Carnaval

Fête oubliée
Fête ressuscitée
Avec les élèves du C.E.G de Riscle (Gers
Et Antoinette ALQUIER

   

Et si on faisait CARNAVAL ?,

C'est la proposition que je fais à mes élèves à la rentrée.
- Comment ça ?
- Vous fabriquerez vous-mêmes vos masques et le jour de carnaval, on défilera dans les rues. Ce sera « notre » fête.
- Oh ! oui ! ce serait chouette disent les 6e et les 5e.
- Oh ! non ! C'est complètement débile, répondent les 4e et les 3e.
- Alors participera qui voudra.

   

 

Riscle : 1 700 habitants.
Un collège de 250 élèves, une école maternelle à trois classes, un club du troisième âge actif, des camarades du groupe gersois de l'E.M.
Il n'en faut pas davantage pour faire un carnaval !

Buts :
• Montrer le pouvoir de création des adolescents ;
• Sortir la production artistique dans la rue ;
• Ouvrir l'éventail des activités artistiques ;
• Valoriser la production;
• S'inventer une fête !

Pour donner des idées, je montre un reportage en diapositives sur le carnaval de Bâle en Suisse.

Je fais part des impératifs :
• Cette activité ne doit pas donner lieu à des dépenses supplémentaires : il faudra donc utiliser des matériaux de récupération.
• Chaque masque doit être une création originale : pas de copiage de masques déjà vus.

Alors commence la chasse aux trésors : on fait flèche de tout bois.

Barils de lessive en carton épais : une centaine environ ! carton plat, carton ondulé, papiers de couleur, boîtes et tubes en carton, « nouilles » en polystyrène, « paillettes » d'emballage, boîtes à fromage, moquette, laine, ficelle, peinture, vernis, fil de fer.

Outils utilisés : ciseau « miracle » qui coupe même le métal, ciseaux ordinaires, cutter, pistolet agrafeur, beaucoup de colle ! aiguilles à coudre.

   

Dès octobre, naissent les premières recherches sur papier, grandeur nature et en couleur.

Problèmes à résoudre : sous le masque, il faut voir et respirer; il faut donc prévoir son propre visage, dans le masque et l'y intégrer (orifices des yeux, du nez, de la bouche).

Si la plupart des enfants font des recherches sur papier, certains travaillent directement et « au pif » sur le baril de lessive.

Il y a eu des coups de ciseaux malheureux

Comment on fait un masque

À partir d'un bidon :

C'est un masque-tube.
- On « pèle » le bidon pour lui enlever son brillant.
- On échancre à l'endroit des épaules de telle façon que le bidon tienne droit sur le buste.
- On décalque son projet sur le bidon.
- On perce les orifices de son visage aux bons endroits.
- On peint le masque.
- On fixe tout ce qui est volume : yeux, nez, bouche, oreilles.
- On essaye, on retouche, on fignole.
- Enfin on vernit. Cette opération protégera le masque en cas de pluie et rehausse l'éclat des couleurs.
On peut aussi faire le masque avec une grosse boîte de carton. Ça fait un masque-caisse.
On peut aussi faire un masque-boule à partir d'un gros ballon de baudruche.
- On gonfle le ballon.
- On pose dessus des bandelettes de papier journal trempées dans de la colle à tapisserie. Une fois dans un sens, une fois dans l'autre. On met sécher. On remet une couche de papier. Quand c'est bien sec, on perce la baudruche. Il reste une coque dure, dont on perce le fond pour pouvoir y passer la tête. On se débrouille pour qu'il tienne en équilibre sur les épaules.

