POURQUOI ? COMMENT?
TEMOIGNAGES
La bibliothèque centre documentaire de
l'école d'Aizenay en 1984
1. Mise en place:
Mise en place, il y a trois ans avec
une aide financière minime de la municipalité, de l'association de parents d'élèves,
et l'aide matérielle de tous les enseignants, des parents.
2. Ce qu'on trouve à la B. C. D., ce qu'on vient y
faire :
- Tous les livres de l'école (à
lire sur place ou à emprunter pour la classe ou pour chez soi) : romans, albums,
contes, coin poésie, B.D.
- Bac journaux scolaires, bac art, dictionnaires, encyclopédies, presse quotidienne.
- Magnéto avec casques pour écoute de chansons, musiques diverses, poésies, contes,
livres enregistrés, cassettes documentaires, interviews, émissions de radio.
Fiches recettes cuisine.
- Bac livres bricolage.
- Livres jeux.
- Documentation livres
documentaires classés selon le « Pour tout classer » ; dossiers suspendus (avec
documents légers : coupures de presse, livres découpés par thème, publicités... )
même classification ; collection B.T.J. complète ; collection B.T. complète pour les
dix dernières années.
- Des revues pour enfants : J Magazine, Belles Histoires, J'aime lire, Jeunes années
etc., collections auxquelles on est abonné.
- Des tables pour y travailler.
- Diapos classées selon le « Pour tout classer », possibilité permanente de
projection.
- Disques, cassettes, possibilité permanente d'écoute (ceci pour pallier à la
sous-exploitation de la doc. dans une école traditionnelle où combien de collections de
diapos ou de disques ou de B.T. ou de B.T.J. sont entassées dans le fond de l'armoire
d'une classe en toute ignorance pour les maîtres des autres classes, ou combien de
classes possèdent les mêmes collections de Tout l'Univers ou de B.T.J. alors qu'une
seule collection suffit dans une école).
- Tout le matériel collectif qu'on sait ainsi trouver sans avoir à faire le tour de
l'école (grosse agrafeuse, clouteuse, globe, magnétos, micros, cassettes vierges,
cordons de toutes sortes...
- Coin jeux de société.
- Bibliothèque pédagogique
des maîtres. - Cafetière.
- Kiosque livres et revues d'éducation pour les adultes (parents, enseignants).
- Un micro-ordinateur avec le programme ELMO. - Des panneaux d'affichage : petites
annonces, exposés.
- Un panneau où est présenté une nouvelle affiche chaque jour.
- Une exposition chaque semaine réalisée par une classe ou un groupe d'enfants (exemple
: les loups, les trains, l'Amérique latine, peintures, la classe de neige, le pain, les
gaulois ... )
- Des intervenants extérieurs à l'école : Amérique latine, Commission départementale
pour le développement musical, postier, poètes, parents (leur métier).
- Des ateliers radio : atelier d'écoute le vendredi à 15 h 30 avec une maman,
club philatélie le lundi à 16 h,
écoute de disques le jeudi à 11 h avec une maman, cinéma d'animation,
photo,
divers le mardi avec des
parents (B.D., musée),
- Un musée pédagogique.
3. Fonctionnement:
- Un
instituteur en permanence (rotation chaque année, rendu disponible par l'éclatement de
la classe d'adaptation),
- Au moins un parent en permanence (dix parents intervenants cette année de façon très
inégale soit une heure, soit une demi-journée, soit une journée par semaine,
ponctuellement ou régulièrement).
- Une institutrice de maternelle et/ou une femme de service l'après-midi.
- Stagiaires...
- Gestion quotidienne assurée
par un conseil de « bibli », deux réunions par semaine (mardi et vendredi à
9 h), deux délégués par classe (de la grande section au C.M.2) + l'instit permanent à
la « bibli » + les parents intervenants présents à ce moment-là.
Qu'y fait-on ?
- Comptes rendus des avis émis
en conseil de classe. Critiques et décisions concernant la vie à la « bibli ».
Information de la « bibli » et des autres classes des projets d'une classe (recherche,
exposés, visites, exposition... ). Information des classes des projets de la « bibli ».
Projets et planification des expositions. Ouverture du courrier reçu.
Libre accès à la « bibli » avec un
système de passeports (quatre ou cinq par classe à partir de la Grande Section) en
permanence, ceci uniquement pour limiter le nombre maximum d'élèves à la « bibli » en
même temps.
- Autonomie des enfants pour l'emprunt des livres. Prêt libre à domicile. Chaque livre
est doté d'une fiche sur laquelle l'enfant inscrit son nom, cette fiche est disposée
dans une pochette correspondant au nom de l'enfant dans sa classe.
Fonctionnement financier :
Subvention municipale. Subvention
Association
Parents élèves. Subvention Jeunesse et Sports pour ouverture au Centre de Loisirs. Fête
du livre (expo-vente 15 % restant à la « bibli »). Subvention Amicale Laïque pour
démarrage. Dons de livres (maisons d'éditions, quelques personnes, participation à des
concours).
4. Lieu de
rencontres et de communication :
- Entre enfants de tous âges de 2 à
12 ans, grands enfants lisant aux petits sans discrimination.
- Des enfants avec d'autres adultes : instituteurs, parents, intervenants extérieurs,
personnel de service.
- Des adultes entre eux : nombreux sont les parents qui passent ou viennent faire un tour,
chercher une information, un conseil, un livre à la « bibli ».
·
Coin « bibli »
adultes : livres de pédagogie et revues d'éducation que les parents peuvent emprunter.
·
Lieu où l'on vient
prendre le café à 10 Il 45 (instituteurs + parents présents ou de passage à ce
moment-là).
- Des adolescents qui sont au
collège (surtout le samedi matin) qui reviennent faire un tour, ou chercher de la doc.
qu'ils n'ont pas trouvée au C.D.I. de leur collège.
- Micro-ordinateur avec son programme d'entraînement à une lecture plus rapide et plus
efficace ouvert en dehors des heures scolaires aux adolescents et aux adultes inscrits au
cycle lecture.
- Ouverture au Centre de loisirs organisé l'été dans les locaux de l'école.
- En projets avancés : ouverture le matin et le soir aux enfants de la garderie,
ouverture pendant l'interclasse après la cantine.
5. Lieu
institutionnel :
- Gestion quotidienne assurée par le
conseil de « bibli » (voir organisation).
classe | |
classes |
bibli
- Lieu de réunion du conseil
d'école (deux délégués par classe) une fois tous les quinze jours.
- Lieu de réunion du conseil des maîtres (tous les lundis à partir de 16 h 30).
