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POURQUOI PAS ?
Les enfants de POURU-SAINT-RÉMY par Douzy (Ardennes)
correspondent avec les enfants de l'école maternelle de BOIS-PLAGE-EN-RÉ (Charente-Maritime) et aussi avec une école
maternelle de SEDAN (Ardennes).
- BOIS-PLAGE-EN-RÉ, c’est
ce qui écrit sur le journal
PIROUETTE.
- On entend «plage»...
- Alors ils ont sûrement
la plage
- Alors ils ont la mer !
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On écrit aux enfants de Bois-Plage-en-Ré.
La première fois, c'est pour leur
demander s'ils avaient vu le Soleil chauffer l'eau de la mer pour faire
des nuages...
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Alors ils
habitent à la mer ?
-
Au milieu
même parce que c’est
L’ÎLE DE RÉ
-
C’est loin,
leur mer ?
-
Oui !
Très loin !
-
Alors à pied ?
c’est pas possible ?
-
Il faut prendre
un autocar !
-
Ou avec ta
voiture …
-
On ne pourra
pas tous monter dans ta voiture …
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- On est trop !
- I1 faudra beaucoup de voitures !
- Si la nuit tombe avant qu'on arrive
chez eux, attention ! ! !
- Faut s'arrêter juste au bord...
- On verra clair : l'autocar a des phares
!
- Oui, mais les bateaux, nous, on ne
sait pas si ils ont des phares..
- Alors si c'est loin, il faut prendre
des autos de course pour arriver plus vite !
- Oui, mais il n'y a qu'un siège à ces
voitures-là !
- Oh ! on se
mettra dans le coffre !
- Et si on étouffe ?
- On laissera un peu d'air, va !
- On fera des accidents si on va trop
vite !
- Ceux qui ne tiendront pas dans les
voitures, les pousseront pour aller plus vite !
-Tu ne seras jamais arrivé ! Vaut mieux
prendre un autocar !
- J'aimerais mieux y aller à pied...
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- Sur la mer, on pourra aller en canoë
!
- Oh ! les
canoës c'est aux Indiens !
- On prend un avion ! T'as bien raison
: ça ira plus vite !
- Le Concorde ! ! ! C'est lui qui va
le plus vite !
- Oui maïs si c'est le pays de nos amis
qui a peur du bruit ?
- Quel bruit ?
- Celui du Concorde, tiens ! Dans un
pays, il n'a pas le droit d'atterrir à cause du bruit... Alors si il
ne peut pas se poser, on saute en parachute !
- Faut savoir le faire !
- Le Concorde, il vient nous chercher
à Douzy...
- On va apprendre à sauter en parachute,
à Douzy, avant de partir !
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- ... Et si on saute mal, on tombe dans
la mer et on coule ! ! !
- Oui, mais le pays c'est une île !
Alors le Concorde est peut-être trop grand pour s'y poser ?
- J'ai une idée ! ça serait moins cher en tapis roulant...
- Ab oui : ou alors on met des ailes
à nos bras : ça existe ça maintenant !
- Oui, on monte une côte en courant,
au bout de la côte, on saute et on vole...
- Les amis de l'île de Ré diront : «Qu'est-ce
que c'est que ces oiseaux-là ? On ne savait pas que les amis de Pouru
étaient des oiseaux !!!»
- J'aimerais mieux y aller par le train
: c'est plus sûr !
- Tu as déjà vu des rails sur la mer
? Non, mais ils vont jusqu'au bord !
- Après on prend le bateau, va !
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- Et quand on descend du bateau, on
est sur l'île... Mais il faut encore trouver l'école...
- C'est pas ça le plus grave : on y
arrivera !
- Ah oui ! On monte dans une charrette
et on suit le chemin ! !!
- Une île, c'est rond ! C'est beau !
- Il y a plein d'eau autour...
- C'est un tas de sable au milieu de
la mer.
- Sur une île, il n'y a que des arbres
!
- Le tas de sable, il doit être épais,
sinon tout « fonce »...
- Oh oui ! Le tas est profond !
- Profond jusqu'où ?
- Je ne sais pas, moi, mais beaucoup,
ça c'est sûr, pour être assez solide !
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- Une
île, c'est la Martinique.
- Sur
une île, y a rien...
- Si ! Quelquefois une vieille cabane
et même un vieux monsieur peut y habiter...
- Ça, c'est dans un film...
- C'est pareil en vrai, là !
La maîtresse intervient :
-Nous avons écrit aux enfants de l’île de Ré. Sur l’enveloppe,
leur adresse était :
ÉCOLE MATERNELLE
BOIS-PLAGE-EN-RÉ
- Ah oui ! c'est
vrai ! Alors sur cette île-là, il y a des enfants...
- Et aussi une école !
- Elle doit être solide, leur île à
eux ! Le tas de sable doit être gros pour que ça tienne bien ! Une école
c'est lourd !
- Oui mais, si y'a rien d'autre, on
y crève !
