvert, la veste déboutonnée, dans un silence enfumé. La venue de Dave Howards les laissa indifférents. Cependant l'homme près de la fenêtre s'adressa à Howards. - "Salut Dave, alors, prêt pour tu sais quoi ? Bon, on a préféré ne pas alerter la presse et les forces de l'ordre, ça n'aurait servi à rien ! ». Il se tut comme si quelque chose lui manquait, puis... « Au fait, tu as des cigarettes, peut-être ? ».

Comme fatigué, comme si chaque parole lui coûtait des millions, Dave Howards sourit. – « Pas de pot, Nick, j'ai jeté mon paquet sur les marches, dehors. II est plein ».

Nick Benton sortit. Ce fut le silence entrecoupé de soupirs.

L'atmosphère de la pièce devenait lourde. La fumée se dissipait peu à peu parmi ces hommes qui semblaient dormir.

Quand Nick Benton, radieux, revint en brandissant un paquet de « Filters », Dave Howards était occupé à pousser puérilement du pied un cendrier. II brisa néanmoins la glace :

- « Alors ce magnéto, où est-il qu'on en termine, quand même ! ».

A ces paroles un petit savant se leva, ouvrit nerveusement un placard. II revint vers Dave

Howards, une boîte métallique à la main. Il pressa un bouton : « Vas-y Dave, c'est en route ».

Lentement Howards approcha le micro de sa bouche, jeta sa cigarette n'importe où, sur la moquette. Il soupira :

- « Vendredi 31 mars 1989, 9 heures 16 minutes, communication enregistrée depuis le C.R.A.E. Bientôt l'heure critique, environ dans trente minutes. Ceci est un témoignage d'une autre civilisation que celle que vous, hommes du futur, connaîtrez - Bof, qu'est-ce qu'il vous faut dire encore ? La civilisation actuelle ne se doute pas de... ».

Dave Howards continuait, les autres écoutaient ; sept hommes étaient là, détenant un « SECRET », un secret qu'ils n'avaient pas voulu dévoiler à l'humanité.

Les broussailles frémirent. Non pas sous un coup de vent, mais sous l'effet du passage d'un quelconque animal. Trouant le feuillage d'une grande fougère, on vit apparaître une hache de bois et de silex, reliée à un corps humanoïde par une main poilue, presque difforme, une main comme un étau, froide et musclée.

L'être portait sur l'épaule un animal quadrupède à longs poils, qui semblait ne faire qu'un avec la créature qui le portait.

Howdah déposa son fardeau, qui ne faisait qu'accentuer la tenue voûtée de son dos. II maugréa en grognant comme un ours.

Décidément ce Kripchas l'avait amené loin. Si loin même qu'il s'était perdu. Mais cela, dans sa fierté de chef, il ne voulait pas le savoir. Tout en contemplant sa proie, le regard aigu de Howdah se trouva attiré par un objet scintillant. Curieux, Howdah alla vers l'objet. II dégagea de dessous un amas de feuilles, une plaque dure et gravée. Si le cerveau de Howdah avait pu être aussi évolué qu'un enfant sortant de cours préparatoire, il aurait pu lire un « C » et le début de ce qui semblait un « R ». Les autres éventuelles lettres avaient été effacées par le temps. Mais Howdah ne pouvait comprendre. Soudain, il poussa un grognement de satisfaction. Pour lui germa une idée ; cet objet pointu à une extrémité lui servirait sans nul doute à combattre les « Kurps ».

II tenait « l'arme » dans un étau de muscles... mais déjà son regard de pie était attiré par autre chose.

II laissa tomber la plaque et, serrant la hache, alla lourdement à quelques pas de là sous un gros arbre. Un arbuste avait poussé à cet endroit, blanc, en fleurs. Faisant voltiger de délicates corolles, Howdah pénétra dans le feuillage.

Malgré les épines de ces arbustes qu'on appellerait dans cent cinquante mille ans, des rosiers, Howdah sortit de derrière une racine, une boite rectangulaire. Il s'accroupit et contempla sa trouvaille, insolite trouvaille.

Alors sous cette arcade sourcilière de primate, dans ces yeux inexpressifs et sombres, on eût pu lire une lueur d'intelligence ; mus par on ne sait quel instinct deux doigts poilus tournèrent un bouton. A la venue d'un crissement dans la boite, Howdah ne sursauta même pas. Tout semblait si normal.

Puis tout à coup, il y eut :

- « ... y Dave, c'est en route... Vendredi 31 mars 1989, 9 heures 16 minutes, communic... crrrrr... oignage d'une autre civilisati... crr... actuelle ne se doute pas encore de l'arrivée de cette catastrophe nucléaire engendrée par les réacteurs au plutonium de Sibérie, de Californie et de Madag..." La boîte magique ne fonctionnait plus. Mais cela suffisait à Howdah... ou plutôt à Dave HOWARDS RAJEUNI.

 
 
   

DES ROBOTS ET DES HOMMES

Préface

C'est au début des vacances de l'été 1974, à l'île de Ré, que j'ai commencé cette nouvelle. J'avais quatorze ans et je lisais déjà beaucoup, des livres de science-fiction entre autres. Je trouvais dans ces derniers deux sources de satisfaction : la première, la plus évidente, mais la moins importante de loin pour moi, était l'aventure, l'action qui revêtait un cadre nouveau et différent du simple roman policier ; l'autre, la satisfaction sur le plan scientifique, était la plus enivrante, car j'aime profondément la science et le progrès mais je suis souvent déçu de la lenteur de son évolution par rapport à la vie de l'homme. C'est pour cela que je goûte dans les livres de science-fiction un bonheur artificiel, mais très intense, qu’il s'agisse de descriptions extérieures d'engins ou d'explications parfois géniales de mécanismes régissant les automates (trois lois de la robotique, etc.).

Je dois cette passion de la science à mon professeur de mathématiques d'alors qui, m'ayant suivi quatre années durant, réussit en me faisant faire des recherches, c'est-à-dire trouver des montages électriques, inventer des opérations, créer de nouvelles géométries, à me donner à moi ainsi qu'à la plupart de mes camarades que j'ai retrouvés en seconde l'esprit de recherche, le goût de l'esprit scientifique.

Je dois avouer que je n'ai pas écrit ce roman dans la concentration et le recueillement, mais plutôt dans l'amusement et l'insouciance. En effet, chaque jour, le matin de dix heures à midi sur la plage, je lisais, en prenant l'apéritif, le résultat de la matinée à ma grand-mère qui plaisantait continuellement sur mes inventions les plus baroques.

Cette nouvelle est, si je me rappelle bien, car à l'heure où j'écris cette préface, j'ai quinze ans révolus, un mélange d'aventure et d'humour discret et en la relisant avec recul je sens pourtant les quelques imperfections dues à mon immaturité de style et de pensée d'alors.

