GERBE ADOLESCENTS

LE SOLEIL SE COUCHE SUR NOTS MOTS DE VÉRITÉ

CHOIX DE POÈMES :
François Payen
Isabelle Besnard
Nelly Poullard (Collège Saint-Sever)
ILLUSTRATIONS:
Pascale (Douvre)
Nicole Leblanc (Saint-Sever)

   

Différence

J'ai quelque chose en moi
Que les autres n'ont pas
Chacun a en soi
Quelque chose que personne n'a
Chaque être humain est vivant
Chaque être humain est différent
Cette différence
C'est le caractère
La façon de voir les choses
Gaiement ou...
Tristement
La façon de regarder autour de soi
Avec indifférence ou curiosité
Avec indulgence ou compréhension
Avec exigence ou curiosité
Chaque être humain
Même le plus effacé
A quand même une personnalité
Une façon de voir les choses
Une différence avec les autres.

Isabelle (5e)

Imagination

Lorsque tu te sens seule, abandonnée
Va à ta fenêtre, regarde et imagine
Regarde tout, sans rien oublier
Regarde ces arbres aux feuilles de velours
Ces amoureux de satin qui passent sur le tapis de soie
Le vent qui te soulage, qui t'enveloppe, t'emporte vers un autre monde.
Regarde, prends le temps de vivre, de sourire
Regarde tes yeux, ils sont beaux
C'est une mer impénétrable, qui se trouble pour un rien
Ne pleure pas
Abandonne-toi à la vie
Marche sur le marbre blanc de l'espérance
Et souviens-toi :
L'amour est une étoffe brodée de rêve.

Anne-Sophie

   

La mort

La mort, le noir
le silence
la tristesse...
la mort, l'obsession morale...
la compagne de beaucoup de vieux...
la mort, la superstition
la mort, la crainte, mais pourquoi ?
Pourquoi est-elle notre ennemie
Peut-être que dans cent ans cette
Obsession ne sera que passée ?
Mais elle nous guette,
A chaque seconde,
A chaque coin de rue.
Ne la tentez pas
Ou vous tomberez dans un traquenard.
Méfiez-vous !
Soyez prudents!
Elle ne demande
Qu'à ce qu'on l'appelle...
Volontairement ou...
Involontairement !...

Pascale (5e)

Vieillesse

Une fillette
Une fille
Une femme
Le temps passe et change les visages...
La jeune fille aux cheveux blonds
Qui rêvait d'être quelqu'un
Est devenue comme tout le monde
Est devenue une femme parmi d'autres femmes
Et lentement
Le temps a passé
A modelé son visage
Son visage a le visage du temps
Son visage est maintenant triste
De la jeune fille pétillante et blonde
Le temps a fait une petite vieille fatiguée..
Fatiguée de la vie...
Elle qui rêvait d'être différente...
Mais la vieillesse entoure sournoisement
La jeune fille si gaie
La rend sage
La rend morne
Et la rend vieille
Mais la vieillesse pourra toujours attendre une fille
Si cette fille préfère s'arrêter de vivre
Pendant qu'elle est encore jeune
Et de ne pas avoir à subir ce changement...
De se sentir devenir faible et bancale
I1 vaut peut-être mieux rester jeune
Plutôt que de gâcher sa personnalité
En devenant comme tous les hommes
Comme tous les humains qui préfèrent la vieillesse...

Isabelle

   

Divagations

En équilibre sur un bout de bois courait ma mémoire égarée.
Au coeur d'une marguerite abîmée
par les ombres
se mouraient ma jeunesse et mon cœur
de jeune fille.
Dans une orange, j'ai vu ma mort,
je l'ai mangée et j'ai vécu.
Entre deux cascades de sang
s'est élevée la fleur de vie.
Hier soir dans la rue
j'ai rencontré le matin qui se promenait.
Cette boisson avait le goût
de l'odeur des lilas.
La conversation tombait,
un ange passait
peinant sous des roses.
Elle m'ennuyait
je l'ai tuée à coup de douceur.
Le bruit des mots me rappelle
tes cheveux parce que
j'aime l'un et je déteste l'autre.
Le tic-tac de la pendule,
s'il arrête
les chiens n'aboieront plus.
Entre ses deux yeux
II y avait un foulard
au bout du foulard
pendait un diamant.
J’ai déchiré le foulard
Des larmes de sang ont coulé
Le diamant est saphir …
Quand je rentre dans une banque
je vais à la campagne
Aux deux endroits on n'entend
que des froissements de feuilles.