   
Pendant tout le trimestre la salle de dessin a été transformée en « champ de bidons ». Il y en avait dans tous les coins et gare à celui qui n'avait pas inscrit son nom ! Il devait repartir en quête ! Chaque enfant a passé le temps qu'il a voulu à la confection de son masque. Que de trouvailles ! Que d'heures passées à brancher des ampoules clignotantes au bout d'un nez, à la place des yeux, à fixer ampoules, piles, fils, interrupteurs, à les camoufler !
A la fin janvier, 80 masques sont en préparation dans la classe (ceci pose d'ailleurs des problèmes de rangement !). Alors, l'idée de la FÊTE s'affine, on la voit mieux, on la sent mieux. On pense à :
- Augmenter le nombre de masques. Il faut donc inviter des gens extérieurs à l'école : les autres écoles, le club du troisième âge, les parents.
- Trouver de la musique pour entraîner le défilé. Le professeur de musique du collège qui avait promis de travailler à cela avec les enfants est en long congé. Nous nous adressons donc à la fanfare locale où de nombreux élèves sont musiciens.
- Se rassembler en un lieu pour danser, boire et manger. Nous recherchons alors un accordéoniste connaissant bien les danses d'autrefois et nous le trouvons : c'est le pépé de Patricia. Il faudra prévoir la décoration de la halle.
- Attirer du monde : nous fabriquerons une affiche qui sera tirée en sérigraphie et nous enverrons une invitation à tous les parents, écoles du canton, élus municipaux. Corinne, propose un dessin dans lequel j'inscris le texte. Il est tiré à la Gestetner du collège. Nous décidons du texte de l'affiche, du nombre de couleurs et des qualités qu'elle requiert. Les volontaires font des projets. Sur six, deux sont retenus. Ces deux projets, soumis à la critique, sont retravaillés par Pascale et Christine pour aboutir au projet définitif.
La presse vient à l'école et se fait l'écho de nos préparatifs par des articles élogieux et des photos. En ville on chuchote que les malles des greniers s'ouvrent...
L'organisation définitive de la fête est arrêtée avec les professeurs du collège et le directeur dont nous sollicitons aide et participation pour l'organisation d'un buffet-buvette. Eux se chargeront de la confection des sandwiches et gâteaux avec les parents, les élèves et moi de la décoration de la halle.
Deux groupes prennent en charge la réalisation de deux grandes fresques sur papier de 1,10m x 4m.
Je prévois aussi un stand C.E.L. qui sera tenu par les camarades du groupe départemental et dont les élèves participent à la fête.
   

L’affiche est tirée en sérigraphie. C’est notre première rencontre avec cette technique, tout se passe bien.

Et c'est la fièvre des derniers jours

On donne les derniers coups de pinceaux, on vernit, on vérifie les agrafes, on recolle, on essaye, on modifie, on retouche.
On s'énerve, on se dispute, on se bouscule, on essaie son déguisement, on se chuchote les trouvailles à l'oreille.
On essaie et on se fait admirer, on essaie mais on se cache dans la salle voisine, on rigole.

On est content !
Y'a de l'ambiance!

On s'interroge :
- Vous croyez qu'il fera beau ?
- Et s'il pleut, qu'est-ce qu'on fait ?
- Vous pensez que mon costume va bien avec mon masque ?
- Et avec ça, qu'est-ce que je peux mettre ?
- Vous n'auriez pas un jupon blanc à me prêter ?
- Et chez les profs, qui se déguise ? Et vous, votre masque ? Est-ce qu'on va vous reconnaître ?
Enfin arrive le grand jour ! Les enfants ont rendez-vous en classe pour s'habiller. A dix-sept heures, les abords du collège sont envahis.
C'est plein de monde, plein de masques inattendus et inconnus!
A dix-sept heures le cortège progresse dans les rues où stationne une foule de badauds. La circulation est interrompue, c'est l'enthousiasme ! Le défilé se termine sous la halle où attend M. Bosaro avec son accordéon et Spiro, notre musicien grec, avec son bouzouki. Hélas !!! il y a tellement de monde que la sono se révèle insuffisante ! On n'entend presque rien ! Heureusement, buffet, buvette et stand C.E.L. sont là ! Devinez qui a le plus de succès ? Des plus jeunes aux plus vieux, tout le monde est content ! Ça durera cinq heures de temps et tout le monde pense déjà à l'année prochaine !

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