Brochure d'Education Nouvelle Populaire n°4 – Janvier 1938

ÉLISE FREINET

Principes d'Alimentation Rationnelle

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Issu de l'évolution biologique, l'homme est physiquement un animal qui a à compter avec sa nature charnelles. Cette nature charnelle a, selon l'expression d'Engels, « une histoire dans le temps » et les progrès des sciences naturelles ne permettent plus aux biologistes spiritualistes de détrôner les données du transformisme.

Lamarck et Darwin ont, malgré les lacunes, donné une démonstration irréfutable de ce transformisme. Désormais, il devient impossible de nier que la vie, tout comme l'Univers, est une évolution permanente et non une entité immuable créée par Dieu dès la Genèse.

L'Histoire paléontologique montre rigoureusement que l'homme et le singe ont eu, au cours des âges, un ancêtre commun. Il n'est certes pas question d'affirmer sous une forme trop simpliste que « l'homme descend du singe » et qu'il est, anatomiquement parlant, semblable à lui. Mais, en dépit des différences que l'on a pu relever, il n'en reste pas moins que les orangs et les gorilles s'apparentent énormément à l'homme et tout porte à croire que les premiers anthropoïdes du milieu du tertiaire sont les ancêtres communs à l'homme et du singe.

Dans son ouvrage « Biologie et Marxisme » (Editions Sociales Internationales), le Professeur Marcel Prenant a résumé de façon rapide et nette les étapes successives qui attestent l'origine animale de l'homme et la naissance progressive de son génie.

Ce génie, il est sans doute excessif d'en faire une exclusivité humaine, car il ne fait pas de doute que la cellule elle-même a la compréhension de ses besoins et que les sociétés animales d'insectes, de castors ou de singes donnent des preuves irréfutables de l'intelligence des bêtes.

Mais, quoi qu'il en soit, l'homme a sur l'animal l'avantage d'avoir réalisé un outillage magnifique, robuste, subtil et souple dont la perfection semble lui assurer vis à vis de la Nature une manière d'indépendance.

La science, aspect magistral de la technique, a-t‑elle donné à l'homme une plus grande sécurité ?

Dans une certaine mesure, il ne faut point nier que la science moderne et ses applications pratiques ont modifié le monde au profit de l'homme :

La lutte biologique pour la vie a disparu ; l'agriculture a fertilisé les zones désertiques ; des essences nouvelles sont créées ; l'industrie alimentaire stocke des produits innombrables pour les périodes de disette. Les distances sont abolies, les régions polaires conquises et sous les doigts du nouveau Dieu, la Nature, docile semble vouloir livrer ses secrets.

A la réflexion cependant, des ombres marquent le tableau. L'on s'aperçoit, en effet, que, jusqu'ici, la science, pour si désintéressée qu'elle soit, n'a été entre les mains du capitalisme qu'une arme dangereuse au service de la plus-value. La physique, la chimie industrielles, l'industrie alimentaire ont pris dans la civilisation actuelle des proportions inquiétantes parce qu'elles sont à l'origine de bénéfices scandaleux. La science qui doit libérer l'homme, l'affame en réalité, l'abâtardit, l'assassine. Si les sciences chimiques ont, en matière d'explosifs, fait des découvertes les plus grandioses pour des oeuvres de mort, la, biologie n'en est qu'aux tout premiers balbutiements de l’œuvre de vie.

On ne manque pas de faire valoir que la physiologie, la chirurgie, l'hygiène et la médecine ont fait, ces dernières années, des progrès remarquables, mais il ne fait aucun doute que ces améliorations sont fonction d'un mercantilisme qui, d'avance, en fausse les données.

La science capitaliste est revisible en sa totalité, car elle n'est point l'aboutissant loyal du génie de l'homme ; le génie de l'homme travaillant pour le bien de l'homme n'engendrerait pas à grande échelle la misère, la maladie et la mort.

Il est à peu près certain qu'une organisation plus rationnelle de la production et des richesses pourrait éviter la misère et la guerre, mais il n'est pas très sûr que l'on puisse, jusqu'ici, entrevoir la fin de la maladie.

Malgré les hôpitaux, les cliniques particulières les facultés de plus en plus renommées, la maladie persiste et revêt des formes de plus en plus inquiétantes.

La maladie caractérise l'homme tout comme l'intelligence. Certes, il arrive bien que les animaux domestiques asservis, dénaturés, soient soumis à des épidémies caractérisées, mais de tels accidents semblent être plus imputables au chef d'écurie qu'aux pauvres bêtes qui ne sont entre ses mains qu'un instrument de profit. Suralimentés, castrés, immobilisés, les animaux de la ferme sont les victimes innocentes d'une production intensive, dont le gros porc de 200 kgs, obèse et rhumatisant, est le chef d’œuvre.

Mais, même victime d'erreurs imposées, l'animal domestique reste peu sujet à la maladie, parce qu'il a le, grand avantage de garder presque intacts ses instincts alimentaires. Certes, l'on peut bien forcer l'animal à la suralimentation en lui faisant avaler de fortes doses d'aliments cuits et concentrés, mais l'on sait qu'à l'exception du porc, les animaux de ferme sont très exigeants sur la qualité des aliments qu'on leur propose. La vache peut bien avaler du tourteau dilué dans son breuvage, mais elle exige en réparation de ce mauvais tour, l'herbe tendre du pré ou le bon foin de montagne. Quant à la chèvre, presque toujours exempte de maladie, elle ne doit son élégance et sa souplesse nerveuse qu'aux pousses tendres qu'elle recherche infatigablement aux heures de pâture.

Bien qu'il soit difficile de vérifier expérimentalement si les animaux sauvages sont atteints eux aussi de malaises épidémiques, il n'apparaît pas que les chasseurs, pourtant si avisés, aient pu jamais rencontrer un chamois atteint de fièvre aphteuse ou un coq de bruyère rhumatisant.

Pourquoi est-on malade ?

Une question vient à l'esprit le plus simple. Pourquoi l'humanité est-elle de plus en plus ravagée par des calamités désespérantes dont la syphilis, la tuberculose et le cancer sont les formes les plus tragiques ?

Il ne fait pas de doute que la maladie, quelle qu'elle soit, est conséquence d'erreurs d'hygiène alimentaire, corporelle, mentale, quand elle n'est pas le résultat conjugué de toutes ces erreurs. On incrimine très souvent le manque de propreté, on incrimine le froid le chaud mais, très certainement, on ne donne jamais au facteur alimentaire le quotient déterminant qui lui revient dans la maladie.

Seul de tous les animaux, l'homme n'a point d'instinct alimentaire caractérisé. L'une de ses gloires est de pouvoir manger de tout, même sans faim et sans appétit.

Il semble normal en zoologie de faire remarquer combien chaque espèce possède une morphologie conditionnant son genre de vie alimentaire. Il est courant de démontrer que les carnivores ont des griffes et des crocs pour dépecer leur proie, un intestin très court pour éviter la fermentation putride, un foie trois fois plus irrigué que le foie humain pour faire la synthèse de l'urée.

On remarque de même que la dentition, l'estomac, l'intestin des ruminants les prédisposent à manger les celluloses végétales ; que les gallinacés ont un bec pour picorer les graines et un gésier pour les triturer; mais l'on ne découvre aucune caractéristique qui puisse de quelque façon rétrécir le champ des goinfreries de l'homme et l'on a décrété sans ambages qu'il était né omnivore tout comme son frère inférieur le porc, que l'on a la sagesse de tuer avant l'échéance fatale de l'apoplexie.

La physiologie de l'homme correspond-elle à un régime carnivore ?

Sans nul doute non.

Notre dentition n'est point faite pour dépecer les proies ; notre faiblesse à la course nous rend impropres à la poursuite et à la chasse. Nos mains sans griffes ne nous prédestinent pas à la tuerie. Il nous est impossible d'avaler par quartiers, sans véritable mastication, des matières animales avec poils, plumes et écailles comme le font les carnivores nés. Nos sucs digestifs sont d'ailleurs très différents des sécrétions des carnivores qui ont la possibilité de réduire l'acide urique en produits ammoniacaux éliminables par les reins.

Notre intestin n'est point fait pour recevoir les fermentations putrides des viandes qui dégénèrent en produits excessivement toxiques (leucomaïnes et ptomaïnes), que notre intestin trop long doit conserver pendant 24 ou 36 heures avant de les expulser sous forme de selles fétides.

La langue lisse de l'homme, riche en terminaisons nerveuses, paraît le prédestiner à des aliments subtils et acqueux de préférence, dont la succulence semble jouer un rôle déterminant dans le phénomène de digestion.

