Et la recherche de chacun pour accueillir et amplifier par une mélodie le texte d'un copain, ou fixer par des paroles la mélodie d'un autre, de façon que l'on parvienne à une réalisation collective qui sera la propriété de tous, que l'on retrouvera avec plaisir, n'est-elle pas une richesse que nous n'avons pas le droit de refuser aux enfants ?
Et cette expérience vocale, sur laquelle pourra s'arrimer toutes les expériences vocales des autres, opéras, chants populaires, chants sacrés, chants de travail, chants de poètes, de chansonniers, de militants ou de troubadours, n'est-elle pas nécessaire ? N'est-il pas nécessaire de la reconnaître dans le lieu de formation qu'est l'école , ? Comment asseoir la réflexion souhaitable sur le milieu sonore qui nous entoure, en particulier celui diffusé par l'«audiovisuel» sans passer par elle ?
I1 est vrai qu'il est difficile d'offrir à tous nos enfants, nos élèves, tous les moyens d'expression possibles. Mais pourquoi choisissons-nous, bien malgré nous, toujours les mêmes : langue écrite, parlée, mathématiques alors que le chant fait appel à elles ?
Le plus étrange est que les enfants continuent à chanter dans les classes (même les nôtres !), pour eux, à voix basse, en imprimant, en peignant, en écrivant, en bricolant, et qu'empêtrés dans leur costume d'enseignant, les éducateurs ne s'en rendent pas compte. Quand entendront-ils ces chants de résistants ? Les feront-ils entendre, ne serait-ce que par les chanteurs eux-mêmes ?
Jean-Louis MAUDRIN