PUBLICATION MENSUELLE

N° 74 JUILLET 1952

 

Brochures

d'Education Nouvelle

Populaire

 

MARCEL LEROY

et les membres de l'équipe « Folklore »

de l'I.C.E.M.

 

LE FOLKLORE

 

Editions de l'Ecole Moderne Française

CANNES (ALPES-MARITIMES)

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MARCEL LEROY

et les membres de l'équipe « Folklore »

de l'I.C.E.M.

 

LE FOLKLORE

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PRÉFACE

 

Folklore ! Ce mot universellement adopté désormais pour désigner les « Arts et les Traditions populaires », commence à avoir chez nous droit de cité. Il émaille les articles de presse ou de revues, il flamboie sur les affiches multicolores, il sonne à nos oreilles au cours des émissions radiophoniques. Il fait tout de suite image évoquant telle Bretonne en coiffe et costume d'Armor, tel tambourinaire provençal au rythme lancinant, tel danseur basque sur son chevalet archaïque, telle ducasse ou vogue étourdissante, telle fête corporative singulière, tel carnaval ou feu de la Saint-Jean...

 

Mais il coiffe aussi bien le pire que le meilleur ; il y a le faux folklore reconstitué, à buts publicitaires, qui choque notre goût de l'authentique et on a vite fait de baptiser Folklore n'importe quoi. Il apparaît donc urgent et utile de fixer ses limites et d'exposer ses éléments à ceux-mêmes qui sont ses plus sûrs mainteneurs : aux enfants.

 

C'est ce qu'a bien senti depuis longtemps le sensible et sympathique éducateur qui nous donne cette notice, fruit de ses patientes et pertinentes observations.

 

Définir le Folklore en termes précis et immuables ? Laissons cela aux savants de demain. Aujourd'hui une seule chose importe : recueillir d'extrême urgence ce qui subsiste de nos coutumes avant que leur souvenir disparaisse à jamais. Déjà il est trop lard, bien souvent, pour sauver certains détails circonstanciés faute d'avoir capté le témoignage des « Anciens ». Enquêtons sans perdre une minute, amassons pieusement les faits suggérés par les questionnaires (et d'autres qu'ils n'ont pas prévu...) On moissonne avant de lier les gerbes, de battre les épis, de moudre le grain, de manger le pain... c'est la logique même.

 

Point n'est besoin de connaissances spéciales, le seul goût de la recherche, une absolue sincérité, une grande précision dans les détails suffisent, avec un rien de psychologie, pour faire de l'enquêteur l'égal du savant qui utilisera ses trouvailles en lui reconnaissant pour toujours un droit de paternité flatteur et bien mérité.

 

« Faire le plein », tout est là ; après quoi, de la masse des matériaux réunis, surgiront des constantes, des normes, des comparaisons et se dégageront des lois qui établiront le Folklore en tant que science, entre l'Ethnographie et la Géographie humaine. N'attendons pas ce stade pour prendre conscience de l'utilité éducative du Folklore, cette « lettre de noblesse du peuple ». Observons et notons les palpitations de l'immense coeur populaire, ces émois de l'âme collective, prodigieux créateurs de ces pittoresques usages aux scénarios improvisés par la féconde imagination paysanne.

 

De là sont nés bien des Arts dits « majeurs » : le théâtre, comique et tragique la musique et la danse et l'Art tout court dont l'art populaire est le balbutiement Les auteurs et les artistes les plus éprouvés ne cessent-ils pas de se rafraîchir à cette source ?

 

Et ceci est valable pour tous les villages, pour toutes les provinces pour toutes les nations, car le Folklore possède en lui le ferment d'une véritable internationale : celle des coeurs purs pour qui coutumes, légendes et chants populaires étalent les mêmes thèmes sous toutes les latitudes.

 

Thèmes éternels de la souffrance et de l'espérance humaines, étonnamment identiques donc fraternels, qui forment une ronde magique autour du monde et qui feront, c'est notre conviction profonde pour un prochain demain, à tous les gars du monde se serrer la main...

 

Roger LECOTTÉ,

Secrétaire général

de la Fédération folklorique d'Ile-de-France.

 

 

QU'EST-CE QUE LE FOLKLORE ?

 

Les spécialistes ont longuement discuté, sans en donner une définition exacte. C'est l'étude, la connaissance du peuple, c'est une nouvelle science qui étudie tout ce qui est populaire, vie urbaine ou vie rurale. Son domaine est vaste et varié ; il intéresse tout le monde puisqu'il étudie les modes de vie de nos contemporains. La recherche des faits du passé intervient ici en tant qu'élément de comparaison. Les travaux des folkloristes peuvent être classés en quatre groupes principaux :

 

1° recherche des documents (archives et enquêtes) ;

2° classement méthodique ;

3° comparaison ;

4° explication et interprétation.

 

DOMAINE DU FOLKLORE

 

A l'origine, il était assez restreint et s'appliquait seulement aux contes, légendes et chansons transmis oralement dans nos campagnes. Mais l'activité des paysans manifeste aussi bien son originalité dans l'arrangement des cérémonies de toute sorte, dans les pélerinages comme dans les rites qui accompagnent chaque acte de la vie (naissance, mariage, funérailles, par exemple). L'activité des paysans montre également son originalité dans la création ou la modification des moindres témoins de la vie ; objets à usage quotidien, costumes, etc...

 

Les folkloristes l'ont bien compris et les noms de Paul Sébillot, et plus près de nous de Van Gennep, resteront toujours attachés aux progrès de cette science. Ce dernier, dans son Manuel de Folklore, en cours d'édition et qui fait déjà autorité dans le monde entier, a créé une véritable méthode du folklore.

 

Le domaine s'est donc considérablement élargi et ses diverses branches touchent aussi bien à l'étude de l'histoire de la musique, des arts décoratifs, qu'à celles de la sociologie, de la psychologie, de la philologie, de l'ethnographie, de la technologie, de la toponymie, de la géographie humaine, etc., etc... Les frontières, avec ces sciences, ne sont pas toujours bien nettes, elles sont diverses avec le temps même. L'étude du folklore n'est pas unique, toute liée qu'elle soit avec la condition du peuple, et avec les événements d'ordre politique ou économique.

 

Mais toute la raison d'être du Folklore est son caractère populaire, l'élément de la vie sociale dont il s'occupe en premier lieu. Les chansons folkloriques n'ont pas un auteur particulier, ne datent pas d'une époque particulière et les diverses régions en connaissent même des versions différentes, marques du temps ou d'événements ayant procédé à leur diffusion. C'est une création collective à caractère mouvant.

 

L'industrialisation, la fabrication en série sont des limitations sérieuses à la science folklorique, car elles font disparaître de plus en plus les arts mineurs, à la base de tant de chefs-d'oeuvre populaires, car elles desservent jusqu'à les faire disparaître, les charmantes coutumes présidant aux actes divers des corps de métiers.

