Jeu dramatique Un MATIN, alors que je regardais jouer les enfants j'entendis et je vis prendre corps, le poème de la Mine.
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On a frotté, frotté, On attend La dame trouve que
son mineur C'est vrai qu'il faut attendre Quand c'est qu'il va rentrer ? Alors, les femmes, Il n'y a plus qu'à attendre La dame trouve que son mari |
Moi, ça m'agace, ces cailloux Elle entend le train. Mais la dame attend toujours Il est bien longtemps, ce mineur ! Quand le mineur ne vient pas, Elle a peur du feu. Elle a peur du gaz. Elle
a peur que « ça tombe », Elle « espère ». Oui,
mais il va rentrer, Oui :
il est là. |
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Et chacun de battre des mains. Incapable de parler, saisie par l'intensité la minute qu'ils venaient de vivre, je n'ai pu que répéter en écho avec eux : « C'est lui ! C'est mon mari ! ». A peine rentrés en classe, on se mit en chantier pour réaliser l'album de La Femme du Mineur, aussitôt expédié à nos correspondants de St-Cado (Morbihan) qui, quelques jours après nous envoyèrent la réplique de La Femme du Marin ressemblant comme une soeur à notre femme de la mine. Tout aurait pu en rester là : un instant de vie intense qui prend un visage émouvant et retombe dans l'oubli. Le lendemain cependant, à l'entrée en classe, je les invitais à écouter le disque « Pacific Express ». Moment d'étonnement, et le dynamique Jean-Pierre de s'écrier : -
C'est pas la musique de la Mine, ça ? Et le jeu reprend plus ample, plus centré sous l'effet de la musique. Je regarde. Je ne sais comprendre tout le contenu de ce spectacle si naturel. Je dis : -
Bon ! On arrête ! (Ah ! cette manie de vouloir arriver à quelque chose ! à quelque chose de définitif, de beau, qu'on puisse montrer !). |
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Alors, mes enfants de miracle viennent à mon secours. Eux ils ont confiance, car ils jouent le vrai jeu et intérieurement, ils le continuent par le souci du travail premier. -
Mais si, ça marchera ! Et voilà tout le monde en route : on cloue, on tape sur le bois, on ajuste ; on fabrique des casques en pâte à papier ; le wagonnet avec quatre roues (chacune, hélas ! de dimensions et de texture différentes) fait enfin son apparition cahotante et très remarquée. Quel entrain ! Quelle vie ! Pendant plusieurs jours on est sous le charme du poème quotidien de notre école de la Mine où l'on reste attentif à l'éclosion de la fleur rare au pied du terril sombre qui barre nos paysages si verdoyants. Mme BERTELOOT. École Maternelle du Vieux Calonne - Liévin (Pas-de-Calais). La femme du Mineur Ecole Maternelle, Liévin - P.-de-Calais Photo Berteloot (1)
Repas que le mineur emporte à son travail. |
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