- Lieu de réunion de l'Association Bibliobulle (composée pour moitié d'enseignants,
pour moitié de parents) gérante de la bibliothèque (gestion financière, demandes de
subvention, organisation de manifestations, décisions d'achats, comité de lecture,
orientations, fête du livre... )
6. Lieu
d'accueil des enfants en difficultés :
« Lieu » de la classe d'adaptation.
Accueil des enfants en
difficulté par petits groupes pour un soutien pédagogique tout au long de la journée.
7. Pas de B.
C. D. sans équipe pédagogique :
Pour que la B.C.D. soit le véritable
« poumon » de l'école il est impératif qu'il y ait :
- Mêmes attitudes des adultes face à la lecture.
- Mêmes attitudes des adultes face à la recherche documentaire, mêmes exigences aussi.
- La libre circulation dans l'école, le libre accès à la B.C.D., nécessité
d'harmonisation, nécessité de concertation, nécessité de tout mettre en commun (doc.,
livres mais aussi enfants !), le vouloir mais aussi l'accepter...
- Accords sur les choix et les investissements nécessaires.
- Continuité éducative pour l'enfant qui, lui, reste le même face à plusieurs
éducateurs.
- Acceptation par le maître d'une classe de l'existence d'activités concurrentes à la
« bibli » pouvant « attirer » ses élèves.
- Participation de tous à la gestion financière, mais aussi aux sélections, au choix
des livres à acquérir mais aussi aux tâches matérielles très importantes que sont la
couverture, l'entretien, l'inventaire, le classement de la documentation, le rangement.
300 recherches
en bibliothèque centre documentaire
Année scolaire 1983-1984
B. C. D. du groupe scolaire Louis Buton
B. P. 12 - 85190 Aizenay
Nous appelons RECHERCHE le travail
effectué par un enfant ou un groupe d'enfants pour essayer de trouver la réponse aux
questions qu'il(s) se pose(nt) au travers de sources de documentation variées. Ce travail
aboutit pratiquement toujours à une présentation au(x) groupe(s)-classe(s) sous des
formes les plus diverses.
Liste
alphabétique des thèmes étudiés
Abeilles Baleines Cactus Dauphins |
Facteur
(métier) Gare Hamster Île d'Yeu Japon Kangourous Lait 8 mai Napoléon Oeil |
Pain Queneau Racisme Sahel Tabac (culture) Vache Zèbre |
Origine des
recherches
LIÉES
A l'actualité |
Aux saisons |
Aux apports des enfants |
Aux propositions des adultes |
A des motivations extérieures |
Gaulois (thème du) Carnaval (histoire) École laïque Europe (élections) Islam Liban 8 mai Miró (mort de) Paix Paris Dakar Sahel Rage Éclipse Apollinaire Clarinette |
Avalanches Canadairs Champignons Châtaignes Fleurs Fruits Hibernation Hiver Migrations Neige Têtards Vendanges Mante religieuse |
Belette Blé Bonbons Chat Chien Cochon d'Inde Coquillages Escargot Farine Hamster Hanneton Hérisson Huile Insectes Libellules Loir Miel Moutarde Noix de coco Orvets |
B. D. Continents France (géographie) Frise historique Science-fiction |
Chine (concours
sur) Dauphins
(visite) Énergies Neige
(classe de) Carnaval Résistance
(radio) |
Pour effectuer
ces recherches les enfants ont aussi :
Téléphoné :
-
Pour avoir des
renseignements.
-
Pour prendre des
rendez-vous.
Écrit :
Aux
docteurs (paludisme, coeur, rage...
pépiniériste (arbre)
Comité Anti-Outspan (Afrique du Sud)
Banques Ambassades (Chine, Liban...)
Facteur
Gares S.N.C.F. (Aizenay, La Roche-sur-Yon)
O.N.U.
Anciens résistants
Comité France Amérique latine
Visité :
·
Des entreprises
(labo-photo professionnel, boulangerie... )
·
Des services
publics (poste, gares S.N.C.F., radio... )
·
Des musées (La
Roche-sur-Yon, La Rochelle, Nantes ... )
Invité :
un facteur, le receveur des
postes (philatélie), un ancien déporté...
300 recherches effectuées par 150
enfants (du C.P. au C.M.2) par groupes d'une moyenne de 4 enfants (de 1 à 10), ce qui
fait :
- Une moyenne de 8 thèmes de
recherches complètes par enfant pour l'année.
- Une moyenne d'une soixantaine de recherches présentées par un ou des enfants dans SON
groupe-classe.
- Environ une centaine de recherches présentées dans chaque classe (avec les
présentations des recherches faites par des enfants des autres classes).
- Une trentaine d'expositions que chaque enfant a eu la possibilité de voir.
Oui, on a fait de la géographie
L'Afrique
Le relief de l'Afrique du Sud
L'Amérique latine
L'Australie
La Chine
Les continents
L'Égypte
Les sources d'énergie
L'Europe
La géographie de la France
Le Far West
L'île d'Yeu
L'Italie
Le Japon
Le Liban
Montagnes
Paris à Dakar
Le pétrole (où)
Le Sahel
La planète Terre
Les volcans
Oui, on a fait de l'histoire, beaucoup
d'histoire
Apollinaire
Histoire de l'automobile
Louis Buton (déporté)
Histoire des carnavals
Les Celtes
Jean Cocteau
Christophe Colomb
La Commune
La déportation
Robert Desnos
L'école laïque
L'Égypte antique
Le Far West
Frise historique 1800 à 1983
Les Gaulois
Hiroshima
Hitler
Les Incas
Les Indiens
L'Islam
Histoire du jazz
Histoire du Liban
Le 8 mai
Les Mayas
Miró
La montgolfière
Le Moyen Âge
Napoléon
La paix
Pasteur
Piaf
Les pirates
La préhistoire
Prévert
Les pyramides
Queneau
La résistance
Robin des Bois
Les rois de France
Steinbeck
Tapisserie de Bayeux
Toutankhamon
Les transports de 1920 à 1940
Oui, on a fait
de l'économie
La banque
Énergie
Papier recyclé
Oui, on a fait
de la biologie
La vie du bébé
Le corps humain
Les muscles
Oui, on a fait
de la technologie
De l'électricité
De la photo
Du papier recyclé
Oui, on a fait
des sciences physiques
La gravitation
Les liquides (densité)
Pression atmosphérique
Oui, on a fait
des sciences naturelles
Les fleurs
Le cheval
Les insectes
...
l'exposé
la
présentation aux classes
le
panneau
l'affichage
à la B.C.D.
RECHERCHE la réalisation
d'une exposition
un
montage audiovisuel
une
enquête
une
maquette
la
rencontre avec quelqu'un (invité)
la
visite
l'émission
de radio
Les parents à la B. C. D.
« Chaque parent qui intervient à la
B.C.D. doit rechercher à travers ses propres désirs les activités qui lui conviennent
le mieux.
