Pour l'Ecole
vivante
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Nous publions volontiers ce court article d'un collaborateur étranger à l'enseignement d'abord pour montrer que nous accueillons avec plaisir les idées intéressantes, d'où qu'elles viennent ; ensuite parce que nous pensons pouvoir être utiles à de nombreux collègues.
Il ne s'agit certes pas d'exploiter de quelque façon que ce soit le travail de nos élèves - nous avons dit là-dessus notre opinion. Ce n'est pas une raison pour nous cantonner dans les activités strictement scolaires qui risquent trop souvent de nous écarter de la vie.
Des initiatives pratiques et qui paient
On a beaucoup parle de la nécessité, chaque jour plus évidente, d'un enseignement non plus découpé en tranches théoriques d'une ingestion pénible et d'une digestion médiocre, mais vivant, attrayant.
C'est tout le problème des méthodes qui est en jeu et sa révision demande le renversement des bonnes petites habitudes acquises, puisque tandis que l'école actuelle est un tout indépendant de la vie sociale, il s'agirait de le transporter en plein milieu des difficultés qui tissent leurs mailles le long de nos journées.
Y a-t-il impossibilité à cela ?
Ce n'est pas d'aujourd'hui que des
hommes intelligents, mais demeurés pratiques grâce à la fréquentation continue du
peuple ont démontré par leurs réalisations, combien cette conception était bonne et
quels avantages moraux, sociaux et pécuniers elle procure.
L'Ecole évolue
Le Congrès de l'Education nouvelle
de Nice, en dépit d'un programme surchargé offrait dans ce domaine des exposés sur les
réalisations concrètes poursuivies un peu partout dans le monde entier.
Les enfants qui ont bénéficié des
méthodes plus humaines que celles par trop militairement administratives que nous avons
connues, une fois devenus des hommes, conservent leur vie durant la « marque »
d'une formation tellement plus heureuse qu'ils tranchent sur leurs camarades soumis aux
disciplines classiques.
Et ce résultat est logique, parce
qu'enfin la nature n'a jamais découpé l'existence en tranches théoriques dont les unes
se consomment dans des espèces de prisons meublées de tables, de bancs et de tableaux ;
tandis que les autres se passent aux prises avec toutes les difficultés qui résultent
d'une malsaine compréhension du vieux précepte : « Tu gagneras ton pain à la sueur de
ton front. »
Un précurseur
Dans un ouvrage écrit vers 1875,
dans une jolie langue simple et naturelle par Edmond About, et qui reste d'une saisissante
actualité « Le Roman d'un brave homme » (Hachette et Cie) on trouve non
seulement des critiques précises sur l'enseignement, mais encore un schéma d'action
pratique dont la méditation est à recommander à tous enfants, parents, éducateurs et
adultes.
S'adressant au public d'une
distribution de prix, le principal d'un établissement d'enseignement expose ainsi son
programme :
- Que diriez-vous si, l'an prochain,
sans ajouter un centime au budget de l'école, je donnais à vos fils quarante leçons
supplémentaires, faites par quarante professeurs aussi savants dans leur partie et plus
pratiques assurément que tous les docteurs en Sorbonne ? Ne me regardez pas comme une
victime de l'imagination, ne cherchez pas par quel miracle je ferai venir de Paris ou du
chef-lieu tant de Maîtres capables et dévoués ! Ils sont ici ; dans cette salle, je les
ai sous les yeux, je pourrais les désigner tous : je ne vois pas un fabricant, pas un
marchand en gros ou en détail, pas un artisan pas un des fermiers du bourg qui ne soit
prêt à enseigner durant une demi-journée les éléments de la profession qui le fait
vivre.
Une petite ville comme la nôtre
n'est qu'une famille un peu agrandie ; chaque père s'y intéresse à tous les enfants, et
chaque enfant y respecte tous les pères. Si une génération d'hommes faits veut bien
s'associer à nous pour instruire cette jeunesse, la circulation des idées deviendra plus
large et plus rapide, le choix d'un état ne se fera plus au hasard, nous verrons naître
des vocations raisonnées ; mais surtout, avant tout, l'esprit de solidarité nivellera
les conditions, échauffera les coeurs, rapprochera jeunes et vieux, riches et pauvres ;
c'est l'idéal d'une société vraiement organisée
Travaillons... prenons quelque
peine....
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voulez-vous ?...
Aujourd'hui, pour peu qu'on le
veuille bien les circonstances permettent de faire au moins aussi bien, et très
certainement beaucoup mieux que du temps d'Edmond About.
Dans la moindre commune, des
initiatives simples, pratiques qui sont pour les enfants de la vie palpitante et non plus
du travail déjà mâché, sont possibles.
Elles ne nécessitent ni un temps considérable, ni des
capitaux nombreux, ni un matériel délicat et pas même beaucoup de place.
En revanche, elles peuvent contribuer
non seulement à la prospérité, au bonheur et et à la santé de tous, mais encore être
pour les écoles et leurs élèves une source de revenus qui permettront bien des joies.
Aussi, dès le prochain numéro
trouvera-t-on ici même des exemples concrets sur ce qui a été fait par ailleurs avec
chiffres à l'appui.
Successivement, les initiatives à
prendre seront exposées en même temps qu'un concours pratique et expérimenté sera mis
à la portée de tous sous la forme la plus économique qui existe : la coopérative.
Mais, en attendant, que tous nos
lecteurs qui sont aussi des amis, nous fassent part de leurs idées particulières, comme
de leurs difficultés ou de leurs espoirs, car c'est d'une collaboration aussi large que
possible que sortiront toujours les plus utiles réalisations.
CHARLES ABDULLAH.
Administrateur
de la Coopérative d'Organisation
économique.
« L'ÉCOLE
NOUVELLE » N°10 publie un fac-similé d'une page illustrée extraite d'un livre de
vie Ce numéro recommande la gravure sur lino comme moyen d'expression. Notons deux
articles très importants de Ferrière : « L'autorité et la discipline en
éducation » et « Appel en faveur des écoles expérimentales ». A signaler
encore un article du camarade Hulin sur la « Lecture à l'école materrelle ».
Tout est à lire dans cette revue, nous ne saurions trop engager nos adhérents à s'y
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