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Actualités
Des livres... Des collections...
« Tous les usages
de la parole pour tout le monde » : voilà qui me semble être
une bonne devise, ayant une belle résonance démocratique.
Non pas pour que tout le
monde devienne artiste, mais pour que personne ne reste esclave.
GRAMMAIRE
DE L'IMAGINATION
Introduction à l'art d'inventer DES HISTOIRES
par Gianni RODARI
Préface, traduction et notes
de Roger SALOMON.
Les Éditeurs français réunis.
Gianni RODARI
fut instituteur.
Puis il devint journaliste, écrivain
pour la jeunesse et « pédagogue de la créativité ». II est engagé
dans la lutte que mène le Mouvement de coopération éducative, branche
italienne de la F.I.M.E.M. - Freinet. (« Avec des nuances à l'italienne »
nous dit-on... Peut-on connaître ces nuances ? Et si nous avions
les mêmes par hasard ?... Et puis il y a des nuances qui enrichissent
une palette !) (1).
En Italie, la littérature pour la
jeunesse ne vit pas dans un ghetto comme en France. La plupart des livres
qui paraissent là-bas et les courants littéraires italiens sont inconnus
des Français. Y compris aussi, dans le sein de notre mouvement et de notre
fédération internationale, ce qui se dit, s'édite et se réalise en Italie :
pourtant j'ai le souvenir de congrès et de réunions tenus à Turin et à
Milan auxquels j'ai participé avec Freinet, pleins de chaleur, d'initiatives
riches et chaleureuses et aussi de « créativité ». Pourquoi
tous ces nationalismes pédagogiques ?
Le titre du livre de G. RODARI ne
me plaît pas et il n'indique pas du tout le contenu du travail publié.
A force d'inventer la plupart du temps, en collaboration avec des enfants,
des histoires pour les enfants (et les autres), il est juste et honnête
que G. RODARI tente de révéler toutes les ficelles de son « art de
raconter des histoires » ou d'écrire des contes. C'est l'objet de
ce livre.
C'est un livre de pédagogie. En
dérapant dans nos Dossiers pédagogiques ce travail se serait intitulé
« Comment réaliser des albums avec des enfants ». Heureusement
le livre de G. RODARI est beaucoup plus attrayant.
En 1972, en mars, à Reggio Emilia,
sur l'invitation de la municipalité, l'auteur eut une série de rencontres
avec une cinquantaine d'enseignants d'écoles maternelles, d'écoles primaires
et de C.E.S. : de la réflexion générale naquit la matière de ce livre.
Je n'en dirai pas plus : c'est à
vous de lire tout le contenu de cet « exposé » et de vous engager
à votre tour. Et je vous y invite fermement...
II y a dix ou quinze ans nous nous
lamentions : « Ah ! si nous n'avions pas ces programmes
imbéciles et ces examens coupe-gorge : nous pourrions en faire des choses,
écrire des albums et travailler au rythme de la correspondance principalement ! »
Le tiers-temps, l'éveil d'aujourd'hui permettent cela ! Entre
une séance à la piscine, une séance de patinage, une séance de secourisme,
une séance de code de la route, une séance de poésie programmée, une séance
avec les comédiens locaux, une séance de judo (j'en oublie !),
ne reste-t-il pas un moment pour raconter une histoire ?
Oui il en existe : la collection
B.T.R. publie justement le récit d'une telle initiative dans le domaine
de la poésie (B.T.R. n° 36).
Espérons que ce récit n'est pas
la descriptions de l'oiseau rare et exceptionnel !
Revenons à G. RODARI.
II est parmi les rares qui, aujourd'hui,
ont pris la peine - et le plaisir - d'analyser les textes libres et les
jeux des enfants : chapitres 3, 5, 35, 43, non pas en considérant
les enfants comme des objets, mais comme des sujets créateurs à part entière.
Et RODARI s'explique :
« J'appelle situation
créative une situation où l'enfant n'est pas considéré comme un consommateur
(de savoir, de valeurs préfabriquées, de tradition, de livres, d'inventions
d'autrui), mais comme un véritable producteur... Dans une situation
créative, l'enfant est mis en mesure de construire sa propre liberté.