La physiologie de l'homme correspond-elle a un régime herbacé ?

Évidemment non. Il y a de nombreuses différences entre la dentition d'un ruminant et la nôtre et la simplicité de notre estomac et la brièveté de notre intestin ne sont point organisés pour réduire les celluloses coriaces dont se repaissent les ruminants à estomacs multiples et intestins interminables.

S'il est exact que les végétaux sélectionnés de nos jardins sont tolérés par la majorité des hommes, il ne fait pas de doute que l'on n'éprouverait aucun plaisir et aucun avantage à brouter les herbes dures des pâturages.

La physiologie de l'homme correspond-elle à un régime fruitarien ?

Certainement, oui. Notre anatomie est identique à celle des singes mangeurs de fruits. Nous avons, avec eux, malgré les différences manifestes, certaines similitudes de bipédie et bimanie et une conformation bucale identique. Nos mains sont, comme celles du singe, constituées pour la préhension et la flexion arrière de la tête nous permet d'inspecter les arbres du regard pour y choisir le fruit qui répond à notre odorat subtil. L'analyse du sang des grands singes possède une grande analogie avec la composition du sang humain et la faible longueur d'intestin de l'homme et des anthropoïdes semble tirer tous avantages de la digestion des fruits qui ne laissent aucuns déchets putrides dans l'organisme.

Mais l'homme n'est jamais à bout d'arguments.

‑Bien sûr, disent les défenseurs de l'omnivorisme, l'homme n'est en fait ni un carnivore, ni un ruminant, mais il tient du carnivore parce qu'il a des canines et du ruminant parce qu'il a des molaires presque plates ; comme par ailleurs il ressemble au singe, nul doute qu'il peut bénéficier de tous les régimes. L'homme peut manger de tout, cela se passe tous les jours et l'on n'en meurt pas.

Que cela se passe tous les jours, c'est certainement exact, mais que l'on n'en meure point, c'est sûrement discutable, car les faits nous prouvent que si l'on n'en meurt pas tout de suite, l'on en meurt progressivement en passant par les étapes cruelles de la maladie.

L'omnivorisme est néfaste par la prédominance qu'il donne régime carné

La base de l'omnivorisme est la viande sous ses aspects les plus variés. Le rôti, le bouilli ou la fricassée sont le centre de tous les repas considérés comme normaux et tout ce qui les accompagne se rattache à eux par les sauces qui en découlent.

La Faculté admet qu'il faut une ration azotée suffisante pour faire du muscle et avoir de la force et que cette ration azotée ne saurait être mieux choisie que dans le bifteack ou l'escalope.

Or, la viande engendre de nombreux déchets, fait un sang riche en résidus nutritifs, pléthorise l'organisme. La vérité est à peu près faite là‑dessus, même par la médecine classique et la sagesse conseille au docteur de proscrire la viande dans tous accidents digestifs.

La viande est plus que tout autre un mauvais aliment

Carton a fait contre la viande un réquisitoire magistral qu'il nous suffira de résumer :

1° La viande est un mauvais excitant alimentaire :

Elle donne, tout d'abord, une sensation d'euphorie mais le coup de fouet passé, elle épuise les forces cellulaires par l'effort qu'elle leur demande dans l'évacuation des toxines azotées.

2° La viande est un mauvais combustible  :

Elle ne contient pas, en effet, de substances hydrocarbonées et de plus, les déchets de son métabolisme sont toxiques et difficilement décomposés.

3° La viande est un mauvais réparateur :

Elle n'apporte pas, directement, d'énergie solaire. Cette énergie est épuisée par le métabolisme animal. De plus, la viande est dépourvue de sels minéraux vitalisateurs.

4° La viande est un poison lent mais sûr :

Elle renferme des poisons préformés qui proviennent de la vie de l'animal (animaux contaminés, déchets vitaux, prurines, créatines, etc.) Aussitôt après la mort de l'animal elle perd sa vitalisation et la décomposition cadavérique commence.

A Chicago, le Dr Kellog a fait de sensationnelles expériences sur la décomposition putride des viandes destinées à la consommation.

L'analyse démontra une moyenne de :
70.000 bactéries putrides par gramme de viande consommée et ramenées par la cuisson à 25.000.
870.000 microbes pour le poisson 14 millions pour les sardines en boîte
120 millions pour la saucisse fraîche qui, après 20 heures de fabrication, passe à 400 millions ;
43.120.000 pour le jambon fumé qui, après 20 heures, a 750.000.000 de bactéries !
Le record est battu par le saucisson
635.600.000 quand il est frais et qui, après 20 heures, passe à 1.036.000.000 ! (La réforme alimentaire, avril 1908.) Un milliard de bactéries par gramme ! Et l'on se demande d'où provient la maladie.

5° La viande est une source de putréfaction et d'infections intestinales :

Ce qui est facilement démontré par ce qui précède. Des expériences ont montré que la proportion des germes pathogènes par millimètre cube de matières alimentaires intestinales était de 2000 pour les végétariens et de 65.000 pour les carnivores.

6° La viande transmet des maladies contagieuses et parasitaires :

Tuberculose, charbon, morve, fièvres diverses....

7° La viande est acidifiante

La fixité du déchet que constitue l'acide urique est cause de ravages humoraux à réaction acide.

8° La viande déminéralise :

Le muscle est pauvre en matière minérale. Or, nous ne consommons pas, à l'instar des carnassiers, le sang et les os des animaux.

9° La viande surexcite les Instincts d'immoralité :

Le carnivorisme nous pousse, en effet, à des actes de cruauté et, par ses toxines, brouille nos humeurs et notre lucidité.

L'omnivorisme est dangereux
par les associations alimentaires
qu'il engendre et par leur abondance

Bien manger est la source, il faut le reconnaître, de nombreux plaisirs : Nul doute que les convives d'un bon repas de famille, d'un banquet, ne soient, à l'heure du sacrifice, dans les meilleures dispositions d'humeur et d'esprit.

L'art culinaire a atteint, dans tous les pays, un relief impressionnant et l'art de manger une majesté toute puissante. L'éclat d'une table servie, le décor des fleurs et des fruits, l’arôme des mets, la présentation des plats, le bouquet des vins, tout concourt à provoquer la série des réflexes conditionnés, chers à Pawlov...

La rançon en est « la gueule de bois » des lendemains de fête et l'échéance inévitable de la maladie.

Quand on consulte les menus des banquets et à l’ordinaire, les menus quotidiens des maisons bourgeoises, on est effrayé des proportions qu'y prennent la ration azotée, les mélanges nocifs et les concentrés et l'on se demande comment les organismes qui les absorbent peuvent résister aux accidents congestifs que préparent un sang pléthorique, des humeurs acidifiées et des organes sénilisés par l'envahissement graisseux.

L'omnivorisme est néfaste
parce qu'il justifie l'industrie
alimentaire toxique

L'industrie alimentaire semble à première vue avoir acquis une perfection inégalée à ce jour. Le frigorifique paraît conserver les denrées les plus fragiles, les viandes les plus délicates, les pâtisseries les plus légères. On mûrit le fruit vert ; on arrête l'évolution du fruit mûr ; on dissèque, on pulvérise on concentre toute matière comestible, de la viande au lait, des céréales aux fruits. L'autoclave n'a plus de secrets pour la conservation de toutes denrées comestibles : les flageolets, la choucroute et jusqu'aux pâtes alimentaires sont mis en boite, prêts à être consommés, garnis de la saucisse dodue, enroulée en leur profondeur saumâtre... Les fruits les plus riches mijotent dans des sirops de sucre ou de saccharine et les biscottes les plus friables peuvent se conserver des années entières rivalisant avec le gruyère qui, dit-on, peut durer la vie d'un homme....

Chef-d’œuvre du produit alimentaire industriel, le pain se fait de plus en plus léger, de plus en plus blanc et doré. Qui dira la malfaisance ?

Les trusteurs du blé jettent sur les marchés les blés les plus suspects, conservés dans des silos humides, dénaturé par des substances toxiques, reblanchis aux gaz délétères. Les grands minotiers ont certainement gagné la palme des « tripatouillages » dans le commerce des farines. Il faut avoir reçu les confidences d'ouvriers minotiers pour savoir combien peut être dangereuse à la santé la farine impondérable et blanche jetée sur les marchés. Si l'on ajoute à ces dangers les méfaits des procédés modernes de panification, l'on comprendra pourquoi la race humaine s'abâtardit dans de si impressionnantes proportions.