Patricia (3e D)

Une larme

Larme de tristesse qui mouille un matin gris.
Larme de joie qui éclate en rosée.
Larme de douleur qui endeuille mon coeur.
Les larmes de nos chagrins.
Les larmes du soleil ou du vent dans nos veux éblouis.
Mes larmes de fatigue ou de dépit
Vous glissez sur la peau brûlante de ma joue pour faire un contour de lumière et venir mourir sur mes lèvres.

Un groupe en 4° D

   

Les violons

Au rythme de ma musique, ils jouent.
Les papiers à musique s’envolent et
retombent, alourdis par la pluie.
Mes yeux ont fait comme eux.
Ils se sont posés sur un nuage rose et bleu
d’un amour simple et banal ;
mes paupières se sont baissées et ont laissé
filtrer, en larmes infinies de si, de sol nostalgiques,
de bémols mélancoliques
Un souvenir discrètement confié à un violon.

Isabelle (3°A)

Le rescapé

Je viens vous parler d’enfants qui voyagent à travers le monde.
Leurs têtes ne savent plus réfléchir, leurs cœurs ne donnent plus
d’amour.
Des enfants qui ne connaissent pas les vérités du monde, ils sont
comme des radeaux entraînés par les courants.
Ils suivent un chemin déjà tracé.
Ce sont des enfants qui sont enfermés dans des cages, leurs bras et
leurs jambes ne sont pas assez forts pour casser les chaînes qui les
enferment.
Mais moi je vois venir un enfant d’ailleurs. Son cœur est rempli d’amour.
Son visage est plein de couleurs.
Il court à travers les étoiles
et lance des fleurs sur le monde entier …
sur ce qu’il reste …
Tous les robots humains se moquent de cet enfant vraiment bien alors qu’eux, les plus forts paraît-il
se sont laissés entraîner par les courants, par les machines …
Les anciens humains, nouveaux robots ont fait la pire erreur de la
vie
mais heureusement
le seul enfant en couleur
est encore là …
Mais après ?

Magali (5°)

 

Seize ans

L’âge où l’âme
a les plus douces espérances
et les plus cruelles déceptions,
bercée par des illusions merveilleuses,
dont on ne se réveille que trop tard
Seize ans
Des instants de bonheur
dont on est inconscient
et que amèrement, l'on regrettera
Seize ans
L'aube d'une vie
les rayons du soleil
n'auront pas la couleur de l'espoir
mais le noir affreux du monde des adultes
Seize ans
On redoute la solitude amère
et les copains c'est important
on retrouve avec eux
le plaisir d'être écouté(e), compris(e)
et on apprend aussi que si l'on veut
dans la vie, on n'est jamais seul
Seize ans
Une douce mélodie
chantant les plaisirs de la vie...

Annick (2e A)

 

La solitude

La solitude se trouve en moi
noyée par deux larmes immenses.
On la trouve sur le visage ridé
d'une vieille femme,
elle se niche dans un fauteuil usé.
On la trouve même dans les yeux
flamboyants d'une jeune fille
dont le coeur s'est épanoui.
On la trouve même sur le visage d'un enfant,
dont les larmes effacent les jours heureux.
Elle se trouve partout dans le monde
elle prend comme victimes
ceux dont le coeur s'est éteint.

L'enfant

L'enfant sanglote
ses mains tremblent
son coeur devient une boule de feu
son esprit est plein de vérité
son corps ne se tient plus
ses yeux se ferment
L'oiseau se pose
Qui est-il ?
c'est l'oiseau de l'immensité de ce monde
qui l'éblouit.
Aujourd'hui, c'est lui
Mais demain, ce sera un autre.