C'est un travail délicat, patient, long. Il ne suffit pas de dire à l'enfant
« tu es libre » pour que sa vie change, de même qu'il ne suffit
pas de lui dire « dessine ce que tu veux » pour qu'il fasse
un dessin « libre ». Les enseignants qui utilisent la technique
difficile du « texte libre » en savent quelque chose. L'invention
d'histoires va plus loin que le texte libre - non pas certes en ce
sens qu'elle le dépasse ou le rend superflu : dans le texte libre, l'enfant
travaille (et joue aussi) avec les matériaux de son expérience, il travaille
à prendre conscience de lui-même et du monde qui l'entoure ; dans l'invention
d'histoires, il joue (et travaille) au fond avec les mêmes matériaux,
mais en les composant, en les décomposant, en les remodelant. Il peut
s'abandonner à l'attraction des mots, des métaphores. Il peut interroger le hasard. Il peut « refaire » continuellement
le monde, pour mieux l'explorer, pour mieux établir la distance entre
vrai et faux, réel et imaginaire, possible et impossible. Il peut creuser
les significations et les inverser, les retourner (c'est ainsi que parfois,
pour mieux les « comprendre » on regarde les étoffe à l'envers).
(…) L'invention d'histoires repose sur un usage particulier de la parole,
que jadis les romantiques attribuèrent exclusivement à l'artiste :
usage où la parole est une fin, non un moyen; usage créatif de la parole,
cette arme primordiale de libération. (...) On parle souvent de l'imagination
comme d'une qualité superflue, ou d'une activité dangereuse, ou d'une
faculté réservée à un groupe privilégié de personnes. En fait, l'imagination
est un instrument dont l'esprit ne peut jamais se passer. (...) Elle sert
pour jouer, pour travailler, pour vivre. Il faut de l'imagination pour
critiquer la réalité et pour se proposer de la modifier. »
Enfin mentionnons le soin, l'attention
et l'enthousiasme de Roger SALOMON, le traducteur et l'ami de l'ouvrage,
professeur à l'École Anormale du Var comme il le dit lui-même...
Un livre agréable mais surtout utile.
Nécessaire.
(1) Puisque nous parlons de la F.I.M.E.M...
• Nous avions demandé en août 78 à nos amis belges de prévoir un numéro
d'Art enfantin nous offrant quelques aspects du travail des enfants
belges. Après un an de silence nous venons de recevoir leur accord. Un
numéro belge est donc en préparation.
• Faute de Belges - allez savoir pourquoi ?! - nous nous étions tournés
vers nos camarades suisses. Ils ont donné tout de suite leur accord. Un
numéro suisse est donc aussi en préparation.
• Puisque nous parlons planning des parutions : le numéro 96 paraissant
en février-mars-avril 80 sera consacré aux expositions du congrès de Caen
qui s'est tenu début septembre 79 ; il sera préparé sous la responsabilité
des camarades du Calvados.
Pour mieux connaître la vie de la revue, abonnez-vous au bulletin du secteur
Art enfantin, auprès de Arlette CADALBERT, Résidence du Parc, Villebon-sur-Yvette,
91120 Palaiseau.
AU SEIN
DU MIEL AMER
Jean-Pierre LIGNON, école de
02320 Pinon, vient de publier un recueil de ses poèmes largement illustrés
de ses dessins. A commander chez l'auteur. 80 pages format 150 x 210.
UN POSTER
Alain COUSTALAT, 1 rue Jardinière,
30250 Sommières, ancien maquettiste de la B.T. et qui chanta ses chansons
au congrès d'Aix naguère, est devenu « faiseur d'images ». II
a réalisé un poster en sérigraphie 50 x 65 cm à commander à son adresse.
Tirage limité.