En apparence, il semble que l'industrie alimentaire qui stocke les produits, les répartit à la surface du globe jusqu'aux coins les plus inaccessibles des pôles, qui les livre à domicile, les sélectionne et les ordonne en colis « scientifiquement » composés, il semble que l'industrie alimentaire si ingénieuse à servir le client et à favoriser sa gourmandise, soit un avantage incontestable. Avantage de temps, certes, car il est plus pratique de consommer des tripes en boîtes que de les cuire à la maison (songez donc, 6 heures de cuisson !) et pas plus cher bien souvent et mieux présenté et plus relevé en épices.

Mais comme ombre à ces avantages, l'avitaminose et ses formes diverses, dont le cancer est certainement la plus horrifiante.

Nous n'hésitons pas à dire très haut que le plus grand danger de l'alimentation actuelle vient des procédés techniques qui en assurent la conservation et la vente et que c'est un crime d'imposer à l'enfant un aliment toxique qui prépare en son organisme la déchéance cellulaire.

Il faut comprendre, en effet, que pour conserver un aliment naturel, il faut le soustraire à la fermentation vers laquelle il tend, c'est-à-dire il faut dénaturer cet aliment, en détruire le pouvoir de vie. Or, c'était justement en égard de ce pouvoir de vie que l'aliment nous était salutaire et qu'instinctivement nous l'avions choisi. A ce potentiel de vie, l'industriel a substitué le toxique qui arrête le rancissement des graisses, qui inhibe la fermentation des sucres, et dénature l'alubumine des aliments azotés.

L'industrie alimentaire toute entière repose sur l'usage du toxique et quel toxique !

Consultez le « grand annuaire industriel » rayon de l'Alimentation et vous aurez un modeste aperçu des trafics et fraudes qui se commettent ouvertement à l'écart de la loi.

Il nous suffira de relever les titres de quelques produits très franchement appelés « produits pour industrie alimentaire », p,258-2.

- Glucose cristal massé de fécule pour industrie alimentaire,
- Albumine d’œufs.
- Colles comestibles et gélatines pour gelées.
- Vaseline pour graissage des moules de confiserie.
- Gomme arabique pour industrie alimentaire.
- Nitrate de potasse pour industrie alimentaire.
- Caséine industrielle.
Les essences ont un relief de tout premier plan. Elles sont innombrables :
- Essences ARTIFICIELLES, produits de chimie organique pour limonades, sirops et confiseries
- Essences de café, thé, menthe, cacao, rhum, amandes amères, etc...
- Vaniline, éthylvaniline pour confiseurs...
- Anhydride sulfureux pour conservation des produits alimentaires.
Les colorants semblent de même d'un excellent rapport ; on les mentionne sans réticence :
- Colorants végétaux, organiques, minéraux.
- Colorant jaune végétal.
- Extrait de grenadine, pure COCHENILLE.
- Colorants pour bières, cidres, vinaigres.
- Carmins pour sirops, boissons, confiserie.
- Acide carminique.
- Carminite de soude.
- Colorants pour bouillons, potages.
- Colorants pour beurres et fromages.

Passons sur les produits spécialement destinés à l'industrie du vin et redisons aux mères de familles :

Devenez conscientes de vos devoirs vis a vis de l'enfant que vous avez créé. Le bonbon, le biscuit, le gâteau que vous avez tant, de joie à lui offrir attentent à sa vie et préparent sa misère physiologique et mentale.

On ne manque pas de faire valoir que l'autoclave et le frigo sont, dans ce domaine, moins dangereux que les préparations industrielles courantes (1). Il ne faut pourtant pas oublier que le scorbut, la pelagre, le béri‑béri sont des maladies caractéristiques de l'usage des conserves et que les empoisonnements provoqués par les denrées congelées ne se comptent plus. Le frigo. tout comme l'autoclave, modifie et détruit la cellule vivante parce qu'il la plonge dans un milieu extrême qui décharge son potentiel de vie.

C'est parce que l'homme omnivore a voulu manger de tout, sous toutes les latitudes et en toutes saisons de l'année qu'il se doit d'accepter des aliments de valeur alimentaire non seulement diminuée mais, qui plus est d'aliments toxiques destructeurs de santé et de vie.

(1) En réalité, la malfaisance de l'une s'ajoute à la malfaisance des autres, car les sucres, les colorants, les produits chimiques divers entrent dans toutes les conserves alimentaires en boîtes.

Les hydrates de carbone
sont la nourriture idéale
de l'homme

Devant un tel ostracisme, dira-t-on, que peut-on vraiment manger ? Comment vivre dans les contrées déshéritées où l'hiver est long et le climat rude ? Comment se nourrir dans les villes où toute denrée est commercialisée, où le restaurant offre ses menus suspects, où la hâte de vivre exige une alimentation excitante ?

Nous n'avons jamais voulu dire qu'il était d'une grande facilité de résoudre tous les grands problèmes humains et de concilier dans une vie personnelle les exigences professionnelles, les erreurs de vie et la santé. Mais nous disons qu'il est toujours nécessaire de situer dans la logique matérialiste des données essentielles susceptibles d'orienter notre comportement humain vers un mieux et nul doute qu'acquérir une santé meilleure c'est aller vers un mieux.

Et comment acquérir une santé meilleure ? En diminuant les risques de maladie, c'est-à-dire en faisant d'abord une alimentation convenant aux possibilités digestives de notre organisme.

La pratique de l'omnivorisme donne à l'homme une idée tout à fait fantaisiste de l'aliment. Est aliment toute denrée mangeable. Est aliment tout ce qui plaît au palais ; est aliment tout ce qui procure du bien-être. Le verre d'absinthe qui satisfait l'alcoolique, les viandes épicées qui éveillent la gaîté du joyeux « 100 kilos », sont-ils vraiment des aliments ?

L'aliment normal doit apporter à l'organisme une énergie capable d'entretenir sa vie et permettre l'évolution de cette vie. il est reconnu que cet apport énergétique se fait au détriment de nos ressources vitales et que chaque acte digestif entame notre potentiel vital: nous usons nos forces à manger, c'est pourquoi nous n'accumulons pas impunément de la vitalité en réserve. Dès lors, l'aliment le meilleur sera celui qui apportera le plus d'énergie en demandant pour prix de son assimilation le minimum de dépenses vitales.

Quels considérants vont donc nous guider dans le choix du meilleur aliment ?

« Par leur vue, leur parfum, par leur premier contact avec nos papilles gustatives, les aliments sont dynamogènes, excitants de nos forces musculaires et des activités glandulaires » (CARTON : Enseignements et Traité de Médecine, d'alimentation et d'hygiène naturistes. Edit. Maloine, Paris.). Si bien que, avant même l'absorption de l'aliment, nous devrions savoir la valeur énergétique de son apport et la dépense vitale de notre organisme pour se l'assimiler.

Il ne fait pas de doute que la viande crue ne fait aucune impression agréable à l’homme, bien qu'il se réclame carnivore. Il ne vient à l'idée de personne de goûter à l'escalope, au rôti… cru, à la cervelle de mouton comme l'on goûte à une cerise, à une pomme, à une noisette, tout en faisant son marché.

La viande crue écœure à l'ordinaire les gourmets les plus raffinés parce qu'elle ne répond à aucune sécrétion instinctive ; elle doit être enrobée d'excitants artificiels, avoir provoqué par répétition les réflexes de l'habitude digestive pour être un pré-excitant du palais.

Le fruit a ses parfums naturels, excitants normaux de nos sécrétions buccales et gastriques ; la vue d'un fruit réjouit l'enfant qui est resté plus instinctif que l'homme et sa dégustation est pour lui un vrai régal.

Si nous voulions situer plus scientifiquement le problème de l'alimentation préférable, il nous serait facile de nous reporter aux observations d'ordre chimique que le laboratoire croit avoir établies dans les phénomène de digestion.

Voici, en fait, ce qu'il semble classique d'admettre :

1° Les matières azotées ou protéines (composées d'azote, d'hydrogène, d'oxygène et de carbone) sous l'action combinée de l'acide chlorydrique et de la pepsine (suc gastrique) sont transformées en albumoses et peptones, puis, sous l'effet de la bile, à réaction alcaline, en acides aminés. Un des derniers aboutissants de l'albumine est l'urée. Il existe de l’urée dans le sang, la salive, l'urine, la bile, c’est-à-dire dans tous les liquides d'élimination.

Des expériences faites par Bureau et Schier ont montré que le foie de l'homme ne détruit que la moitié de l'acide urique circulant dans le sang et que le foie des carnassiers est capable de détruire proportionnellement dix ou quinze fois plus d'acide urique que le foie de l'homme.