Laurent

Mélancolie...

Mon coeur me quitte comme une colombe blanche
Ivre de liberté.
Il s'enveloppe dans un nuage de mélancolie.
La mer le berce comme si elle voulait l'endormir.
Le cri d'un coq embellit le chant de mon coeur.
Les fleurs s'étonnent de sa liberté.
Comme elles aimeraient le suivre !
Il est léger comme une plume s'envolant dans l'éternité...
Lentement il me revient.
Le rêve est englouti par l'oubli.

Catherine (3e B)

Triste

je ne sais que dire !
mais c'est trop triste,
c'est trop triste.
Je ne comprends pas
que c'est si triste
et d'ailleurs pourquoi si triste ?
Parce que...
Non, non, c'est trop triste
triste comme...
comme je ne sais pas moi
c'est vraiment triste
Souvent quand c'est triste on pleure
mais là c'est trop triste pour pleurer
et puis en plus
il y a cette musique qui est aussi
triste
mais c'est trop triste
c'est vraiment triste
je ne sais que dire.

Sophie (5e)

     

je dis

Je dis « nuit » et la lune et des étoiles brillent sans bruit dans l’infini.
Je dis « mer » et la brise du vent fait roules des vagues vivantes.
Je dis « terre » comme le naufragé le dit avec espoir quand son radeau dort au fond de l'eau.
Je dis « malheur » et mon coeur et mon cœur s’emplit de larmes et de peines.
Je dis « lumière » et ma vie s'est allumée et s’éteindra dans le temps qui s'écoule.
Je dis... Je dis... Je dis...

Anne 4°B

Il vit sur une étoile

Il est vêtu d'un pétale.
Il vit en altitude
Il est la solitude.
Son cœur est une montagne de paix
Ce n'est qu'un rêve
Mais peut-être la réalité.

Je vois
Je vois : feu et flammes s'éveillent dans ma vie
arbres et vent soufflent sur cette forêt verte
ciel et oiseaux volent dans la nuit lumière et ville s'illuminent
terre et lune vivent mer et vagues ondulent
nuage et neige blanche tombent
Je vois toi et ma vie qui s'éveille
L'amour et mon coeur respirent de bonheur
Le bonheur et ma vie fuient.
Elle est revenue, elle est là

Nelly (4e B)

Les cheveux au vent

Cette femme au visage sans raison de vivre
n'ayant plus confiance en la réalité
je l'ai vue un matin de septembre
elle était là, assise sur un tabouret
les cheveux dans la lumière
la mine triste, les yeux vides
ne croyant plus que la vie est un souci.
Je l'ai vue un matin de septembre
le regard froid qui nous donne des frissons dans le dos
la voix qui vous glace les os.
Je l'ai vue un matin de septembre
son visage n'est plus rien maintenant, tout ridé.
Personne ne jette plus sur elle un regard
Tout le monde l'évite
Est-elle devenue diable ou monstre ? On n'en sait rien
mais elle a disparu un matin de septembre.

Pourquoi ai-je cherché l'oubli ?

Là-bas, je me soûlais de printemps et le bruit de la mer était une chanson. Pourtant, avec eux, j'ai eu mal, mais y a-t-il un coin de terre où rien ne se déchire ?
Pourquoi ai-je cherché l'oubli ?
Aujourd'hui, elle frappe à ma porte, mais je n'irai pas lui ouvrir !
Je la vois par le judas avec ses cheveux mal peignés ; sa triste mine de désespérance !
Elle frappe à ma porte, elle vient me faire des chagrins sombres, des peines lourdes et un coeur à pleurer.
Oh ! que le diable l'emporte !
Pourquoi ai-je tant cherché l'oubli ?
Elle est revenue, elle est là, ma solitude.