Nous ne pouvons pas présenter le
rôle des parents à la B.C.D. mais quelques expériences de parents. Je ne peux parler
que de ma propre démarche que je considère sans cesse en évolution.
Ma première année d'animation a
été très orientée vers une meilleure connaissance de la littérature dite pour
enfants. Ainsi j'ai participé à quelques stages organisés par l'École des parents et
La Joie par les livres. Parallèlement à cette recherche, j'ai fréquenté la B.C.D.
quelques heures par semaine. Je lisais des livres, essentiellement des albums sur
proposition des enfants. J'ai très vite découvert que ma participation dépassait la
simple action de lire un livre à un enfant ou un groupe d'enfants. C'est tout un échange
qui s'établit entre le parent et les enfants.
A plusieurs reprises je me suis
aperçue que l'enfant, tout imprégné de l'ambiance chaleureuse qu'il trouve dans ce
moment de lecture se met à parler de lui, en oubliant complètement qu'il fait part de
ses préoccupations familiales souvent à une mère ou un père. Il s'adresse à cet
instant en toute confiance à un adulte qui l'écoute presque entièrement disponible.
L'échange se fait non seulement avec
l'adulte présent mais également avec le groupe d'enfants qui écoute l'histoire.
Au cours des mois j'ai remarqué que
quelques enfants choisissaient le parent pour leur raconter l'histoire.
Au bout d'un an de cette pratique
j'ai eu envie de faire d'autres activités avec les enfants beaucoup plus orientées vers
la documentation. J'ai découvert alors d'autres richesses et des difficultés :
- des richesses à travers tout le
cheminement que l'on peut faire avec les enfants lors de la construction et de la
présentation d'un exposé ou d'une exposition. C'est encore un partage, une connaissance
d'enfants qui ne sont pas les nôtres et pour les enfants un autre aspect de ce qu'ils
peuvent faire avec des parents.
- ce sont aussi des difficultés car
ces activités demandent une certaine rigueur au parent et à l'équipe enseignante.
Les concertations sont
indispensables, le lien se fait par l'intermédiaire de l'enseignant détaché en
permanence à la B.C.D. J'ai ressenti cet enseignant comme formateur pour le parent que je
suis. A la fin de chaque réalisation importante que j'ai faite avec les enfants, le
travail de critique que nous effectuons me paraît constructif pour d'autres projets.
Après trois années d'animation à la B.C.D. je m'aperçois que mon implication dépasse
le cadre de la B.C.D.
Lorsque je vais dans une librairie ou
une bibliothèque j'ai beaucoup moins de difficulté pour choisir un livre, je suis plus
exigeante sur mon choix. Je suis devenue passionnée des albums.
La prochaine étape que j'aimerais
franchir à la
Françoise H.
mère d'élève
Aizenay
Et puis c'est
FORMATEUR...
« Y a-t-il des parents disponibles
une ou plusieurs heures par semaine pour accompagner des petits à la
bibliothèque ? »
Tout a commencé à partir de ce mot.
Disponible, je l'étais puisque
j'avais arrêté mon travail à la naissance de mes enfants et que maintenant ils étaient
scolarisés en maternelle. Le lundi suivant, je me retrouvais donc le matin avec un petit
groupe de maternelle pour raconter des histoires.
De la bonne volonté, j'en
débordais, j'étais prête à leur raconter des tas d'histoires. Mais d'histoires, il
n'en a pas été question le premier jour.
«
Tu t'appelles comment toi ?
- Tu es la maman d'Audrey et
Jonathan ?
- Pourquoi tu as un gros ventre ? »
Et vlan... « Mais qu'est-ce que je
fais là, ils ne me ratent pas. Ah, ça commence bien... »
Que faire devant une avalanche de
questions embarrassantes. On est loin de l'activité lecture. J'étais venue pour leur
lire des histoires, moi.
Il n'était pourtant pas question de
se dérober, ils attendaient une réponse. Nous avons donc passé une grande partie de la
matinée en discussion. Les livres, je n'en ai pas touché un seul ce premier jour.
A 10 h 30, je suis sortie de la
bibliothèque épuisée, avec l'impression d'avoir passé un examen. L'avais-je réussi ou
non ? Je n'en savais rien ce jour-là.
Les trois semaines suivantes ont
été tout aussi éprouvantes. Les petits désiraient que je leur lise des livres parlant
du « zizi », du « pipi-caca »... Ils me les ont tous sortis. Ils attendaient ma
réaction, mais lorsque je racontais, j'essayais de paraître naturelle. Avais-je réussi
?
Au début, on se pose beaucoup de
questions on se demande comment on est perçue par les petits. Un jour, j'ai été
surprise de constater qu'ils m'appelaient par mon prénom (avant c'était « la dame »)
et qu'ils venaient m'embrasser. Ouf, examen réussi. Le courant est passé. J'avais bien
fait de m'accrocher et de ne pas abandonner comme j'en avais eu envie plusieurs fois.
Mais pourquoi cela a-t-il marché ?
Eh bien, en y réfléchissant, je me suis aperçue que les enfants attendaient de moi que
je sois spontanée et non embarrassée, que j'emploie un langage qui leur soit familier,
que je réponde à leurs questions sans détour, bref que je réagisse comme avec mes
propres enfants.
Ces petits bambins ont réussi à
m'apprendre quelque chose : la simplicité, la spontanéité, la patience... Dire que
j'étais venue avec mon expérience d'adulte et voilà que ce sont eux qui me donnent des
leçons.
La B.C.D. du groupe scolaire est
ouverte aussi bien aux maternelles qu'aux primaires. C'est un lieu de rencontres
privilégié pour les petits et les plus grands.
Nous étions deux mamans à
intervenir le lundi matin. Geneviève prenait aussi, en début de matinée, un groupe de
petits, mais elle était souvent sollicitée par les grands du primaire pour lire des
histoires.
Me sentant plus à l'aise à la
bibliothèque, je décidais donc de rester le lundi jusqu'à midi et d'être disponible
aussi pour les primaires.
Combien de fois, ai je attendu que
les grands viennent me voir. Ils étaient moins réceptifs que les petits. Geneviève
était toujours assaillie par eux et lorsque je faisais comprendre que j'étais libre pour
lire des livres, ils partaient.
Pourquoi ?
Geneviève a des enfants en primaire
et elle est donc connue.
Un jour, elle n'a pu venir. Des
grands « tournaient » à la bibliothèque. J'ai été les voir :
« Voulez-vous que je vous lise un
livre puisque Geneviève n'est pas là ?
- Euh, non merci, madame. »
Il me paraissait impossible
d'insister lorsque j'entends un des gamins dire :
- « On ne la connaît pas
cette dame. »
Je saute donc sur l'occasion et vais les rejoindre.