 

Et surtout, sachons bien que le folklore n'est pas seulement « historique ». Ce qui l'intéresse, c'est le fait vivant réel. C'est bien de recueillir un objet et de le conserver dans un musée, mais ce qui est plus utile de connaître, c'est l'emploi actuel de l'objet et les survivances du passé dans cet emploi.

 

RECHERCHE DES DOCUMENTS

 

La méthode d'observation, dite « enquête sur le terrain », doit être la première employée, puisque le folklore s'occupe de faits vivants. Ce qui rebute souvent le débutant, c'est que le fait folklorique n'est pas unique et que l'observateur se trouve obligé à noter en même temps plusieurs faits de détails groupés autour d'un noyau central pour que son observation soit valable. Mais n'est-ce pas là aussi, pour un esprit curieux, un surcroît d'intérêt ?

 

ENQUETE A L'ÉCOLE

 

Pour l'instituteur, l'enquête à l'école doit être un premier point de départ. Un jeu d'enfant, un mot de patois, un texte peuvent donner lieu à une enquête intéressante.

 

Voici deux textes simples qui le montreront :

 

« Hier soir, nous étions réunis chez ma voisine pour tirer les rois.

Maman coupe la galette, la dispose sur un grand plat et nous la présente. Elle me tend le plat le premier, car je suis le plus jeune. Pour éviter de trouver le petit objet, je prends un morceau de galette qui n’est pas en face de moi. Maman achève la distribution.

Stupéfaction ! En mordant le gâteau, je sens quelque chose qui résiste à mes dents ;.je le sors : c'est un petit lapin blanc. Tout le monde s'écrie : « C'est Jeannot le Roi. » 0n me place une couronne sur la tête. Je fais le tour de la table pour choisir une reine. Je l'embrasse et reviens à ma chaise. Tout le monde veut que la reine et moi chantions. Nous ne nous faisons pas prier pour éviter de payer une bouteille. La fête se poursuit par des chants et des histoires.

Nous avons bu dit champagne, car beaucoup n'eurent pas la bonne volonté de faire entendre leur voix.

Nous sommes allés nous coucher très tard. »

 

Jean MAURANNE.

 

« Chez ma tante »

 

« Jeudi 6 mars, nous sommes allés à Soissons courir le cross d'arrondissement.

Nous nous promenons dans la ville, nous nous arrêtons près du Marché Couvert. Nous avons soif. Nous nous souvenons que l'année précédente nous sommes allés dans un café qui s'appelait « Chez ma tante ». Nous voyons l'enseigne, entrons et demandons une bouteille de limonade... »

 

Henri KAMPLIN.

 

Ces deux textes permettront au maitre d'établir séance tenante des questionnaires simples et les réponses des élèves donneront des résultats statistiques, que les folkloristes ont d'ordinaire tant de mal à réunir.

 

La Galette des Rois :

 

1. A-t-on tiré les rois dans votre famille ?

2. Comment et où était faite la galette ?

3. Comment ont été réparties, les parts ? (part du pauvre ?)

4. Que représentait l'objet placé dans la galette (fèvre, baigneur, lapin, sabot, etc...) ?

5. Quels étaient les insignes de la royauté ? (couronnes dorées, etc...)

6. Qu'a fait le roi ? (choix d'une reine, offre de boisson, d'un cadeau).

7. Qu'ont fait les invités ? « Le roi boit », chansons ? bouche essuyée…

8. Fête-t-on toujours ainsi les Rois dans votre famille ?

9. Une anecdote amusante racontée par grand-mère.

 

Les Enseignes :

 

1. Relève les enseignes des commerçants de ta rue, du village.

2. Dessine-les et classe-les en deux catégories : enseignes publicitaires (réclames) et enseignes particulières.

3. Enseignes disparues. Interroge tes parents et tes grands-parents sur les enseignes qu'ils ont connues. Essaie d'expliquer leur origine.

4. Dessine également les girouettes particulières de ton village qui forment enseigne.

5. Essaie d'expliquer en quelques mots le rôle des enseignes.

 

Les réponses pourront être étudiées collectivement, pour le plus grand profit de tous. La part du maître consistera à expliquer l'origine de la galette des Rois comme celle des enseignes (à moins que le fichier permette un exposé d'élève). Collectivement encore il sera utile de comparer les coutumes régionales à celles qu'ont décrites les correspondants (dépouillement des journaux scolaires) ou les grands auteurs (dépouillement des livres de lecture et des ouvrages spécialisés).

 

L'expérience prouve que les sujets folkloriques intéressent beaucoup nos enfants, et leurs parents. A l'occasion d'un fait actuel, c'est avec joie que nos élèves s'attacheront à son étude et à sa reconstitution dans le passé.

 

Si de telles enquêtes révèlent au maître des faits nouveaux, il prendra soin de les vérifier par un contact personnel avec le narrateur (les enfants ont bien souvent l'imagination trop fertile).

 

ET A LA MAISON

 

En liaison avec les fêtes du pays, les cérémonies agricoles ou autres (superstitions) et dans le cadre général de l'étude du milieu local, des questionnaires peuvent être proposés et donner lieu à des enquêtes réalisées à la maison (la grand-mère sera souvent moins méfiante à l'égard de son petit-fils que du folkloriste). Dans ce cas il est souvent bon d'amorcer le sujet par le récit de ce qui se fait ou se faisait dans une autre région.

 

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ENQUÊTE A LA MAIRIE

 

Les enquêtes sont obligatoirement limitées dans le temps. Le recours aux archives communales donne souvent des compléments intéressants surtout si les élèves peuvent être mis en présence des documents. L'étude de la série « Police » permettra de découvrir des interdictions de jeux considérés comme trop violents (la soule par exemple), de pratique, dangereuse (charivaris, feux de St-Jean, jeux du Carnaval) ; les procès de sorcellerie sont innombrables. Les sociétés d'archers et de tireurs sont généralement bien représentées dans les archives.

 

Pour compléter les informations locales et satisfaire la curiosité éveillée chez nos élèves, on prendra contact avec l'archiviste départemental auprès duquel le maître pourra se documenter.

 

CLASSEMENT - COMPARAISON

INTERPRÉTATION DES DOCUMENTS

 

Les enquêtes si intéressantes qu'elles soient ne satisferont pas complètement le désir de savoir des élèves, ni celui du maître.

 

La correspondance interscolaire aidera beaucoup à ce sujet ; elle incitera les enfants à comparer les coutumes et traditions des diverses régions. Le recours à des ouvrages spécialisés est également conseillé, ainsi que l'abonnement à la revue folklorique régionale.

 

L'interprétation, est quelque chose de plus délicat, réservé aux spécialistes. Elle peut néanmoins être amorcée avec les enfants ; au maître de la compléter si le folklore l'intéresse et s'il possède les documents nécessaires.

 

EXEMPLE D'EXPLOITATION D'UN THÈME FOLKLORIQUE

par R. BucHE, instituteur, Lafage (Corrèze.

 

TEXTE LIBRE

SERVANT DE POINT DE DÉPART

LES RÉVEILLERS

 

(Les quêteurs d'oeufs)

à Darazac (Corrèze).