- Pourquoi ?
- On crève de faim, tiens, si rien ne
pousse !
- Ils ne crèvent pas quand même : ils
peuvent pêcher des poissons !
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- Et aussi manger les moules, les crevettes, les crabes !
- Et même une fois, ils peuvent attraper
une baleine !
- Ils ne vont quand même pas toujours
manger du poisson, ces enfants-là ?
- Oh oui ! I1 faut bien acheter de l'autre
«manger» !
- Eh ! Sur une île, il n'y a pas de
marchands, qu'est-ce que tu crois ?
- Alors les gens vont sur leur bateau
et viennent de l'autre côté de la mer...
- En France, quoi !
- Alors ils viennent acheter dans nos
magasins de France ? !
- Et s'ils ne sont pas Français, les
gens de l'île, on ne les comprend pas !
- Oui, peut-être qu'ils parlent anglais,
ou italien, ou espagnol, ou indien ?
-
Les enfants,
sur leur bande magnétique, nous ont parlé en français !
- Ça arrive, ça, à l'école, on apprend
à parler autrement...
- Ma soeur, au C.E.G., elle parle allemand !
- Oui, alors les enfants de l'île de
Ré, à l'école, ils parlent français, mais chez eux ce n'est pas sûr
; ils parlent comme leurs parents...
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- Est-ce qu'ils ont des jardins ?
-Tu as déjà vu des betteraves pousser
dans du sable ? Et des carottes ? Et des poireaux ?
-Tous les légumes, quoi, ça pousse dans
la terre, pas dans le sable !
- Et du lait ? Ils en ont ?
- Sûrement pas ! I1 leur faudrait des vaches !
- Pas possible ! ! ! Elles tomberaient dans la mer !
- Si on met des piquets ?
- Ça ne tient pas assez dans le sable
!
- Alors ils n'ont pas de lait !
-Et leur eau : elle est salée ?
- Celle de la mer ! Mais pas celle
du ruisseau !
- Y'a pas de ruisseau. L'eau s'enfonce
dans le sable au lieu de couler...
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Si les enfants ont une école, peut-être
aussi ont-ils des maisons ?
- Tant mieux alors ! Ils ont de l'eau
au robinet !
- Oui mais l'eau du robinet, elle vient
de où, tout autour y'a que de l'eau salée ?
- Alors l'eau de leur robinet, elle
serait salée aussi ? !
- Peut-être que les arbres ont des pommes,
des oranges : alors ils font du jus de pommes ou du jus d'oranges ?
- C'est meilleur que l'eau salée !
- Je dis bien du «jus», pas du «sirop»
! Faudrait mettre de l’eau salée, tu parles !
- Je me demande bien s'ils ont des routes
? Comment ils auraient eu du goudron ?
-Ils prennent des sacs sur les bateaux,
chez nous, en France !
- Du « terre mac » (macadam) dans
des sacs ? Impossible !
- Et le bull, pour faire la route ?
Comment il irait sur l'île ?
- T'as raison ! C'est bien trop lourd
: pas moyen...
- Je vais vous le redire encore une
fois ! Sur l'île on roule en charrette : les chemins de sable, ça existe !
- Oui, mais pour tirer la charrette
?
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- Un tracteur, tiens !
- Ça ne peut pas aller sur un bateau !
- Alors un cheval...
- T'as pas écouté
ce qu'on a dit pour les vaches, toi !
- Alors qui va tirer notre charrette quand
on arrivera ?
- On ira à pied à l'école : une île c'est
pas long ! !!
- On vient bien à pied à l'école à POURU
! L'île est sûrement plus petite que POURU !
- Bien sûr ! POURU c'est long !
Et une île c'est rond !
(Tiens, on entend «on» ! )
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Ici intervient la présentation d’une
carte routière de France, puis d’une carte dessinée avec seulement les
références connues : SEDAN, POURU, ÎLE DE RÉ. Les frontières sont
repassées avec un feutre : Belgique connue par les enfants, elle
est à 4 km de POURU.
Ils nomment d’autres pays que je leur montre :ESPAGNE,
Allemagne, ITALIE.
Les traits rouges sont des routes.
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- Elle est petite, la France ! POURU
aussi ! L’autre jour, après la promenade, on l’a dessiné en petit :
POURU tenait dans la classe, et POURU c’est grand !
- Quand on dessine un monsieur petit,
c’est qu’il est loin ! Le bout de la France, il est loin aussi !!!
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Un enfant propose de suivre la route
qui va à l’île de RÉ …
- Y’en a des virages !
- Le Concorde, lui, il irait tout droit !
Je mesure la distance POURU-SEDAN avec une ficelle. SEDAN est la ville la plus proche
où tous les enfants sont allés.
- Le bout (de ficelle) de SEDAN
est tout petit …
- Le bout de l’île de RÉ est grand !!!