«
Je ne vous connais pas moi non plus, mais nous pouvons faire connaissance. Je m'appelle
Haïa et vous ? »
Et voilà, la perche était tendue. Impossible de se dérober. Pas facile non plus les
grands, mais j'avais réussi car ils avaient (me semble-t-il) apprécié que je fasse le
premier pas.
Avec eux aussi, il a fallu que je
m'accroche. Il n'était pas question de les décevoir.
Tout ce cheminement ne se fait pas du
jour au lendemain. On a souvent envie de tout lâcher, on se remet souvent en question. On
se demande pourquoi cela paraît si simple pour d'autres parents.
Malgré ces hésitations, j'ai
continué car grâce aux réunions de bibliothèque, tous les parents intervenants
pouvaient parler de leurs problèmes, de leurs expériences et aussi de leurs demandes.
Des demandes, beaucoup d'entre nous
en avaient. En effet, le stade de la lecture était vite dépassé.
En ce qui me concerne, plusieurs
enfants me sollicitaient pour la recherche de documentation ou la préparation d'exposés.
J'avais du mal à les renseigner, à
trouver les documents désirés. Je sentais que je n'étais pas à la hauteur. Il me
manquait une certaine formation.
Lors d'une réunion-bibliothèque,
j'ai fait part de mon incompétence en matière de recherche de documentation. Il s'est
avéré que plusieurs parents étaient dans le même cas. Joël (l'instituteur s'occupant
de la bibliothèque) s'est proposé de nous expliquer le système de classement des
documents. Nous nous sommes donc retrouvés une matinée pour nous familiariser avec cette
documentation.
Quel travail intéressant. Nous
avons, ce jour-là, appris beaucoup de choses. Nous avons été très rapidement en mesure
de répondre aux demandes des enfants.
Plusieurs autres demandes ont pu, de
la même manière, trouver une réponse.
J'avais le sentiment de bénéficier
d'une formation sans que cela me semble fastidieux. En effet, lorsque l'on parle de
formation, on imagine quelque chose d'assez rébarbatif, alors qu'en ce qui me concerne,
cela se faisait d'une manière si naturelle, si spontanée que cela ne me « coûtait »
pas. J'étais très réceptive, je n'avais pas l'impression de faire un effort important.
J'interviens cette année le vendredi
toute la journée à la bibliothèque. Je m'y sens tout à fait à l'aise.
Je ne peux que remercier les
enseignants qui nous permettent de participer ainsi à la vie scolaire. Quel
enrichissement ! Je crois qu'ils vont avoir du mal à se débarrasser de nous autres
les parents.
Haïa C.
bibliomère B. C. D.
Aizenay
Vers
la B. C. D. ?
Des parents prennent l'initiative...
Saint-Pavace :
des pionniers de la B. C. D.
Lorsque les parents d'élèves
F.C.P.E. de Saint-Pavace ont, en mars 1981, mis à la disposition des enfants de l'école
(primaire et maternelle) 300 livres pour 8 jours, pendant et en dehors du temps scolaire -
profitant de la bibliothèque itinérante de Loisirs-Jeunes du Mans -, ils ne
soupçonnaient pas les retombées de cette opération.
En effet, ouverte en permanence,
cette exposition a recueilli un succès total : sans interruption, les classes se sont
succédées autour des malles de livres, véritable trésor d'Ali-Baba. Des parents se
relayaient en permanence pour animer la bibliothèque. Le mercredi et le samedi, les
enfants ont circulé, parfois se sont installés tant que la bibliothèque était ouverte.
Pas de doute, il fallait prendre en
considération
- Ce besoin de livres dans un village
mi-rural/ mi-banlieue - à 4 km du Mans - où rien ne favorisait la lecture : pas de
librairie, pas de bibliothèque, pas de bus pour se rendre dans les bibliothèques
voisines.
- L'intérêt porté par les
enseignants sur un moyen supplémentaire mis à leur disposition pour intéresser les
enfants à la lecture.
Les parents d'élèves F.C.P.E.
s'organisent.
Ils contactent la municipalité qui
leur accorde une classe préfabriquée et du matériel, rendus disponibles par la
création du nouveau Groupe primaire. Moquettes, coussins, posters, plantes rendent le
local accueillant.
Ils
contactent Loisirs-Jeunes et conviennent d'emprunter 300 livres toutes les 6 semaines. La
rotation sera ralentie par la suite. Ils contactent les enseignants de primaire et de
maternelle et leur proposent d'ouvrir la bibliothèque pendant les heures de classe.
Finalement,
la bibliothèque est ouverte :
Au public (de 2 à 14 ans)
le mardi de
16 h 30 à 17 h 30
le samedi de
14 h 30 à 15 h 30
Aux élèves de maternelle :
le mardi de
13 h 45 à 15 h 15 : les enfants de moyenne section qui ne font pas la sieste et de grande
section y viennent en deux demi groupes décloisonnés,
le vendredi
de 9 h 15 à 9 h 45 : pour la section des tout-petits, avec l'aide des assistantes
maternelles, de parents disponibles, de 6 élèves de C.E,11, pour faire de tous petits
groupes de lecture,
le vendredi
de 9 h 45 à 10 h 15 : pour les enfants de moyenne section qui ne sont pas venus le mardi.
Aux élèves de primaire :
le mardi de
15 h 30 à 16 h 30 : chaque unité de classe vient avec son maître à tour de rôle.
Pendant que les uns lisent, le maître fait du soutien
Au terme de trois ans de
fonctionnement, pendant lesquels le système s'est peu à peu affiné pour répondre aux
besoins - par exemple ce sont les enseignantes de Petite Section de maternelle et de C.E.1
qui ont proposé la présence de six élèves de C.E.1 pour faire la lecture aux
tout-petits, pour le profit de chacun -, les résultats peuvent être appréciés à deux
niveaux : évaluation de l'activité bibliothèque et intérêt pour les parents.
Constatations pour l'activité
bibliothèque
A Saint-Pavace, la population est
jeune, de milieu socioculturel assez aisé et vit en habitat pavillonnaire. On peut dire
que presque tous les enfants ont des livres chez eux.
Les « mordus » de la lecture
viennent en prendre à la bibliothèque et des coins-bibliothèques existent dans toutes
les classes, maternelles et primaires. Comme partout, la lecture est concurrencée par le
temps consacré à la télévision et celui à jouer avec les copains dans les squares :
on vit beaucoup dehors. En tout cas, on constate que :
- En atelier, les élèves de
primaire se jettent sur les B.D., les « J'aime lire », les documentaires. Rares sont
ceux qui emportent un roman commencé.
- Par contre, ce sont de plus en plus des enfants de maternelle qui viennent chercher des
livres, ce qui prouve qu'il y a quelqu'un de disponible chez eux pour les leur raconter et
que les parents prennent conscience de l'importance du contact avec le livre avant l'âge
de la lecture.