 

Samedi dernier, à peine étions-nous couchés que nous entendons frapper à la porte. Papa demande : « Qui est là ? »

- Ce sont les « réveillers ». Pouvonsnous chanter ?

- Mais oui ! »

Alors, d'une voix dolente et monotone, un des chanteurs entonne la « Passion de Jésus-Christ », accompagné par les sons aigres et plaintifs d'un accordéon. Bientôt tous reprennent en choeur la vieille cantilène.

Quelle joie pour moi qui n'avais encore jamais entendu les quêteurs d'œufs ! J'ai sorti ma tête des couvertures pour ne perdre aucune des paroles. Je désirais bien me lever tout à fait pour voir le spectacle de plus près, mais je n'ai pas osé.

Le chant fini, les « réveillers » crient de toutes leurs forces : « coquerico ! » Papa se lève et leur donne trois oeufs. Les quêteurs remercient par un refrain de circonstance et disparaissent dans la nuit.

 

Marie ESCULE, 11 ans 1/2.

 

EXPLOITATION PÉDAGOGIQUE DU TEXTE :

 

(Cours moyen et fin d'études)

 

- Plan de travail hebdomadaire.

 

Centre d'intérêt : Les oeufs de Pâques la quête des oeufs. Numéro au fichier 505 PA.

 

1 - Activités fonctionnelles :

 

J'ai vu et entendu les quêteurs d'œufs ; j'ai participé à une quête des oeufs ou assisté au repas qui a suivi.

- Maman confectionne une « pascade » (omelette de Pâques) ou des crêpes ou une autre pâtisserie locale pour la fête de Pâques.

- Je recueille auprès de personnes âgées les vieilles chansons et complaintes des quêteurs d'oeufs (chants de la Passion, ignolées, etc.).

- Je confectionne des oeufs de Pâques je joue avec.

- Je recherche dans la Gerbe, dans les journaux des correspondants, etc., les documents se rapportant aux oeufs de Pâques, à la quête des oeufs.

- J'examine des reproductions de tableaux célèbres représentant des scènes de la Passion (légendes chrétiennes).

 

2. - Activités techniques

 

a) Dessin : Je dessine un oeuf de Pâques ; j'apprends à tracer l'ove au compas ; je grave un lino pour illustrer le texte.

b) Travail manuel : Je modèle un ceuf. Je vide un oeuf, je le peins, je l'entoure d'une faveur pour en faire un oeuf de Pâques. Cuisine (filles) : un gâteau de Pâques, une crème aux oeufs.

 

d) Chant : Le chant local des quêteurs d'oeufs ou un chant d'une autre région. Exemple : La Ignolée (chanson de quête du Canada).

 

e) Lecture. Exemple de lectures possibles : Les oeufs rouges (A. France) ; les crêpes (H. Malot). Autres textes extraits de la Gerbe, de revues locales, etc.

 

3. - Connaissances

 

a) Grammaire et conjugaison. Orthographe. Exemple de dictée de contrôle avec questions d'examen : Les distractions d'un jeune paysan limousin (Marcelle Tinayre).

 

Nul mieux que lui ne virait la bourrée aux « votes » (fêtes locales) ; nul n'avait plus de devinettes et de contes à dire aux veillées. Les soirs de décembre quand l' « avènement » (annonce de Noël) sonne à tous les clochers et que le vieux Noël approche portant l'hiver en son bissac, il faisait hardiment trois lieues dans la neige et dans la nuit, suivant les garçons... Et, venue la sainte semaine, la semaine noire, aucun des « aguilaneufs » qui vont chanter la Passion aux portes des chrétiens ne recevait de plus gros oeufs et des pommes plus belles, des pommes rouges comme les joues de Jeanneton.

 

Questions : Comment est formé le mot « bissac » ? Qu'est-ce qu'un bissac ? Trouve trois autres mots formés avec le même préfixe.

 

- Donne un homonyme de « lieue » et      emploie-le dans une phrase.

- A quels modes sont employés les verbes de la dictée ? Analyse : tous (les clochers) ; nul ; trois (lieues) ; Jeanneton.

 

b) Vocabulaire. Idée de chant : chanson, complainte, rengaine, cantilène, mélopée, romance, aubade, sérénade, etc...

 

- Noms donnés aux chants de quête      suivant les régions (enquête à faire auprès des correspondants) ; passions, réveillers, ignolées, aguilaneufs, etc...

- Famille de oeuf (Racine : ov.).

 

c) Rédaction pratique : Des quêteurs d'oeufs ayant causé des déprédations dans la ferme de mes parents, je porte plainte contre inconnu. (Fin d'études).

 

d) Calcul. Enquête :Prix des oeufs en cette saison ; comparer avec le prix aux autres saisons de l'année.

 

- Nombre d'oeufs pondus en une semaine par une poule en cette saison ; comparer avec d'autres périodes de l'année. Tirer une conclusion relative à la quête des oeufs.

 

Problèmes. - Nombre d'oeufs récoltés par une équipe de quêteurs ; valeur de ces œufs ; part de chaque quêteur.

 

-- Distance parcourue par les quêteurs en fonction de la vitesse et du temps ; trajet parcouru d'après la carte ; usage de l'échelle. Ex. Enoncé fourni par un élève : Un groupe de quêteurs d'oeufs part à 19 h 30 m. et il est de retour à 4 h 45 m. Sachant que les quêteurs marchent une vitesse moyenne de 4 km. à l'heure et qu'ils ont fait, pour chanter et récolter les oeufs, 42 haltes de chacune 5 minutes, on voudrait savoir quelle distance approximative ils ont parcourue au cours de leur randonnée.

 

e) Sciences : C.M. et F.E. Etude de l'oeuf, description, composition, valeur alimentaire, - F.E. garçons : l'incubation ; filles : usages culinaires des oeufs.

 

f) Géographie : L'orientation pendant la nuit ; usage de la boussole.

- Usage de la carte d'état-major échelle, orientation, signes conventionnels.

- Régions de France et pays du monde      grands producteurs d'oeufs.

- Régions de France où l'on pratique la quête des oeufs (les situer sur la carte) ; pays qui ont des coutumes spéciales relatives aux ceufs de Pâques (les situer sur la carte), sur le globe).

 

g) Histoire. Commentaire du chant de quête local « La Passion de Jésus-Christ » dont le texte, contenu dans un manuscrit de la bibliothèque de Clermont, remonte au Xe siècle : les origines du christianisme, le christianisme prêché en Gaule ; la foi au Moyen Age et les superstitions ; évolution des croyances.

- La quête des oeufs, (les oeufs de Pâques) dans le passé : origine de ces coutumes, leur évolution, leur état actuel ; incidents provoqués et législation.

 

Exemple trouvé dans un vieux journal :

« Il y a ... ans, le 10 avril 1887, à Rosiers d'Egletons (Corrèze), quatre jeunes domestiques étant allés, à l'approche de Pâques, chanter des couplets de la Passion devant la porte d'un fermier, une dispute éclata.