(C’est le morceau de ficelle mesurant la distance POURU-ÎLE DE RÉ)
Emmanuelle propose de couper le grand
« bout » en petits bouts comme SEDAN. Le lendemain, elle les
dispose de la manière suivante :
On a mesuré la route pour aller à SEDAN.
On a mesuré la route pour aller à l’île
de RÉ.
On l’a découpée en bouts « comme »
SEDAN.
Il y en a beaucoup, beaucoup : 10,
10, 10, 10, 10, 10, 9
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On revient à l’observation de la carte.
- Et ça, qu’est-ce que c’est ?
- C’est la CORSE !
- C’est une île, il y a de l’eau tout
autour …
- Elle est grande !
Nous regardons alors toutes les îles.
- Mais la CORSE, elle a des routes, cette
île-là ! On voit des traits rouges !
- Sur l’île de RÉ aussi je vois un trait
rouge. Il y a une route alors !!!
Nous la mesurons : elle est plus
grande que la route de SEDAN …
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- Alors, l'île
de RÉ, elle, elle est plus grande que POURU, si elle va plus loin que
SEDAN ! ! !
- Alors, ils
ont emmené du goudron et un bull sur l'île... Je me demande comment ils
ont fait ?
- Moi, je vois
une mer plus près de POURU. Alors au lieu d'y
aller en Concorde, on va en car jusqu'à la première mer pas loin, et on
continue en bateau, on couche dans les îles tous les soirs !
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- On ne connaît personne sur ces îles-là
!
- Alors on couche dans notre bateau...
- On fait attention de bien l'accrocher
après un crochet de l'île, hein ! pendant qu'on
dort ! - Faudra pas oublier d'emmener une ficelle !
- Pas trop longue ! Si elle est mouillée
: elle craque !
- Plutôt une corde, c'est plus solide
!
- S'il pleut pendant la nuit, on est tout
mouillés !
- Si on prend une péniche, on dormira
la cabine !
- Et pendant qu'on dort, si un poisson-scie
vient couper la corde, où on ira ?
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- Ah oui !... Vaut mieux prendre une chaîne
!
- Oui, une chaîne à vache, j'en amènerai
une ; le poisson-scie ne saura pas la couper...
- Oui mais sur les îles, il n'y a pas
d'essence ! Et si notre moteur tombe en panne ?
- On n'a qu'à prendre un bateau à voiles...
- Et si le vent nous pousse de l'autre
côté ? On croit qu'on arrive à la Ré et on arrive à la
- Une péniche, ça transporte des marchandises,
alors de l'essence aussi...
- Et qu'est-ce qu'on mangera tout ce temps-là
sur le bateau ?
- Ah oui ! ça
fera beaucoup de jours !
- On emmènera des lignes et on pêchera,
alors on mangera
- Et un fusil ! Si un canard vole au-dessus
de la mer, on le tire et on le mange : ça changera du poisson...
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Nous comparons la ficelle du chemin
« par le car » et celle du chemin « par la péniche ».
En car, on a 6 paquets de 10 et un autre de 9 « bouts » de SEDAN.
En péniche, on a 10 paquets de 10 et 1 « bout » de SEDAN
En péniche, c’est le plus long.
En car, c’est moyen.
- On irait plus vite en Concorde !
- Alors, y’a plus qu’à écrire au pilote
du Concorde !
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Adresse :
CONCORDE (pour le pilote) PARIS-ROISSY
Pilote,
Veux-tu venir
à DOUZY, au terrain d'aviation, parce qu'on voudrait bien aller en Concorde
à BOIS-PLAGE-EN -RÉ .
C'est pour aller voir nos amis qui habitent
sur une île; on leur écrit dans leur école.
On voudrait bien y aller, parce qu'on
n'a jamais vu la mer.
ON N'OUBLIE
PAS DE VOUS DIRE S'IL VOUS PLAIT!!!
On sait bien que le Concorde est très
grand et très gros!
Et on ne sait, pas si il peut se poser
sur l'île... Peut-être que ses ailes et son grand nez pointu vont dépasser
de l’'île? Alors tu déroulerais la grande échelle
en bois et en ficelle et on descendrait chacun son tour...
On a choisi le Concorde parce que c` est
lui qui va le plus vite`. On croit bien que c'est un avion de course...
Mais aussi, Pilote, as-tu le droit d'atterrir
dans ce pays-là? Pourvu que les gens n'aient pas peur du bruit?!!!
S'IL TE PLAÎT,
c'est cher ou pas cher un ticket de Concorde, parce que nous, on n'a pas
beaucoup de sous?...
SI TU NOUS FAISAIS PAS PAYER TU SERAIS
NOTRE AMI!!'. Au revoir!
Les enfants de l'école maternelle POURU-SAINT-REMY
08140 - DOUZY
Et maintenant les enfants attendent...
confiants, la réponse du Concorde...
Faut bien savoir le jour, pour qu'on se
prépare au voyage...
- Depuis le temps qu'on discute, on serait
déjà arrivés chez les amis de SEDAN !!!
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