- Aux séances de maternelle viennent régulièrement participer trois ou quatre parents,
il y a même des pères !
- La bibliothèque s'autofinance. Peu à peu un fonds propre de livres se constitue
(actuellement 500 titres, achats et dons).
Tous les deux mois, sont empruntés à Loisirs Jeunes 200 livres (1,20 F par livre). Tous
ces livres sont prêtés à 1,20 F. Sortent en moyenne 300 livres tous les deux mois, ce
qui laisse un petit bénéfice pour payer une assurance annuelle et faire quelques achats
de livres.
- Deux cahiers sont tenus, l'un pour enregistrer la constitution du fonds propre, l'autre
pour enregistrer la location des livres. Celui-ci est parfois tenu par un enfant.
Intérêt pour les parents
- Avant tout, les parents
souhaitaient participer à la vie de l'école. Créer cette bibliothèque était un choix
rêvé puisqu'à cheval sur une activité scolaire et de loisir, favorisant le contact
avec le livre, pour le plaisir, par une approche qui ne soit pas scolaire, même - surtout
- avant l'apprentissage de la lecture.
Une coopération s'instaure entre
parents pour les permanences, pour les séances de lecture en maternelle, pour le
changement des livres, etc.
- Une coopération s'instaure avec
les enseignants pour organiser les séances puisque chaque séance est sous la
responsabilité d'un parent F.C.P.E., et pour le choix des livres. Lors du renouvellement
du stock, chaque instituteur peut indiquer le thème de ses activités du moment « on
travaille le champignon, le rail, etc. »
- Les parents se sont mis à suivre l'évolution de la littérature enfantine. Ils sont à
l'affût des modes, ça va du Schtroumf à Victor Hugo, pour proposer aux enfants le bon livre au bon moment et persistent dans cet effort pour les
accrocher à la lecture.
- Les parents découvrent les enfants
en milieu scolaire : comment les intéresser tous en même temps, comment s'y prendre avec
des enfants différents des siens, etc.
- Les parents, par le canal de Loisirs Jeunes, ont pu suivre des stages, des congrès, des
rencontres pour mieux cerner certains aspects de la lecture. Il faut dire qu'au Mans,
depuis quelques années, il est beaucoup fait pour la lecture. Plusieurs fois, ils ont
été sollicités pour présenter leur bibliothèque.
- Conscients d'être un peu mieux structurés dans leur approche de la lecture, les
parents F.C.P.E. organisent l'année du livre un débat sur la lecture avec une
présentation de la littérature enfantine par une maman bibliothécaire.
Quel réconfort, pour les parents de
Saint-Pavace, de retrouver, dans les dispositions prises par deux ministres dans la
circulaire sur les B.C.D., de nombreux éléments existant à leur bibliothèque : faire
aimer lire, lieu de soutien pour la lecture, activité scolaire et périscolaire, lieu de
décloisonnement, animations sur la lecture, moyen d'ouvrir l'école aux parents, et bien
d'autres...
Leur formule présente un avantage,
celui de pouvoir proposer aux enfants, sans aucun moyen financier, les 18 000 livres de
Loisirs Jeunes, régulièrement renouvelés et réactualisés.
Véronique Lebas
Deux plans de B.C.D.
Conseil de bibliothèque du 14
mai 1985
B. C. D. Groupe scolaire Louis Buton - Aizenay
Présents :
Charles, Emmanuelle (G.S.), Nicolas,
Fabien (C.P.), Antony et Karl (C.E.1), Hélène et Géraldine (C.E.2), Laurence et
Mickaël (C.M.1-C.M.2), Aude et Daisy (C.M.1-C.M.2), Joël (instituteur), Françoise
(bibliomère).
On fait l'ordre du jour avec les idées venues des classes :
- le vivarium
- l'aménagement de la bibliothèque - les B. D.
- les expositions.
*
Le vivarium :
Les C.E.2 demandent à ce qu'on enlève les tritons qui sont morts car cela entraîne une pollution de l'eau. Après discussion on décide que chaque classe désignera un responsable, ces responsables se répartiront les tâches d'entretien des deux aquariums et du vivarium de la bibliothèque.
*
L'aménagement de la bibliothèque :
En effet des livres, les albums en
particulier n'ont plus de place, toutes les étagères débordent. Il est proposé
d'agrandir les meubles, mais où les mettra-t-on ?
De faire des étagères plus haut,
mais les petits ne pourront plus attraper les livres (Laurence dit qu'ils pourraient
demander aux grands), c'est un problème à revoir, les classes pourront faire des
propositions pour un aménagement possible, ceci au prochain conseil, puis Joël proposera
ces aménagements au prochain conseil d'administration de bibliobulle.
*
Les B. D. :
Certains disent qu'il n'y a pas assez
de B.D.
- Il n'y a plus d'argent pour les achats cette année.
- Plusieurs propositions ont été faites dans les classes :
- chacun pourrait donner une B.D. à la bibliothèque,
- on pourrait s'en prêter si on
ne veut pas les donner,
- on pourrait faire une foire à la B.D. un matin à l'école (échanges, ventes, achat
d'occasion, prêt), un petit comité va étudier l'organisation d'une telle foire.
- L'an prochain, il faudrait envisager l'achat de B.D. Proposition à faire au conseil
d'administration.
*
Les expositions :
Actuellement il y a une exposition
sur le tabac (C.M.1). Les C.E.2 feront une exposition sur les bébés et la naissance la
semaine prochaine. Les C.M.1- C.M.2 informent le conseil et les autres classes qu'ils
envisagent une grande exposition sur Aizenay et la Vendée la semaine suivante à
l'occasion de la venue de leurs correspondants de Marly.
*
Questions diverses :
- Les petits de la maternelle ne
rangent pas les livres, les C.P. se plaignent de ce fait. Proposition de Mickaël :
ne pas les disputer mais leur montrer comment on range les livres.
- Joël demande qui serait intéressé pour ranger le musée : deux élèves dans les
trois classes de grands seraient les bienvenus.
Françoise se propose de construire un herbier, il faudrait demander dans les classes ceux
qui sont intéressés et qu'ils prennent contact avec elle avant midi.
*
Le courrier :
Comme à chaque conseil on ouvre
ensemble le courrier arrivé à la bibliothèque cette semaine. On a reçu :
Belles Histoires : « Une drôle de petite fille ».
B.T. n° 964 : « Les cosmonautes ».
B.T.J. n° 265 : « Nous sommes montés à cheval ».
T.D.C. n° 382 : « L'orchestre symphonique ».
Des documents de l'ambassade du Canada.