Le cultivateur, ayant été injurié, prit une forte perche, en asséna un violent coup sur la tête de l'un des chanteurs, et lui fendit le crâne. »

 

- Contes, légendes, superstitions se rapportant à la quête des oeufs ; chants de quête. (Enquête auprès des vieux du pays),

 

CONCLUSION - RÉSULTATS OBTENUS

 

Cette exploitation d'un thème folklorique vraiment populaire, dans la région, a vivement intéressé les enfants. Les enquêtes auprès de la population adulte et des correspondants ont été sérieusement, effectuées ; il en est résulté quelques exposés d'élèves fort documentés non seulement au point de vue folklore mais aussi en histoire, géographie, calcul...

 

Toutes les matières d'enseignement ont bénéficié d'une telle étude. Valeur morale indéniable : respect du passé, tolérance, etc...

 

ÉTUDE DU FOLKLORE

 

Nous avons emprunté à Van Gennep le plan général, aujourd'hui admis par tous les chercheurs, et dirons ci-dessous ce qu'il est possible de faire dans chaque branche du folklore.

 

Rites de passage :

 

I - DU BERCEAU A LA TOMBE

 

« Les rites ou cérémonies de passage sont ceux qui accompagnent tout changement de place, d'état, de situation sociale et d'âge ». Ces cérémonies familiales, parce qu'elles sont conditionnées par notre vie même, sont les plus caractérisées.

 

Certaines pratiques consistaient à conjurer le mauvais sort : la future maman ne doit pas regarder d'étoffes rouges, elle évitera de monter à cheval (son enfant aurait une joue plus grosse que l'autre), d'autres à favoriser les influences heureuses : porter une ceinture bénite, examiner les lunaisons.

 

La première enfance est « remplie d'actes dont certains se rapportent à des croyances de magie datant des époques les plus reculées.

 

Les formulettes et comptines sont souvent empreintes d'une fantaisie charmante, des recueils copieux en ont déjà été établis. Les premiers pas, la première dent qui tombe... autant d'actes simples de la vie, qui s'accompagnent de rites. A Dakar, l'enfant qui perd une dent se met à danser, et la jette dans la direction du village de son oncle maternel, sinon elle ne poussera pas. Le folklore colonial est d'ailleurs très riche en coutumes originales et toujours actuelles. En Guinée par exemple, l'opération de la circoncision donne lieu à une véritable fête. Toute la nuit la précédant, est passée à danser. Le matin, alors que les enfants accompagnés de l'opérateur se dirigent vers la brousse, les mères et soeurs se lamentent. La danse devient pitoyable et tous les spectateurs attendent avec impatience le résultat de l'opération.

 

Les présages de mariage sont nombreux et variés : cueillir l'herbe de Saint-Jean, danser autour du feu. La demande en mariage (qui donne lieu dans certaines provinces à un véritable jeu), les noces, autant de sujets de pratiques plus ou moins fondées, plus ou moins raisonnées, qui se sont transmises, souvent bien déformées, de génération en génération.

 

Aussitôt après le décès on arrête le grand balancier de l'horloge qui n'a plus à marquer d'heures pour le défunt ; on couvre les glaces d'un voile blanc pour que l'âme qui rôde dans la maison ne se voie pas avant d'aller au ciel. La ruche portera le deuil de son maître. Ces coutumes sont souvent les restes de religions antiques très antérieures au christianisme. Dans de nombreuses localités subsiste un repas funéraire consécutif aux funérailles et auquel doivent assister tous les membres de la famille, survivance des repas funéraires romains, ou pré-romains.

 

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1. – NAISSANCE :

 

Avant : Prières, Pèlerinages ou pratiques superstitieuses pour avoir des enfants ou n'en pas avoir. Prédiction du sexe de l'enfant : divination (pendules), lunaisons, dictons. Envies et dégoûts.

Pendant : Traditions d'accouchement : sage-femme, médecin, voisins. Influence moment de l'accouchement sur l'enfant. Premier cri. Ressemblances.

Après : Lactation, relevailles. Objets protecteurs : médailles, cordons, amulettes.

 

2. – BAPTÊME :

 

Choix des prénoms. Choix parrains et marraines. Cortège, aller, retour. Cérémonie du baptême. Sonneries de cloches. Dragées. Sous jetés. Repas de baptême. Rapports entre parrains et marraines. Leur rôle ultérieur vis-à-vis de l'enfant.

 

3. – ENFANCE :

 

Coutumes pour apprendre à l'enfant, à parler, à marcher, à être propre. Premier mot prononcé. Première dent. Sevrage. Premiers aliments. Moyens d'amadouer ou d'effrayer enfants : fées, marchand de sable, diable, croquemitaine, ogre, nez qui remue, petit doigt qui dit tout, les cornes. Gestes, pantomime pour faire rire. Corrections : fessée, martinet. Récompenses. Fêtes enfantines. Vie scolaire : jeux, formulettes et comptines, farces, fêtes scolaires, récompenses et punitions, examens. Première communion : habillement, cadeaux, cérémonie, repas. Fêtes familiales.

 

4. – ADOLESCENCE :

 

Rites d'entrée dans l'adolescence : changement de costume, premier pantalon long. Distractions favorites : jeux, sports, promenades. Premières fréquentations. Émancipation. Apprentissage. Conscrits. Vie estudiantine.

 

5. – FIANÇAILLES :

 

Fleuretage. Moyens de se faire aimer : formulettes, présents, gages d'amour. Présage de mariage : dernière goutte de la bouteille... Actes ou dictons retardant le mariage : feuille de salade tombée... Pélerinages et foires aux fiancés.

 

Pratiques révélant l'aspect, le prénom de l'être aimé. Demande officielle et fixalion de l'accord. Intermédiaires. Présentation aux parents. Repas de fiançailles. Cadeaux. Fixation de la date du mariage. Enterrement de la vie de garçon, ou de fille. Préparatifs des noces.

 

6. – MARIAGE :

 

Interdictions populaires : parenté, carême… Bans. Invitations. Cadeaux. Trousseau. Costumes, traditions pour l'habillage. Le cortège. Garçons, demoiselles d'honneur. Musiques. Cloches. Usages à la sortie de l'église. Véhicules utilisés. Banquet : places à table, décor, gâteaux traditionnels. Coutumes : partage du voile, jarretière, bouquet. Bal. Chansons de noces. Visites de noces.

 

7. - VIE DE FAMILLE :

 

Anniversaires cadeaux, gâteaux à bougies... Fêtes cadeaux, compliments. Noces d'argent, d'or, de diamant. Familles nombreuses.

 

8. – MORT :

 

Présages de mort. Glas. Deuil des objets : pendules arrêtées, miroirs voilés. Attitude des voisins. Décor funèbre de la maison. Convoi. Cérémonie à l'église au cimetière, fleurs, condoléances, épitaphes... Repas funéraire. Deuil et sortie de deuil ; deuil des objets, des animaux. Neuvaine et bout de l'an.

