Dossier pédagogique de lEcole Moderne n°19 Supplément à lEducateur numéro 10 du 15 février 1966 Mémento d'Ecole Moderne VERS L'INDIVIDUALISATION
DE L'ENSEIGNEMENT |
Télécharger le texte (RTF compressé) |
C. FREINET L'Ecole
traditionnelle a fait faillite. Cela ne veut pas dire que les
éducateurs qui y exercent ne font pas leur travail consciencieusement, mais qu'on use
fort mal de leur intelligence et de leur bonne volonté, qu'on en abuse par la pratique
d'outils et de techniques qui ne sont pas adaptés au monde contemporain. Nous n'en référons pas ici la
démonstration. Toute personne de bon sens comprend qu'on ne peut travailler avec
efficience à l'école selon des méthodes d'il y a 50 à 80 ans, alors que tout a changé
autour de nous et que, notamment l'auto, le téléphone, les techniques audiovisuelles
imposent désormais une autre conception de la vie. Il y a certes toujours eu - et c'est
sans doute ce qui fausse les données d'appréciation - une petite proportion, disons 3 à
5 %, d'élèves particulièrement doués, qui réussissent quelle que soit la
méthode employée, comme il y a toujours eu des éducateurs d'élite qui sont capables de
parer, par leur ingéniosité, à toutes les déficiences techniques. Mais pour la masse des enfants et des
éducateurs, l'enseignement est incontestablement dans une impasse : l'orthographe est
défectueuse, la simple lecture difficile ; la proportion des dyslexiques croît au rythme
d'une épidémie contre laquelle on tente en vain de se prémunir ; nombreux sont les
élèves qui ne veulent plus travailler, qui ne s'intéressent à rien et qu'on ne sait
comment rattacher à une amorce de culture. L'armée des recalés à l'entrée en 6e
va enfler sans cesse les effectifs déjà pléthoriques des classes de transition. Dans une telle atmosphère au climat détérioré, où seules
les punitions apparaissent comme moyen valable de discipline, alors que le monde va vers
la coopération et la cogestion, les instituteurs et les professeurs sont les victimes de
conditions et de méthodes de travail qui ne peuvent absolument pas continuer à bloquer
plus longtemps une des entreprises publiques les plus vitales pour le pays. Un vent de réforme s'est d'ailleurs
levé, inscrit d'abord dans les instructions officielles et dans les recherches
théoriques. L'administration française, sensible à ce besoin de renouveau recommande
une pédagogie moderne pour les classes de perfectionnement et les classes de transition
et terminales en attendant un jour la réalisation pratique de cette pédagogie. Le Canada
préconise de même une véritable révolution pédagogique pour laquelle il est à la
recherche des formes d'Ecoles qui donneront vie aux projets officiels. Quiconque considère sans parti pris la
situation actuelle de notre enseignement se rend compte aujourd'hui que l'école doit
ou se moderniser ou accentuer son dépérissement. Nous pouvons vous aider à la
moderniser. La pédagogie Freinet, née de quarante
ans d'expériences dans des dizaines de milliers de classes, s'offre pour opérer les
changements indispensables. Vous lirez dans ce Mémento les conseils essentiels que vous
compléterez ensuite par les moyens multiples que met à votre disposition l'organisation
coopérative créée par Freinet et ses camarades. L'Ecole Moderne Française
|
POURQUOI CHANGER? Vous souffrez tous de ces conditions
défectueuses de travail et notamment de l'opposition permanente entre maîtres et
élèves qui en est la conséquence. Le dogmatisme auquel vous êtes condamnés et qui
vous apparaît comme la seule solution pédagogique valable déshumanise votre classe et
votre vie. Vous voudriez bien que cela change. Vous avez entendu parler des Techniques
Freinet qui pourraient bien Nous y aider. Mais vraiment, dans l'état actuel des choses,
votre école étant ce qu'elle est, avec les impératifs majeurs qui en gênent
l'évolution, vous n'osez entreprendre des changements pour lesquels vous n'êtes
nullement préparés. - Vous avez, dites-vous, toujours exposé
des leçons, fait réciter des résumés exigé l'étude et la mémorisation des manuels
scolaires, et ma foi, cela ne vous réussit pas trop mal : vos élèves sont normalement