Je place mon espoir actuel dans mon roman de cette année, toujours de science-fiction, que j'espère vous faire lire après les grandes vacances.

J. F. HEURTIER avril 1976

CHAPITRE I

Préparatifs

Les détecteurs d'arrivage interplanétaire cliquetaient doucement dans la salle de contrôle du spatioport de Krimen à Rhodia du Cosmos.

Le commandant Keller, un homme intelligent d'une trentaine d'années, regardait penché sur son télécran les préparatifs d'envol de treize immenses astronefs à "l'hydraton" qui brillaient à la lueur orangeâtre des murs irradiants du hall n°56.

II se retourna pour mieux voir la mince silhouette de la jeune Martha Bruce qui arrivait. Elle lui sourit. Elle était vraiment charmante.

- Avez-vous vérifié les sous-cales B 2 et B 3, John, lui demanda-t-elle ?

- Oui, Martha, et fR S 012K (SO comme sottise : se lit sodouze K) est venu me dire qu'en tant que général de la 1re flotte des robots, il avait lui-même, hier, fait l'inspection générale des douze vaisseaux de guerre et de son astronef personnel.

Au sujet de la "nourriture" il a dit que les sous-cales B 2 et B 3 remplies de cubes de plutonium suffiraient pour les dix mille robots qui constituent l'équipage.

- Il nous reste à espérer, lança Martha, que cette expédition réussira et que les robots reviendront victorieux de la planète SOL 27 et ajouteront une planète de plus au territoire des Planètes Unies.

Elle avait parlé d'un ton grave, aussi John Keller lui répondit solennellement :

- Si vos robots ne gagnent pas la bataille, cela signifiera que les armées soliennes sont plus fortes que les nôtres...

Et il savait mieux que personne avec ses longues années d'expérience de directeur de l'Expan­sion Humaine, que si les robots perdaient, la race humaine serait en danger.

Martha Bruce, elle, bien que sérieuse et réfléchie était encore une novice et ne voyait pas encore tout ce qu'impliquerait la première défaite du monde humain...

Ils furent interrompus dans leurs pensées par la sonnerie qui venait de se déclencher. Aussitôt il appela fR 1001 son robot personnel et lui dit de couper le champ magnétique de l'entrée. fR 1001 revint accompagné de fR S 012K général de la flotte des robots...

Aussitôt les présentations faites entre fR S 012K et Martha, John rentra dans le vif du sujet :

- Vous savez qu'il est vital que vous gagniez, quelles que soient les pertes ?

- Cher John... répondit fR S 012K d'une voix presque humaine, ses bandes magnétiques de décodage par tâches tournant silencieusement derrière sa vitre de plexiglas "strongchoc" placée au niveau de ses pectoraux... Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vaincre mais je ne puis crier victoire avant d'avoir pu évaluer la force de l'ennemi...

- Mais vous autres, Robots, rétorqua John fermement, vous ne vous rendez pas compte de l'importance de cette bataille.

fR S 012K ne répondit pas car un robot ne doit pas contredire un humain, sauf quand l'ordre de ce dernier entraîne la perte d'autres humains.

John et fR S 012K réglèrent quelques détails du départ. Mais la pensée de Martha était ailleurs : elle était toute excitée et s'aperçut soudain que l'objet de cet énervement était fR S 012K elle n'arrivait pas à en détacher ses yeux. Non, elle ne pouvait quand même pas tomber amoureuse d'un robot !

L'amour était possible bien sûr maintenant entre hommes et robots, mais bien peu d'hommes ou de femmes se sentaient attirés vers ces machines, bien qu'élégantes et même séduisantes. En effet, il y avait longtemps qu'on leur avait donné un physique extérieur humanoïde. On pouvait ainsi parler à un robot avec quelques égards supplémentaires à cause de l'influence bénéfique de leur physique sans se méprendre sur "l'être" à qui l'on parlait.

Martha se sentait de plus en plus attirée vers fR S 012K et se disait avec anxiété qu'il partait demain pour Sol 27. Allait-elle le laisser partir ? Le reverrait-elle jamais ? Tout tourbillonnait et les paroles de Keller se mélangeaient dans sa tête.

"Le champ répulsif à cellules photogravitationnelles peut être remplacé en cas d'avarie par le dissociateur de particules spatiales se trouvant dans la "salle de secours"...

Soudain, Martha coupa net le discours de Keller.

- John ! je veux partir avec les robots, demain !

C'était bien la dernière chose à laquelle John était en droit de s'attendre, surtout de la part de Martha.

fR S 012K, lui, avait analysé la situation en 2,5 millionièmes de secondes, mais il était plus poli pour un robot, dans de telles circonstances d'attendre qu'un humain réponde.

John, lui, réfléchit puis se leva, marcha, hésita, bien sûr il savait que ces robots avaient besoin d'un humain et il avait lui-même pensé à envoyer quelqu'un, mais Martha...

- Tu veux partir ! Tu sais que tu y passeras un an et que quand tu reviendras, cinq années indépendantes se seront écoulées ! Si même tu reviens de cette guerre... !

- Oui, oui, John, je sais, mais je veux partir avec fR S 012K.

fR S 012K, lui, n'aurait jamais espéré plaire à cette jeune fille, intelligente, belle et naïve. Pour un robot, même de type "fR" avec les antennes de réception planétaire amovibles, plaire à une femme était un honneur tout particulier et cette fois il n'attendit pas que John répondit.

- Je crois que nous ne refuserions pas une humaine pour nous aider et il reste de la place dans mon astronef.

John accepta car il ne fallait pas se mettre en mauvais rapport avec les robots de la flotte surtout à la veille du départ.

D'autre part il savait qu'une réponse aussi catégorique de la part d'un robot signifie qu'il a un potentiel de 8/20 de détermination.

Ils se quittèrent et fR S 012K ramena Martha dans son turbo-coupé sport. Elle admirait le quartier robot avec tous ses bâtiments flottant à une centaine de mètres du sol. II en était ainsi pour presque toutes les habitations. Ainsi la surface de la planète pouvait être utilisée pour des parcs, zoos, cinémas, jeux scientifiques pour les enfants.

Elle se rappellerait toujours le premier astronef qu'elle s'était monté à l'âge de six ans !

fR S 012K appuya sur un bouton puis il abaissa des leviers et expliqua à Martha qu'ils allaient passer devant un self-service et qu'il avait programmé son turbo-coupé pour saisir au pas­sage les marchandises désirées et les déposer dans le coffre. Martha n'aimait pas conduire mais elle aimait être avec son cher amant.

CHAPITRE II

Destination Sol 27

MARTHA se coucha sur son lit près de fR S 012K qui cliquetait de plaisir. La flotte était partie ce matin. Le saut interstellaire avait eu lieu vers neuf heures indépendantes et les treize astronefs traversaient maintenant la galaxie du progrès à quinze parsecs à la seconde. Ils avaient reçu un message des Planètes Unies de J. Keller juste avant le saut : "Vous souhaite bonne chance - si besoin renforts - mille robots prêts".