Ouverture sur
le quartier,
B. C. D. de
l'école Elsa Triolet à Oyonnax
Les partenaires actuels du projet :
- Le comité de parents de l'école
Elsa Triolet.
- La bibliothèque municipale d'Oyonnax sous la responsabilité de la bibliothécaire et
avec la participation plus appuyée de l'antenne de la Z. U. P.
- Les éducateurs de la sauvegarde de l'enfance : ils agissent sur le quartier de
l'école.
- L'A.G.L.C.R. du quartier dans un cadre à définir.
- Des adolescents (surtout anciens élèves) et habitants du quartier.
*
Éléments du projet
Compte tenu de la proximité de la
bibliothèque « Jeune » de la Z.U.P. du quartier et de la bibliothèque adulte
municipale, le projet d'ouverture au quartier de la B.C.D. ne s'étendra pas au prêt de
livres pour adultes.
Cette décision prise par les
partenaires concernés fixe les limites de l'action bibliothèque de la B.C.D. de
l'école.
L'axe principal d'ouverture de la
B.C.D. demeure le fait que ce lieu par ailleurs assez central dans le quartier, sera le
centre d'activités de quartier, avec comme point de départ la lecture et l'écriture,
mais également de rencontre et d'animation.
Dans un premier temps, deux
possibilités sont retenues pour mettre en place la B.C.D. dans l'action d'ouverture sur
le quartier :
- Un journal de quartier dont les colonnes sont
ouvertes à tous les habitants ou travailleurs du secteur et qui est réalisé à la
bibliothèque de l'école par des volontaires des différentes organisations partenaires.
Ce journal est réalisé par des
enfants, des adolescents et des adultes. Il est un des plus sûrs angles d'attaque pour un
futur comité de gestion de la B. C. D.
- Une bourse échange de revues ou journaux entre
enfants et adultes, dont le dépôt serait à la B.C.D. La gestion pourrait être
affectée aux volontaires du quartier et, peut-être dans un second temps, à un jeune
sans-emploi du quartier dans le cadre des Travaux d'Utilité Collective (T.U.C.). La
possibilité d'un personnel T.U.C. offrirait de nouvelles et réelles possibilités pour
ce fonctionnement B.C.D., dans et hors le temps scolaire : animation et gestion,
projets... seront davantage possibles.
Ce personnel
T.U.C. pourrait fort bien fonctionner à temps partiel sur le quartier et être affecté
le reste du temps à la bibliothèque municipale par exemple. Des vacataires actuellement
sans emploi seraient intéressés par ce projet.
*
Actions de formation
Des séances régulières entre
parents et enseignants ont déjà eu lieu, et se poursuivent actuellement, sur le thème
de la lecture et de l'écriture : méthodes, apprentissage, « goût de lire »,
réflexions théoriques...
Ces séances, réalisées le samedi,
ont permis à de nombreux parents d'échanger avec des enseignants et de mieux connaître
l'enseignement de la lecture à l'école.
Cela participe de la formation et de
l'information quant à notre projet, Déjà une petite équipe de parents fonctionne dans
la B.C.D. après des travaux communs avec des enfants, sous la responsabilité
pédagogique de l'instituteur Z.E.P.
Il demeure fondamental d'améliorer
encore cette information/formation. La circulaire prévoit dans son quatrième paragraphe
une procédure concernant cette formation.
Notons que sur le plan local, les
bibliothécaires seraient favorables à assurer une partie de cette formation, à
condition d'obtenir les moyens supplémentaires de la municipalité d'Oyonnax. Ceci
trouvera peut-être un écho dans le dispositif conventionnel qui liera la commune et
l'état.
Textes officiels
B, 0. E. N. n° 12 du 21.3.85 page 1031 :
Dix actions en faveur de la pratique de la lecture.
B. 0. E. N. n ° 26 du 27 06.85; Page 1831 :
Projets d'actions éducatives des écoles.
B. 0. E. N. n ° 36 du 11. 10. 84, page 3578:
Action conjointe Education
nationale/Culture dans le domaine de la lecture,
Nous reproduisons ici, vue son importance, la deuxième partie de ce texte traitant plus
directement de la B. C. D.
Voir aussi tous les textes concernant
la surveillance des élèves et l'entrée dans l'école d'intervenants extérieurs.
Extraits du B. 0. E. N. n ° 36 du 11. 10. 84 deuxième partie.
*
2 La bibliothèque centre documentaire
d'école (B.C.D.)
La B.C.D. ne saurait être seulement
un « équipement » supplémentaire dont serait dotée l'école ; sa mise en place doit
s'insérer dans le projet pédagogique de l'école et dans le projet local de
développement de la lecture. Elle se différencie à plusieurs égards de la classique
bibliothèque d'école, a fortiori de la bibliothèque de classe ; elle se caractérise
par une mise en situation autonome et active de l'enfant dans son rapport à l'écrit et
par l'insertion de l'école dans la vie culturelle du quartier et de la ville.
*
2.1 La B.C.D., un lieu central de
l'école
a) La B.C.D.
est le lieu de l'école (du groupe scolaire, de
l'ensemble école maternelle-école élémentaire), où sont disponibles les productions
langagières, et en particulier l'écrit, sous les formes les plus variées. On y
recueille, pour les mettre à disposition de tous, des productions d'élèves qui viennent
diversifier et enrichir le fonds. La composition et la gestion de ce fonds sont capitales,
et une grande attention doit être portée à sa constitution : rechercher, introduire à
l'école, classer, travailler sur toutes les formes d'écrit est une démarche largement
porteuse d'innovation.
b) La B.C.D. est un lieu central de l'école où tous les enfants
peuvent accéder seuls ou avec la classe. De nombreuses activités s'y déroulent :
lecture sur place, moment poésie, heure du conte, auditions, gestion et choix des
ouvrages, club lecture, exposés, recherches individuelle ou collective de documentation,
présentation de livres, prêt à domicile, etc.
c) La B.C.D. est le lieu privilégié pour accueillir les
animations, avec la participation d'intervenants extérieurs (parents, bibliothécaires,
écrivains, professionnels du livre) à destination des enfants et des adultes du
quartier, autour des thèmes du livre et de la lecture.
