Comment
j’ai utilisé la B.T sur MIRO avec
mes élèves
Antoinette
ALQUIER
Et Éliette LANNES
Je me disais
bien que des B.T. Art, ça pouvait peutêtre servir à quelque chose et être utilisé en classe
de dessin ! Pourtant, depuis deux ans elles étaient à la disposition des
enfants, bien en vue et dans le «salon» lecture très fréquenté, mais rien
ne se passait ! Feuilletées, elles l'étaient ; lues, sûrement pas ; utilisées...
Je n'ai jamais su déceler leur impact auprès des élèves, soit dans l'approche
sensible de l'art, soit dans leur production. Donc, il devait bien manquer
là-dedans un petit quelque chose que je baptisais «part du maître» qui
aurait pu faire que... J'ai abordé cette année scolaire avec cette idée,
me disant qu'à la première occasion...
C'est avec
les 6e qu'elle se présenta.
Ce jour-là, ils étaient six à mes trousses avec leurs «M'dame,
M'dame, qu'est-c'que
j'peux faire ?» C'était le moment !
Je propose
que les «sans travail» se regroupent avec moi autour d'une table. Je choisis
la B.T. sur Miro (j'aime Miro mais je n'aime
pas la B.T.). Je montre la couverture. Qui connaît
? Personne ! J'indique qu'il s'agit d'un peintre vivant, âgé, d'origine
espagnole et je feuillette pour eux sans rien dire. Les commentaires sont
variés, ça va de : «Oh ! c'est du Picasso,
n'importe qui peut en faire autant. » à
: «C'est joli. » J'en reviens ensuite à la première peinture et aux
suivantes. Un curieux lit le titre à haute voix. On s'inquiète. Bizarre.
Alors je demande de mieux regarder le tableau. Le titre est-il justifié
? Les découvertes commencent : un personnage, deux personnages, les yeux,
les cheveux... seulement quelques signes significatifs. Quand même c'est
original ! Je demande d'observer la palette du peintre. Des couleurs pures,
le rouge, le jaune, le bleu, et puis ce noir, ces traits noirs aux épaisseurs
variées... Nous parlons de la composition du tableau : place des objets,
place des couleurs... Cette conversation dura une vingtaine de minutes.
«Et maintenant, si vous faisiez un dessin en tenant compte de tout
ce que nous avons vu et dit ?" Tout le monde est d'accord,
mais plus personne n'est persuadé d'être capable d'en faire autant. Vite
je distribue les feuilles de brouillon pour les essais. Je passe, j'encourage
: «C'est bien ! Continue, tu peux agrandir, veux-tu une autre feuille
?... » Et je mets à leur disposition du Canson
petit format. Trois d'entre eux demandent de grands formats ; à la
fin de l'heure, tous les dessins sont faits au crayon et le lendemain
ils entreprennent de peindre. Le fignolage durera trois séances.
La semaine
suivante, j'entreprends le même travail avec quelques 5e. Eux trouveront
que les commentaires de la B.T. ne sont pas
«justes». Tous seront fiers de leur résultat ainsi que toute la classe
qui demandera des explications au moment du bilan mensuel. L'un d'entre
eux dédiera son dessin à Jacques Brel qui vient de mourir (voir
p. 1 en bas).
Je persiste
et poursuis l'expérience avec cinq garçons de troisième. Ce sera plus difficile.
Au moment de
dessiner ils me demandent un sujet. «Une dame se promène avec son chien
et sa cage à oiseau» dis-je. Seul le travail au feutre noir les intéressera
car la peinture, c'est difficile et salissant...
Antoinette
ALQUIER
Comme tous
les matins, à 10 h 30, le facteur frappe à la vitre de l'école. Une grande
enveloppe ? C'est peut-être les correspondants ? Non ! Dommage, on leur
a pourtant écrit la semaine dernière ! Mais il y a une B.T.,
et pleine de dessins en plus ! Et nous voilà tous autour de Miro puisque
c'est la B.T. sur Miro qui est arrivée.
«Il ne fait
pas de paysage. - On ne comprend pas ce qu'il dessine mais il y a de belles
couleurs. - Moi, je suis bien capable de faire comme lui ! - Oh ! moi aussi ! - Bon, c'est décidé, cet après-midi nous dessinerons
comme Mirô. »
Et les voici
qui par deux, qui seul, dessinent comme Mirô.
La B.T.
est laissée bien en vue et depuis le matin, certains sont allés observer
les couleurs, la forme des dessins. Ils n'ont pratiquement pas été sensibles
aux sculptures qui sont aussi dans la B.T.
J'avais un
poster de «l'homme et le chien», je l'ai aussi amené l'après-midi et le
fait de voir une «grande image» leur a donné encore plus envie de peindre
je crois.
Les C.P.
et les C.E. 1 de Eliette LANNES Saint-Michel,
32300 Mirande
|