C'était le message classique de bonne chance et, bien entendu, tout le monde savait que mille robots de type fR comme eux étaient prêts à les suivre.

Martha était arrivée dans !e vaisseau et on l'avait tout de suite conduite à sa chambre où fR S 012K l'attendait.

C'était une bonne chambre. fR S 012K avait mis une musique ancienne de Xenakis qui donnait aux murs arrondis et irradiants, une tournure vieillotte. Elle avait sauté dans ses bras robustes en acier recouverts "d'élasticore-vêtement". Elle avait passé la matinée avec lui à visiter le vaisseau et s'était fait quelques amies robots.

Le sexe importait peu pour les robots puisque les robots-femmes étaient aussi robustes et intelligentes mais la construction était légèrement différente. Le robot-femme était plus fin, plus élancé tandis que le robot-homme était plus trapu.

Ils ne pouvaient évidemment pas se reproduire mais ils fabriquaient ensemble leurs enfants­robots...

CHAPITRE III

Ténébreuses pensées

Des jours avaient passé, puis des mois et elle avait appris à connaître les robots. Elle les aimait, ils étaient si intelligents, si rapides, si forts !

Vraiment, elle n'aurait pour rien au monde accepté de revenir voir les hommes idiots, naïfs, lents, vicieux, qui la regardaient d'un oeil désireux alors que ces robots étaient honnêtes, francs, courageux.

L'ancienne compagne de fR S 012K fut donnée à un robot mécanicien qui avait démonté la sienne pour la sauver de la maladie mortelle des robots : le court-circuit des fils du cerveau positronique, mais il était trop tard et quand il déconnecta les canaux d'énergie, il ne lui restait plus dans les bras qu'un aimable tas de ferraille...

Ainsi Martha passait toutes ses journées agréablement au lit le matin puis elle flânait, déjeunait et passait l'après-midi avec fR S 012K à la cinématobibliothèque ou au sensocinéma de leur vaisseau.

Cet emploi du temps aurait pu étonner plus d'un voyageur de l'espace mais tout était programmé sur ces nouveaux vaisseaux et il suffisait de quelques robots pour la direction d'un appareil. Mais Martha commençait à s'inquiéter sur l'issue de la guerre sur SOL 27.

Jusqu'à maintenant, elle n'avait pensé qu'au présent, à son amour naïf. Elle allait peut-être mourir avec les robots.

D'ailleurs avait-on le droit de les envoyer se faire tuer, et tuer pour une planète dont la Fédération des Planètes Unies n'avait aucun besoin ?

On était arrivé dans les temps passés à arrêter les guerres sur notre planète d'origine, la Terre. Plus tard on avait supprimé les conflits entre les planètes en formant les Planètes Unies et l'homme voulait encore la guerre !

Comme elle aurait voulu être robot ! Elle se disait que demain tout pouvait être fini par la faute d'ambitieux égoïstes !

CHAPITRE IV

Destruction

Des sifflements stridents des vaisseaux crevant l'atmosphère solienne provoquèrent une panique énorme parmi les Soliens, ces petits êtres trapus aux tentacules graisseux et aux antennes brillantes.

II devait être onze heures quarante, heure du vaisseau, quand ils attaquèrent. On  entendait des cris, des coups de feu d'armes légères, mais une pagaille innommable régnait.

A gauche, protégés par une demi-sphère en acier, se dressaient des canons atomiques. fR 4020 K, le commandant, ordonna d'envoyer dessus une torpille. Aussitôt, un bruit de

vrilles se fit entendre et une demi-seconde plus tard, il ne restait plus rien du canon. fR S 012K, lui, était en train de diriger les jets d'énergie sur toutes les agglomérations. II avait préféré "intimider" ces êtres et leur faire croire qu'ils avaient affaire à une race nettement supérieure en rentrant sans précautions dans une zone militaire de SOL 27.

C'était très risqué mais cela avait l'air d'avoir marché puisque les quelques minutes que mirent les Soliens à sortir de leur panique initiale avaient été mises à profit par fR S 012K et ses robots qui avaient lancé des jets d'énergie sur toutes les agglomérations de la planète. Dès qu'ils furent rentrés dans l'atmosphère, ils divisèrent en treize la planète et tirèrent sur toutes les villes ou camps militaires.

II semblait que les Soliens étaient assez primaires (niveau d'évolution : six environ). Aussitôt la planète fut anéantie et les treize astronefs remontèrent et crevèrent de nouveau l'atmosphère pour se retrouver dans l'espace comme il avait été convenu.

Les treize vaisseaux furent reliés par des ponts et les douze commandants robots et fR S 012K se concertèrent.

- II me semble, dit un robot, que nous n'avons plus qu'à redescendre et à réduire ce qui reste ! - Non ! dit un autre robot en métal bleuté, je connais les ruses défensives, j'ai fait partie d'une autre expédition un peu comme celle-là. Ils se sont déjà regroupés en différents foyers de résistance. Nous perdrions cinq vaisseaux au moins si nous redescendions sans ruses.

- II a raison, tranche fR S 012K

- Mais, dit un quatrième robot à la voix mielleuse, nous pourrions lâcher des bombes anti­cellulaires sur la planète avant de redescendre.

- Excellente idée, approuva fR S 012K. Rien ne vaut de bonnes bombes !

- Et si les bombes n'endommagent pas les foyers de résistance ? rétorqua le robot bleuté qui tenait à son idée.

- A mon avis, continua imperturbablement le robot à la voix mielleuse, nous pourrions concilier les deux idées : raser la planète de bombes anticellulaires, puis projeter par endroits sur la planète des images en trois dimensions de nos astronefs : si les foyers de résistance ont tenu, ils tireront sur ces pseudo-vaisseaux !

fR S 012K approuva et tout le monde regagna son vaisseau pour donner les instructions. Ils déclenchèrent les réacteurs atomiques et descendirent sous l'atmosphère et lâchèrent leurs bombes anticellulaires qui détruisaient toute forme de vie animale. Des robots utilisaient ces bombes car elles n'étaient pas nocives pour eux.

Quelques minutes plus tard, ils contemplèrent sur leurs écrans un spectacle de milliers de cadavres.

Ils projetèrent alors les images tridimensionnelles des treize vaisseaux à une hauteur moyenne de la surface de SOL 27.

II était en effet possible que les Soliens possédassent une botte contre les bombes anticellulaires. Mais rien ne bougea sur ce monde dévasté et les robots comprirent qu'ils avaient gagné !

CHAPITRE V

Trous de mémoire

Ils descendirent alors prudemment les douze astronefs sur SOL 27, sauf le vaisseau de fR S 012K qui devait rester avec Martha car elle ne pouvait descendre pendant quelques mois sur la planète à cause des radiations des bombes anticellulaires.

