GERBE ADOLESCENTS

Dans mon cœur j’entends
Choix de textes réalisé par une équipe dans la classe de 3° du CEG de Douvres (Calvados)

            Dans mon cœur,
J’entends les eaux des sources.
            Dans mon cœur,
J’entends ta voix.
J’ai cherché dans tous mes souvenirs
Pour savoir si ta voix
Je la connaissais,
Mais je n’ai rien trouvé .
J’entends ta voix dans mes rêves,
            J’ai décidé de te connaître.
Je t’ai cherché,
J’étais fatiguée,
Je me suis reposée sur une pierre,
            J’ai entendu ta voix,
            Tu étais derrière moi.

Yasmina
5° CES Ottmarsheim

     

J’ai quinze ans et je vais mourir

Sur la route je descends,
Je vais au village
Pour préparer Noël avec mes copains.
Les cheveux dans le vent, je roule vite, très vite, trop vite.
J’ai quinze ans et je suis heureux de vivre.
Dans un virage un camion monte.
Au volant, un monsieur
Qui roule doucement, mais pas assez doucement.
Oh ! la jolie fleur, là, un peu plus loin …
Aïe ! j’ai mal mais pourquoi criez-vous ?
J’ai quinze ans et je ne sais pas que je vais mourir.
Je suis couché, un énorme poids est sur ma poitrine.
Quelque chose liquide et chaud coule sur mon visage.
J’entends une sirène, puis des gens disent :
« Ah, ces jeunes ! Il est bien avancé maintenant ! »
Puis plus bas : « S’il passe la nuit, ce sera déjà pas mal ! »
Ils ne savent pas que je les entends.
Mais moi je comprends, je comprends tout.
J’ai quinze ans et je vais mourir
Je le sens d’ailleurs, je sais comment cela va se passer.
D’abord je serai aveugle :
Je ne verrai plus le soleil, ni l’eau, ni la terre, ni ma mère.
Maman ! je t’aime bien, tu sais.
Ensuite mes oreilles se boucheront
Les bruits, les voix, le chant des oiseaux et la musique ne m’atteindront jamais plus.
Après ma bouche se fermera pour toujours.
Je ne pourrai plus dire merci, plus chanter
Et je n’aurai jamais dit : « Je t’aime. »

Pascaline
3° CEG Lyon

   

Nuit

Elle était étendue, si noire, si mystérieuse, si silencieuse qu’on avait tout effacé. Pourtant, la lune s’était levée aussi brillante et pure que d’habitude, mais ses rayons d’argent ne pénétraient pas à travers les mailles du filet qu’elle avait serré autour de la terre. Pas le moindre souffle, mais on sentait le vent qui, prisonnier, cherchait à déchirer cette fausse tranquillité.
Et elle, resserrant son étreinte, souriait en silence. Dans un arbre invisible, un oiseau angoissé, étouffé, criait. Il se tut : il avait plus peur encore de son cri que du silence.
Maintenant, le vent, à force de coups de dents dans les barreaux de sa cage, avait fini par dégager son bras, et les feuilles du saule argenté commencèrent à bouger dans un froissement de silence et de lune.
Le vent émergeait peu à peu de l’océan de calme où il était enchaîné.
Elle avait cessé de sourire, et désespérément cherchait à regagner du terrain. Peine perdue, le vent était libre et déjà, il commençait à rompre son emprise. Lorsque tout ne fut plus qu’une houle hurlante et mouvante, le soleil surgit de derrière l’horizon, et de ses rayons de feu, il les tua.

Sylvie
3° CES Vauban, Strasbourg

 

Toi tu vis pour ton amour
Lui pour votre amitié
Moi je vis tout simplement
Parce qu’il est beau de voir
Le soleil se lever
Je vis pour entendre les oiseaux
Chanter leur liberté
Pour respirer les parfums du monde entier
Je vis pour regarder cette fourmi
Monter sur mon doigt
Je vis pour contempler les étoiles
D’un ciel d’été
Pour comprendre et entendre
Tous les autres hommes de la terre
Et pour tout reconstruire
Toi tu vis parce que tu es né
Lui pour son ambition
Moi je vis tout simplement
Parce qu’il est beau de voir
La mer se calmer
Je vis pour aider l’homme
Qui est à mes côtés
Pour entendre le vent siffler dans mes oreilles
Je vis pour protéger la biche
Qui fuit devant la mort
Je vis pour admirer les sapins
Qui montent jusqu’au ciel
Pour mettre au monde
l’enfant qui m’était destiné
et pour tout embrasser.