reçus au CEP ou au BEPC, ce qui vous paraît être l'épreuve suprême de l'efficience de
votre enseignement. Les parents sont contents ! Ils ont
toujours procédé ainsi. Et l'Inspecteur n'aime pas trop les changements qui compliquent
son travail. Alors, pourquoi changer ? Pourtant, vous n'êtes pas sans inquiétude. Vous êtes désarmés devant la passivité de vos élèves, leur distraction maladive, leur peu d'amour du travail. Mais vous n'osez pas modifier votre comportement. Vous avez trop peur d'échouer. - D'autant plus qu'on vous a aimablement prévenus : * les techniques Freinet sont difficiles à pratiquer ; * elles supposent une préparation particulière des maîtres ; * il faut peu d'élèves, et votre classe est surchargée ; * la liberté que les techniques Freinet supposent et préconisent, engendre le laisser-aller et la pagaille, or, le désordre ne saurait être favorable à l'éducation ; * les enfants ne sont pas mûrs pour la liberté ; * ils ne savent pas travailler
seuls. - Vous redoutez les échecs aux examens. - Et IP n'en est peut-être pas partisan... Or, tout cela n'est que partiellement juste, et, en tous cas,
rarement prohibitif. Il est pourtant exact qu'il faudrait que
vous soyez normalement préparés théoriquement, psychiquement et techniquement à
cette forme de classe, sinon vous risquez d'adapter seulement les techniques nouvelles à
l'ancienne pédagogie, et il n'y aura rien de changé, comme si vous montiez un moteur
neuf et puissant sur la carrosserie des chars à bancs et des diligences. Comme il est exact que les enfants, comme
les parents, sont habitués aux vieilles techniques, et qu'il est toujours très difficile
de les entraîner au travail nouveau. Mais, à même votre classe, vous pouvez cependant aujourd'hui, nous ne disons pas appliquer les techniques Freinet - ce sera l'aboutissement de vos efforts à venir de rénovation - mais améliorer votre travail selon les principes et avec l'apport de la pédagogie Freinet, et cela : - sans rien bouleverser - sans nuire à l'ordre et à la discipline ; - sans fatigue supplémentaire ; - sans indisposer ni vos collègues, ni
les parents, ni vos inspecteurs, dans l'ordre et l'efficience. Qui donc oserait contredire à cet effort de modernisation qui est le propre de toute entreprise qui ne veut pas dégénérer dans la sclérose et le vieillissement? Le Journal Scolaire |
LA PEDAGOGIE FREINET N'EST PAS UN IDEAL THEORIQUE ; ELLE EST UNE REALITE VIVANTE A LA MESURE DE NOS CLASSES - des classes uniques, compliquées, des nombreux villages où sont nées et où ont prospéré nos techniques ; - des classes chargées, et même surchargées ; - avec les exigences des programmes et des examens ; - et parfois l'opposition des parents et des Inspecteurs. |
PRENDRE CONSCIENCE
DE QUELQUES REALITES Le plus difficile, dans cette entreprise,
et contrairement à ce qu'on croit parfois, ce n'est pas le fonctionnement technique des
outils nouveaux. On peut en dominer la manuvre sur le vu de quelques explications,
et les enfants, souvent plus ingénieux que les maîtres, y parviendront d'eux-mêmes
très rapidement. Le délicat c'est l'imbrication de ce travail nouveau dans le
contexte de notre classe. Vous pouvez avoir une classe bien
outillée, avec imprimerie, limographe, fichiers, couleurs, et bandes. Mais si vous
conservez votre esprit scolastique vous manuvrerez souvent ces outils à
contre-temps. Vous ne sentirez pas chez vos enfants cette soif de connaissance et de
création, cet enthousiasme au travail dont nous révélons la promesse. Et vous serez
déçus. Si vous ne sentez pas la nécessité de ce
changement d'esprit, si vous êtes satisfaits de l'Ecole traditionnelle, ne cherchez pas
plus avant; attendez d'être en mesure de comprendre le sens et la portée de
l'inévitable évolution pédagogique et sociale qui vous imposera un jour prochain ses
impératifs. Voici, brièvement, quelques notions de
base à reconsidérer (I) I°. VOS ENFANTS N'ONT PAS TOUS LES
DEFAUTS ET LES VICES DONT ON LES ACCABLE. Ces défauts et ces vices sont presque