L'urée apparaît comme le plus grand poison du métabolisme digestif. Un régime alimentaire ne sera convenable que s'il abaisse au minimum la proportion d'urée.

2° Les graisses : Elles sont composées d'hydrogène, d'oxygène et de carbone. Dans l’estomac, les graisses ne font que retarder l'effet de la digestion gastrique. Dans l'intestin, sous l'effet de la bile et de la lipase (suc pancréatique), les graisses sont émulsionnées et dédoublées en acides gras et glycérine. La glycérine, par ses fonctions alcool est susceptible de donner par oxydation des sels et éthers-sels très toxiques qui produisent la dégénérescence graisseuse.

3° Les hydrates de carbone : Ils contiennent les mêmes éléments que les graisses, mais sous une forme moins concentrée et plus subtile. Dans l'amande verte, par exemple, se trouvent des hydrates de carbone qui, progressivement, se transforment en graisse au fur et à mesure que mûrit et rancit l'amande.

Les hydrates de carbone sont saccharifiés par la ptialine (salive) et par l'amylase (suc pancréatique).Leur digestion commence dans la bouche, d'où la nécessité d'une bonne mastication. Sous l'effet des diastases sus-nommées, les hydrates de carbone se résolvent en maltose et dextrines (sortes de sucres organiques), en eau et gaz carbonique. Ainsi la digestion des hydrates de carbone semble se résoudre en un apport de sucre, l'eau et le gaz carbonique étant éliminés par la transpiration et la respiration.

Les sucres sont des hydrates de carbone concentrés. Il en existe une infinité variant par leur teneur en carbone. Par oxydation, ils sont réduits en eau et gaz carbonique. Solubilisés dans les jus de fruits naturels, Ils sont des vitalisateurs, parfaits, mais quand ils se présentent sous une forme condensée (les fructoses des fruits séchés par exemple) ou minéralisés (sucre industriel), ils acquièrent des propriétés alcool qui les rendent excitants et dangereux pour l'équilibre cellulaire.

4° Les aliments minéraux se trouvent en état très subtil dans les fruits et les céréales ou en dissolution dans l'eau. Ils semblent indispensables au processus de la nutrition, spécialement dans les échanges osmotiques entre cellules.

De toutes ces constatations, il découle qu'un aliment est d'autant moins dangereux qu'il se résoud dans l'organisme en produite facilement éliminables (les hydrates de carbone par exemple) et qu'il est d'autant plus nocif qu'il engendre des produits stables et difficilement éliminés (les albuminoïdes et les graisses).

Il apparaît donc naturel que les hydrates de carbone dont les sous-produits ne sont pas susceptibles d'encrasser l'organisme parce que facilement éliminables par les fonctions de respiration et transpiration, soient pour l’homme la base d'une alimentation rationnelle.

Une discrimination est cependant indispensable à faire pour la grande famille des amylacées : Les végétaux divers avec leurs enveloppes cellulosiques résistantes sont, nous le verrons, un danger pour les organismes affaiblis. Il en est de même des fruits et céréales complets pour lesquels aux méfaits de la cellulose s'ajoutent ceux des diastases irritantes. De même les fruits dam lesquels les sucres atteignent un degré de concentration excessif (dattes, fruits-séchés) doivent être considérés comme suspects pour les organismes tarés. Le maximum de bienfaits sera apporté par les fruits frais aux sucres dilués, vitalisés par le soleil, aux sels subtils, aux eaux douces de végétation qui procurent à l'organisme une excitation de bon aloi, sans risques d'intoxication grave.

La ration calorique est une invention de laboratoire

La Faculté fait au régime fruitarien la critique essentielle de n'être pas calorique. Tout comme un poêle qui brûle, disent-ils, le corps a besoin de calories pour résister au froid ambiant pour produire un certain travail, et poussant l'analogie jusqu'à l'invraisemblance, ils tentent d'assimiler l'organisme au calorimètre Berthelot. « Le pouvoir énergétique d'un aliment se traduit par le nombre de calories qu'il peut dégager peu importent les mutations intermédiaires, le résultat final seul compte » (ROGER : Digestion et nutrition.)

Le malheur est évidemment qu'il paraît très difficile de déterminer le résultat final des combustions organiques et que très souvent les mutations intermédiaires absorbent pour leur profit une ration importante de calories et le malheur est aussi que sur des suppositions plus ou moins fantaisistes on établisse des lois soi disant scientifiques.

Mais nos scientistes n'en sont pas à une extravagance près : Ils ont évalué les dépenses caloriques de l'homme assis, debout, couché, de l'homme au repos, de l'homme au travail et naturellement, ils en ont conclu qu'il devait y avoir une ration calorique. Sur l'établissement de cette ration, il y a eu de chaudes discussions... et qui durent encore. Qui faut-il croire, de Richet qui revendique 3.100 calories, ou de Pascault qui n'en maintient que 1900 pour la même ration calorique de repos ?

Quand le génie s'aventure dans les domaines de l'abstraction, il n'est guère possible de lui conserver ses prérogatives. Disons que de telles innovations sont faussement scientifiques et résumons rapidement les critiques que tout esprit sensé peut leur faire :

1° La théorie calorimétrique ignore tout de la transformation de l'énergie universelle en énergie vitale. Elle ignore tout du principe de vie et des conditions biologiques de l'existence humaine. Elle substitue à l'instinct spécifique l'artificiel élément scientifique.
2° Elle réduit l'énergie potentielle de l'aliment à un effet calorique, forme banale de l'énergie, ignorant ainsi les pouvoirs vitalisateurs de l'aliment cru.
3° Elle crée dans la valeur des aliments une hiérarchie arbitraire qui donne la prépondérance à des préparations industrielles, à des toxiques sur des produits naturels. Ainsi le sucre industriel, l'alcool apparaissent comme plus caloriques que les céréales ou les noix.
4° Elle ignore les transformations successives que subissent les aliments dans l'organisme. Les déchets produits par les graisses et les azotés absorbent plus d'énergie vitale qu'ils n'en libèrent, puisqu'ils nous conduisent à la maladie, c'est-à-dire à l'engorgement de l'organisme par mauvais fonctionnement d'assimilation.
5° Elle ne tient pas compte des insuffisances digestives proposant à des tarés du foie ‑pitr exemple des doses brutales qui assomment les dernières résistances hépatiques.
6° Elle a tendance à substituer à l'aliment naturel l'aliment industriel arbitraire, toxique, concentré, source première de la maladie.

Il n'y a pas de ration calorique. Tout aliment normal qui répond à notre instinct alimentaire et qui est adapté à notre morphologie est générateur de vie, c'est-à-dire de vigueur, de chaleur, de forces spirituelles, car l'explosion de la vie est une irradiation infinie qui ne se résoud ni en calories ni en aucune unité de mesure.

Il n'y a pas de syndrome de déminéralisation

La médecine classique et, davantage encore, la médecine naturiste, ont voulu voir dans les diètes fruitariennes les causes primordiales de déminéralisation.

La déminéralisation est très à la mode. Après les cures de sels calciques sont proposées contre elle les concentrés de graines germées, les blés de toute étiquette débordant de sels vitaminés. Et la déminéralisation n'a point disparu.

Les praticiens sont, d'ailleurs, très divisés sur ses causes. Pour Ferrier, tout se résumerait à « ne perte calcique » qui se ferait au détriment des sels de chaux du squelette. D'où l'emploi à hautes doses de sels calcaires.

Pour la majorité des praticiens naturistes, l'acidification des sécrétions serait une élimination salutaire provoquée par les fruits acides. Ces fruits mobiliseraient les réserves toxiques acides et les feraient s'éliminer. En compensation de cet appauvrissement minéral, On conseille la suralimentation minérale, sous forme de bouillons de légumes concentrés, de céréales crues, de légumes cuits à l’étuvée.

Le Docteur Carton se fait une conception plus intellectuelle du problème : pour lui, la déminéralisation résulterait d'une insuffisance métabolique des acides. Sous l'effet des débilités, des défaillances viscérales, l'organisme deviendrait inapte à éliminer les sous-produits acides résultant de la transformation des aliments gras, azotés, acides. Cet état de fait serait accru par la privation d'aliments minéralisants naturels (chlorophylles, fruits doux) et par l'emploi de matériaux acides apportés par légumes et fruits acides (tomates, oranges, citrons, oseille) et par les légumes blancs (aubergines, topinambours, fenouils, salsifis...) Cette acidification humorale entraînerait une déchéance des tissus minéraux (os, dents) ou autres tissus conjonctifs, épithéliaux qui, pour neutraliser les déchets acides divers, se désagrégeraient progressivement.