Christine
3° aménagée CES Molières, Lyon

 

Cinq heures du matin
Le ciel est gris
D’un gris délavé et fuyant
Qui coule sur les toits
            De Paris
Entre les rues sombres
Un vieux mur sale
Et une porte cochère
Prudemment fermée.
Soudain un cliquetis métallique
S’élève dans le silence.
Furtivement
La porte s’ouvre
Une main en sort
Vite regarde à droite
                     À gauche
Personne ?
Puis, à pas de loup,
Elle effleure la porte
Tâtonne
La caresse
L’explore
La découvre
Et sort discrètement
Recroquevillée sur elle-même
De peur d’être vue,
Muette, elle se glisse
Le long des murs gris.
Rapide et fugitive
Elle se hâte à travers Paris
Se cachant derrière les poubelles
Elle écoute des bruits …
Devant elle se dresse soudain
La haute silhouette d’un peintre.
Affolée

Elle regarde derrière elle
Cherche à s’enfuir.
Mais déjà il l’a prise
Et la tient prisonnière
Alors il tient un pinceau
Et il dessine un cadre
Sur le mur d’une maison
Un beau cadre ancien
De bois fin
Délicatement sculpté.
Son œuvre terminée,
Il la regarde avec amour, la caresse,
La regarde encore
            Si fragile
            Si douce
Près de la sienne
            Vieille
            Ridée
La main qu’il vient d’attraper,
Elle est jolie, si jolie
Il voudrait bien la garder
Pour lui tout seul
(Mais sa main à lui ne voudrait pas …)
Alors il la prend
Et doucement
Délicatement
Il la dépose
Au milieu du cadre
Et puis il s’en va
Tristement
Dans le petit matin gris
De Paris

Bernadette
3° CES Vauban, Strasbourg

 

 

L’œil dans la nuit
Il marchait dans la nuit.
Soudain il vit un œil, un œil qui regardait fixement en lui-même. Il s’arrêta et visita l’œil, il lui rappelait quelque chose, quelqu’un.
L’homme s’assit sur un banc, mit sa tête entre ses mains et l’œil pensa pour lui. Il ne s’étonna pas de ce nouveau changement, il en paraissait même satisfait. La nuit comme le jour l’œil était présent, se glissant dans tous les coins de son corps.
Tous les matins, l’homme arrosait l’œil afin qu’il ne se fane pas.
Mais un jour l’œil commença à dépérir, il n’arrivait plus à englober tout son monde, petit à petit des parcelles d’œil se détachèrent, s’évaporèrent.
Et bientôt il ne resta plus qu’un point minuscule perdu dans l’homme, il venait de naître et de mourir … le souvenir.

Marielle
3° CES Vauban, Strasbourg

 

La musique tombe en fines gouttes
La vapeur de mes larmes monte
Se fige
Dans un dernier sursaut d’agonie
Mon cerveau se décompose
Tombe sur la chaussée
Néant ?
Non, musique, toujours musique
Des gosses dans la rue se traînent.
Je m’en fous.
Je laisse éclater mon âme
Qui s’envole, libérée
Je respire
Je râle
Mon bonheur se cristallise
Le long du mur
Ma conscience s’éteint peu à peu avec le jour
Musique. Encore musique
Mon cri me déchire
Se perd parmi la multitude
MU SI QUE

Barbara
3° CES Vauban, Strasbourg

Saturday

La stupidité c’est quelque chose qui s’incruste, qui peut être comme les racines d’un arbre dans la terre. Voici ce qui t’habite.
Tu es tout vert, tout jaune, tu ressembles aux feuilles d’un arbre qui changent de couleur suivant les saisons.
Aucune force d’âme, aucune personnalité, aucune poésie.
« Tu pourrais me le dire autrement. »
Cette phrase te décrit bien, il faut tout t’apporter sur un plateau. Tu attends des « Je t’aime » des « chéri » mais tu ne donnes rien en échange et je reste la seule, entièrement seule avec l’amour que j’ai pour toi. Et je reste seule avec toute la haine que j’ai pour toi.
Mes mots aussi sont seuls, ils volent à travers la pièce, se cognent au mur mais n’aboutissent à rien.
-            Et toi tu restes dans ton coin.