 

Il. - FÊTES – CÉRÉMONIES PÉRIODIQUES

 

CYCLES SAISONNIERS

 

Certaines fêtes reviennent à dates fixes, elles sont accompagnées de rites bien définis et souvent variables suivant les régions. Dans leur cérémonial, les pratiques donnent souvent lieu a des présages et coutumes, Certaines de ces fêtes ont disparu complètement ; la plupart existent encore mais les manifestations auxquelles elles donnent lieu sont souvent moins marquées ; parfois elles ont même perdu leur caractère populaire pour devenir occasion d'exhibitions commerciales et, spectaculaires (offrande des bergers à l'église des Baux, en Provence ; Carnaval de Nice).

 

Noëls de France, et Carnaval ont déjà été étudiés et mis à la portée des enfants dans les BT 93 et 142. « Vive la St-Jean » est sous presse, mais ces sujets sont loin d'être épuisés et élèves ou maîtres doivent compléter ces brochures en les enrichissant des coutumes locales existant encore ou dont les vieux du pays (à défaut les archives communales) ont gardé le souvenir. Pâques et ses coutumes charmantes des cloches qui partent à Rorne, des oeufs durs colorés, ses jeux traditionnels (les roulées) ; les fêtes de mai, la Toussaint, etc., offrent égalenient les sujets d'enquêtes passionnant es...

 

1. - CARNAVAL – CARÊME :

 

Déguisements, quêtes et mascarades. Personnifications : le vieux et la vieille, le boeuf gras... Feux et bûchers : allumage, danses et rondes, saut du feu, emploi des cendres et tisons. Brandons mobiles. Mi-Carême, Jeux, farces.

 

2. – PAQUES :

 

Rameaux : vente buis ou laurier près des églises, bénédiction, toilette et buisage des tombes. Voyage des cloches à Rome, leur retour. Cadeaux offerts aux enfants : oeufs en sucre, en chocolat. Jeux avec œufs : toquette roulée, danse des ceufs. Etalages fleuris des bouchers le vendredi saint.

 

3. – MAI :

 

Muguet porte bonheur. Vente dans les rues. Cueillette dans les forêts voisines. Fête du travail. Arbres, branches et bouquets de mai, les mais aux filles, mai au clocher. Mois de Marie : pélerinages et processions.

 

4. – SAINT-JEAN

 

Feux et bûchers : matériaux, disposition, allumage, bénédiction. Balancine, fumage. Danses autour du feu. Emploi cendres et tisons. Herbes de la Saint-Jean.

 

5. – TOUSSAINT           ET FÊTE DES MORTS

 

Visite et toilette des tombes. Cérémonies diverses.

 

6. - DOUZE JOURS (de Noël aux Rois) :

 

Crèche. Bûches, arbres de Noël. Messe de minuit. Père Noël : souliers dans la cheminée. Chants de Noël. Veillées. 1er Janvier, étrennes, galette des rois, choix du roi et de la reine, part du pauvre.

 

FÊTES ET CÉRÉMONIES A DATES VARIABLES :

 

Ces fêtes s'intercalent entre les précédentes sans présenter des caractères aussi marqués, leur date dépend davantage des circonstances extérieures.

 

Cérémonies agraires : De tous temps, les travaux des champs ont été la grande, la principale occupation des hommes, puisqu'ils conditionnaient leur vie. Il est donc tout à fait normal que bon nombre de coutumes se soient perpétuées jusqu'à nos jours, les repas, les chants et danses ont souvent gardé leur caractère populaire.

 

Vendanges. Fenaisons, Moissons : dernière gerbe, bouquet à la porte des fermes. Passées des légumes et des fruits : foire aux haricots, passée des fraises. Bénédiction des outils.

- Veilles : Elles présentent souvent un caractère cérémoniel et les farces qui venaient souvent les égayer (comme faire descendre « le diable » par la cheminée ou arroser les veilleurs avec une seringue par le trou de la serrure) leur étaient bien particulières.

- Pain bénit, eau bénite.

-Autres fêtes périodiques,

Fêtes nationales : Jeanne d'Arc, 14 juillet - retraite aux flambeaux, bals populaires, jeux. Fêtes du pays. Foires locales. Comices agricoles.

- Cérémonies populaires à date calendaire fixe.

Il s'agit de cérémonies périodiques exécutées dans l'année à une date fixe sans que la dénomination religieuse corresponde toujours à l'élément essentiel des croyances. Chandeleur : crêpes, argent en poche, bénédiction des cierges. 1er avril : poissons, cartes postales, mystifications. Fête-Dieu. Assomption.

- Cérémonies secondaires : Culte divin : pélerinages, malades. Culte de la Sainte Vierge. Culte des saints : pélerinages, chapelles, statues.

 

III – FOLKLORE DE LA NATURE

 

Les phénomènes naturels ont toujours été entourés de croyances et coutumes parfois heureuses et nées du bon sens populaire, parfois malheureuses ou même dangereuses pour l'officiant comme celle qui consistait là sonner les cloches pendant l'orage pour préserver les récoltes de la grêle. Ils ont souvent donné lieu à une littérature populaire très abondante et très variée. De nombreux aspects anciens du folklore de la nature ont à peine vieilli dans certaines provinces où la météorologie populaire par exemple est toujours fort à l'honneur. La classification est en liaison directe avec les différents phénomènes naturels.

 

1. Le ciel : Météorologie populaire et magie agricole : dictons, croyances, rites de pluie et de sécheresse. Baromètres populaires : grenouilles, etc. Influence de la lune. Etoiles. Orage. Foudre. Prédiction du temps : d'après bruits perçus, odeurs, aspects du ciel...

 

2. La terre : Les pierres. Culte des pierres. Grottes.

 

3. Les eaux

 

La mer : légendes, croyances, superstitions.

Eaux douces : fontaines, culte des sources. Sources miraculeuses.

 

4. La flore : Folklore des plantes, herbes, fleurs. Culte de l'arbre. Légendes de la forêt.

 

5. La faune : Croyances, superstitions se rapportant aux différents animaux. Interprétation populaire du cri des animaux, du chant des oiseaux, du bruit des insectes. Noms donnés aux animaux domestiques, comment on leur parle. Briolage.

 

6. Le corps humain : Eternuements formules, croyances. Bâillements. Salive serments, mépris. Grains de beauté, Taches de rousseur. Envies. Gauchers.

 

IV. - MAGIE – SORCELLERIE - MÉDECINE POPULAIRE

 

Il faudrait placer ici la plus grande partie du folklore français et nous avons déjà vu combien les Rites de passage font place aux superstitions. Celles-ci traient autrefois un rôle considérable et les civilisations les plus évoluées, celles de la Grèce antique, de l'Empire Romain, en étaient toutes imprégnées.

 

Jusqu'au 17e siècle, on croyait à l'existence des esprits, au pouvoir surnaturel des sorciers et tout ce qui était inintelligible était attribué à des puissances extraordinaires. Ces croyances sont en voie de régression, sans cependant avoir disparu, loin de là. Il y a des superstitions tenaces, mais sans grande importance : treize convives à table, passer sous une échelle, casser du verre blanc...