*
2.2. La mise en place, la gestion et
le fonctionnement quotidien d'une B.C.D. induisent, directement et indirectement, des modifications dans les pratiques et les comportements de
l'ensemble des partenaires de l'équipe éducative :
a) La B.C.D. rend nécessaire l'autonomie de l'élève dans ses mouvements et
ses choix : l'élève peut se rendre seul à la B.C.D. afin d'y rechercher de la
documentation ou d'y accomplir une tâche nécessaire à l'activité menée en classe ; de
plus, les élèves peuvent participer à la constitution et à l'évolution du fonds,
éventuellement à son classement, son entretien, voire même sa gestion.
b) La B.C.D. implique un véritable travail d'équipe des maîtres qui
peuvent organiser le décloisonnement effectif des classes pour des travaux en ateliers
(conte, poésie, lecture, écriture, etc.), le soutien en lecture individualisé ou en
petits groupes et diverses formes d'animation. Cette étroite collaboration des
enseignants se conçoit, le cas échéant, au niveau du groupe scolaire ou du groupe
d'écoles, en particulier école préélémentaire et élémentaire.
c) La B.C.D. modifie l'enseignement de la lecture, car elle introduit
une multiplicité d'écrits dans l'école, elle affirme l'existence des liens entre
apprentissage et pratiques de lecture, elle off re à tous la possibilité non seulement
de savoir lire mais d'aimer lire.
d) La B.C.D. suppose de nouveaux rapports entre l'école et son environnement
:
- par la présence des parents
d'élèves et autres partenaires à l'action éducative, à différents moments de son
fonctionnement (accueil, ateliers, animations...) ;
- par l'ouverture sur le quartier :
fréquentation de la B.C.D. par les parents, pendant et/ou en dehors des horaires
scolaires, « sortie » de la B.C.D. hors de l'école pour un certain nombre d'activités
;
- par l'existence d'un comité de
gestion de la B. C. D. (voir ci-dessous en 3.3.) ;
- par les relations que la B.C.D.
permet entre l'école et les bibliothèques de lecture publique.
2.3 . Ce mode de fonctionnement
n'implique pas qu'un membre de l'équipe éducative exerce des fonctions spécifiques de
gestion de la B.C.D.
3 Mise en uvre d'une procédure expérimentale
pour l'année scolaire 1984-1985
3.1. De très nombreuses bibliothèques
d'écoles ou B.C.D. existent déjà. Certaines de ces réalisations sont engagées dans le
sens des objectifs et principes de fonctionnement énoncés ci-dessus : elles associent
une pluralité de partenaires autour de dépôts de livres, de bibliothèques ou de «
coins-lecture » dans les écoles, de projets d'action éducative, d'animations autour du
livre et de l'écrit ; de même des rapports suivis s'instaurent entre bibliothèques
municipales et écoles.
Ces initiatives doivent être
soutenues, en particulier par des actions de formation privilégiant la participation
conjointe d'enseignants, de professionnels du livre et de la lecture et de membres du
secteur associatif.
3.2. Afin d'aboutir à des réalisations
significatives de grande qualité et d'en permettre l'évaluation, une action
expérimentale est mise en place pour l'année scolaire 1984-1985.
Seront ainsi concernées quatre
académies où existent un programme académique d'action culturelle autour du livre et de
la lecture et des programmes de formation conjoints des personnels.
Il s'agit des académies de Créteil,
Grenoble, Lyon, Poitiers.
La procédure ci-dessous gardera donc
un caractère expérimental et un champ d'action limité.
3.3. Un dispositif conventionnel liera la
commune responsable du financement de l'école et l'État (Éducation nationale et Culture
contribuant paritairement au financement de l'opération).
Il réglera l'attribution et les
conditions d'utilisation des moyens mis à disposition de la commune et précisera
l'engagement financier de celle-ci. Il officialisera la création du comité de gestion
chargé du soutien et du suivi du fonctionnement de la B.C.D. concernée et désignera
éventuellement un chef de projet (directeur d'école, instituteur, bibliothécaire... )
chargé de sa mise en uvre et de l'animation du comité de gestion de la B.C.D. Afin
de faciliter le fonctionnement de la B.C.D. au sein d'une école ouverte sur son
environnement, ce comité de gestion, qui pourrait prendre la forme d'un comité
spécialisé du conseil d'école, comprendra les représentants du réseau de lecture
publique, du mouvement associatif et plus généralement les organismes et institutions
impliqués.
3.4. Pour pouvoir bénéficier de l'aide prévue
par la présente circulaire, les projets devront répondre aux exigences suivantes :
- caractère prioritaire de
l'implantation (Z.E.P. quartier ou îlot sensible, etc.) ;
- projet de l'équipe éducative impliquant l'ensemble des élèves et des classes de
l'école, ou des écoles, dans le fonctionnement de la B. C. D. ;
- activités d'animation autour du livre et de l'écrit (exemple : P.A.E.) préalables au
projet et activités du même type incluses dans celui-ci ;
- pluralité des partenaires impliqués dans la conception, la gestion et l'animation de
la B.C,D. (préfiguration du comité de gestion) ;
- articulation du projet avec la politique locale du livre et de la lecture menée par la
municipalité ou la bibliothèque municipale ;
- ouverture à la population du quartier, extension des horaires au-delà du temps
scolaire
- intégration d'activités de formation.
Les décisions seront prises, sous
l'autorité du commissaire de la République, par les administrations de l'Éducation
nationale et de la Culture, représentées par :
- l'inspecteur d'académie, directeur
des services départementaux de l'Éducation nationale, le chef de la mission académique
à la formation, le chargé de mission aux zones prioritaires et le chargé de mission
académique à l'action culturelle ;
- le directeur régional des affaires
culturelles, le chargé de mission régional au livre et à la culture et deux
conseillers.
3.5. Les actions seront financées à parité
par les ministères de l'Éducation nationale et de la Culture à raison d'une somme
maximum de 20 000 F par projet.
La participation de l'État
correspond à une aide à la constitution du fonds et à un projet d'action éducative
lecture-écriture pour la première année de fonctionnement. La commune assurera au
minimum les aménagements nécessaires de locaux et l'équipement en matériel.
L'État convient d'apporter une somme
de 2 millions de francs sur cette opération et déléguera les crédits correspondants
aux préfets, commissaires de la République, en fonction des projets retenus dans les
départements.
4
Formation
4.1. Cette formation prévoit :
- La formation des équipes de B.C.D.
à raison de quatre personnes par école ou groupe scolaire : deux instituteurs et deux
partenaires du livre (un professionnel et un bénévole).
Cette formation comprendra
obligatoirement un stage en situation dans une bibliothèque municipale pourvue d'une
section jeunesse.
- Des rencontres entre les membres
d'équipes de B.C.D. des académies concernées et d'animateurs d'académies voisines
susceptibles d'engager des actions ultérieurement.
- Une formation de formateurs.
4.2. Toutes ces actions seront conçues,
organisées et conduites par des équipes mixtes Éducation nationale/ Culture ; chacun
d'elles associera des stagiaires issus des deux secteurs.
- Le ministère de l'Éducation
nationale complétera les actions prévues dans le cadre des plans académiques de
formation par des actions interacadémiques et nationales prévues au programme national.