Les dix mille robots emmenèrent tous les cadavres des Soliens dans les brasiers énergétiques de leurs astronefs pour garder une bonne hygiène.

Puis, au bout d'un mois, quand toutes les radiations anticellulaires eurent disparu, Martha descendit sur SOL 27. Les robots avaient déjà commencé des constructions.

Elle fut surprise de constater le changement très net des robots à l'égard des hommes : i1 semblait que les robots oubliaient leurs maîtres.

Martha se rappela ce qu'avait dit Jackson, le spécialiste de robotique : "II est possible que ces nouveaux robots au plutonium soient vulnérables à certaines radiations inconnues de notre galaxie".

Il avait ajouté plus tard : "Le cerveau positronique de ces robots utilise les transformations d'énergie. Certaines influences chimiques telles que des gaz fibreux ou des radiations compo­sées pourraient empêcher la transformation de l'énergie du plutonium en énergie atomique et le plutonium resterait sur la plage d'information effaçant l'instruction sur laquelle il se coagulerait. Heureusement, ceci ne peut arriver que dans les cerveaux périphériques et les terminaux des membres car le philtre 61 de sécurité du cerveau interne stopperait tout corps non solide". II était évident que ce que redoutait Jackson arrivait et que les robots allaient avoir des lacunes sérieuses.

Mais comme elle avait gardé son ancienne rancoeur contre les hommes, elle se réjouit intérieurement de cette indépendance et souhaita que les robots oublient tout des hommes. Elle n'aurait pas pu imaginer que ce qu'elle rêvait fut si près de se réaliser : en quelques mois, les robots oublièrent les hommes et fR.S 012K, lui-même, un soir, lui avait dit :

- Mais de quelle race es-tu ma chérie ?

- Mais je suis... Martha hésita, fallait-il lui rappeler les hommes et le faire revenir à l'esclavage ? ... je suis une sorte de robot... comme toi, mon chou !

CHAPITRE VI

Un nouveau monde

En quelques années, les robots eurent recouvert SOL 27 de Batinets, parcs zoos, ils avaient multiplié leur nombre par quatre (ils étaient maintenant quarante mille) et conquéraient déjà les planètes avoisinantes. Seuls quelques robots se souvenaient des hommes, mais plus comme maîtres, mais comme bêtes... leur civilisation grandissait chaque jour et leur empire s'allongeait de plus en plus. Ils comptaient au moins cent cinquante planètes sous leur coupe appelées Planètes des Robots. On créa des robots astronefs, des robots savants qui tenaient un volume de trois immeubles de plastic agglopilé, capables de raisonner, de décider, de combattre pour des dizaines de planètes simultanément. fR S 012K avait pris les rênes du gouvernement de robots et depuis vingt-cinq ans, la planète capitale était restée SOL 27. Tout était paisible sauf quelques émeutes des "Gums" sur Titan rapidement écrasées par les nouvelles bombes télépathes permettant, en braquant l'indicateur de cerveau vers la tête des "Gums", d'envoyer des ondes déprimantes et déchirantes à des fréquences insupportables. On observait alors que les Gums, après une crise de quelques minutes où ils titubaient et criaient, devenaient paisibles et soumis, faibles et déprimés. Tout allait donc bien pour les robots, si ce n'est que les anciens robots au plutonium devaient être révisés régulièrement pour ne pas oublier tout ce qu'ils avaient fait la veille.

CHAPITRE VII

Le rapport Bilton

Le commandant Keller se dépêcha de monter dans sa turbosoucoupe II ferma le champ magnétique et appuya sur un bouton pour démarrer. Aussitôt, les réacteurs atomiques s'embrayèrent et la turbosoucoupe fila sur ses rails. Une main sur son volant magnétique à grande plage de variation et l'autre sur le rapport d'un certain Bilton qui déclarait avoir vu un monde moderne sur SOL 27, cette planète sur laquelle on avait envoyé dix mille robots il y a vingt-cinq ans, qui n'étaient jamais revenus et qui avaient sûrement dû perdre la bataille. On était en train de construire une autre flotte, plus puissante et plus moderne de robots du type, O pour vaincre les Soliens qui n'avaient montré aucun signe de vie. C'était sans doute pour ça que B. BILMAN, le vieux directeur des Planètes Unies avait rassemblé les chefs qui avaient assisté ou participé à l'embarcation de la première flotte des robots.

John Keller était vieux maintenant, mais il aimait son métier et ne voulait pas arrêter.

Quand il arriva sous le bâtiment flottant de l'Expansion Humaine, il arrêta les moteurs atomiques, mit les turbofreins et alluma ses phares d'arrêt, puis il descendit, envoya sa turbo-soucoupe au parking et monta dans le bâtiment. II pénétra dans le hall et demanda au robot-guide de prévenir le président Bilman qu'il arrivait.

Puis il se dirigea vers un des cinquante distorseurs du hall. Il attendit que le continuum spatio­temporel soit solide, ce qu'il pouvait vérifier sur un des cadrans de sa maxi-montre puis il se glissa dans le bureau de Bilman.

II arriva un peu avant d'être parti pour gagner du temps car il était en retard.

II y avait Jackson, le spécialiste de Robotique qui avait prévu les plans des dix mille robots, Bilman, lui et Bellon, le spécialiste de vaisseau mécanique qui avait fait les vaisseaux de la flotte, les quatre responsables de cette expédition...

Bilman commença : Vous avez dû lire le rapport Bilton, je présume ? Tous répondirent oui sans chaleur.

- Bilton est passé devant SOL 27 et a aperçu devant son télécran un monde très évolué. Il voulait visiblement connaître l'avis des autres avant de donner le sien.

- Oui, nous savons, les robots ont dû se faire battre, répondit évasivement Bellon.

- Ce qui m'intéresserait, dit Jackson, ce serait de savoir si ces robots au plutonium enrichi peuvent rester sans le contact habituel d'hommes pendant plusieurs années et peuvent continuer d'exécuter les directives des hommes.

- Nous avons quand même un atout, dit Keller, c'est que les Soliens ne savent pas qui les a attaqués vingt-cinq ans auparavant ; ils nous ignorent tandis que nous, nous les connaissons !

Visiblement, cela rassura tout le monde, bien que chacun y ait pensé auparavant.

- Ce qu'il faudrait, ce serait envoyer quelqu'un en reconnaissance sur SOL 27 dit Bellon qui semblait s'intéresser à la discussion.

- Ça, c'est déjà fait, lança promptement Bilman ; Grant Ray est parti ce matin dans un petit astronef de combat.

Puis, il ajouta, voyant qu'on avait dit tout ce qu'on pouvait dire à partir des éléments qu'on possédait :

- Messieurs, prochaine réunion au retour de Grant. Tout le monde s'en alla et regagna le hall en distorseur. Keller sortit de sa poche un petit appareil plein de boutons appelé "turbosoucoupetéléguidage", il rappela sa machine et repartit chez lui. Tandis que les immeubles défilaient, il pensa à Martha. Qu'était-elle devenue ?