Et voici exposés avec abondance les symptômes de déminéralisation : asthénie et irritabilité, troubles trophiques cutanés (irritations et fissures cutanées), amaigrissement, perte de poids spécifique, frilosité, lymphatisme, chlorose, rachitisme, débacles intestinales... angine.... tuberculose et nous n'aurons garde d'oublier « l'agacement aux collets dentaires »...

Devant une avalanche aussi impressionnante de disgrâces, il est à prévoir que la thérapeutique reminéralisante sera sévère et nuancée. Et tout d'abord seront nocifs les excès de viande (les excès seulement ? et où commence l'excès ?) poissons, corps gras, sucres et aliments condensés, stérilisés, lait caillé, miel, vinaigres, fruits pas mûrs, cerises, citrons, oranges, rhubarbe, cresson, légumes blancs.

Sont favorables : Les fruits doux pris en quantité raisonnable. Ces fruits sont reminéralisants, mais au cours d'années ensoleillées, il faut les peler car leurs peaux sont acidifiantes. Les légumes cuits sont de même reminéralisants, mais il faut éviter les bouillons concentrés. Les oeufs sont aussi recommandés, mais pas toujours assimilables tels que. Sont salutaires encore, et surtout, les salades vertes crues, les fruits entiers, les céréales intégrales, le pain complet, en ne perdant pas de vue toutefois que ces aliments éminemment recommandables contre les carences de minéraux organiques, sont susceptibles de nous exposer aux méfaits de la suralimentation minérale ou surminéralisation, dont les symptômes ressemblent comme des frères aux symptômes de déminéralisation : érythèmes, eczémas, troubles intestinaux, diarrhées... sans oublier... « l'agacement des collets dentaires »...

Quant à nous, nous dirons : Il n'y a pas de syndrome de déminéralisation, pas plus qu'il n'y a syndrome de surminéralisation et de dénutrition. Il n'y a que des symptômes d'arthritisation généralisée, c'est-à-dire d'engorgement par les déchets toxiques, et puisqu’aussi bien Carton reconnaît que les aliments azotés, gras, acides sont à l'origine des ravages de déminéralisation, le plus simple est de les supprimer et d’avoir recours à une nourriture qui n'entraîne pas de sous-produits acides dangereux. Le fruit semble répondre admirablement à ce désidérata. La thérapeutique en est simple, radicale et à la portée de tout le monde. La vache, la chèvre, le lapin de garenne ne sont point déminéralisés parce qu'ils suivent leur instinct en broutant les herbes qui répondent à leur constitution physiologique. En l’occurence, il ne s'agit pas de poser le problème sous une forme intellectuelle séduisante, il s'agit tout simplement de le résoudre : Une pratique de dix années d'une diète presque exclusivement fruitarienne nous a donné les meilleurs résultats et qui sont à la portée de chacun comme l'air pur et la lumière du soleil.

Faut-il manger l'aliment cru ?

Il est maintenant admis par toutes les facultés du monde que l'aliment crû contient sous forme impondérable des réserves de vie indispensables à la santé. On a donné à ces principes le nom de vitamines, et c'est sur elles que l'Ecole Naturiste a édifié son triomphe.

Essayons de voir avec bon sens quelle réalité se cache sous cette sensationnelle découverte :

Et d'abord que sont les « vitamines » ?

« Ce sont, vous dira la Faculté, des princopes que l'organisme animal est incapable d'élaborer de lui-même, principes qui, à des doses infinitésimales (de l'ordre du millionnième, voire du dix-millionnième de la ration quotidienne),. sont indispensables à l'entretien et au fonctionnement de l'organisme, Leur absence détermine des troubles et des lésions caractéristiques ».

On connaît, à l'heure actuelle, huit vitamines, mais comme la science progresse à pas de géants, on nous en promet d'autres encore... Il y a les vitamines hydro-solubles et lipo-solubles qui se répartissent en :

Vitamines lipo-solubles :
Vitamine de croissance ou antixérophtalmique : vitamine A.
Vitamine antirachitique ou vitamine D.
Vitamine de la reproduction ou vitamine E

Vitamines hydro-solubles .
Vitamine antiscorbutique ou vitamine C.
Vitamine antinévrétique ou vitamine B1.
Vitamine d'utilisation nutritive ou vitamine B2.
Vitamine d'utilisation cellulaire ou vitamine B3.
Vitamine antipellagreuse ou vitamine P.

Naturellement, chacune de ces vitamines a des effets spécifiques, encore qu'il soit difficile de préciser ces effets vu l'impossibilité où l'on se trouve d'isoler ces principes occultes.

L'absence de la vitamine A provoque des troubles de la cornée transparente de l’œil.
La vitamine B assure de plus la croissance.
La vitamine D est antirachitique, la vitamine E assure le développement du fœtus ; la vitamine C est antiscorbutique et facteur d'équilibre; la vitamine B2, indispensable à l'utilisation des glucides, etc., etc.

Des recherches incessantes ont montré que le béri‑béri, la polynévrite, le scorbut, la pellagre, le hikau, la xérophtalmie, le rachitisme, la stérilité sont des maladies d'origine alimentaire dues à l'absence de vitamines dans le régime. Heureusement pourtant, l'absence d'aucune vitamine n'entraîne la mort, si bien que l'on peut toujours avoir l'espoir de s'en tirer par correction alimentaire convenable, car il nous est enseigné que ces précieuses vitamines sont localisées dans les fruits et légumes crus, ainsi que dans les produits animaux et humains. On vend même, dans certaines pharmacies, des tables de références destinées à l'usage des vitamines. Vous saurez ainsi que les fruits, et parmi eux la tomate et l'orange sont les plus riches en vitamines. Elles contiennent les vitamines :

Antiscorbutique ;
Antipellagreuse ;
Les antinévrétiques (B1, B2, B3) ;
Liposoluble A ;
Liposoluble E.

Une seule vitamine leur manque : la vitamine antirachitique. (Et Carton nous affirme que tomates et oranges sont des fruits déminéralisants à rejeter !)

Toutes les vitamines se trouvent en grande majorité dans les légumes et fruits frais. Une seule la vitamine antirachitique semblerait faire défaut dans le règne végétal. On la trouve dans le lait frais et ses dérivés (crème, beurre très frais, fromage gras) et dans tous les tissus animaux ! Si donc, nous fabriquons de la vitamine D, tout comme M. Jourdain faisait de la prose, il n'est point besoin de devenir carnivore pour pléthoriser notre organisme par surcharge de vitamine D.

Comment se comportent ces principes vitalisants vis-à-vis des températures élevées ? L'expérience nous prouve que ces énergies impondérables sont, dans l'ensemble, d'une résistance remarquable à la chaleur :

Les vitamines A, E, B2, P. (c'est-à-dire 5 vitamines sur huit) résistent à des températures de 120°, supportant héroïquement l'intervention de l'autoclave. On n'a même pas pu détruire les vitamines E et P les plus stables de toutes ! Quant à la vitamine antiscorbutique, la vitamine C, considérée comme la plus fragile, elle est détruite certes par l’intervention du feu, mais en milieu alcalin seulement ; elle résiste à tout chauffage en milieu acide puisqu'aussi bien elle reste intacte dans les confitures d'oranges et de tomates au point que ces produits les plus industrialisés qu'ils soient, conservent un pouvoir antiscorbutique étonnant ! (Et l'on médira encore des oranges et des tomates !)

Ainsi donc, l'intervention du feu est presque sans effet sur la stabilité vitaminique.

Plus décisive semble être le phénomène d'oxydation produit aux températures normales. sous la simple intervention de l'oxygène de l'air. C'est ainsi que sont détruites par oxydation : Les vitamines A (rapidement réduites), C (rapidement détruites), B1.

La vitamine C est détruite lentement par oxydation. Les autres sont plus résistantes. Le temps d'ailleurs semblerait jouer un rôle sur la fixité des vitamines, mais celles-ci semblent conserver leurs pouvoirs si l'on a le soin de leur éviter l'action d'agents destructeurs ; à l'abri de l'air, la vitamine A est de longue conservation, de même que la vitamine D en dissolution huileuse, et que la vitamine C en milieu acide.

Il n'est point besoin de faire preuve d'un grand esprit critique pour s'apercevoir que la question des vitamines repose sur la plus grande fantaisie. En étudiant dans le détail les symptômes de carences vitaminiques spéciales, on s'aperçoit qu’il n'y a pas plus de syndrome d'avitaminose que de syndrome de déminéralisation ou de dénutrition. Qu'est-ce à dire ? Le béribéri, le scorbut, la polynévrite, le rachitisme, etc... sont guéris par l'intervention de vitamines !