Marie-Sophie (3e D)

   

Inexistence

Je suis là,
Ici,
Nulle part,
Partout
Je suis inexistante
Je suis,
Je ne suis pas,
Je n'existe pas
Et pourtant je suis là
Sans être là.
Je suis arrivant
Je suis un être,
Mais je suis mort
Pour être un homme.
Pourquoi me regarderait-on ?
Pourquoi s'intéresserait-on à moi ?
Je suis une fourni
Dans une fourmilière
Je ne suis pas là
Ni ici
Je suis là-bas
Loin...
Dans l'imagination
Dans l'inexistence...

Pascale (5e)

On est seule quand on est jeune...

Seule toujours seule,
c'est vrai tu étais seule.
Tu ne peux compter que sur toi-même...
Tu ne trouveras pas un autre coeur pour te comprendre jusqu'au fond de tes pensées
pour te parler comme tu aimes
pour t'admirer
pour t'emporter
loin, loin, loin...
car tu es encore très jeune...
Un jour tu crois avoir trouvé un sol dur, mais bientôt il part, et il te laisse...
Tu penses qu'un de tes beaux rêves va se réaliser grâce à ton ami,
mais lui non plus il ne veut pas être seul...
Il y en a qui viennent vers toi, d'autres qui partent et toi tu es là, à attendre que l'oiseau rare vienne
mais il ne vient pas... pas... pas...
Un ami ça a été toujours un ami mais pas plus car il arrive qu'un jour il ne te comprenne plus qu'il te trahisse et que tu perdes sa confiance...
Un ami c'est comme le plaisir
que tu as quand le vent te caresse le visage...
ça vient, et puis, d'un seul coup sans savoir, ça repart ailleurs...
Ton coeur charmant que tu attends tant, ton oiseau rare, celui qui se liera vraiment à toi...
I1 viendra, il viendra, tu verras, mais il faut avoir l'espoir...
A partir de ce jour, si tu as vraiment rencontré l'oiseau mystérieux, tu sauras, tu comprendras et surtout, tu verras que ton âme sera plus légère car tu auras trouvé une aide, tu auras trouvé un coeur qui aura bien voulu vivre tes malheurs, tes bonheurs avec toi,
sans te quitter...
Oui c'est vrai, on est seule Quand on est jeune...

Magali (5°)

   

Le clair de lune

Sur la mer immense
on sent quelque chose qui est là depuis longtemps.
Une lueur blanche.
Pourtant, ce n'est ni la nuit, ni le jour, aucune étoile ne parsème le ciel.
Que c'est étrange !
Pourtant, l'espace n'est ni noir, ni clair
Je ne vois que cette lueur blanche.
La mer frémit, s'ouvre un moment
elle nage, se disperse tourbillonne,
retombe et verse
et la lune monte lentement

Nicole (4°B)

La mer...

La mer est là, immobile.
Une légère brise la caresse.
Le soleil la fait s'illuminer d'or.
Tout est si calme que l'on peut entendre le silence.
L'air léger du soir me rafraîchit les joues.
Le sable de la plage est si doux, si fin, qu'on pourrait y faire mille culbutes.
Lentement le soleil disparaît et la richesse de la mer s'éteint.
Tout doucement le soleil se mène à la mer.
Il ne reste là, devant moi,
Qu'une couleur sombre que le ciel et la mer ont unie.

Carine

Enfant de Bohème

Oh toi enfant, famille de bohémiens
tu parcours au jour le jour tant de chemins !
Tu marches pieds nus, les cheveux ébouriffés,
tu es heureux tant tu es émerveillé,
émerveillé parce que tu sais parler aux étoiles
et qu'à tout moment tu peux tirer les voiles.
Tu as la liberté, enfant, et tu l'apprécies
car tu la laisses entendre dans chaque cri.
De tes grands yeux noirs tu exprimes la foi
tu as les mains sales mais quelle joie !
L'école, c'est quoi ? La vie tu l'apprends toi-même
et tu ne la joues pas comme dans une scène.
Pour toi, elle est pure, naturelle, faite par toi,
Sur la terre et dans le monde tu es toi-même ton roi
Et rien n’est plus beau qu’un enfant qui sourit
Car il sait apprécier lui-même sa propre vie.