CHAPITRE VIII

Mutation

MARTHA était à son bureau sur SOL 27 à ROBOTOWN 2 qui était la nouvelle capitale, à l'institut d'étude de l'homme artificiel.

Les robots, qui, comme les hommes, avaient besoin "d'êtres primaires" pour accomplir les rares travaux manuels qu'on n'avait pas encore supprimés, se penchèrent sur la création bio­chimique de l'homme à partir de leurs anciennes connaissances et de ce que leur fournissait Martha, car les robots n'avaient jamais réussi à oublier complètement les hommes. Ils étaient arrivés à fabriquer des hommes (robots) assez semblables à ceux de la terre.

Le même jour, dans son laboratoire, fR 20010, le robot anthropologiste, construisait un humain. II abaissa la manette du poseur de cerveau automatique, qui prit un cerveau dans un container en acier transparent réservé aux cerveaux humains et avança jusqu'à l'homme arti­ficiel. A cet instant se passa une chose qui ne s'était encore jamais produite : les murs irra­diants du laboratoire s'éteignirent. Aussitôt les yeux du poseur de cerveau s'enflammèrent et deux rayons ultraviolets se braquèrent sur le cerveau, car les poseurs de cerveau avaient aussi une source de vision à l'ultraviolet ; il continua calmement sa besogne, tandis que fR 2001 O ralluma la salle et arrêta le court-circuit.

On réveilla l'humain deux heures plus tard. On le nomma H O + et on l'emmena dans une famille robot, les fR 2998 et fils, car ils avaient besoin d'un homme pour les corvées.

fR 2998 était un gros robot en acier amélioré, ses bandes d'enregistrement à tâches tradition­nellement placées sur les pectoraux cliquetaient et tournaient tranquillement, ses petits yeux électroniques dardaient leurs faisceaux invisibles sur H O + Sa compagne sortit, grande, mince, élancée, taillée en deux pièces extensibles qui souriait à H O + d'un air bienveillant, le vendeur encaissa la monnaie et assura à fR 2998 que les nouveaux humains parlaient très bien et que celui-ci était de très bonne marque.

fR 2998 l'envoya tout de suite à la S.V.I.P.O. (Société des Voyages Interplanétaires Organisés) pour réserver un emplacement sur Alpha du Centaure pour la durée des vacances. II lui indiqua ce qu'il voulait et lui donna trois bons de plaisance pour payer.

II lui recommanda de prendre un coin à proximité des montagnes du Cosmos, ces blocs im­menses au pied desquels la neige ammoniacale tombait et recouvrait les grandes plaines du secteur Nord-Ouest. C'était en effet très intéressant de passer ses vacances près des Monts du Cosmos, au milieu des bêtes d'Alpha.

Les premiers robots qui avaient mis les pieds sur Alpha du Centaure durent livrer un dangereux combat contre les animaux féroces de la planète. II semblait en effet que ces longues bêtes posées sur huit pattes trapues fussent stupides mais nombre de robots isolés disparurent au cours des premières années.

Maintenant on avait traité ces bêtes et on leur avait injecté un flux de passivité P 350 +K 27 qui les rendait dolentes et paisibles. Les robots aimaient voir ces Rissex (Rissex était le nom que leur avait donné le robot-historien fR 102313) grimper le long des côtes abruptes des monts du Cosmos... fR 2998 se dirigea ensuite vers son garage, appuya sur un bouton d'ouver­ture. Aussitôt le champ magnétique se dématérialisa en sifflant. Le robot désigna du doigt à H O + un petit aéronef de plaisance qui scintillait au soleil bleu de SOL 27.

- Tu vas prendre cet aéronef. Tu sais conduire un aéronef au moins ?

- Oui, Maître, répondit l'homme artificiel.

fR 2998 l'envoya tout de suite à la S.V.I.P.O. (Société des Voyages Interplanétaires Organisés) pour réserver un emplacement sur Alpha du Centaure pour la durée des vacances. II lui indiqua ce qu'il voulait et lui donna trois bons de plaisance pour payer.

II lui recommanda de prendre un coin à proximité des montagnes du Cosmos, ces blocs immenses au pied desquels la neige ammoniacale tombait et recouvrait les grandes plaines du secteur Nord-Ouest. C'était en effet très intéressant de passer ses vacances près des Monts du Cosmos, au milieu des bêtes d'Alpha.

Les premiers robots qui avaient mis les pieds sur Alpha du Centaure durent livrer un dangereux combat contre les animaux féroces de la planète. II semblait en effet que ces longues bêtes posées sur huit pattes trapues fussent stupides mais nombre de robots isolés disparurent au cours des premières années.

Maintenant on avait traité ces bêtes et on leur avait injecté un flux de passivité P 350 +K 27 qui les rendait dolentes et paisibles. Les robots aimaient voir ces Rissex (Rissex était le nom que leur avait donné le robot-historien fR 102313) grimper le long des côtes abruptes des monts du Cosmos... fR 2998 se dirigea ensuite vers son garage, appuya sur un bouton d'ouverture. Aussitôt le champ magnétique se dématérialisa en sifflant. Le robot désigna du doigt à H O + un petit aéronef de plaisance qui scintillait au soleil bleu de SOL 27.

- Tu vas prendre cet aéronef. Tu sais conduire un aéronef au moins ?

- Oui, Maître, répondit l'homme artificiel.

CHAPITRE IX

Fuir au plus vite

MARTHA était dans sa chambre sphérique à écouter de la musique solaire quand elle entendit la sonnerie. Elle alla couper le champ magnétique et vit en face d'elle un homme. II était assez beau, il était grand, il avait l'air décidé contrairement aux autres hommes arti­ficiels de cette planète. II ne parlait toujours pas et admirait Martha. Cette dernière le regarda d'un air interrogateur. Alors il se décida et parla :

- "Voilà, madame Martha Bruce : j'ai appris que vous étiez une femme d'une autre planète où vivaient des humains libres", lança rapidement H O +.

Puis il continua d'une voix grave et décidée :

- Les hommes sont des esclaves sur cette planète. La liberté est la première loi de l'être qui pense et qui vit. Je ne veux pas vieillir sur cette planète.

Les robots fabriquent des hommes assez stupides pour qu'ils accomplissent les tâches embêtantes de la vie.

Chaque race ne pense qu'à être juste envers elle-même mais ne pense pas aux autres races.

Toutes les races devraient vivre en égales. Vous êtes la seule femme intelligente de la planète et moi, bien que je ne sache pas pourquoi, je me sens différent des autres hommes artificiels. Ne pensez-vous pas qu'il serait préférable de retourner voir les hommes de votre planète qui ont les mêmes besoins que nous et qui sont nos semblables ? Ce sont nos frères que nous devons rejoindre !

