Les dossier pédagogiques de léducateurSupplément au numéro 9-10 1er juin-juillet 68 Numéro spécial : MAI 68 (rapports des responsables
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L'imprimeur qui tire notre revue Art Enfantin se trouve, du fait
de la grève, dans l'impossibilité de terminer le n° 44 avant le début des vacances.
Pour
éviter à la revue d'être abîmée ou égarée lors des changements d'adresse, nous
avons décidé de retarder son envoi au 15 septembre.
Veuillez
nous excuser de ce contretemps involontaire.
ICEM
DESTIN DE L'ÉCOLE DU PEUPLE
« Les
grands bouleversements nationaux et internationaux - et les événements actuels en sont
incontestablement le prélude - sont toujours l'occasion d'une réadaptation des grands
rouages publics. En temps de paix, tout changement, si minime soit-il, suscite la
coalition de tous ceux qui sont installés dans un rythme désuet hors duquel ils
croiraient ne pouvoir vivre. Les grandes nécessités sociales actuelles ont brisé et
briseront davantage encore ces vieux cadres.
Si nous
voulons vivre et progresser, il faudra bien, dans tous les domaines, s'adapter aux
nécessités nouvelles. » (C. Freinet - L'Educateur 1939.)
Si
lentement s'écrit l'Histoire que ces constatations de vérité, faites par Freinet il y a
quelque trente ans, sont encore, sous nos yeux, d'une brûlante actualité. Il s'agit
aujourd'hui d'une crise de civilisation qui, à l'échelle mondiale, met en cause le
capitalisme des technocrates dont inévitablement le prolétariat fait les frais. Car il
est nécessaire de parler à nouveau de prolétariat dans cette société de
consommation à outrance où même si le prolétaire a son H.L.M. et son frigo, il n'en
demeure pas moins l'homme traqué dans sa condition de serf : il a changé de
visage et de livrée, il a son auto d'occasion, mais plus encore que son corps, c'est son
esprit, c'est son âme qui souffrent sans espoir de rédemption.
En tant
qu'éducateurs engagés dans cette immense et désolante aventure des servitudes non
acceptées, nous nous sentons particulièrement concernés et résolument engagés dans un
combat dont dépend l'avenir des enfants du peuple dont nous avons la charge.
Depuis
longtemps déjà nous avons pris très au sérieux nos responsabilités et en premier lieu
celles de totale lucidité.
Dans le
choc aigu des contradictions qui ont fait éclater d'un coup les événements que nous
avons vécus tout au long de ce mois de mai 1968, nous avons eu comme premier devoir de
nous désenvoûter du mythe de la science.
« La science n'a pas de frontières, nous claironne d'en haut l'aristocratie technicienne. Le savant est libre de poser à son imagination, toutes les questions possibles car, la science c'est d'abord le vent de liberté, jusqu'aux altitudes même où l'esprit est saisi de vertige face à une réalité qui se dérobe. »
Nous disons
non à cette science si elle est, à son tour, dispensatrice de dogmes
incompatibles avec ce que nous sommes en droit d'attendre d'une science soucieuse du
bonheur de tous les hommes.
« La
machine aux subtilités les plus affinées, disent les technocrates, exige de l'homme des
pouvoirs décuplés car elle doit être servie à son rythme, à sa cadence par des
servants ayant poussé au maximum leur spécialisation. »
Nous disons
non au génie de l'inventeur qui pour servir la machine exige de l'homme qu'il se
transforme en robot.
« Le
rendement, dit le chef d'entreprise, est obligatoirement engagé dans la ronde des
compétitions internationales. Ce rendement exige bas salaires et cadences accélérées
sinon nos produits ne seront plus compétitifs sur le marché du monde et la Franceverra
son prestige faiblir. »
Nous disons
non aux concurrences monopolistes qui font de l'homme un simple outil de rendement
et de profit au seul service du capitalisme. Devant de tels abus d'autoritarisme inhumain
nous nous reconnaissons le droit de contester l'intelligence rationnelle détournée de
ses buts de réels progrès favorables à la grande communauté des hommes.
« L'école
doit à son tour s'adapter aux impératifs d'une société expansionniste »
disent les sommités gouvernementales impuissantes à résoudre les problèmes d'une
réalité enseignante catastrophique et sur le plan des effectifs et sur celui des
méthodes et sur celui des programmes et sur celui des débouchés.
Nous savons
dans ce domaine les infinies misères qui découlent de situations anormales s'accumulant
sans cesse dans tous les aspects d'une réalité scolaire vouée à la dégradation de
toutes ses valeurs, de tous les espoirs que devrait susciter une oeuvre éducative digne
du destin de l'homme.