Marielle
3° CES Vauban, Strasbourg

Passage

Un pleur d’enfant longe furtivement le mur
Il se cache, il avance, puis … s’éteint
Le bruit, le béton, ont dévoré la ville
Pourtant, on la devine encore
Dans ce pleur qui passait
Sur le trottoir d’en face,
Un aveugle regarde
Les yeux fixés sur une grille qu’il ne voit pas.
Son regard est noir, sans fond et sans lumière
Mais il devient vert, lorsqu’il regarde la grille.
Ce qu’il voit c’est un arbre, un vieil arbre qui n’a jamais existé.
Quand un jour il a poussé sur la grille, pour l’aveugle
Alors ses yeux sont devenus les vagues vertes d’un océan
Qui ont entouré l’arbre, pour le protéger
Pour noyer les grilles

Sylvie
3° CES Vauban, Strasbourg

 

 

À mettre sous clef

La société toute entière enferme !
Nous enfermons, nous mettons tout sous clef.
Nous sommes des geôliers, nos propres geôliers.
Nous enfermons les petits oiseaux
pour qu’ils nous tiennent compagnie
par plaisir.
Nous enfermons les chiens, les chats
Pour qu’ils nous sécurisent
Par plaisir.
Nous enfermons nos souvenirs
Pour que nous ne soyons plus seuls
Par plaisir.
Nous enfermons nos rêves
Pour nous les rappeler
Par plaisir.
Nous enfermons nos pensées
Pour ne faire peur à personne
Par sécurité.
Nous enfermons nos actes
Pour nous ménager
Par sécurité.
Nous enfermons notre propre personne
Pour qu’on ne commettes pas d’attaques
Par sécurité.
Nous enfermons nos semblables
Pour que nous ne soyons pas en danger
Par sécurité.
Nous enfermons nos fous
Pour les soigner, les persécuter
Pour que nous ne soyons pas exposés à de trop grandes démences
Par sécurité.
Nous enfermons le temps, pour le fredonner, le retenir
Pour notre satisfaction.
Nous enfermons notre bonheur
Pour le garder bien au chaud
Pour notre satisfaction.
Nous nous enfermons dans des boîtes
Pour notre plus grand confort
Pour notre satisfaction.
Nous enfermons les assassins
Pour leur perte
Par devoir envers la société
Nous enfermons, nous ne sommes bons qu’à enfermer.
La vie est une prison, et nous passons de cellules
En cellules à la recherche de quelque chose
Mais que nous ne pouvons trouver car nous sommes
Enfermés et nous nous enfermons.
Nous sommes nos propres geôliers.

La vie

Elle est claire
comme l’eau d’une rivière,
elle est fragile
comme le cristal.
Elle est éclatante
comme un miroir reflétant son image
au soleil.
Elle peut s’éteindre
comme la lumière du jour
fatiguée par une longue nuit.
Elle court pour échapper à la mort,
elle trébuche,
la mort lui enfonce son épée à la racine de la tête.
Mais elle se relève
et continue son chemin
entourée de joie.

Bernard
5° Ottmarsheim

     

Die zwei Augen

Un petit homme marchait à petits pas, les mains derrière le dos, la tête sous un immense chapeau, les yeux dans la poche. Cela faisait bien un siècle, un millénaire qu’il marchait ainsi.
Il s’était lassé de ces mêmes rues, de ces mêmes maisons, de ces mêmes gens. Il marchait, ses yeux vides dans sa poche.
Et comme il marchait quelque chose le frappa.
Il venait de voir, de loin, de voir … à l’autre bout de la rue, un homme petit qui marchait à petits pas, les mains derrière le dos, la tête sous un immense chapeau, les yeux dans sa poche.
Le petit homme, surpris, s’arrêta devant l’homme petit…
Et leurs yeux sortirent de leurs poches.
Et ils se regardèrent, curieusement, presque timidement.
Et derrière les vitres grises de ces yeux brûlait une bougie blanche, poussaient des fleurs violettes et des voyages.
Mais soudain les yeux s’évanouissent.
Le petit homme rit et l’homme petit aussi.
Ils viennent de lire, écrit sur un panneau, en lettre noires un peu effacées
IMPASSE

Texte collectif
6° CES H.Deurle
La Teste de Buch

   
 
     

