Congrès Universel
d'Espéranto de Paris
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Le Congrès d'Esperanto de Paris fut
pour moi la plus surprenante des expériences linguistiques. Manifestation imposante
uniquement en égard du nombre des adhérents qui dépassait 1.600, représentant 53
nations différentes. Certes, ce nombre aurait été largement dépassé si, en raison de
la tension économique actuelle, nombre de pays n'avaient pas opposé à l'exode de leurs
ressortissants des difficultés assez sérieuses. C'est ainsi que certains limitaient à
600 francs la somme qu'il était permis d'exporter, ou que d'autres, comme la Pologne,
avaient porté le prix des passeports à des sommes vraiment prohibitives : jusqu'à douze
cents francs
Manifestation
sans aucun intérêt. Assistance essentiellement bourgeoise, mêlée de pacifistes sans
conscience de classe et de citoyens appartenant à cette catégorie d'espérantistes
essentiellement dangereux, parce qu'un service du capitalisme et de la guerre.
La messe en
grande pompe et des sermons en esperanto avant le Congrès, des séances occupées en
majeure partie par des réunions d'associations essentiellement neutres, telle U.E.A., ou
particulièrement tendancieuses, telles les assemblées des espérantistes catholiques,
des policiers, des commerçants, des écoles catholiques, un lunch aux Galeries Lafayette,
le thé à Versailles donneront, je pense, une idée suffisante de l'atmosphère toute
spéciale du Congrès. Sous des aspects, des dehors séduisants, quelques efforts en
apparence sincères, mais combien caractéristiques de ce faux pacifisme que nous
combattons parce qu'il n'est qu'une étiquette à la mode pour beaucoup. Rien d'une
émancipation sociale positive, mais des rapports ahurissants, sur « Les tendances de
l'Art chorégraphique moderne » ou « L'Esperanto et le Commerce », par exemple.
A côté de
cette vaste mise en scène, une toute petite place accordée à la réunion de l'Union
mondiale des Instituteurs esperantistes (T.A.G.E.) véritable brimade à l'égard de l'un
des groupes les plus vivants du Congrès. Impossibilité absolue pour les délégues des
nombreuses associations pédagogiques des divers pays de prendre la parole. Une causerie
sur La Gerbe et l'Imprimerie à l'Ecole prévue au programme, ne
put avoir lieu du fait d'une mauvaise organisation, qui nous déposséda de la salle au
bout d'une heure et demie de travail seulement. Grâce au dévouement de quelques
camarades présents an Congrès, Mlle Brizon en particulier, une vente de nos éditions
put être assurée. Des tracts, des bulletins furent distribués. Nous avons pu en outre,
recueillir des témoignages verbaux de nombreux camarades étrangers qui ont prisé tout
particulièrement notre travail et se sont promis de diffuser nos éditions dans leur
pays.
On a fait
grand bruit autour de la présentation théâtrale de la pièce de Jules Romains. Disons,
par souci de la plus élémentaire vérité, que la plupart des artistes interprètes
n'avaient que des notions très élémentaires de la langue internationale.
Des
déclarations publiques des espérantistes venus des pays de terreur blanche, rien sur les
essais d'étouffement et de répression du mouvement espérantiste prolétarien dans ces
pays. Et pourtant, il y avait là des Polonais, et en Pologne on dissout les groupes
d'opposition, les arrestations ont lieu en masse. Des Japonais aussi, et au Japon, les
cours prolétariens d'esperanto doivent avoir lieu dans l'illégalité, le matériel
d'étude et la littérature esperantiste sont confisqués, les réunions interdites,
C'est
pourquoi nous disons : contre une exploitation de la langue internationale au service des
intérêts ou de l'idéologie réformiste et bourgeoise, il est dans notre tâche
d'espérantistes prolétariens d'organiser le développement et l'application de
l'esperanto pour la lutte révolutionaire, d'organiser sur la base la plus large des
relations internationales entre organisations ouvrières ou collectivités culturelles,
pour réaliser enfin le véritable du mouvement esperantiste prolétarien : l'Esperanto au
service du prolétariat mondial !
H. BOURGUIGNON.