La belle affaire ! La pratique fruitarienne nous apprend que toute dégénérescence est de même atténuée et guérie par la consommation de l'aliment normal qu'est le fruit. Pourquoi isoler le scorbut, la pellagre, le hikau et autre béribéri des maladies ordinaires engendrées par le carnivorisme ? La tuberculose, le cancer, la syphilis sont produits par erreur alimentaire tout comme la xérophtalmie ou le rachitisme et tout comme la xérophtalmie ou le rachitisme elles sont curables par correction alimentaire et retour à la pratique fruitarienne. Point n'est besoin de nous torturer les méninges pour établir des merlus convenablement vitaminés, en « équilibrant », Dieu sait au prix de quels calculs !, le veau rôti, le hareng grillé, la cervelle de porc, le beurre frais, le jus d'orange ou la salade verte !

Si les fruits sont les aliments les plus largement vitalisés, tant mieux pour nous, mangeons des fruits, même si les divinités vitamines ne devaient être que la survivance d'un ancestral paganisme !

 

Le Naturisme et les récentes découvertes biologiques

Bien que le plaidoyer en faveur du frugivorisme ne soit plus à faire, puisqu'aussi bien les découvertes scientifiques confèrent, aux principes vivants du fruit vitaminé, minéralisé, une supériorité établie, les apôtres, de l'omnivorisme ne sont pas à bout d'arguments pour justifier leur cause. Et d'abord ils vous disent avec bonhomie :

- Regardez-les, ces mangeurs de racines !

C'est maigre ! péchère ! Ni devant, ni derrière et des appétits de carême ! Chez nous, au moins, on a du poids, des formes et des couleurs...,

S'il est exact, en effet, que l'on trouve ,dans la gent naturiste beaucoup trop de « ligne », il est, hélas ! encore plus exact que l'on trouve chez les carnivores beaucoup trop de rondeurs ! Nous savons que le rêve n'est ni la forme trop débordante, ni le profil trop exigu, mais peut-être, s'il nous fallait choisir entre deux maux, nous choisirions le moindre, c'est-à-dire la maigreur. Là-dessus, les récentes découvertes de la biologie nous donnent raison :

On sait que l'on peut réaliser des cultures de tissus, fragments d'organes que l'on conserve dans des milieux nutritifs à la condition de les débarrasser très régulièrement de leurs déchets de désassimilation.

« Il y a 25 ans, dit Prenant (Marxisme et biologie. Editions Sociales Internationales.), Carrel ,découvrit le moyen de réaliser une véritable culture de tissus, avec survie illimitée et accroissement, c'est-à-dire avec multiplication de cellules. On conserve, depuis lors, certaines de ses premières cultures issues d'embryons de poulets qui, si on ne les avait tués, seraient en tous cas aujourd'hui morts de vieillesse. »

Ces cultures vivantes ont permis de faire deux constatations que nous jugeons excessivement importantes :

1° Dans un milieu trop riche en matières nutritives, c'est-à-dire dans un milieu pléthorique, la multiplication des cellules est trop intense, et « celles-ci perdent plus ou moins les caractères spéciaux qui les marquaient comme cellules d'un tissu ou d'un organe déterminé, à tel point que l'on a cru qu'elles se dédifférenciaient, c'est-à-dire devenaient des cellules banales qui ne gardaient plus de traces de leur histoire de cellules de foie, ou d'os, ou d'épiderme. »

Mais heureusement il n'en est rien, car « si ces mêmes cellules sont mises dans d'autres conditions », si le milieu est moins riche en matières nutritives, si les cellules sont « mal nourries, elles reprennent leur aspect et leur activité de cellules osseuses, hépathiques, etc. »

Qu'est-ce à dire ? Sinon qu'un milieu pléthorisé détruit les caractéristiques de la cellule, la fait proliférer au-delà de ses possibilités instinctives et l'abâtardit.

Mieux vaut une cellule mal nourrie qu'une cellule trop nourrie.

2° La culture artificielle de ces tissus en laboratoire a permis de faire une autre constatation essentielle : un fragment d'organe vit plus longtemps que s'il faisait partie intégrante de l'animal vivant, mais tout espoir de le conserver est perdu le jour où des globules graisseux apparaissent dans les cellules. La graisse est un signe manifeste de dégénérescence.

La pratique clinique, d'ailleurs, prouve cette réalité. Un malade maigre, même très maigre, a des résistances beaucoup plus grandes à la maladie qu'une personne chargée en matière graisseuse et beaucoup moins atteinte. La maladie peut miner progressivem,ent un organisme taré et amaigri, elle terrasse toujours en coup de massue l'organisme pléthorique.

En chirurgie, les praticiens redoutent toujours les malades dont les chairs sont pénétrées de graisse. Leurs sutures sont laborieuses, purulentes et souvent impossibles. Les opérés maigres, au contraire, réalisent des cicatrisations parfaites, rapides sans risques d'éventrations. Le muscle pur conserve à la cellule toutes ses propriétés plastiques et vivantes.

Des formes ? Sans doute, modelées par un exercice quotidien, en un tissu maître de sa destinée. Des rondeurs ? non. Mieux vaut la jambe maigre du chamois de montagne que la cuisse informe et croulante du porc de Noël et mieux vaut la maigreur, même excessive à l'académie débordante des pléthorés carnivores.

Hors les vedettes d'Hollywood, l'opinion vulgaire se fait un type de l'homme et de la femme qui ne correspond pas exactement au canon de la forme classique. Il faut que le squelette soit noyé dans un avantageux tissu graisseux pour qu'une académie soit décrétée normale.

Il n'en est pourtant rien. Le parfait athlète n'est point gras et son squelette impeccable transparaît sous le muscle élégant. Nous ne voulons pas dire que tous les naturistes sont des athlètes parfaits. Reconnaissons, au contraire, que la proportion d'organismes tarés est ici en proportions assez grandes. Mais reconnaissons, en retour, que ces organismes débiles ne sont point de ceux qui encombrent les sanas et les hôpitaux. Le naturiste malade vit sa vie, travaille, produit et n'est-ce pas déjà un miracle que l'être condamné par la Faculté et dont les perspectives de vie n'étaient qu'une lamentable dégénérescence, se retrouve au moins aussi normal que ceux qui prétendent lui donner des leçons de santé ?

Si l'on devient naturiste d'ailleurs, c'est en général parce qu'il n'était plus possible de rester carnivore et pourquoi ne point vouloir admettre que celui qui fit l'expérience des méfaits de l'omnivorisme et des avantages du fruitarisme n'en tire pas les conclusions ? Deux expériences valent mieux qu'une.

Quand la Faculté aura scientifiquement réalisé une tentative végétarienne, elle pourra, en toute connaissance de cause, en proclamer les méfaits. Une condamnation sans preuves ne peut être valable parce qu'elle a contre elle les droits de la logique et de l'expérience

Essayons de poser plus dialectiquement le problème de la santé.

Le fait essentiel est que la matière organique participe tout comme l'Univers à des changements successifs. Ces changements. sont tout d'abord :

1° Conditionnés par le milieu. Ainsi, le topinambour cultivé en montagne est sans feuille et s'étale sur le sol ; dans la vallée, au contraire, il possède une tige dressée et feuillue. Les moutons d'une même espèce pâturant en Ohio ou au Texas ont des laines de qualités différentes. L'hermine des régions scandinaves est blanche l'hiver et rousse l'été. « De même que l'eau, sans changer de composition, peut prendre des aspects différents selon les conditions de température, les animaux, les végétaux sont polymorphes selon les conditions de milieu » (Paul BRIEU : Signification biologique de l'Education.).

2° Ces changements semblent dépendre aussi d’interractions matérielles dans l'organisme. On a démontré expérimentalement. que des sécrétions internes appelées hormones, déversées dans le sang, exerçaient sur le métabolisme et sur la forme de l'organisme une influence caractérisée. Ainsi, c'est, paraît-il, une hormone secrétée par le pancréas qui règle la sécrétion du foie en ce qui concerne le taux du sucre dans le sang.

Une poule privée d'ovaires et traitée par des hormones sexuelles mâles, prend l'allure du coq, des ergots, une crête et la voix claironnante.

Laquelle de ces deux influences semble être la plus décisive ; l'influence du milieu ou celle des interractions organiques ? A notre humble avis, il nous paraît que ce doivent être les influences du milieu qui, à l'aube de la vie et avant même que les organismes aient leur synthèse parfaite, ont pesé sur la matière subtile pour l'animer.