À mon frère

Tu es parti. Pour un an. 365 jours de ta vie pour devenir un homme, comme on dit.
Tu m’écris. Tes yeux sont triste et ton cœur meurtri. « J’apprends à faire la guerre. » Et les mots crient de douleur. Ta tête est vide. Personne à qui parler. Ton copain est envoyé en Allemagne, il était au P.C.
Tu te révoltes. On lit les lettres que je t’écris. J ‘oublie volontairement que tu es un soldat, et numéroté avec ça. À l’armée, on n’est pas un monsieur mais un numéro.
Tu m’écris : « J’apprends à tuer. Le Larzac est laid quand on y fait des commandos. » La peur te défigure. « Je tue le berger, crucifie les moutons, détruis les familles, je mitraille ceux d’en face … »
Mais pourquoi penses-tu ? Ne pas penser, ne pas chercher plus loin …
Eux, ils pensent pour toi. Exécute ! On l’entend souvent cette belle phrase : « Ici, on est payés pour vous faire chier, les fortes têtes au trou ! »
Tu aurais pu te faire réformer. Seulement, celui qui s’est jeté du troisième, il s’est raté. Pas de chance, sinon tout le dortoir aurait été réformé pour cause de traumatisme. En somme, il vaut mieux qu’il meure. C’est logique.
Tu t’ennuies. On enferme les copains pour six mois, ils étaient au comité. Tu m’écris. Le ton a changé. « Je joue à la guerre, à la vraie guerre, avec un vrai fusil, de vrais soldats ; j’ai même une petite bombe un peu plus puissante que celle qui est tombée sur Hiroshima. C’est du sérieux ; maintenant je sais faire la guerre : je sers la paix et je préserve la liberté. 
À l’armée on apprend ce que veulent dire paix et liberté. »
Dis-moi, quand tu reviendras, tu me l’apprendras ?
En attendant je dénonce avec toi tous les gens qui sont pour la paix mais pour l’armée, l’école de la guerre.
Je dénonce l’armée comme une institution réactionnaire, un des plus beaux piliers de domination de notre gouvernement.
À l’armée, on vous bourre le crâne de belles idées, de belles pensées et on doit rester meut.
Faut-il rester muet ?

Catherine
2nde Lycée La Bastide
Bordeaux

Fin du dernier acte

Le rideau tombe, il tombe et tombe. Pourquoi tombe-t-il, je ne sais pas. Et puis tombe-t-il vraiment ? Y a-t-il vraiment une raison pour qu’il tombe ? Mais où tomberait-il si vraiment il tombait ? Jusqu’où tomberait-il ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Et y a-t-il vraiment un rideau ?

Monique
3° aménagée
CES Molière, Lyon

 

Le dimanche

Le dimanche les citadins vont à la campagne. Le pique-nique, le ballon, le parasol, les chaises, les raquettes et la grand-mère.
La famille arrive près d’une rivière. Quel beau paysage que voilà !
-            Regarde maman, quelle jolie fleur, on dirait une bouteille !
-            Touche pas, tu vas te couper.
-            Regarde, maman, quelle jolie fleur, on dirait une boîte !
-            Touche pas, ça sent mauvais !
-            Regarde maman, j’ai attrapé un poisson ! oh ! y bouge plus !
-            Touche pas, c’est Péchiney qui leur donne des somnifère.
-            Regarde, maman, une pierre qui flotte !
-            Touche pas, c’est l’eau sale de la ville. Viens donc manger.
-            J’ai plus faim.
Et les citadins s’en vont en laissant derrière eux d’autres belles fleurs.

Agnès
3° aménagée
CES Molière, Lyon

     

Sand

            Sweeping blues
And yellow light
            Red shadows
And endless sight
            Craked earth
And flat ground
            Land of thirst
And silent sound

Anne
3° CES Vauban, Strasbourg

La ville aujourd’hui: une surface plane, régulière en bitume. Des rectangles, des carrés, des volumes, du plastique, de l’acier, du fer.
La ville : des inconnus, des hommes, des femmes, l’amour, l’argent, l’électricité, les boutons, les ascenseurs, les commandes, les ordinateurs, la mort, les accidents, les voitures, les flics, les prisons, les juges, les crimes, le travail, le métro, les clochards, les rats, les égouts, le sang, la fin …

Martine
CES Lyon

Approche

Je l’aime
Elle m’aime
Mais nous ne nous voyons pas.
Elle est cachée derrière
Un rideau de feu,
Un rideau de feu
Que je ne peux qu’approcher.
Si l’étoile filante tombe
Dans les flammes
Le feu se calmera,
Je pourrai rentrer dans son cœur
Et je traverserai
Le merveilleux moment
De ma vie.