toujours de la faute de l'école : - Si vos enfants ne s'intéressent pas à ce que vous leur imposez, c'est que vous n'avez pas su motiver leur travail ; - s'ils n'ont rien à dire, c'est qu'ils ont été trop longtemps condamnés à se taire; - s'ils ne savent pas créer, c'est qu'ils ont été entraînés seulement à obéir, à copier et à imiter; - s'ils trichent, c'est que votre système d'organisation et de contrôle est mal établi. --------- (I) Liste des livres à recommander en
priorité : Dits de Mathieu ; Education du Travail; L'Ecole Moderne Française,
et les numéros parus dans la collection Bibliothèque de l'Ecole Moderne (BEM) et
Dossiers Pédagogiques. Catalogue à CEL, BP 282, (06)
Cannes. --------- 2°. IL FAUT ABSOLUMENT VOUS DEFAIRE AVEC
LES ENFANTS, DE LA MANIE DE L'AUTORITE ET DE SES INSTRUMENTS LA PUNITION ET LA RECOMPENSE, qui placent l'enfant dans l'obligation technique et morale de faire ce qu'ordonne le maître. 5°. VOUS CROYEZ VOS LEÇONS INDISPENSABLES. ELLES VOUS DONNENT MAJESTÉ. 6°. NOUS SOMMES AU SIECLE DE L'EFFICIENCE ET DU RENDEMENT. LES ENFANTS, COMME VOUS, N'AIMENT PAS TRAVAILLER POUR RIEN, POUR LA NOTE. ILS DEMANDENT UN VRAI TRAVAIL, DONC MOTIVÉ. Vous vous efforcerez de supprimer radicalement la scolastique, c'est-à-dire le travail qui ne sert à rien qu'à l'école et vous chercherez avec nous les nouvelles motivations. Les Dits de Mathieu |
QUELQUES CONSEILS PREALABLES 1°. NE COMMETTEZ PAS LERREUR D'ACCORDER SENTIMENTALEMENT TROP VITE ET TROP BRUSQUEMENT, LA LIBERTE A VOS ELEVES. 2°. NE VOUS PRESSEZ PAS DAVANTAGE POUR UNE ORGANISATION FORMELLE DE LA COOPERATIVE SCOLAIRE, TANT DU MOINS QUE VOUS N'EN SENTIREZ PAS LE BESOIN. 3°. NE VOUS PRESSEZ PAS TROP DE SUPPRIMER LES MANUELS SCOLAIRES ET LES NOTES. 4°. DESCENDEZ DE VOTRE CHAIRE. Les Techniques Freinet de lEcole
Moderne |
L'INDIVIDUALISATION DE L'ENSEIGNEMENT Nous placerons tous nos efforts pratiques de modernisation sous le signe de l'individualisation de l'enseignement, ce qui n'exclut nullement nos efforts de recherche et de réalisation d'une pédagogie qui doit considérer sous tous ses aspects le comportement individuel et social des individus. Dans son discours à la Sorbonne du 29 novembre 1965, M. Gérin-Lajoie, ministre de l'Education du Canada (Québec) disait « Le renouveau pédagogique s'inspire
d'un objectif central, l'individualisation de l'enseignement. Chaque enfant pourra ainsi
progresser selon le rythme qui convient le mieux à ses aptitudes et à sa personnalité
propre, plutôt que selon les exigences rigides de structures pédagogiques trop
exclusivement fondées sur l'acquisition des connaissances. * Nous présenterons deux formes de travail
individualisé. a) La première se fait soit par fiches autocorrectives, soit par cahiers autocorrectifs, soit par bandes enseignantes. Nous avons donné le branle en ce domaine comme en beaucoup d'autres en réalisant, dès 1930, les premiers fichiers autocorrectifs. Et vous pouvez vous-mêmes pour vous convaincre des vertus de cette technique, refaire notre expérience. * Une seule difficulté, dont nous avons
prévu la solution : le travail individualisé est évidemment plus complexe. Ce n'est
plus l'ordre apparent des manuels où il suffit de tourner les pages pour savoir où on en
est. Il nous faut, pour ce travail
individualisé prévoir une autre forme d'organisation et de contrôle. Nous y parvenons
par nos plans de travail et nos plannings. Nous n'entrons pas ici dans le détail
des explications techniques qui vont faire l'objet d'un livre à
paraître : L'individualisation de
l'enseignement. |
COMMENT LES TECHNIQUES FREINET VONT VOUS PERMETTRE L'AMELIORATION PROGRESSIVE DE VOTRE ENSEIGNEMENT Nous disons bien «progressive
». Une fois encore nous n'avons pas le
choix. Si un Uniprix transporte ses
magasins dans un immeuble nouveau, il a certes alors toutes libertés et tout le temps
voulu pour l'installation prévue. On ne commencera le travail que lorsque tout sera
parfaitement en place. C'est plus simple et plus rationnel. Mais s'il doit moderniser son installation
et son mode de vente sur le lieu même de la vieille entreprise, s'il ne peut pas fermer