S'il est exact que des expériences de laboratoire soient susceptibles d'établir des lois, il est manifeste aussi que le laboratoire est un grand assassin de vie.

L'on démontre que la poule amputée de ses ovaires et traitée par des hormones mâles tend à prendre l’aspect extérieur du coq. Mais pourquoi lui enlever les ovaires puisqu'elle naît avec ? Et pourquoi lui injecter des hormones de coq puisqu'elle vit de graines ? La poule est née poule et le coq est né coq, avec une organisation interne et un comportement instinctif répondant à des lois naturelles. Poussant la fantaisie de l'expérience plus loin (et Dieu sait que les chirurgiens de la vivisection en sont capables !) qu'arriverait-il si sur le cou de la poule décapitée la chirurgie assez habile greffait une tête de crapaud ? Quelles lois sur l'instinct, les réflexes ou l'intelligence des bêtes ne tirerait-on pas d'une telle réussite !

On connaît le procédé : détruire la synthèse naturelle initiale et, partant des restes ,de cette synthèse et de l'intervention de facteurs extérieurs et fantaisistes, tirer des conséquences qui ne correspondent nullement à la réalité antérieure. L'expérience abracadabrante n'est plus une expérience scientifique même si elle se passe dans le laboratoire et vraiment il n'y a pas de raison pour que l'homme substitue son génie grotesque aux fatalités naturelles qui ont fait éclore la vie organisée, durable et transmissible, la vie qui, à l'instant où elle explose, délivre le miracle de la sensibilité harmonieuse.

Pour nous, le facteur milieu nous parait avoir une action éternelle sur la vie et les lois biologiques. C'est lui qui l'a déterminée parce qu'il lui fut antérieur, c'est lui qui l'a conservée avec les fluctuations heureuses ou malheureuses des conditions favorables ou péjoratives.

« Il y a, dit Marx, une loi de la nécessité que l'on ne saurait dépasser », et c'est contrecarrer la nécessité que de substituer à la vie triomphale, la vie abâtardie des laboratoires où les poules sans ovaire absorbent les hormones du coq qui semblaient destinées à prendre une toute autre voie.

Dès lors, le génie de l'homme consiste :

1° A déterminer scientifiquement dans le milieu naturel les conditions propices à la vie.

2° Connaissant ces conditions propices, à modifier le milieu insalubre dans le sens favorable.

Ainsi se réaliseraient les prévisions de Marx vis à vis de la destinée de l'homme et que le professeur Prenant résume en ceci : L'homme est un animal qui a conquis dans la Nature une place maîtresse par son travail. Grâce à ce travail, il jouit vis à vis du monde, d'une certaine liberté non pour agir arbitrairement, mais pour s'orienter selon les lois naturelles. Dans la mesure où ces lois naturelles sont connues et utilisées dans cette mesure exactement, l'homme et la société humaine sont libres.

Le milieu social capitaliste est défavorable à l'homme

Et maintenant, essayons de déterminer à quelles nécessités de milieu, l'homme du 20e siècle est soumis, et si ces conditions lui sont toutes éminemment salutaires :

On a dit et répété que notre époque est l'époque de la machine. Ce n'est pas forcément un mal, car la machine en elle-même est certainement la gloire de l'intelligence humaine. Le mal vient non de la machine, mais de l'usage qu'on en fait. Nul doute que le capitalisme en fasse un mauvais usage, car elle apparaît entre ses mains comme le plus formidable instrument de profit et d'exploitation. Dans les villes modernes, l'homme est l'esclave du machinisme irrationnel : Conditions cruelles de l'usine, de l'atelier, entassements dans les immeubles, les métros, les tramways ; habitations insalubres, manque d’air, de lumière, de repos ; vie précipitée et tapageuse ; abrutissement des spectacles, de la presse ; tout concourt à faire de l’homme actuel un être affolé, surexcité, dépravé et dont les désirs sans cesse se ramènent aux besoins immédiats de l'amour et de la nourriture.

Faisons-nous grâce du problème de l'amour dont la prostitution à grande échelle a pourtant des répercussions si désastreuses sur la santé qui nous occupe et donnons au facteur nourriture tout le poids qui lui revient.

L'homme, en fait, travaille surtout pour manger : manger à sa faim d'abord ; manger le mieux possible ensuite.

Et qu'entend-on par manger à sa faim ?

C’est, à l'ordinaire, satisfaire un instinct exaspéré par tous les excitants que dispensent la tabagie, le café, le bistrot et qui t,ransforment l'appétit en voracité insatiable.

On est obsédé de nourriture et les plus grandes victoires consistent dans la majorité des cas en goinfreries savamment calculées dont les conséquences ne se font hélas ! pas attendre.

Nous avons montré les dangers de l’omnivorisme : surcharge azotée des repas où les viandes, les fromages, les entremets aux oeufs déterminent les plats de résistance ; mélanges arbitraires d'aliments concentrés dangereux (dont les graisses et les sucres), toxiques divers des aliments commercialisés, excitants des condiments tout concourt à charger le sang en excès nutritifs, déchets toxiques et à surexciter le système nerveux à bout de résistance.

Le résultat de telles pratiques, ce sont les foules tarées qui envahissent les hôpitaux et les maisons de santé. Jamais le commerce médical ne fut aussi prospère ; l'on retient à l’avance son tour « au billard » ou à sa chambre de torture, heureux d'être parmi les favorisés et de verser des tarifs prohibitifs.

Mais, du moins, en retour de ces débours exorbitants, reconquiert-on la santé dans ces salles blanches à l'atmosphère désespérante et sans humanité ?

Il est un fait depuis longtemps établi, c'est qu'ici, la science toute puissante n'a de compte à rendre à personne. Même si tout se termine par la dernière note du cercueil, le malade ou les héritiers n'ont, dans l'aventure, aucun droit de critique, les honoraires étant proportionnels au nombre des visites et point à leur qualité.

Il serait certainement exagéré de dire que tous ceux qui franchissent le seuil de l'hôpital en sortent morts. On ne meurt pas toujours à l'hôpital, on en sort même très souvent heureux et content.

Mais heureux et content surtout de quiter ces lieux de désolation où les minutes sont comptées une à une dans la solitude des détresses personnelles. Et qu'advient-il de la santé ? Ma foi, c'est toujours chez soi, en famille, que l'on se remet de ce mauvais passage. On dit, en général, qu'une opération a réussi quant on n'en est pas mort... Ce que l'on sait pourtant, c'est que les grandes épreuves de l'hôpital laissent toujours ceux qui en ont triomphé dans une grave fragilité Organique, un état de santé diminué.

L'opéré reste un mutilé ; le typhoïdique un aspirant perpétuel à la neurasthénie ; le pulmonaire un candidat à la tuberculose. Les résultats sont à ce point décevants que l'on se demande s'ils auraient été pires en laissant agir, sans intervention arbitraire, ce qu'Hypocrate appelait : la Nature médicatrice.

Erreurs de la Médecine classique

Il apparaît que là-dessus les praticiens eux-mêmes ne se font pas grande illusion ;

« Erigeant en principe leur indifférence thérapeutique, dit le Dr Allendy (Essai sur la guérison, Denoël et Steele, Paris.), les médecins officiels ont tacitement décidé de se borner au rôle d'experts capables de donner un avis sur la nature des lésions anatomiques qu'on trouverait à l'autopsie, la place exacte de la manifestation morbide dans la nosographie admise... La thérapeutique n'est enfin qu'une concession faite à l'attente du client. Beaucoup constatant la vanité des moyens dont ils disposent et l'inefficacité de leurs prescriptions, en concluant qu'il n'existe pas de méthode pour guérir et ne tardent pas à mépriser comme indigne d'eux ce qui devrait être l'idéal suprême de la médecine. »

En général, les docteurs s'étonnent eux-mêmes des succès de leurs cures et s'émerveillent sans réserves devant les possibilités de la Nature.

Constatant en leur état d'esprit cette confiance en la Nature, on est étonné de leur voir pratiquer une thérapeutique aussi arbitraire et brutale sans essayer de tenir compte de ces possibilités réactionnelles de l'organisme.

Dans son ouvrage remarquable, « Essai sur la guérison », le Dr Allendy dont la personnalité médicale est empreinte de tant de logique et d'intelligence, situe avec une totale compréhension, l’œuvre médicale.