Béatrice (2e E.T.C.)

   

Quand je …

A l'aurore, à midi, au crépuscule, à toutes heures,
quand le soleil se lève ou s'assombrit,
À toute heure, quand un oiseau s'envole du pays plat
À l’état montagneux, du petit à l'extrême ;
Je crée …
Mais le coucher du soleil viendra sur mes jambes,
mes jambes ne porteront plus la création.
Alors je vivrai avec mon buste.
Quand le soir affaiblira mon buste, alors je créerai avec mes mains.
Quand la nuit commencera sur mes mains, mes mains ne s'animeront plus.
Alors je construirai avec mon visage.
Quand les jours déclineront sur mon visage
mon visage se ridera
Alors ma création se construira, vivra dans mon âme.
Quand la mort défilera sur mon corps, je m'éloignerai
dans un nuage en vous laissant le souvenir d'un homme qui a su vivre.

Patrick (3e A)

Ne cherche pas

Ne cherche plus l'enfance ombragée, laisse rêver
ton coeur sur les marches du temps
va librement sans jamais te retourner
prends la vie dans tes bras et cherche en l'embrassant à repousser
les frontières du possible
mais laisse aussi les jours fleurir à tes cotés car tout viendra à toi
bien assez tôt et le temps t'entraîne trop vite.

Laure (3e)

Vivre sans toi

Tu sais mieux que personne habiter mon silence
et tu sais mieux que moi-même,
me faire perdre confiance,
en me laissant quand même l'infinie espérance
et moi toujours je m'abandonne à ton indifférence
et je crois au-delà, un ciel de brouillard, je ne veux plus rien
apercevoir
je laisse aller mon imagination loin de la raison.
Je ne veux maintenant plus t'écouter,
je veux prendre le fleuve à contre-courant,
et le soleil à contre-rayons,
je ne veux vivre que dans le présent
avec moi comme le plus sincère des Amours.

Pascal

Au bout de l'horizon
que forme ma main
et mon rire hésitant
j'ai trouvé le début d'un sillon
qui allait finir
vers de nouvelle joie
vers de nouveau toi
Lorsque je n'étais pas là le vent est passé
me dire un bonjour
entre deux portes
celle du passé
et celle de l'avenir
Peux-tu comprendre que je ne veux rien fermer
si ce n'est la paupière des mots ?
Ce n'est pas l'attente de l'oiseau
c'est celle du soleil
ce n'est pas le sourire d'un livre
mais celui d'un enfant
Savoir attendre
la fin du silence
Savoir faire jaillir le silence ou le mot
mais comment écouter et hurler
à la fois?
Eh ! oui c'est à toi que je parle
un buisson de regards
et au fond de mon coeur 
il voudrait s'illuminer
de mille tendresses charmantes
de mille douceurs rieuses
pour trouver la main
qui pourrait t'écrire
il faut bien que je t'invente
puisque je ne te vois pas
il faut bien que je te décrive
pour être sûre que tu es là
je sais tu n'es qu'en suspens
entre ma plume et mon regard
et tu n'attends que la pluie mauve d’une rencontre
c'est l'oiseau que j'espère
le frêle oiseau de loi
aux senteurs rousses
non l'aigle fier
aux plumes mordorées
aurais-je trouvé
cela dans la glace d'un toi ?
aurais-je trouvé un appui pour mon doigt
un écrit pour mon stylo
et un sourire pour mon sourire ?

Qui es-tu ?

Un masque est resté sur ton visage :
deux trous pour les yeux.
Le feu de ces yeux brûle avec rage.
Le carnaval est arrivé,
c'est un grand jeu,
un doigt de chaque côté du nez,
j' ai tiré...
Dans ma main le masque est resté,
tout le monde a crié
je suis parti à leur nez,
à leur barbe,
je l'ai enterré près d'un arbre.

Édith (3e 3)

   

En noir...