Nous disons
non aux règlements stupides et malfaisants de notoriétés universitaires
ignorantes des réels problèmes éducatifs. Nous disons non à une fausse
science pédagogique du bourrage et du dogmatisme, non à la dégradation de
la personnalité de l'éduqué et de l'éducateur.
Nous
pourrions allonger sans fin la liste des graves manquements d'une démagogique démocratie
d'erreurs et d'exploitation qui nous a conduits dans l'impasse dont il va falloir sortir,
coûte que coûte. Depuis près d'un demi-siècle nous dénonçons ses abus, ses
injustices, ses misérables compromis ayant prétention de solutions valables. Depuis des
décennies nous avons vécu les limitations humiliantes faites à l'école du peuple, à
ses éducateurs, à toute la classe des travailleurs si honteusement exploités à l'heure
où le capitalisme croule sous une production impuissante à s'écouler vers des marchés
profitables.
Et parce
que nous avons su à temps dire non, nous avons conservé envers et contre tous les
manquements au droit à la vie, notre espérance en la destinée de l'école du peuple, en
sa mission, en sa résurrection.
Les
camarades qui, ici, vous font en toute simplicité le récit des actes authentiques qui
ont marqué cette résurrection au long de ce mois de mai héroïque, vous montrent
simplement les voies libératrices dignes du destin d'une véritable éducation populaire.
Et tous ensemble, éducateurs du peuple, vous ferez l'école du peuple
Elise Freinet.
LE TRAVAIL A LA BASE AVEC LES
ENSEIGNANTS
Spontanément
dans tous les coins de France, se constituèrent pendant la grève des groupes de
réflexion pédagogique et nous ne surprendrons personne en disant que nos camarades y
jouèrent souvent un rôle important. Il est impossible de donner un écho de tous les
travaux réalisés. Quelques lettres parmi tant d'autres montrent que le démarrage de ces
travaux à la base ne fut pas toujours facile.
DANS LE RHONE :
« Nos
camarades du groupe ont participé activement aux commissions pédagogiques (inspecteurs,
instituteurs, directeurs d'En., normaliens) mises en place pour étudier les réformes de
structures dans l'enseignement primaire. Les commissions avaient amorcé du bon travail
mais à l'heure où j'écris, il semble que le S.N.I veuille les interrompre. Il semble
également que les inspecteurs primaires s'adaptent assez mal à un travail d'équipe sur
un pied d'égalité avec les instituteurs. Le bilan le plus positif semble être du côté
des réunions cantonales où de nombreux collègues grévistes se sont retrouvés presque
journellement pour discuter des problèmes posés par la grève mais aussi pour entamer
une réflexion sur les méthodes et les structures de l'école primaire. Ce travail en
commun amenant une meilleure connaissance des enseignants entre eux doit continuer. Et
puis ce qui était impossible il y a quelques semaines, a enfin été possible : un
peu partout on a remis en question le principe de l'autorité, les notes, les classements.
Les camarades vont donc essayer de maintenir ces réunions.
DANS LINDRE:
Le
S.N.I. ne s'est mis en route que très lentement. En attendant, le groupe s'est réuni à
peu près chaque jour pour discuter de la situation et voir ce que nous pourrions faire
pour agir efficacement dans le cadre du syndicat en particulier.
Des
commissions se sont enfin mises en route auxquelles nous av ons participé :
-
rapports avec l'administration,
-
rapports avec les I.P.,
-
rapports avec les autres syndicats,
- rapports avec les jeunes,
-
recyclage.
DANS
LE FINISTERE
« A
deux reprises, lors des réunions locales, à l'école, nous avons parlé de réformes.
Tant
qu'on en est resté aux points généraux (plus de note de mérite, effectif maximum : 25
par classe, modernisation des locaux, du matériel, etc..) cela s'est bien passé.
Mais
dès que j'ai dit : « Si vous voulez d'autres rapports entre maîtres, et
Inspecteurs, il vous faudra aussi reconsidérer votre attitude envers les
élèves », ou bien : « si vous vous montrez mécontents dans la rue en
réclamant le socialisme, il vous faudra vous reconvertir aussi dans vos classes et
permettre à vos enfants de s'exprimer librement », cela a fait grincer des dents.
Les jeunes camarades m'ont suivi heureusement. Donc, chaque école a étudié cette
question. A l'Assemblée Générale (5 à 600 maîtres) des motions ont été rédigées,
(motions devant servir de point d'appui, en vue d'une confrontation avec les Inspecteurs
de Brest). Ce débat aurait été fructueux. Nous aurions sûrement amené la discussion
sur la réforme totale de la pédagogie, sur la nouvelle attitude du maître dans sa
classe, sur la suppression des examens, sur l'institution d'un nouveau contrôle, etc...
