II est de mise,
ordinairement, de ne pas accorder à l'enfant le statut d'artiste. Si sa
production sensible touche de près aux oeuvres des grands maîtres, on
a l'habitude d'atténuer cette impression en l'expliquant par les heureuses
rencontres du hasard. La spontanéité du graphisme enfantin crée des convergences
favorables à cette interprétation.
Voici une exposition
qui tendrait à prouver le contraire.
Dans un premier
temps, l'enfant reste en effet sous l'emprise de sa spontanéité créatrice
et ceci, aussi longtemps qu'il ne puise pas profondément dans ses ressources
expressives, jusqu'à ce qu'il se constitue un véritable langage. Ce pas
a été franchi par les enfants qui exposent. Ils approchent, de ce fait,
d'une communication notable de leurs émotions par les couleurs et par
les formes. C'est en ce sens qu'on peut appréhender cette exposition comme
une réelle galerie d'ART construite par de vrais artistes, même si ces
«artistes» n'ont que 9 à 12 ans.
Le visiteur
sera peut-être «gêné» dans sa disponibilité s'il se croit devant les résultats
d'un travail purement scolaire : «une vitrine de travaux d'élèves» en
quelque sorte. CE N'EST PAS CELA DU TOUT. Les enfants sont libres de dessiner
et peindre ce qu'ils veulent et les maîtres n'ont pris aucun pouvoir sur
le contenu des oeuvres. Là encore l'AUTHENTICITÉ tendra à soulager l'amateur
d'art qui pourra se laisser aller à apprécier les «formes» exposées, à
essayer d'entrer en communication avec les émotions exprimées.
Jean-Pierre
LIGNON
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