- Au plan national, ces opérations
comprendront une université d'été et auront pour objectif d'engager une réflexion
approfondie sur l'incidence du fonctionnement des B.C.D. quant à l'évolution des
pratiques et de l'apprentissage de la lecture-écriture.
Des documents d'information y seront
élaborés sur la base de l'évaluation des expériences en cours, afin d'aider à la mise
en uvre de nouvelles actions.
4.3. Le ministère de l'Éducation nationale
assurera la participation à ces actions, de ses propres personnels ; celui de la Culture
contribuera au financement de la participation des stagiaires non enseignants.
Le ministre de l'Éducation
nationale,
J.-P. CHEVENEMENT
Le ministre délégué à la Culture
J. LANG
Adresses utiles
Des revues auxquelles on peut s'abonner pour
enrichir en permanence la B.C.D. :
J
Magazine, B.TJ., B.T., B.T.Son, Créations, Périscope, Dits et Vécus Populaires: C.E.L.1.
C. E. M., B. P. 109 -06322 Cannes La Bocca Cedex
Textes et Documents pour la classe : C.
N. D. P., B. P. 107
05 75224 Paris Cedex 05
Le
Mulot: Auvergne et Nature - La Baraque 63870 Orcines.
La
Hulotte : Boult-aux-Bois - 08240 Buzancy.
Jeunes années magazine, Éclats de
lire : Francs et
Franches Camarades, 10-14 rue Tolain 75020 Paris.
L'Argonaute
: 11 boulevard de Sébastopol 75001 Paris.
Des livrets de lecture pour les petits (maternelles
et C.P.).
La Bibliothèque enfantine : 6 séries de 10 albums C.E.L. -B.P. 109
- 06322 Cannes La Bocca.
Des revues pour les adultes pour
s'informer :
L'Éducateur:
C.E.L., B.P. 109 06322 Cannes La Bocca Cedex (15 numéros par an).
Les
actes de lecture: ~A.F.L. B.P. 13505 75226 Paris Cedex 05.
Aube
: CF IDENPEN, 4 passage Louis Philippe 75011 Paris.
Lira-Lira
pas : C. R. D. P., 11 rue général Champon 38031 Grenoble.
Lire
à l'école : « Les B.C.D. » bulletin. 2 numéros par an. C.R.D.P., 6 rue
Sainte-Catherine 86034 Poitiers.
L'implantation des B.C.D. à l'école
élémentaire Pierre
Baligand. C.D.D.P., 25 avenue Pasteur 89000 Auxerre.
Des revues avec des sélections de
livres
Trousse-livres
: 3 rue Récamier - 75341 Paris Cedex 07 (10 numéros par an - 132 F (en 1985).
La revue des livres pour enfants : La Joie par les livres, 8 rue
Saint-Bon - 75004 Paris. (6 numéros par an 100 F (en 1985).
C.R.I.L.J. Information : C.R.I.L.J., 11 rue Saint Dominique
75007 Paris.
Une librairie (parmi d'autres) où l'on trouve
une très bonne sélection, principalement dans les domaines pluriculturels (livres
bilingues) et éducation à la paix.
Librairie de l'Arbre à Livre, 76
boulevard Saint-Michel 75006 Paris.
La librairie « Alpha du Marais »,
13 rue du temple 75004 Paris qui vend les productions de 1'l. C. E. M.- C. E. L.
Du matériel :
Filmolux,
papier film transparent autocollant, renfort: 0. D. M. P., 64 rue Rodier - 75009
Paris.
Étuis porte-fiches adhésifs,
étiquettes pour cote
Eure-Film,
B. P. 2 - 27240 Damville.
Multibril, papier transparent, O.D.M.P., 64 rue
Rodier 75009 Paris.
L'aventure
documentaire, M. Barré (Casterman E3) Lire
c'est vraiment simple, Collectif A.F.L. (O.C.D.L.-M.D.I.).
La
lecture et l'enfant, B. Bettelheim (Laffont). Comment
les enfants apprennent à lire, F. Smith (Retz).
Laissez-les
lire, G. Patte (Éditions Ouvrières). Les B. C.
D. pour quelle école ? pour quelle lecture ?~ Y. Parent (Association Française pour
la Lecture (A.F.L.)
Apprendre à lire pour les 2-12 ans (plate-forme commune des mouvements
pédagogiques), à commander à I.C.E.M., 45 avenue Jean-Jaurès 94250 Gentilly.
Pour une méthode naturelle de lecture (Casterman).
Croqu'Odile,
crocodile ! ou pour une méthode relationnelle de lecture-écriture (Casterman).
DESSEIN, DESSIN, CLICHÉ ?
SIL TE PLAÎT,
DESSINE-MOI UNE ÉCOLE
Lorsque
l'action d'un roman, d'un film, d'une bande dessinée se situe à l'époque actuelle, on y
voit des paysages actuels, des immeubles actuels, des moyens de transports actuels, des
vêtements actuels. Mais si par hasard on doit y montrer une école, alors, dans quatre
vingt dix neuf pour cent des cas, on y montre l'école du temps des machines à vapeur de
la lampe à gaz et de la marine à voiles.
Chaque
adulte vit avec en lui une idée de l'école, une image de l'école auxquelles il
s'accroche en dépit de toute logique, au mépris de tout réalisme. Et si à la rigueur
il accepte de voir évoluer quelque peu en apparence le mobilier scolaire, il est
incapable de concevoir l'existence d'une forme de travail scolaire autre que celle dont
ses souvenirs d'enfance lui ont laissé une trace au demeurant caricaturale. Et ce, à
tous les « niveaux ».
Quel
technicien, quel banquier, quel industriel quel médecin, quel artisan, quel travailleur
de quelque branche que ce soit supporterait une telle entrave à l'évolution normale de
ses conditions de travail et de ce travail lui-même ?
Tu admets, bon gré mal gré, que se
remodèle le monde, que se redistribue le travail, que se restructure l'économie. Alors,
s'il te plaît, que ton dessein pour l'école ne soit plus une image d'Épinal.
Un autre dessein pour l'école,
chaque mois, dans la revue
L'ÉDUCATEUR
Revue de l'Institut Coopératif de
l'École Moderne
Pédagogie Freinet
Abonnements
P. E. M. F. - B. P. 109 - 06322
Cannes La Bocca Cedex
Ce POURQUOI-COMMENT a
été réalisé par Joël Blanchard, Guy Champagne et Claude Cohen, avec la participation
et les témoignages de l'équipe pédagogique et des bibliomères d'Aizenay, ainsi que de
Liliane Corre, Véronique Lebas, Pierre Legot, Eliette Marquez, Jacqueline et Raymond
Massicot, Anne Valin, Jean Villerot.
Photographies : Raymond Massicot : p. 3, 13, 14,
15, 26, 34, 46, 51, 56 Photographies X : p. 32, 54, 66.
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