Éric
5° CES Ottmarsheim

J’ai construit

J’ai construit dans mes rêves
Un arbre imaginaire
Un seul élément que
La terre puisse connaître
Un arbre multiforme
Un arbre d’espérance

Alain
4° Douvres

songe aux hommes qui luttent
pour garder leur travail
songe à ceux qui sont chômeurs
et qui manifestent pour retrouver du travail
songe à celui qui s’est fait mettre à la porte
parce qu’il s’est trompé
dans un calcul
songe à celle qui se suicide
après avoir cherché, cherché
et pas trouvé d’emploi
songe que si tu étais comme eux
tu ne serais pas assis à l’aise
dans ton fauteuil.

Jean-Marie
5° CES Ottmarsheim

Causons

On naît, on ouvre la bouche
Mais rien ne peut sortir.
Juste un cri
Un cri de défi
De défi à la vie.
On grandit, on sait ce qu’on veut dire,
Mais on ne peut pas le dire
C’est pas permis
On a vieilli, on n’a rien dit,
Rien que des conneries
Pour amuser la galerie,
Et ça c’est permis.
On meurt avec tout ce qu’on a sur le cœur,
Dans un cri, un cri de défi,
Un défi à la mort,
Et voilà, toute une vie.

Jean-Marc
3° CEG Lyon

     

Le rêve

Je voudrais être une larme
De tes yeux
Pour couler sur ta joue et mourir
Sur tes lèvres.
Je voudrais être le vent
Pour frôler ton visage
Et tes cheveux d’ébène
Je voudrais être la nuit
Qui te surprend chaque soir
Et durer jusqu’à l’infini
Je voudrais être le soleil
Du matin
Pour briller à ton réveil
Et m’endormir au soir tombant.

X …
Noyon

Silence

Dark eyes in my sky
But le moon is gone
The eyes looked at me.
When was it?
I don’t know
It was the last time,
Five hundred years ago.
But I’m not here
I’n on the other side
Of life ....

Melancoly

I get bored
I need you
I go slowly
Towards the silence
You fell in my memory
And your face is by my face
And your eyes are in my eyes
You are in the past
Maybe in the future
And my present is empty
Witout you ...

Bernadette
3° CES Vauban, Strasbourg

Le soir

L’heure du repos est arrivée
Les blés s’endorment sous le vent
Qui les effleure
Le soir est une heure tendre
Il se fait doux
La rivière coule
Un bouleau s’élève
Parmi les joncs
Au bord de l’eau
Des lueurs traînent dans un champ
L’alouette ne chante plus
L’air frissonne
C’est une heure merveilleuse que le soir

Patricia
5° Lycée Calvin, Noyon

je t’ai vue
je t’ai regardée
            avec des yeux de larmes
            tu m’as attiré ;
            tu m’as rappelé
            le clair de lune où
            je t’ai connue
mais tu m’as oublié
tu m’as abandonné
            comme un ciel sans soleil
                                   sans nuages
et tu m’as laissé la solitude
d’un vieux chêne
dérivant dans le temps.

Bernard
5° Ottmarsheim

Je cherche

Je suis toute seule
dans cette pièce sombre
Je suis mélancolique
 et je cherche …
Je cherche quoi ?
Quelque chose qui peut
 me faire revivre
Je cherche quelque chose
qui me fasse sortir
de ce cauchemar.
Je cherche quelque chose
qui effacera tous mes souvenirs.
Dans cette pièce sombre
Je cherche la vie.