Les Editions
Saint-Germain-des-Prés, le Cherche-midi éditeur, publient quatre nouveaux
titres dans la collection L'ENFANT ET LA POÉSIE : ce qui fait bientôt
une vingtaine de volumes. Voilà maintenant une série bien attrayante (le
volume : 25 F) :
POMMES DE
PLUME POMMES DE MOTS
par Christian DA SILVA
Une poésie qui ne cherche pas la
facilité ni la puérilité parce qu'elle s'adresse aux enfants. L'éditeur
conseille ce livre pour les 6-10 ans. On peut aller au-delà...
LA LÉGENDE
ESPIÈGLE
par Jean-Claude BUSCH
C'est une légende - parfois vraie
- très historique de Vercingétorix à Picasso avec de chouettes comptines.
Un jour, le général de Gaulle
Grimpa sur ses propres épaules
Et proclama : «Dieu ! que
c'est beau,
La douce France vue d'en
haut !"
Les Rois fainéants
- N'en faites pas tant !
–
S'épuisaient si bien
- Bourrez les coussins !-
Que le soir venu
- Tout est si ardu ! –
Ils confiaient la tâche
- Jamais de relâche ! –
A leurs serviteurs
- Un peu plus d'ardeur !
–
De bâiller pour eux
Bonne nuit, Messieurs-
SANS TAMBOUR
NI TROMPETTE
par Pierre FERRAN
Comme le titre l'indique il n'est
nullement question de tambour ni de trompette dans ce livre mais ce sont
des pirouettes et des jeux de mots qu'il faut démêler en riant.
Attention, travaux !
-
C'est une honte ! s'exclama
l'inspecteur des travaux
finis devant le chantier
silencieux :
le serrurier est assoupi;
les menuisiers somnolent,
les peintres reposent ;
les plombiers roupillent
,
les carreleurs rêvent ,
les sanitaires ronflent...
ll n'y a que vous, mon cher,
que vous
à rester debout ;
Votre zèle est honorabl !e
Quelle est votre affectation
?
Je suis le marchand de sable
!
AU FOND
DE MON CARTABLE
JE CHERCHE LE MOT POUR DIRE
C'est un recueil de poèmes d'enfants
des classes de 6e, 5e et 4e du collège de Bernay dans l'Eure. Ils ont
été recueillis et rassemblés par Alain CANCIONILLO et Jean-Marc DEBENEDETTI
- sans modestie. En les présentant ces poèmes, c'est tout juste si les
deux coauteurs n'estiment pas qu'ils ont inventé la poésie d'enfants !
Ils ne risquent donc pas dans leur bibliographie de citer nos livres auxquels
participent 50 à 65 classes ! Ils ont même inventé l'atelier de typographie
! Enfin ! c'est joli la naïveté, mais la coopération comme la peinture
à l'huile c'est encore plus beau.
Nous avons aimé lire ces poèmes
plus proches de l'exercice de mots que de l'émotion et de la sincérité
de la vie -rêvée ou non. Nous sommes toujours heureux de voir paraître
des oeuvres d'enfants : c'est leur droit !
A l'école
il faut travailler le verbe
dormir à l'imparfait.
Éric
Le paysage
court après les champs
lorsque le fleuve
s'écoule dans mes cheveux
qui volent dans le vent
La chambre rougit de peur
Les rideaux de la vie
perdent leurs couleurs
Que mange le soleil ?
Laurence
Dans
la conclusion de leur préface, les auteurs adultes posent une question
et ouvrent un débat à ne pas laisser tomber.
«Dans une collection où ce sont
des adultes qui «poétisent» pour des enfants, ce sera pour une fois l'inverse
: de jeunes élèves ayant trouvé dans leur cartable le mot pour dire. Interpellant
les adultes, ils nous demandent: «La poésie pour enfants, au fait, qu'est-ce
que c'est?»
Oui justement qu'est-ce que c'est
? Christian POSLANIEC, le premier, pourrait prendre la parole...
Nous évoquerions ici volontiers
l'existence d'autres livres et d'autres collections qui ont sans doute
autant d'attraits et de qualité: mais nous n'en recevons pas d'autres...
MEB
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