Si tu es bon comédien
Si tu es flatteur
Si tu sais bien parler
Si tu sais « embobiner » les gens si tu peux te contenir
Si tu peux te contrôler
Si tu peux murer ton naturel
Si tu arrives à te modeler
Si tu arrives à t'accorder avec tout si tu es assez hypocrite
Tu seras apprécié
Tu auras une bonne place
Tu seras entouré « d'amis »
« d'amis »         tous plus hypocrites
tous plus menteurs
tous plus malins
tous plus fourbes les uns que les autres
Et certains envieront ton bonheur
Car tu seras heureux, comblé par la vie !
Mais quel bonheur...
Pour avoir une part de soleil
            faut-il être faux toute sa vie
            faut-il sans cesse ruser avec les autres
            faut-il toujours calculer ?
Alors la vérité n'existe pas !
J'ai peur de ce monde que je découvre brutalement
Je suis dégoûtée de cette société avariée
Je suis déroutée devant tant d'hypocrisie
J'en ai assez de ce cauchemar...
Je voudrais bien changer quelque chose
Je voudrais bien sortir de cette boue
Mais la malice est si grande
            que je ne reconnais plus la vérité
            que je m'enfonce dans les sables mouvants
            que je me débats en vain dans la nuit la plus profonde
            Je crois même que je deviens hypocrite
            J'ai peur d'être hypocrite avec moi-même.
Je veux trouver la lumière,
je veux trouver la main
Qui m'aidera à sortir de ce labyrinthe d'enfer.

Dominique (14 ans)

Avoir quinze ans.

Avoir quinze ans ce n'est pas toujours facile
tous les problèmes se posent devant nous
il y en a des durs à résoudre et des faciles
il faut savoir ce que nous ferons demain,
savoir ce que nous serons demain.
quinze ans c'est aussi essayer de cacher
            c'est la peur
la peur d'une chose que l'on a inventée
la peur du professeur quand il vous interroge
peur de ne pas savoir ceci ou cela
peur de ce que l'on ne connaît pas
avoir quinze ans ce n'est pas toujours facile
avoir quinze ans c'est commencer à connaître
les grands flirts.
avoir quinze ans, c'est prendre ses responsabilités.

Yvette

A ajouter pour Angela

Des souris étuvées, épouses des chats
croquaient des nénuphars au son de la fanfare
Les iris criminels trafiquaient du lait de beauté
pour les bruyères rosées
Les topinambours sombres aux cravates amidonnées
se rendaient chez les glaïeuls pour inaugurer un cimetière
Les adultes écrasés brûlés par l'enfer
suppliaient les enfants de leur pardonner
Le monde banal s'émiettait et, atome par atome
se réfugiait dans la panse du monde renversé !
Si j'avais fait le monde La fleur du mal n'existerait pas
N'aurait pas connu le jour
Tout le monde connaîtrait l'amour
L'argent n'existerait pas
L'herbe ne serait pas arrachée
Les chemins pas goudronnés
Les poissons feraient un clin d'oeil aux pêcheurs
Le gibier embrasserait les chasseurs
Ce serait un monde avec un coeur
Où il n'y aurait que du bonheur.

Myriam (3e 4)

     

Dans un nuage de parchemin
Avec ses doigts d'eau
Il découvrit avec ses lèvres
Ce qu'il cherchait sur la planète
Les animaux de feuillage
Qui buvaient dans un souffle
Puis il referma le livre d'étoiles
Pour redescendre l'échelle de soie
Il avait trouvé avec le vent
Ce qu'il cherchait dans les dunes.

Pascale (5e)

 

L'esprit est mort.
Ma feuille est blanche,
Elle est en deuil.
Mon esprit est mort :
Il a été écrasé par tout ce que j'ai appris,
Et maintenant, il n'est plus qu'une flaque
Couleur arc-en-ciel,
Couleur de l'imagination.
Mais cette flaque sèchera à la prochaine interro,
Car ma tête chauffera trop
A partir de ce moment
Les tiroirs de mon imagination
Seront définitivement clos.
Ce qui était de plus beau dans ma tête
Aura disparu.
Je suis en deuil, ma feuille est blanche.

Jean-François

 

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