Monique
CES St-Sever

 

Les bagages des sables

Celui qui affirme que le sable n’a pas de bagages ment. Je peux le prouver par une histoire que le sirocco, le terrible vent des pays chauds, m’a racontée.
J’ai l’habitude, m’a-t-il dit, de passer très vite dans les rues étroites des villes pour courir jusqu’au désert ; là j’emplis mon immensité de ma clameur assourdissante. J’y libère aussi mes exhalaisons brûlantes. Je gonfle mes joues à les faire éclater et je souffle très fort sous le vent de milliards de grains de sable qui tourbillonnent, s’élèvent en spirales, avant de s’étaler à l’infini en un rideau mouvant, doré.
Or, un jour, fatigué d’une longue course et un peu haletant, je n’en réussis qu’à faire voler quelques grains qui voltigèrent négligemment. Tous les autres restèrent entassés, inertes, au sol. J’étais furieux de voir mon impuissance. Je repris haleine. Ma voix semblait chargée de foudre quand j’ai demandé au sable :
« Pourquoi restes-tu là ? »
Cet insolent m’a répondu d’une voix calme :
« Attends que je fasse mes bagages. »
J’ai ricané et je lui ai crié :
« Menteur, tu n’en as pas ! »
Mais je me trompais. Le sable a soupiré doucement.
« Bien sûr, tu ne remarques rien, tu passes toujours en courant. »
Puis il a ajouté avec plus d’autorité :
« Prends le temps aujourd’hui de regarder. »
Et je l’ai vu ramasser d’infimes cailloux aux formes étranges, des milliers de paillettes brillantes, des débris de coquilles, de tout petits œufs d’insectes, de curieux cocons abandonnés par des larves, des épines et quelques feuillettes tombées des rares arbres. Il a ensuite fait toutes ses recommandations à son peuple : gentilles souris des sables, d’adorables fennecs, de paresseux lézards, de redoutables scorpions, de longs, colorés, et dangereux serpents, ainsi qu’à toute cette multitude invisible et grouillante de petites bêtes qui vivent dans le désert : les unes dissimulées dans ses replis secrets, les autres allongées ou glissant à sa surface. Moi, je suis resté étonné que le sable cachât tant de trésors et qu’il eût tant de bagages ; si bien que j’oubliai de le faire partir. Et je suis allé voir le sable du bord des mers. Lui aussi est riche ; des coquillages en quantité, irisés, mats ou brillants, ronds, ovales, en spirale, hérissés, de quoi faire mourir d’envie un collectionneur, des os de seiches, des carapaces vides de crustacés rejetés par la mer, des algues échouées en ondoyantes et vertes chevelures.
Mais hélas, à côté de ces merveilles, le sable des bords de mer m’a montré d’un air triste d’affreux débris de bouteilles cassées, de vieux papiers crasseux, d’horribles boîtes de conserves rouillées, bagages très laids, très encombrants, dont le sable aurait bien aimé se débarrasser.
« Tu vois, m’a-t-il confié, tous mes trésors viennent de la nature et toutes les horreurs des hommes. Mais tous, bons ou mauvais, constituent mes bagages et qui maintenant osera dire que je n’en ai pas ! »

Éliane
Et un groupe de 4°D
CES Teilhard de Chardin
Chamalières

     

Bonheur

C’est vrai, je suis heureux
Aussi, je veux le dire
À tous ceux qui voudraient mourir
À tous ceux qui sont malheureux
Car le bonheur est contagieux.
Je voudrais leur donner un rayon de l’étoile
Qui brille dans mon cœur et qui me fait chanter
Même si je chante faux, est-ce que l’air est moins gai ?
La maison entière explose de mon rire
L’escalier grince de joie sous mes pas
Et la pendule qui égrène le temps
Lentement, tristement
Se met à avancer et puis à retarder
C’est drôle d’être gai.
Non je ne suis pas fou
Je ris, je ris partout
Sur le seuil de la porte
Sous le soleil voilé
Et devant le vieux saule
Qui ne pleure plus du tout
Je ris et je tends mes bras vers toi
Oh ! mais j’ai oublié de vous dire la raison de ma joie
Je l’aime …

X ..
5° CES Clovis-Hugues
Cavaillon

Auce court

Auce court ! Auce court !
J’aie une krempe !
Auce court ! Auce court !
J’aie malle !
Auce court ! Auce court !
Je n’en peu plu
Je meur den l’ortaugrafe
Je suis prit
Je sucombbe dent les maux
Je ne peu plu m’en sortir
Mee un profeceur m’ a sové
Et j’ai sue lui ékrire : merci

Bruno
4° aménagée
CES Molière, Lyon

Désert

Une étendue
Griffée par le temps
Pincée par le vent
Effleurée par l’homme ;
Des villes de roches
Des mers de sable
Aux vagues rigides
Qui brûlent et noient
Solitaire et folle
Une ombre d’homme suit ses pas
Et ses pas le suivent
L’ombre se retourne
Regarde ses pas s’approcher,
Va à leur rencontre ;
« le chemin, s’il vous plaît ?
… par ici, suivez-moi »
l’ombre d’homme
suit ses pas
et ses pas le suivent …

Anne
3° CES Vauban, Strasbourg

            regarde ton corps dans le noir
il est lisse,
il est doux,
            regarde ton corps dans le noir
il a l’air triste
il sème des larmes bleues
sur les racines de son amour perdu.
            Regarde ton corps dans le noir
Il vit, il meurt
Comme un jour tué par un soleil de souvenirs.