II avait parlé avec feu et espoir. Maintenant il regardait fixement Martha qui était troublée par ce discours si inattendu.

Elle qui se demandait justement si elle avait bien fait de rester avec ses robots. En effet, elle vieillissait déjà et fR S 012K était toujours le même. Et puis comme avait dit cet homme, ne fallait-il pas aller vivre avec nos frères libres ?

Elle avait voulu expliquer à fR S 012K plusieurs fois qu'ils n'étaient pas faits l'un pour l'autre mais elle n'en avait jamais eu le courage.

H O + était dans l'entrée de l'appartement de Martha et fR S 012K était heureusement absent pour la journée.

Martha l'emmena dans sa chambre sphéroïde, elle abaissa un levier et la chambre devint trapé­zoidale.

Elle faisait toujours ça quand elle avait des invités, ça donnait un petit air vieillot à la pièce. Elle mit une musique aérienne de fR 5543 ** et alluma le réseau odorifère de la pièce. Aussitôt des milliers d'odeurs agréables se répandirent dans la pièce. H O + qui n'était pas habitué à ce luxe, regardait, ébahi cette chambre moderne et confortable.

Ils s'assirent sur son divan à textile impalpable qui donnait l'impression de s'asseoir sur un nuage atmosphérique.

Martha enchaîna :

- "Mais comment se fait-il qu'un homme artificiel puisse parler comme vous parlez ? "

 - "Je n'en sais rien. Mon "maître-robot" m'a envoyé réserver une place à la S.V.I.P.O. d'Alpha du Centaure et c'est là que je vous ai vue.

J'avais le sentiment d'être esclave et je voulais fuir. Me renseignant, par intuition sur vous, j'ai appris que vous connaissiez un monde d'humains libres. Je suis alors venu vous voir, voilà, c'est tout".

- "Je crois retrouver en vous les hommes que j'ai quittés. Depuis longtemps je rêvais de repartir sur la Terre, ma planète natale mais je ne pouvais partir seule ! ".

- Comme je serais heureux de voir la Paire !

- "La Terre, pas la Paire, la Terre... T,E,R,R,E, Terre. Les hommes sont libres et les robots sont sous leurs ordres. Les hommes avaient envoyé, il y a vingt-cinq ans, dix mille robots conquérir cette planète.

Les robots l'ont conquise mais l'ont gardée pour eux et moi qui aimais fR S 012K, le chef de la flotte, je suis partie avec eux. J'aimais les robots qui étaient brimés sur la Terre mais voilà que maintenant, ils asservissent les hommes...

H O + était pensif, il écoutait Martha et quand elle eut terminé, il se redressa et demanda :

- "Avez-vous un astronef de disponible pour fuir SOL 27 ? ".

- "Je ne veux pas fuir !     fR S 012K est un bon robot. II m'a épousée et emmenée avec lui. Je veux lui expliquer moi-même ce soir, quand il rentrera, que je désire revenir sur Terre parce que je ne suis pas faite pour vivre avec les robots. Je suis certaine qu'il acceptera".

CHAPITRE X

Découverte à distance

GRANT Ray était assis aux commandes de son petit astronef de guerre.

Les lumières des caméras préventives clignotaient, montrant au pilote qu'aucun météorite n'était sur la trajectoire immédiate du petit vaisseau cosmique.

Ben Billman, le directeur des Planètes Unies l'avait envoyé sur SOL 27 en reconnaissance. II était parti, il y avait deux jours. II approchait du système du Centaure dans lequel il devait trouver SOL 27.

II débrancha les moteurs à Plénitron - source d'énergie composée d'argent, de gaz ammoniacaux du type B +350 et de poussière cosmique et mit les moteurs planétaires.

SOL 27 grossissait sur son télécran. Les sismographes et les planétographes sursautèrent et se mirent en marche, analysant les propriétés de la planète.

La voix du cerveau de l'astronef énuméra les caractéristiques de SOL 27

- densité : 2,5 fois supérieure à celle de la Terre, masse vectorielle de la planète égale à celle de la Terre...

Grant Ray enregistra les caractéristiques et coupa les moteurs planétaires.

Le vaisseau tournait maintenant autour de SOL 27 en satellite à la vitesse d'un parsec à

l'heure environ.

II brancha son télécran à rayons ultraviolets + X Z Y 00 1 2, et vit une vaste étendue de bâtiments flottants assez semblables aux bâtiments terrestres. II embraya l'inverseur élec­tronique et aussitôt, l'image se rapprocha et il distingua des milliers de robots qui rappelaient un peu les derniers modèles de Mars.

Ces Soliens devaient être très évolués pour avoir tant de robots !

Penché sur son télécran, il observa pendant des heures et des heures et ne vit que des robots, des robots, des robots...

II supposait que les Soliens, leurs maîtres, restaient dans les immeubles flottants mais quelle ne fut pas sa surprise quand il vit une inscription sur un immeuble que le cerveau positronique du vaisseau cosmique traduisit :

- "Comité central des Robots, Président fR S 012K".

II chercha dans les registres les dix mille robots partis il y a vingt-cinq ans et vit... fR S 012K général de la flotte des robots !

Ces robots avaient donc conquis SOL 27 mais étaient restés sur cette planète sans la livrer aux hommes.

Grant était sidéré. Même les robots terrestres actuels qui égalaient presque l'homme, obéissaient aux hommes comme à des maîtres absolus !

II se rendit compte que c'était une découverte capitale ; aussi il prit quelques films et brancha les moteurs à plénitron directement. La proue du vaisseau se dégagea la première de l'attrac­tion solienne, le vaisseau partit vers la Terre en fonçant dans les ténèbres du Cosmos.

CHAPITRE XI

Brave fR S 012k

fR S 012K venait d'arriver dans son immeuble par un distorseur de banlieue. Sa journée avait été dure ; aussi il fut content de prendre son distorseur habituel pour monter à son appartement où Martha devait l'attendre...

1l appliqua son index droit sur le champ magnétique. Dès que la machine eut décodé le petit signe fR S 012K qui était sur son doigt, le champ magnétique se dématérialisa.

II posa sa combinaison de travail et appela joyeusement Martha.

Martha arriva au bout d'un instant. Elle avait l'air gênée, excitée. fR S 012K le vit tout de suite :

- Tu n'es pas bien, ma chérie ?

- Si, si...

...Elle hésitait : fallait-il en finir avec cette vie sur SOL 27 ? Enfin, elle se décida :

- Écoute fR S 012K, tu es un robot, tu n'es pas fait comme moi, l'amour pour un robot n'est pas tout à fait le même que pour un homme, tu sais, tu vas vivre deux mille ans ou plus et moi, je vais mourir dans une cinquantaine d'années. Que feras-tu quand je serai morte ?