« Quand on passe en revue toute la thérapeutique courante, on s'aperçoit qu'égarée par l'idée de la maladie locale ou par la croyance à l'étiologie suffisante par le microbe, elle se borne à être presque toujours simplement palliative, dirigée non contre l'entité morbide qui est dynamique, centrale, générale, mais contre tel ou tel symptôme gênant. Elle se borne à supprimer la douleur par les narcotiques, à inhiber les diarrhées en paralysant l'intestin par l'opium, à irriter le colon constipé par des drastiques. Elle lutte contre l'insomnie par des soporifiques, contre l'anorexie, par les amers qui brûlent la muqueuse gastrique et requièrent des substances neutres pour les diluer. La plus absurde invention est peut-être l'emploi des antithermiques, comme si l'hyperthermie était une maladie et non une réaction de défense... C'est parce qu'on a une vision trop rétrécie de la maladie qu'on tombe dans l'erreur palliative. »

Faire de l'agent microbien la cause essentielle de détermination morbide, alors qu'il n'en est que la conséquence, c'est commettre peut-être la plus lourde faute dans le traitement curatif.

« La grande erreur, dit Carton (Traitements naturistes pratiques. Maloine, éditeur.), c'est d'avoir cru à l'exclusivité des agents microbiens et d'avoir négligé à la suite des découvertes pasteuriennes le facteur principal de la santé : l'état de résistance et d'immunité naturelle du terrain, de l'organisme humain. »

Or, que prouvent les expériences de Pasteur, antérieures à la pratique des vaccins ? Elles prouvent essentiellement que le terrain est tout et que ce n'est qu'à la faveur d'un terrain taré que le microbe s'installe et prolifère.

Redonner au terrain sa pureté, c'est-à-dire son immunité naturelle, tel apparaît être d'abord la première tentative qui sera la gloire de l'Ecole Naturiste.

Agir sur le microbe par les pratiques de la sérothérapie, c'est agir avec autant d'intelligence que de proposer des gobe-mouches dans les cuisines malpropres où les restes alimentaires, les relents, la crasse entretiennent, malgré tous les palliatifs possibles, des nuées d'insectes.

On allèguera que le vaccin détermine dans l'organisme une immunité au microbe et que l'expérience montre que les vaccins préventifs ont diminué dans de très grandes proportions le nombre des contaminés.

Est-ce vraiment très exact ? En ce qui concerne la diphtérie, par exemple, les faits ne semblent pas donner raison aux prétentions médicales. Car jamais les cas de diphtérie n'ont été aussi fréquents et aussi aigus que depuis ces dernières années où la vaccination antidiphtérique est obligatoire. Pour notre part, nous avons vu des enfants vaccinés prendre la diphtérie et en mourir malgré une seconde vaccination. Pour ce qui concerne la vaccination antituberculeuse, les accidents ne se comptent plus, tant ils sont légion et les événements de Lubeck ont heureusement ouvert les yeux à beaucoup de gens.

On finit par considérer la vaccination comme un tabou légal, exigé dans les écoles et les administrations, à tel point que partout on la subit sans aucun sens critique.

Nombreux sont pourtant les usagers qui protestent contre cet état de fait et nombreux sont les praticiens qui, à l'heure actuelle, s'insurgent contre de tels procédés.

Le grand reproche que font à la vaccination les docteurs naturistes, c'est de ruiner l'immunité native de l'organisme.

« Les vaccinations multiples dont la rage sévit à l'heure actuelle en médecine infantile, dit Carton, constituent un danger pour la résistance future de l'enfant et de la race. En effet, toute injection d'un poison microbien ou d'une albumine hétérogène apporte une tare humorale, désorganise la spécificité individuelle, salit le sang, fatigue les émonctoires et prépare des épuisements, et des transformations morbides plus graves que celles que l'on supprime artificiellement. »

Et c'est, en effet, la séquelle des accidents morbides consécutifs aux vaccinations préventives que le Dr Allendy dénonce : (Essai sur la guérison. Dr Allendy, Denoël et Steele, Paris)

« Les vaccinations préventives, pratiquées systématiquement comportent le maigre avantage d'être préservé, si tant est que la vaccination soit parfaitement efficace, pendant un temps donné, d'une maladie dont on n'aurait eu que peu de chances d'être atteint... Par contre, c'est un terrible inconvénient que d'être, par cette vaccination, prédisposé à une autre affection plus chronique, donc plus mortelle... »

Il ne fait aucun doute que, malgré les vaccinations intempestives, le nombre de maladies augmente dans des proportions inquiétantes. La responsabilité des vaccins entre-t-elle en ligne de compte ? C'est l'opinion du Dr Héricourt :

« Les méfaits causés par la vaccination antityphoïdique consistent en réactivations d'infections chroniques entrées dans l'état de sommeil et en aggravation de troubles liés à des insuffisances organiques chez les cardiaques, les rénaux, les hépatiques... La conclusion rigoureuse à déduire de ces observations, c'est que les vaccinations peuvent provoquer des modifications du terrain organique se traduisant par un fléchissement de ses dépenses normales, c'est-à-dire, en réalité, par la création d'aptitudes morbides nouvelles... Dans les 25 dernières années. nous avons vu naître deux nouvelles maladies : la méningite cérébro-spinale et l'encéphalite léthargique… », la polyomiélithe et le pourcentage impressionnant de maladies mentales.

Il apparaît d'ailleurs que le problème de la contagion n'ait pas été posé sous un aspect vraiment scientifique. De bonnes raisons semblent postuler contre l'idée de la contagion par simple transmission d'agents pathogènes. Il y a surtout des conditions de milieu qui déclanchent des maladies généralisées. Nul doute que le froid et les goinfreries de Noël prédisposent à la grippe; que l'eau souillée, l'alimentation échauffante, la canicule ne déclenchent des congestions intestinales dont la typhoïde est l’appellation générale. La contagion apparaît en somme comme le résultat de deux carences combinées : carence du milieu et fléchissement des immunités naturelles.

Il est possible de réparer ce fâcheux contretemps. Et tout d'abord il faut admettre que l'immunité est une propriété de la cellule normale. La preuve en est que les. nourrissons sont rebelles aux maladies infectieuses à leur naissance et ont peu de risques ,de les contracter pendant la première année de leur vie, c'est-à-dire pendant l'allaitement.

Des enquêtes ont montré que la fièvre typhoïde est exceptionnelle avant deux ans ; que la tuberculose est toujours négative à la naissance et ne donne à 1 an que 12 % de résultats positifs. La scarlatine est excessivement rare après 6 mois. Une mère scarlatineuse peut même nourrir son enfant sans le contaminer. La coqueluche est exceptionnelle avant 6 mois ; la rougeole est rare avant 1 an. La diphtérie est rare à 6 mois. On n'a publié depuis 20 ans, dit Car,ton, que 7 cas de diphtérie avant l'âge de 2 mois....

De cela il ressort que l'enfant au sein est peu vulnérable aux épidémies et la raison en est dans le régime alimentaire approprié. Au sevrage commencent les erreurs de régime qui vicient le sang et, les humeurs et déclenchent l'infection organique. En un mot. la maladie vient à la suite des erreurs du milieu alimentaire.

Et dès lors, le problème de la santé se pose de façon très simple en dehors de la Faculté et de ses vaccins, de ses rayons plus ou moins X.... puisqu'il se résoud en un milieu alimentaire convenable.

Nous avons donné toutes les raisons qui nous faisaient postuler pour un régime fruitarien ; nous y ajouterons le poids de notre expérience personnelle qui s'échelonne sur dix ans de pratique et qui se généralise quotidiennement sur quelque cinquante enfants, venus de tous les milieux et chargés d'hérédités différentes.

Et notre conclusion sera celle-ci :

La vie est un phénomène banal et simple. Il n'est pas difficile de vivre. Cela ne demande aucun génie puisque la taupe la plus obtuse, la linote la plus écervelée s'en tirent de façon remarquable. Mais à défaut de génie, cela demande tout au moins le courage de renoncer à des habitudes, à des plaisirs incontrôlés, à un conformisme facile et le simple désir de faire honneur à l'intelligence humaine et à son bon sens. A tout prendre, l'homme qui joue avec la maladie jusqu'au jour où il en est la victime, n'est pas tellement malin.

Mais si le génie s'allie à la santé, de quelles conquêtes ne sera-t-il pas capable pour faire de celui qui marche droit, l’être vraiment le plus privilégié du monde parce que le plus uniformément heureux.

Elise FREINET.

A paraître prochainement :
Elise FREINET : La santé de l'enfant
Editions de l'Imprimerie à l'Ecole
VENCE (A.-M.)

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