Meriem
5° CES Ottmarsheim

 
     

en marchant sur le chemin de pierre
je t’ai vu
tu m’as souri
tu t’es approché de moi,
nous avons continué notre chemin ;
mais tout à coup un grand vent
m’a séparée de toi,
je me suis retrouvée dans une montagne
avec des bêtes sauvages
je me suis cachée ;
j’ai aperçu un homme,
il te ressemblait,
il avait de larges épaules,
je me suis sauvée, il m’a rattrapée,
il m’a soufflé dessus
je me suis retrouvée près de toi,
nous avons marché vers la forêt,
à la lisière, une grande ombre
nous a repoussés
comme si elle ne voulait pas
qu’on approche,
nous sommes rentrés dans la forêt
par un autre chemin,
les arbres ont commencé à tomber,
les fleurs sauvages nous ont piqués,
les animaux nous ont emprisonnés,
la terre a tremblé
le grand homme est revenu
il nous a sauvés,
mais il me faisait peur ;
il me suivait, je ne sais pas pourquoi,
je me suis enfuie vers la forêt,
les arbres m’ont tuée.

Meriem
5° CES Ottmarsheim

Dans la cheminée le bois pétille
Les flammes sont vives
Tu es près de moi
Ton cœur brûle vif
Il réchauffe le mien
Quelle joie d’être avec toi.

Noëlle
CES Clovis-Hugues
Cavaillon

Amitié

Il a jeté son passé
Et la poubelle.
L’amitié ça ensorcelle.
Il a traversé la ville,
Comme sur l’avenir.
Il a cueilli un nuage
Pour l’offrir
À son ami ;
Mais l’ami a refusé le nuage.
Et celui-ci
Partit
Alors
Très loin
Avec un cœur
Comme bagage.
L’amitié, ça fait pleurer.

Martine
5° CEG Lyon

Liberté

Pour toutes les fois où je n’ai pas aimé
Pour rattraper le temps qui en fait que passer
Pour oublier les autres, et pour qu’il fasse beau
Pour ce garçon qui m’apparaît si beau
Pour cet amour qui se brûle au soleil
Pour cet enfant qui éclaire ton réveil
Pour ma mère qui m’aime un peu trop
Pour ce Dieu qui m’a pris à l’assaut
Pour mon père qui veut me garder près de lui
Pour cette vie où règne trop de bruit
Pour toi,
Toi qui m’as tout donné
            Je crie ce nom : Liberté.

Cathy
2nde Lycée de la Bastide
Bordeaux

   

Poésie

Un jour , un homme, 2 hommes, 3 hommes,
Des milliers d’hommes, quoi !
Apparurent.
Un jour un arbre, une fleur et tout et tout
            2 arbres, 2 fleurs, et tout et tout
            3 arbres, 3 fleurs, et tout et tout
naquirent, poussèrent
Des milliers d’arbres et de fleurs et de tout, de tout, quoi !
Un jour une ville, 2 villes, 3 villes
            Des milliers de villes , quoi !
Existèrent !
Et depuis ? des voitures, des tables, des avions, des chaises,
Des meubles, des brosses à dents, des bombes, des poubelles,
Des guerres ; des boîtes de conserves, des pneus, des lits sans
Draps ou avec, des montres, avec des heures bien sûr ! des sirènes
Alarmées ou alarmantes, des livres reliés, relus, ouverts, fermés
Et puis de tout, de tout et de tout. Oh ! cherchez donc tout seuls !
            Quoi !
Vous ne trouvez pas ?
Cherchez donc encore mais
S’il vous plaît
N’oubliez pas la poésie
Parlez de la Poésie
Oui ! je sais, c’est comme la faim
            Ou la misère, c’est très loin
Et pourtant si proche, comme la faim ou la misère.
Alors n’oubliez pas la misère et la faim. Mais
N’oubliez pas non plus la poésie.
            Vous voulez bien ?