ses magasins de crainte de perdre sa clientèle, alors ce sera plus délicat. Il faudra
monter pièce à pièce les éléments nouveaux où on installera progressivement les
services prévus. Et cette installation durera de nombreux mois. Elle peut être
finalement parfaite si on a malgré tout construit et aménagé en fonction d'un plan
général bien établi, qu'on réalise seulement pièce à pièce, au lieu de l'attaquer
méthodiquement dans son ensemble. C'est évidemment plus compliqué mais le résultat
définitif peut en être aussi satisfaisant. La première solution n'est presque jamais
réalisable à l'école. Même en cas de construction nouvelle, ce sont les éléments
vivants, maîtres et élèves qui ne répondront pas forcément aux besoins de
l'éducation. C'est au second système que nous aurons
toujours recours dans notre vie : installer le nouveau à même l'ancien. Nos
réussites actuelles dans des milliers d'écoles montrent que la chose est possible. Nous
présentons notre plan général, qui ne sera réalisé que dans six mois, un an, deux
ans. C'est en fonction de ce plan que nous aménagerons progressivement les éléments de
notre installation. La vitesse de réalisation dépendra d'une infinité de conditions
scolaires et extrascolaires (y compris la compétence du maître) sur lesquelles il nous
faudra tâcher d'agir. La pédagogie Freinet n'est pas une
pédagogie de verbiage. Elle est à base d'outils et de techniques. L'Uniprix ne se construit pas avec
des plans et des discours. Il y faut le travail actif des ouvriers et des collaborateurs
de tous degrés. Les pédagogues du temps passé vous ont
présenté des plans ; ils vous ont donné généreusement des justifications et des
exploitations théoriques qu'ont officialisées parfois des instructions ministérielles.
Mais nul ne s'est mis à pied duvre C'est nous les instituteurs qui avons
entrepris le chantier et commencé la réalisation dans nos classes - pour rappeler un mot
de Claparède me recevant à Genève en 1929 - «du rêve généreux des pédagogues».
Nous sommes les ouvriers qui avons attaqué le travail avec une audace parfois
téméraire ; nous avons fabriqué et installé de nouveaux outils, aménagé les divers
services selon des formules qu'il nous a fallu inventer puis expérimenter. Les outils du passé (manuels et
leçons... salive) se sont avérés fragiles et insuffisants. Vous ne ferez pas avec eux
du travail nouveau. Notre pédagogie est à base d'outils et de techniques qu'il vous faut
évidemment fabriquer ou acquérir, qu'il vous faut apprendre à manuvrer, dans le
cadre d'un plan général d'éducation. Notre plan général, par des méthodes
naturelles, donc valables pour tous, est synthétisée dans notre Education du travail. Nous vous présentons ici, brièvement,
quelques-unes des techniques majeures que vous pouvez tous introduire dans vos classes, avec
toutes garanties de succès, dans l'ordre, la discipline et l'efficience, ces trois
impératifs d'une bonne éducation. Bandes enseignantes et programmation |
TECHNIQUES RECOMMANDEES COMME ETANT
APPLICABLES DANS TOUTES LES CLASSES,
A TOUS LES DEGRES, SOUS
LE SIGNE MAJEUR DE L'INDIVIDUALISATION
DE L'ENSEIGNEMENT (L'ordre d'introduction que nous
donnons n'est nullement obligatoire. Il peut varier d'ailleurs selon les classes,
l'organisation de l'école, le milieu technique, etc... Cet ordre ne sera naturellement
pas le même, dans les classes maternelles, qu'au second degré. Aux maîtres à pourvoir
à cet aménagement). - sur la base du texte choisi on fait ensuite : * un jour du vocabulaire plus ou moins classique, * un autre jour de la grammaire avec exercices correspondants, * le troisième jour étant consacré à l'étude des textes d'auteurs s'y rapportant. * LA MISE AU POINT DICTEE DU TEXTE |
LECONS A POSTERIORI PLACE REDUITE AUX EXPLICATIONS
ABSTRAITES EXERCICES ET EXPERIMENTATIONS