Je croyais que je pouvais être heureuse avec toi et j'ai été heureuse pendant ces vingt-cinq ans que nous avons vécus ensemble. Mais je me rends compte qu'il y a chez l'homme, une sorte de..., de..., de spontanéité de coeur que le robot n'a pas...

Oh, comprends-moi, restons amis. Nous nous interphonerons de la Terre à SOL 27 mais j’ai reçu ce matin la visite d'un homme artificiel qui, sans doute par erreur, est plus intelligent que les autres et qui m'a rappelé la Terre et proposé d'y partir...

Elle le regardait maintenant d'un regard suppliant. II grinça un peu d’amertume et répondit :

- Cet homme ne s'appelle-t-il pas H O + ?

- Si...

- II y a eu enquête à l'ordinatron sur lui : il n'est pas revenu chez ses maîtres aujourd'hui.

L'enquête a révélé qu'une panne des murs irradiants est intervenue pendant la pose du cer­veau. Le poseur de cerveau a allumé ses yeux à l'ultraviolet et le cerveau a multiplié ses canaux d'informations sous l'effet des rayons ultraviolets x        2-4.

- C'est donc pour ça...

Martha était rêveuse...

- Je ne l'aurais jamais cru, ça alors ! Dire que sans cette panne j’aurai pu être un homme artificiel comme les autres.

C'était H O + qui venait d'arriver dans la pièce. fR S 012K ne fut nullement surpris et déclara :

- Puisque vous voulez retourner sur la Terre, allez-y ; et toi aussi H O +, tu veux partir et aller dans une planète où toi et les tiens serez libres comme j'ai fait quand j'ai décidé de rester sur SOL 27 après la conquête quand je me suis mis à oublier les hommes en tant que maîtres...

Martha et H O + sautèrent de joie et embrassèrent tendrement fR S 012K qui souriait triste­ment.

- Vous pouvez partir dans mon petit astronef dès ce soir ; mais je ne révélerai pas aux autres robots que vous avez quitté SOL 27. Je dirai que Martha est introuvable. Ainsi les robots continueront à vivre tranquilles.

- fR S 012K..., commença H O +, ne pourriez-vous pas arrêter d'asservir vos hommes artificiels ? Pourquoi ne pas leur donner des droits d'êtres vivants et pensants ?

- Tu as peut-être raison, mon garçon, j'en parlerai au conseil de fabrication humaine, les autres ne comprendront sûrement pas !

- En échange, nous veillerons à ce que vos frères robots soient bien traités aux Planètes Unies ! répondit doucement Martha.

CHAPITRE XII

Danger!

MARTHA et H O + venaient de monter dans le petit astronef de fR S 012K. Ce dernier leur faisait des gestes d'amitié d'en bas. Les lumières du spatioport brillaient dans le ciel noir et constellé.

H O + mit les caméras préventives en marche ainsi que les deux puissants moteurs au plénitron. Martha fit un dernier geste amical à fR S 012K et l'astronef bondit dans les cieux, crevant l'atmosphère. H O + régla la direction du vaisseau et rejoignit Martha dans le petit salon aux murs irradiants.

Ils étaient seuls dans l'espace, heureux de naviguer dans un monde formidable où les humains seraient libres. H O + s'assit discrètement près de Martha, il rêvait de prendre un métier intéres­sant sur Terre et de visiter toutes les planètes humaines. Toutes ses idées se brouillaient. Puis il pensa à Martha. Elle était gentille. II la regarda discrètement ; elle lisait un prospectus en acier extra fin. Sa chevelure rousse retombait sur ses épaules brunies et son nez retroussé contrastait avec son visage décidé ; elle était douce ; H O + l'admirait ; comme elle était belle ! Martha lisait un prospectus qui venait de la Terre. On voyait les spatioports de Krimen, de Rhodia et de SEXOZ du plateau. fR S 012K avait dû l'emporter en partant, vingt-cinq ans plus tôt. Elle leva les yeux et leurs regards se rencontrèrent... Soudain la sonnerie d'alarme retentit dans le vaisseau et H O + se leva et bondit dans la salle de pilotage. La lumière "DAN­GER" clignotait de plus en plus vite. Une demi-seconde suffit à H O +pour voir sur le télécran que le vaisseau se précipitait vers une étoile à une vitesse phénoménale. Les indications de gravi­tation cliquetèrent horriblement. H O + comprit que c'était une étoile du type T qui avait un champ d'attraction extrêmement vaste. Ainsi des centaines d'astronefs s'étaient écrasés contre ces étoiles appelées "étoiles invisibles" car elles suivaient une trajectoire imprévisible suivant la densité des planètes qui passaient à proximité.

H O + mit les deux puissants champs de repoussage antigravitationnel. Martha accourut ;comme, à Rhodia du Cosmos elle était aussi navigatrice elle put aussi comprendre ce qui leur arrivait.

Voyant que les champs de repoussage et les moteurs au plénitron ne suffisaient pas, il mit

les moteurs planétaires aussi. II savait qu'il était dangereux de mettre tous les moteurs du vaisseau en marche mais c'était leur seule chance.

En effet le vaisseau était construit pour résister en fonction de la vitesse. Mais si on accé­lérait fortement la vitesse du vaisseau, la coque pouvait s'ouvrir et se déchiqueter.

Martha prépara un éventuel atterrissage : elle rentra les inverseurs électroniques et les obser­vatoires automatiques dans l'intérieur du vaisseau, elle fit descendre sur les vastes plaques pirex des plaques d'acier extra dur. H O + regardait l'étoile sur le télécran : le vaisseau s'arrêta, hésita, les moteurs rugirent atrocement puis, petit à petit il s'éloigna du champ d'attraction jusqu'à ce que l'étoile invisible ne fut plus qu'un point sur l'écran.

Alors, ils poussèrent un grand soupir de soulagement et Martha se jeta dans les bras de H O + et se blottit sur son épaule.

Elle retrouvait un homme, elle était heureuse et le vaisseau continuait sa route vers la Terre...

CHAPITRE XIII

Retrouvailles

AU spatioport de KRIMEN à RHODIA du cosmos, le vieux commandant Keller guettait l'arrivée de l'astronef de Grant Ray qui avait envoyé un message disant que les robots avaient conquis SOL 27 et vivaient pour leur compte. B. Billman, Jackson et Bellon étaient près de lui. Tous attendaient avec impatience le retour de l'astronef. Keller sauta de joie quand il vit sur son télécran le petit astronef de guerre à la carlingue fuselée de Grant Ray. Soudain on distingua un autre astronef ; celui-là différent de tous ceux que les hommes avaient créés. La carlingue était plus massive et les observatoires étaient placés sous les flancs du petit vaisseau cosmique. Tous les scientifiques descendirent de la tour d'observation et attendirent l'arrivée de ces deux appareils. L'appareil de Grant Ray se posa et il descendit de son astronef en courant vers les scientifiques.