 

Des escrocs abusent encore de la crédulité des gens pour vendre amulettes, talismans et autres secrets de mages hindous... (Dernièrement un grand quotidien se faisait l'écho de l'état lamentable d'une famille du centre de la France, persuadée d'être sous le coup des « jeteux de sort » et exploitée financièrement par une quantité de devins ou sorciers.

 

Autrefois, c'étaient les sorciers, possédant un pouvoir magique pour chasser les forces du mal, qui appliquaient ou conseillaient les vieilles pratiques de la médecine populaire. Dans l'ensemble, leurs pratiques étaient inutiles, parfois même nuisibles, souvent grotesques.

 

De nos jours, il n'y a plus de système de sorcellerie cohérent comme au moyen âge, il n'y a plus de doctrine magique, mais une poussière de faits qu'il est encore possible de recueillir et dont la recherche est souvent passionnante.

 

A Bayel (Aube), on croyait aux petits sorciers qui guérissaient les malades avec des procédés souvent bizarres : mettre le pied du malade dans le ventre d'un poulet que l'on avait écorché tout vivant, la guérison survenant quand la chair du poulet était décomposée. Les grands sorciers, eux, faisaient du mal à autrui et s'attaquaient soit à sa personne, soit à ses biens. Tous les habitants, instruits ou ignorants, croient en l'existence des lutins et des loups-garous, du diable dont l'empreinte des pieds fourchus est visible sur les lieux qu'il hante pendant les sabbats et où l'herbe ne pousse plus, depuis longtemps.

 

Plan d'étude :

 

1. - MAGIE ET SORCELLERIE

 

Recueils de formules et recettes magiques. Procès de sorcellerie. Prières populaires, incantations. Divination : astrologie, cartomancie, chiromancie. Mares de café.

Prédictions recopiées (Sainte Odile, Nostradamus). Talismans. Porte-bonheur. Amulettes. Mauvais oeil. Envoûtement. Fakirs. Jeteurs de sorts. Magie des noms, des jours, des mois, des couleurs, des nombres, etc.

 

2. - MÉDECINE POPULAIRE :

 

Recueils de recettes. Formules transmises sur les manières de guérir ou de conjurer le Mal. Vertus des plantes ou des substances. Croyances relatives à certaines maladies (rage, peste...). Rebouteux, guérisseurs (pratiques, rétributions), Saints guérisseurs. Légendes, superstitions, anecdotes sur les grandes épidémies.

 

V.- LITTÉRATURE POPULAIRE

 

MOUVANTE :

 

Il était une fois (on ne sait quand) un roi (on ne sait son nom, son pays) qui avait épousé en secondes noces une femme laide et méchante... voici la forrnule-type qui préside à l'introduction de nos contes... récits qui ne sont situés ni dans le temps ni dans l'espace. La légende, au contraire, localise les événements et nomme les personnages, ce qui lui conféra longtemps une garantie d'authenticité. Contes et légendes mettant en scène des personnages doués de propriétés surnaturelles, de vertus remarquables. Les thèmes généraux se retrouvent un peu partout, leur origine n'est pas nettement établie et la notation des multiples variantes n'est pas achevée. Ils furent transmis par tradition orale, avant tout, ce qui explique les apports successifs et les font classer dans ce que les folkloristes appellent « Littérature populaire mouvante ».

 

Contes et légendes « s'oublient » également de plus en plus et tendent à « se figer » dans des recueils qui nous les rapportent plus ou moins exactement.

 

- Contes, légendes et anecdotes sur quartiers, rues, lieux-dits du village ou de la ville. Monuments publics. Eglises. Maisons.

- Les grands thèmes populaires reproduits dans les contes de Perrault, de Grimm, variantes locales.

- Etres fantastiques : revenants, fantômes, loups-garous, diable, croquemitaine, chat sauvage, Gargantua, Mélusine...

 

Manières de parler grossières, ou obscènes, argot. Jeux de mots, scies populaires.

 

2° FIXÉE :

 

Au contraire des exemples précédents, les dictons, proverbes, sobriquets, fixés dès le début ne se sont guère modifiés au cours des àges.

 

- Dictons et proverbes. Pots pourris.

- Fables populaires.

- Enigmes, devinettes, rébus.

- Blason populaire : surnoms, sobriquets individuels et collectifs.

- Cris des métiers et des rues.

 

VI. - CHANSONS ET MUSIQUES POPULAIRES

 

Tout comme les contes et légendes les chansons passant de bouche en bouche, se sont, très facilement modifiées et les thèmes généraux peuvent être retrouvés   dans de nombreuses régions françaises ou même étrangères. Il semble qu'à l'origine les airs aient surtout été colportés par les troubadours ou par les porteurs de nouvelles qui « animaient » les veillées des villages visités. Or l'histoire nous apprend que ces troubadours se réunissaient périodiquement, sans doute pour compléter leur répertoire, ou même pour le renouveler. Les chansons ainsi apprises présidaient à tous les actes de la vie : rites de passage, comme travaux journaliers, et il n'est pas douteux qu'à côté des thèmes généraux aient pris naissance des chansons locales, célébrant un événement particulier, une cérémonie, un travail particulier, exprimant une prière on un remerciement sincère. Notre folklore colonial est particulièrement significatif à ce sujet. Les divers groupements folkloriques ont recueilli d'innombrables chansons et dans de nombreuses régions, jeunes et vieux chantent encore les vieux airs, appris de bouche à bouche auprès de la mère ou de la grand-mère.

 

Ce sont les mêmes groupements qui remettent à l'honneur les instruments typiques que les « vieux » ont tiré avec plaisir du grenier et que les jeunes s'essaient « à manier ».

 

Plan d'étude

 

1. - CHANSONS POPULAIRES :

 

Noëls. Chansons récentes ou actuelles populaires. Chansons et complaintes sur les actualités. Chansons d'enfants. Berceuses. Rondes. Autres chansons : de soldats, d'argot, des métiers.

 

2. - MUSIQUE POPULAIRE

 

Orchestres populaires : composition, instruments, répertoire. Enquête sur les instruments autrefois employés. Bals musettes.

 

VII. - JEUX – JOUETS - DIVERTISSEMENTS

 

Ce chapitre important du folklore intéresse particulièrement nos enfants puisqu'il touche particulièrement leur vie. Il peut donner lieu à des enquêtes auprès des familles, à des comparaisons faciles et fructueuses et à des essais d'interprétation.

 

1 - JEUX D'ENFANTS

 

Jeux scolaires : barres, mère garuche, chat perché...

- Jeux interdits en classe : projectiles variés, fléchettes, mouches, plumes.

- Jeux des rues : billes, marelle.

Rondes, comptines, formulettes.

Jouets faits par les enfants : cerfs-volants, sifflets, jouets musicaux. Jouets de série : poupées, soldats de plomb, avions, jouets en matière plastique...

- Bals d'enfants, et autres divertissements.

 

2. - JEUX D'ADULTES

 

- Jeux traditionnels : arc, longue paume, boules, quilles, soule, tamis, etc...

- Jeux de plein air et sports.

- Jeux de société, de café cartes, nain jaune, billard.

- Divertissements du dimanche excursions, promenades, concerts.