Mais
finalement, ce grand débat, tant attendu par nous, n'a pas eu lieu. Pourquoi ?
manque de temps ? avec tous les meetings, défilés ou autres tâches.. ?
Personnellement, je pense que de nombreux instituteurs - et le Bureau syndical en premier
lieu - n 'y tenaient pas tellement.
DANS
LE TARN ET GARONNE:
« Le
17, à la réunion syndicale cantonale qui tournait en rond, le propose que l'on parle de
questions pédagogiques comme aux lycées. Le responsable me répond qu'une commission
était chargée de ces études et qu'un dossier épais avait été constitué.. il y a
quelques mois. J'ajoute que les événements récents nous engageaient à revoir
peut-être ce dossier et voilà que « je les fais rigoler avec les Etudiants
auxquels jemboite le pas » (sous-entendu comme avec les gosses dans
la classe). Nous n'avons rien obtenu de ce côté-là, malgré une nouvelle demande le 20
et une autre le 25. »
Quoi qu'il
en soit, un peu partout des groupes de travail se constituent et, dans un certain nombre
de cas, en liaison avec les commissions pédagogiques du SNI ou du SNES.
Par exemple
DANS L'AUBE :
Au sein
de la FEN, nous avons mis en route nos Etats Généraux composés surtout de professeurs
de CEG, lycées, Ecoles Normales.. beaucoup, plus que d'instituteurs (je me demande si
c'est général).
Se sont
réunis 8 ou 10 fois, 60 à 80 personnes avec un noyau d'une trentaine qui ont travaillé
en permanence, soit tous ensemble, soit en commissions.
Evidemment
ils ont redécouvert ce que Freinet a mis au point et nous avons veillé à ne pas trop
intervenir de manière à laisser cette grande prise de conscience s'effectuer à son
rythme. (M. Beaugrand).
DANS
LE VAUCLUSE :
« -
À l'école normale d'Avignon, la commission pédagogique du SNI, des instituteurs non
syndiqués, des normaliens garçons et filles de 4e année qui occupaient leurs
locaux, des professeurs d'E.N. et le Directeur, la Directrice ont participé très
activement aux discussions dans les commissions.
· Participation à la journée des Ecoles Normales du Sud qui se
tenait à AIX, le 28 mai.
· Participation sur le plan départemental à l'élaboration des
synthèses des travaux des commissions de chaque section. » (J. Debiève).
DANS
LES BOUCHES DU RHONE, comme dans quelques autres départements, le plan
Langevin-Wallon sert de canevas à la discussion et nos camarades proposent des
amendements en fonction de la pédagogie Freinet. Ils s'appliquent à préciser ce qu'ils
mettent sous les termes parfois laconiques du projet.
A
CANNES :
« Nous
avions insisté dès le premier jour de grève pour qu'un large travail de confrontation
soit commencé avec les enseignants et avec les parents. Un comité de recherche et
d'action fut créé dans une école du vieux quartier et les enseignants cannois
participèrent nombreux à ces travaux qui feront l'objet d'un copieux « livre
blanc ». Nous devons souligner la maturité et la combativité des
collègues, travaillant au coude à coude pendant tant de jours, avec une qualité de
militantisme dont personne n'avait conscience jusque là.
Des
centaines de motions furent publiées par les groupes de l'Ecole Moderne, nous retiendrons
celle de nos camarades
DINDRE
ET LOIRE
MOTION
ADOPTEE LE 20 MAI 1968.
LINSTITUT
TOURANGEAU de L'ÉCOLE MODERNE souhaite que soit repensée complètement
LORGANISATION DE LECOLE ; qu'elle devienne une véritable MAISON DE
LENFANCE ouverte sur la VIE en liaison étroite avec les parents d'Elèves lui
apportant leur aide active, qu'elle soit organisée d'une façon autonome: maîtres
regroupés par affinité pédagogique dans de petites unités visant avant tout au PLEIN
EPANOUISSEMENT de LENTANT et à la LIBERATION de L'HOMME. que LORGANISATION
PEDAGOGIQUE et L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE soient assurées par l'Equipe de Gestion
basée sur les rapports profonds entre maîtres, parents, élèves, docteurs, etc... que
le CONTROLE du DEVELOPPEMENT de L'ENFANT sous forme de notes, classements, examens soit
remplacé par la MOTIVATION du TRAVAIL et l'INTERET de LENTANT lui permettant de
s'exprimer pleinement et de se développer à son rythme dans une organisation
coopérative rationnelle du travail, et la constitution de DOSSIERS contenant les
réalisations de l'enfant marquant les étapes de son développement, mais ne comportant
aucun jugement DEFINITIF.
que le
contrôle des maîtres par Inspections et Notes soit remplacé par des confrontations
entre groupes de travail, que soit donnée aux maîtres, durant le temps scolaire, la
possibilité de se tenir au courant des recherches pédagogique, psychologique,
scientifique, artistique, etc..., que la FORMATION des MAITRES soit entièrement repensée
en fonction de ses besoins nouveaux.