Aussitôt après, l'engin extra-terrestre descendit et se posa à côté de l'autre. Une femme et un homme en descendirent en regardant de toutes parts.

C'est alors que Keller s'écria, en courant de toutes les forces que pouvaient lui fournir ses vieilles jambes.

- Martha, Martha, tu reviens vivante !

- John, oh, John, comme je suis heureuse de te revoir ! ... et elle courut à sa rencontre. Ils s'étreignirent amicalement. H O + suivait Martha à quelques pas car il ne connaissait personne d'autre que sa chère petite Martha. Les effusions terminées, tout le monde remonta à la tour d'observation en distorseur et on alla s'asseoir dans une salle de conférence ; Martha prit la parole :

- Chers humains, j'ai vécu vingt-cinq ans sans vous, aussi, je suis contente de vous revoir. Comme cet homme a pu vous le dire, elle montra Grant, les robots ont oublié les hommes parce que ces robots au plutonium subirent quelques avaries secondaires avec les gaz fibreux de la planète SOL 27.

J'étais heureuse d'être avec ces robots car je gardai longtemps une rancoeur contre les hommes qui asservissaient les robots. Puis les robots fabriquèrent des hommes artificiels qu'ils utilisèrent comme des robots !

Un murmure de désapprobation se fit entendre parmi les savants. Elle continua :

- Par erreur, on construisit un homme plus intelligent que les autres qui pensa tout de suite à se rebeller.

II vint me voir et me proposa de partir. C'est ainsi que je reviens avec mon cher H O +

- H O + ?

- C'est le nom que lui ont donné les robots.

- Appelons-le Eddie ! proposa gentiment J. Keller.

- Mais qu'a dit fR S 012K ? demanda Jackson

- II a été très compréhensif et nous a laissé partir ; et il nous a promis d'arrêter l'esclavage des hommes sur SOL 27. Je lui ai dit qu'en échange les robots seraient nos égaux aux Planètes Unies !

Un nouveau murmure de désapprobation se fit entendre parmi les savants. Elle poursuivit :

- Les robots m'ont prouvé qu'ils formaient une race, comme les Albos, ces êtres-nuages que nous éduquions sur Gos de Cosmos il y a vingt-cinq ans. La justice des hommes s'est étendue aux êtres vivants.

II ne faut plus obligatoirement vivre pour penser. Certains savants approuvèrent et la soirée se continua à parler du problème des robots et des hommes.

CHAPITRE XIV

Épilogue

EDDIE venait de se réveiller lorsqu'il entendit le tintement du vidéophone et vit l'image de Billman sur le grand écran :

- Eddie, vous m'entendez ?

- Oui, Monsieur Billman.

- Eddie, pouvez-vous venir me voir à l'Expansion Humaine ?

 - Oui Monsieur, pourquoi ?

- Venez tout de suite, c'est urgent. Le vieux directeur coupa la conversation et l'écran s'éteignit.

Eddie mit sa combinaison et monta dans une turbo-soucoupe qu'on lui avait donnée. II se dirigea vers le grand bâtiment de l'Expansion Humaine qui brillait au soleil. II descendit de son engin et il monta au bureau de Billman. II trouva ce dernier qui discutait avec plusieurs savants. Quand il arriva, tout le monde le regarda et Billman lui dit :

- "Cher Eddie, nous voulons vous faire subir quelques tests. Veuillez passer dans cette pièce".

Eddie entra dans une vaste salle qui rappelait un peu les salles des grands astronefs. Le plafond était en demi-cercle et les murs étaient complètement couverts de machines électroniques. Des milliers de petites lampes cliquetaient, chacune indiquant le bon fonctionnement du réseau de circuits auquel elle correspond. Le doux chant des machines se répercutait dans la salle. Les savants suivirent Eddie en silence. Arrivé vers le milieu de la pièce, tout le monde s'arrêta. Billman s'avança et dit :

- Avant de commencer, laissez-moi vous dire que nous voudrions que vous soyez astronavigateur de la 317e expédition astrale mais nous voulons nous assurer auparavant que vous êtes bien humain et que vous avez le même organisme que nous.

Eddie, alias H O + souffrit de voir qu'on doutait de sa nature humaine ; mais comprit la nécessité de ces vérifications. Un des scientifiques à la tête de bouledogue s'avança :

- "Cher Monsieur, voulez-vous monter sur ce décompositeur biologique et s'il vous plaît ? ".

Eddie avait déjà vu sur SOL 27 des machines de ce type : c'était là-dessus que l'on mettait toutes les choses inconnues chimiquement ou biologiquement.

Aussitôt des milliers de stylets se mettaient en marche et formaient des courbes qui décomposaient chaque particule de leur organisme. II s'installa. Le savant à la tête de bouledogue enclencha le mécanisme de mise en marche. Aussitôt un rayon jaune le parcourut du plafond jusqu'au sol. Les têtes d'écriture grinçaient et analysaient chaque particule de son corps... Au bout de trois minutes environ, tout s'arrêta. Les savants se précipitèrent vers les courbes qui sortaient par les fentes de sorties latérales. On lui dit de descendre puis on l'emmena dans une petite pièce où on le fit asseoir. On lui demanda de rester là en attendant de connaître les résultats.

Eddie fut traversé d'un doute affreux :  « Et s’il n’était humain qu’en apparence ? près tout, les robots pouvaient ne pas connaître parfaitement l’être humain dans tous ses moindres détails". La sueur perlait sur son front. Il était dans une pièce appelée « cube d’observation » dans lequel on observait le comportement de robots, d’hommes, d’animaux. On pouvait lui dire que ses molécules étaient différentes des leurs, ou encore qu'il était une sorte d'homme-robot et que la construction de ses organes était la même que celle des robots. 11 était en sueur et il gesticulait nerveusement : "Peut-être était-il une sorte de bête rare, on l'observe­rait et on ferait des expériences sur lui... ! ".

Soudain le sas transparent s'ouvrit et Billman lui annonça amicalement : - Mon ami, vous êtes entièrement humain !

Eddie crut s'évanouir de plaisir ; il était donc bien identique à ses frères ! Ils sortirent de la petite pièce tandis qu'Eddie assaillait Billman de questions. Billman se tourna vers lui :

- Avez-vous envie de revoir le monde robot ?

Une telle question si brutalement posée fit sursauter Eddie : - Ouiiiii..., pourquoi ?

- Parce que la 317e expédition sera formée de savants, d'ambassadeurs des Planètes Unies et de personnes qui connaissent déjà le monde robot, c'est-à-dire vous et Martha ainsi que Grant Ray, et fixera les accords entre nos deux communautés et formera un monde où robots et hommes seront égaux et vivront ensemble.

Telle est la décision des Planètes Unies qui ont reconnu le 59e jour de l'année 5 432, l'existence de la race robot.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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