- Farces et attrapes.

 

3. - DANSES POPULAIRES :

 

Essai de reconstitution des danses populaires locales. Constitution d'un groupe folklorique.

 

VIII.- FOLKLORE SOCIAL ET JURIDIQUE

 

Van Gennep a groupé sous ce titre général tout ce qui a rapport aux relations sociales, soit individuelles soit collectives (en évitant de trop déborder sur les domaines de l'économie politique, de l'organisation sociale et du droit).

 

1. - Folklore militaire :

 

Conscrits : pratiques pour ne pas être pris ; cocardes, rubans, réjouissances.

Militaires : farces traditionnelles du régiment : quart d'eau, bouteillon sur la porte, lits en portefeuille, draps noués, brimades, lettre du Père Cent.

 

2. - Folklore de voisinage

 

Relations entre voisins. Rencontres sur le palier, chez les fournisseurs. Entr'aide : en cas de maladie, de décès. Garde des enfants. Échanges. Visites. Veillées.

 

3. - Folklore de politesse

 

Formes de salutations, d'excuses. Courtoisie. Salut des enfants. Places cédées. Poignées de mains. Saluts divers (mouchoirs agités...)

 

4. - Moyens de transport

 

Individuels : bicyclette, remorque.

Publics : fiacre, autobus, tramways,

Circulation.

 

5.-- Groupes particularisés :

 

Bohémiens. Partis moeurs politiques. Nord-Africains. Originaires des provinces à Paris, dans grandes villes, Célibataires. Clochards.

 

6 - Individus particularisés :

 

Rosières, Belles-mères. Bossus. Ivrognes.

Vedettes de cinéma (leur culte). Camelots (roi des camelots).

 

7. - Folklore des métiers et des occupations :

 

a) Métiers fixes. Pour chaque métier particularités matérielles : vêtements, outillage, technique, enseigne, aspect et contenu de la boutique ou de l'atelier, répertoire des productions,

Particularités sociales : organisation, genre de vie, lieux de réunion, saint Patron, fêtes et coutumes corporatives. Particularités idéologiques : chansons, anecdotes, cris, langages, superstitions. Périodiques corporatifs.

 

b) Petits métiers ambulants.

 

Même plan.

 

c) Divers. Compagnonnage : rites, sièges, traditions, fêtes, légendes. Ateliers et usines. Grandes écoles. Folklore des diverses occupations : pêche, jardinage.

 

8. - Folklore juridique et judiciaire :

 

Usages locaux. Brimades. Charivari. Bandits. Contrebandiers. Folklore des prisons. Marché noir. Sorciers. Guérisseurs. Tribunaux populaires. Vengeances. Serments, jurons.

 

IX.- FOLKLORE DOMESTIQUE

 

C'est l'étude de tout ce qui concerne l'habitation (construction, type, dépendances) et son contenu (mobilier, ustensiles, outils), selon leurs formes. Certains éléments sont caractéristiques des diverses régions : le plan de l'habitation, son orientation, la place du foyer, la disposition des communs... Il serait intéressant de posséder des études sur les fermes, les maisons typiques de nos principales régions, sous forme de véritables monographies, genre la Maison Poitevine qui tiennent à la fois du folklore domestique et du folklore social.

 

Plan général :

 

Folklore des constructions et de l'habitat : Bouquet. Essuyer les plâtres. Numéros portant bonheur ou malheur. Maisons hantées. Ustensiles de cuisine et de ménage. Mobilier. Linge. Objets familiers.

 

Plats traditionnels familiaux et spécialités. Pâtisseries.

 

X. - ARTS POPULAIRES

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1. - Imagerie :

 

Le domaine des arts populaires est immense et le plan d'étude établi ci-dessous donnera une idée de son ampleur.

 

Cartes postales (1er avril. Fêtes. Noël.)

Cartes à jouer. Collections d'images. Etiquettes des produits. Affiches.

 

2. - Travail des métaux :

 

Le fer : fers forgés, enseignes, plaques de cheminée. - L'étain. - Les bijoux. - Les insignes. - Jouets mécaniques.

 

3. - Travail du bois :

 

Sculptures : statues, mobilier, cannes ci autres objets sculptés. Objets tournés. Sculptures dans bouteilles : navires.

 

4. - Travail de la pierre :

 

Enseignes. Statuettes. Motifs décoratifs des immeubles.

 

5. - Travail des tissus :

 

Broderies,  tapisseries tissus peints, dentelles,

 

6. - Travail de la terre :

 

Terres cuites, poteries, faïences, porcelaines, céramique, verrerie, assiettes décorées.

 

7. -Autres matières :

 

Découpage de papier, fleurs et guirlandes en papier, souvenirs en toutes matières (Souvenirs de Paris...).

 

8. - Dessins populaires :

 

Tatouages, dessins d'enfants, caricatures, dessins sur le trottoir.

 

9. - Costumes populaires :

 

de travail, de fête (éléments, accessoires, fabrication) ; coupe de cheveux, fards, parures, mode,

 

10. - Théâtre populaire :

 

Farces, mystères, mélodrames, cirques, guignols, marionnettes, cinéma.

 

Le plan des différents chapitres a été établi d'après : Manuel du Folklore Français, par Arnold Van Gennep et, Enquète générale sur le Folklore de Paris et de l'Ile de France ; questionnaire publié par la Fédération Folklorique de l'Ile de France (épuisé).

 

HISTOIRE ET FOLKLORE

 

L'enseignement de l'histoire à l'école primaire a motivé bien des articles et des pages de discussions. Au sein de la CEL même, on cherche encore une voie sûre et des essais d'adaptation, de renouvellement, sont souvent restés oeuvres individuelles du domaine de l'expérimentation.

 

L'unanimité ne s'est pas encore faite pour proscrire l'histoire de nos programmes cours élémentaire. Eh bien ! là plus que partout ailleurs, le folklore nous apporte d'intéressants sujets d'étude. Folklore = connaissance du peuple ; c'est justement ainsi que nous concevons l'histoire à même nos classes.

 

Dès l'âge de sept ans, l'enfant aimera questionner parents, grands-parents, voisins, sur la façon de manger autrefois, la, façon de s'habiller, de se divertir ; au maître de l'aider progressivement à comparer, et à en tirer des conclusions.

 

Les chants folkloriques disent souvent toute l'âme d'une époque, les plaintes ou les joies des ouvriers, leurs luttes pour l'amélioration de leur sort. Les arts populaires (imagerie, sculpture sur bois, sur métaux, sur pierre) disent également toutes les aspirations des classes laborieuses.

 

L'étude des anciennes fêtes, des divertissements est à la portée des élèves de nos classes. La disparition des croyances, préjugés, superstitions montrera les bienfaits de l'instruction.

 

Tous les chapitres du folklore, ses domaines si divers créeront l'histoire vivante et c'est pourquoi nous avons donné dans la deuxième partie de cette brochure un plan général, « Etude du Folklore » qui, en plus d'une longue énumération, voudrait être un guide pratique.