Dans tes yeux

Dans tes yeux,
J’ai découvert la vie.
Dans tes yeux
J’ai découvert
Une intimité d’amour.
Dans tes yeux, des rivières jaillissent
Comme des torrents
Les rayons du soleil reflètent
Comme un bateau seul sur un océan de tendresse .
Dans tes yeux
J’ai découvert un cœur,
Un cœur qui était prêt à craquer,
Pour donner tout l’amour qu’il contenait
À celle qu’un jour tu aimerais.

Claude
4° CEG Douvres

     

Le vent

Une douce caresse touche mon corps, entoure mon visage, fait frissonner mes cheveux ; c’est le vent qui au loin fait d’autres heureux, comme je le suis …

Claudie
5°7
CES Clovis-Hugues
Cavaillon

Aucune aurore

On me dit : « Pourquoi donc te tais-tu ? »
O ! est-ce que l’aurore qui s’embrase
Qui est aussi infini que mon âme
A besoin de mots pour s’exprimer ?
On me dit : « Tu as l’air toujours triste. »
Mais puis-je ne pas l’être ?
Toutes les étoiles qui brillaient sur ma tête
            Se sont brisées une à une.
J’ai entendu le cri des noirs à Soweto
J’ai entendu les cris d’espoir et de souffrance
J’ai su que des peuples sont opprimés
Aucune aurore ne pointe dans mon cœur.
Un vent semeur de mort dévasta mon pays
L’âme de mes ancêtres, larmes de mes tourments
Branche desséchée de la pauvre humanité
J’ai su que des peuples sont ignorés.
Santiago « prison naturelle »
Le blanc immaculé d’Oxford Town
La marijuana de Central Park
Et les cireurs noirs de Time Square, Wall Street
Aucune aurore ne pointe dans mon cœur.

Malik
2nde Lycée de La Bastide
Bordeaux

Elle se balance
            Contre deux murs.
Elle se lance
            Avec le sourire de la mer.
Elle galope
            Entre quatre étoiles
Elle saute
            Sur le rire du soleil.
Elle danse
            Entre deux yeux
            Perchés sur une perle noire.
Elle sombre
            Sur la gueule du loup.
La révolution pleure
            Avec des larmes de feu
            Sur les ruines de la liberté.

Fabien
5° CES Ottmarsheim

Je te désire

Je te désire pure comme le cristal.
Je te désire belle comme tous les soleils.
Je te désire libre comme la belle hirondelle.
Je te désire rapide comme l’éclair.
Je te désire avec des yeux d’émeraude
Je te désire avec des cheveux d’or
            Puis toutes tes belles parures d’argent
            Viendront sur toit et nous iront sur un
            Cheval ailé dans le ciel.

Jean-Michel
4° CEG Douvres

Idée

Il était seul ; au bord du chemin
Au pied d’un vieil arbre, tordu et rabougri
Il avait un chapeau noir
Et dans ce chapeau reposait une idée
Autour de lui rien n’existait
Rien sauf l’arbre, le chemin et évidemment l’idée
Son idée qui sortait par petits morceaux
De dessous son chapeau tout noir
Et pourtant, son idée n’était pas noire
Le chemin était noir et l’arbre aussi
Lui aussi il était tout noir
Mais pas son idée !
Venant de gauche, volaient trois oiseaux noirs
« Mauvais augure » disaient les Latins
Mais son idée ne noircissait pas
Elle se contentait de sortir comme une brume
            De dessous le chapeau noir
Et cette brume n’était pas blanche, encore moins
            Grise
Elle était rouge et un peu bleue
Et aussi jaune
Elle se mélangeait, se remuait
L’homme noir remuait son idée
Et à force de la remuer
Elle se multipliait
Et lorsqu’elle fut entièrement hors du chapeau noir
Elle était immense, variée et multicolore
Et elle commença à créer les arbres verts
Les roses rouges, les oiseaux jaunes
Et le ciel bleu
Elle fit aussi la mer bleue et un peu verte
Et la mer engloutit l’homme noir qui était seul
Au bord du chemin noir, sous un chapeau noir.

Sylvie
CES Vauban, Strasbourg

 

Télécharger ce texte en RTF

Retour au sommaire