INDIVIDUALISES La pratique encore courante aujourd'hui dans la presque totalité des classes à tous les degrés, c'est la leçon faite par le maître, répercutée ensuite par le travail qu'on exigera de l'élève sur la base des manuels scolaires. - de travail pour les recherches et les travaux d'expérimentation. - au degré maternel où nous supprimons toutes leçons, la maîtresse se contentant de répondre aux questions qui lui sont posées à même la vie et le travail ; - au premier degré - pour le calcul, où le calcul vivant synthétise les premières recherches expérimentales que préciseront les explications techniques de l'éducateur, - en sciences, où l'observation et l'expérience doivent obligatoirement constituer la démarche normale de toute science, L'Enfant artiste |
LES CONFERENCES La pratique peut en être introduite immédiatement, dans toutes les classes, modernisées ou non. C'est cette documentation que nous avons
tout particulièrement mise au point par vingt-cinq années de travail coopératif, et la
collaboration de plus de cinq mille instituteurs avec notre collection Bibliothèque de
Travail qui compte à ce jour 620 brochures programmées et illustrées, toutes
écrites pour des enfants (Ier et 2e degré) avec la participation
des élèves et des maîtres et qui permet, pour 620 thèmes tous travaux de documentation
et de recherche, tout spécialement pour la préparation de conférences. Une collection complémentaire de BT
sonores (disque et diapositives) avec aujourd'hui 25 titres constitue même la
préparation directe et facile des conférences. La conférence, travail individualisé par
excellence, qui demande un travail de recherches préalables, d'enquêtes, de choix, avec
utilisation des moyens audiovisuels (magnétophone, photos et films, notamment) est la
technique moderne idéale. Avec le matériel de base que nous avons mis au point, elle
peut être immédiatement pratiquée dans toutes les classes. La conférence enfin, cultive tout
particulièrement l'expression orale, qui est toujours trop négligée dans les classes
traditionnelles et que les Instructions ministérielles viennent de recommander. Vous pouvez commencer, bien sûr, par faire une ou deux conférences par semaine, accessoirement pour ainsi dire. Mais il faudra tenir compte du fait que ce n'est que par l'expérience, en faisant des conférences, que se forment nos conférenciers. Votre réussite sera d'autant plus marquée que vous aurez pu réserver une plus grande place à cette technique. |
ENFIN L'AUTO-EVALUATION Vous avez un
enfant |
UN IMPORTANT
PROGRÈS EST LA, A NOTRE PORTÉE Travaux de synthèses avec la collaboration
du maître * Dans le sens, et pour les pratiques que
nous avons recommandés, vous pouvez tous démarrer, quelles que soient vos conditions de
travail. Il suffit que vous compreniez que lorsque
vous appliquez seulement 1/10 de nos techniques, il n'est pas raisonnable d'en attendre
50% de succès, ni de vous décourager si vous n'en avez que 10% de bons résultats. Pensez seulement que tous vos camarades,
même les plus chevronnés, en sont là. Vous avez l'avantage d'avoir aujourd'hui à votre
disposition des outils et des techniques qu'ils ont dû, eux, créer, améliorer,
réaliser et financer. Oui, les techniques Freinet telles que les
ont pratiquées nos camarades ont été pour eux une aventure qui leur a demandé du
temps, du dévouement et des sacrifices. Ils n'en ont heureusement pas été avares, et
leur exemple vivant reste là encore pour vous encourager et vous guider. C'était une aventure aussi pour les
premiers aviateurs qui s'élançaient dans l'espace inexploré sur des appareils encore
rudimentaires, où le quotient intellectuel tenait une si grande place. Les progrès
techniques réalisés permettent aujourd'hui à qui veut se déplacer de prendre l'avion
sans appréhension. Nous avons été, nous aussi, les premiers
pionniers, nourris d'aventure et d'idéal, et qui s'en allaient intrépidement défricher
les terrains vierges de la pédagogie. A notre suite, vous pouvez aujourd'hui vous engager
dans les voies que nons avons ouvertes, avec une assurance totale d'efficience et de
succès. Il suffisait peut-être, comme, pour nos
enfants, de soulever un coin de lumière, d'intelligence et de beauté, pour que les
éducateurs las de piétiner et de ruminer leurs échecs, voient souvrir devant eux
les routes nouvelles de libération et de progrès. C. F. Naissance d'une pédagogie populaire |