 

L'enfant doit être appelé à reconstruire d'abord l'histoire d'un passé relativement proche (la correspondance interscolaire permettra d'utiles confrontations) ce qui éveillera chez lui le désir de savoir plus.

 

Nous pensons que le Folklore aidera l'éducateur en lui permettant de présenter aux enfants les notions concrètes qui seules lui sont accessibles. Il n'est pas question précisément de faire revivre toutes les vieilles coutumes mais de noter leur évolution, d'en découvrir les facteurs, ce qui ne sera pas toujours au-dessus des possibilités de nos élèves.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

1. - Ouvrages folkloriques :

 

A. VAN GENNEP : Le folklore, opuscule de 125 pages. Librairie Stock (épuisé).

 

A. VAN GENNEP Manuel de folklore français contemporain.

 

T. I. : Du berceau à la tombe : naissance, enfance, fiançailles : 400 fr.

T. I, 2 : Mariage, fiançailles 400 fr.

T. I, 3 : Cérémonies périodiques cycliques : Carnaval, Carême, Pâques : 800 fr.

Tome I, 4 :  Mai et Saint-Jean,

Tome I, 5 : Cérémonies agricoles et patronales de l'été : 1.425 fr.

Tomes III et IV : Bibliographie méthodique, 2 vol. : 800 fr.

 

Aux Editions Picard, 82, rue Bonaparte

Paris 6e.

 

A. DAUZAT : Le village et le paysan de France. N.R.F.

 

MENON-LÉCOTTÊ : Au village de France. Editions Bourrelier (La joie de connaître) ouvrage qui devrait être dans toutes les classes.

 

R. DESVIGNES : Légendaire des provinces de France (Horizons de France).

 

J.-M. ROUGÉ : Le folklore de la Touraine (Arrault, Tours).

 

G. MAILLET : Légendes champenoises (Editions de l'Ecureuil, Paris).

 

J. H. CHATEAU : Brindilles, comptines (Bourrelier).

 

II.- Recueils de chants et de danses :

 

Anthologie du chant scolaire, 10 fascicules (Heugel, Paris).

 

Chansonniers, de Paul ARMA, de W. Lemit.

 

Dansez la France, 2 tomes, M. Decitre. (Editions Delmas, Lyon).

 

10 danses simples des Pays de France, par S. M. Guilcher (Flammarion) (Album du Père Castor).

 

25 Danses normandes avec musique, explication des pas, par E. Collin. (Chez Colas à Bayeux).

 

Recueils de Canteloube (Edit. Durand). 4 Danses provençales et le costume provençal (à paraître dans la collection Bibliothèque du Travail, à Cannes).

 

R. BLANCHARD : Les danses du Limousin (Maisonneuve, Paris).

 

- Mme Decître, 30, rue de la République à Lyon, dirige un Service Patrons et un Service Costumes en location (établis d'après les costumes authentiques) qui fonctionne très bien et peut rendre de grands services.

 

III - Disques

 

Folklore français (chants et musiques des provinces françaises). Pays d'outremer (20 disques). Edités par la Phonothèque Nationale, 19, rue des Bernardins, Paris 5e. (Tirage restreint).

 

Chants de compagnonnage, 1 disque. (Palais de Chaillot, Paris).

 

Folklore de France. (Marie Lagrillat, boulevard Strasbourg, Paris).

A enregistré Chansons et danses d'Auvergne, du Berry, du Pays basque, de Corse (instruments régionaux).

 

Chant du monde. Quelques bons enregistrements Folklore français. Bons disques Folklore étranger.

 

Editions du Scarabée. 3 bons disques enregistrés à ce jour.

 

D'autres grandes maisons de disques ont réalisé des enregistrements souvent très inégaux.

 

IV. - Groupes folkloriques

 

(communiqué par « Arts et Traditions Populaires, Palais de Chaillot)

 

HAUTE AUVERGNE : La Bourrée d'Aurillac (Dr Puech, Aurillac).

 

BERRY : Le Berry (M. Pierre Panis, 73 place Voltaire, Châteauroux. (Fédération de groupements).

 

BRESSE : Groupes régionalistes bressans, 5, rue Maublanc, Louhans (Saône-et-Loire).

 

BRETAGNE : Les Fleurs d'Ajonc (Mlle Annick Le Breton, rue de Concarneau (Finistère).

 

FRANCHE-COMTÊ : Bouebes et Diaichottes de Franche-Comté (M. Lamielle, 2, rue de I'Hôtel-de-Ville, Montbéliard).

 

LANGUEDOC : Lou Ramelet Moundi (Mme Dasque, Ecole Aleygue, rue Cassagne Toulouse).

 

PAYS BASQUE : Oldarra (Marquis d'Arcangues, Arcangues, Basses-Pyr.).

 

PROVENCE : Le Capeline de Menton (M.Moreno, 7, rue de Villeray, Menton).

La Couquetto (Mlle Bourdillon, 67, rue Saint-Jacques, Marseille.

Le Farendole de Barbentane (M. Pecoud, Barbentane).

 

PYRÉNÉES : Groupe régionaliste, Saint-Girons (Ariège).

 

VENDÉE : Danseurs et Chanteurs du pays maraîchin (M. Martel, 10, rue Mallet Stevens, Paris 16e).

 

NORMANDIE : Centre d'action et d'études normandes, avenue H. Sorel, Caen.

Les Normands du bon vieux temps, rampe Bouvreuil, Rouen.)

 

V. - Périodiques et bulletins d'études :

 

Le mois d'ethnographie française, bulletin mensuel. (Musée Arts et Traditions Populaires, Palais de Chaillot, Paris).

 

Bulletin de la Société de Mythologie française (carte mythologique des départements). (H. Dontenville, 8, rue Jean du Bellay, Paris, 4e). Trimestriel.

 

Bulletin folklorique d'Ile-de-France, trimestriel. (Organe Fédération folklorique Ile-de-France, 38, rue Truffaut, Paris 17e.

 

OGAM, bulletin des amis de la Tradition celtique. (P. Leroux, 2, rue Léonard de Vinci, Rennes).

 

AR. FALZ. Organe bimestriel du Groupe des instituteurs laïques bretons. Boîte postale 19, Brest (Finistère).

 

Viking. Cahiers de la jeunesse des pays normands. (A. Patin, 28, rue Vaneau, Paris 7e.

 

Tramontane. Revue du Roussillon, 2, rue de la Révolution, Perpignan (Pyrénées-Orientales).

 

Nouvelle revue des traditions populaires. (Librairie celtique, 108 bis, rue de Rennes, Paris 6e.)

 

Le Berry, 57, boulevard Victor, Paris 15e)

 

Les Cahiers Haut-Marnais. (J. Gigot, Archives départementales, Chaumont).

 

La Gerbe, (Cannes), mensuel, publie de nombreux textes folkloriques.

 

Barbiziet. Almanach populaire comtois. (A. Garneret, Lantenne - Vertière (Doubs).

 

Evocations. Bulletin du Bas-Dauphiné.

 

Folklore Mensuel. Groupe audois d'études folkloriques, 1, rue Parerie, Narbonne (Aude).

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