Nos
camarades de LOIRE A ATLANTIQUE, toujours à la pointe du militantisme ont
lancé cet APPEL AUX EDUCATEURS
L'Institut
départemental de lEcole Moderne (Pédagogie FREINET) dont les militants ont, depuis
de nombreuses années, préconisé et mis en pratique dans leurs classes coopératives LA
LIBERTE DEXPRESSION et LA PRISE EN MAIN PAR LES ELEVES EUX-MEMES de leurs institutions et
de leurs activités :
- se
félicite du puissant mouvement de contestation lancé par les Etudiants et les Lycéens
pour obtenir l'auto-gestion de leur formation ;
-
souhaite que tous les Enseignants, de la Maternelle à la Faculté, participent activement
à cette remise en cause du système éducatif autoritaire ;
l'ECOLE
LAIQUE est une ECOLE LIBERATRICE au service du peuple, et tout éducateur se doit d'être
fermement attaché à la démocratie et à la libération économique de l'homme, à la
Justice et à la Paix, tant dans son action éducative de chaque jour que dans ses
activités militantes.
La
liberté d'expression et la démocratie sont immédiatement possibles dans toutes les
écoles, avec les Ecoliers, les Lycéens, les Etudiants, et ce sont les seules voies qui
peuvent permettre la formation d'hommes LIBRES ET RESPONSABLES, aptes à promouvoir la
société nouvelle de justice sociale et de liberté que tous les travailleurs réclament
fortement.
Pour
cette vaste entreprise révolutionnaire, l'Institut Coopératif de lEcole Moderne
(Pédagogie Freinet) qui se veut entièrement indépendant d'un Pouvoir résolument au
service de l'exploitation capitaliste de lHomme, met coopérativement à la disposition
des enseignants : son expérience, ses outils, ses techniques, ses classes et ses
militants.
« IL
NE PEUT Y A VOIR COMME BUT A NOS EFFORTS QUE LA SOCIETE D'OU SERA EXCLUE TOUTE
EXPLOITATION DE L'HOMME PAR L'HOMME » (Freinet).
Une
expérience passionnante parmi tant d'autres méritera que nous en parlions en détail à
la rentrée. Il s'agit du travail réalisé par nos amis Reuge A CHOISY-LE-ROI
Les 30
collègues du groupe scolaire vivant en coopérative (y compris pour le marché, la
cuisine, la garde de leurs 21 enfants) en plus de toutes les actions menées avec les
collègues des autres quartiers, les parents, les travailleurs de Rhône-Poulenc,
préparèrent la réforme de leur propre école. Nous ne pouvons que l'évoquer
sommairement mais nous y reviendrons.
Une étude
approfondie fut menée sur les 5 points suivants :
1)
Formation des maîtres ;
2)
Liaison entre les divers ordres d'enseignement ;
3)
Liaison entre les différents cours d'une même école ;
4)
Participation à la gestion de l'établissemen ;
5) Rôle
des Inspecteurs.
Cette
étude déboucha sur des actions précises : liaison effective avec les collègues
des maternelles et les professeurs du lycée, réorganisation du conseil des maîtres,
mixité réalisée dans les petites classes et continuée au long des années pour une
mixité complète à l'intérieur du groupe, organisation des activités facultatives du
samedi après-midi en liaison avec les CEMEA, les Francas pour permettre la formation
continue des maîtres et la coordination des classes. Tout ce travail réalisé bien sûr
en liaison avec la Municipalité, l'inspecteur et les parents dont l'accord et le soutien
sont indispensables,
Nous devons
souligner le fait que dans bien des cas, on passa outre au cloisonnement entre primaire,
secondaire, supérieur et que pour la première fois instituteurs et professeurs
acceptèrent de sortir de leurs catégories pour envisager d'une façon plus large les
problèmes d'éducation. De nombreux professeurs demandent à participer à nos stages et
c'est bien volontiers que nous les accueillerons dans nos groupes de travail.
Tout au
long de ces journées, nos camarades se sont toujours placés au sein de la lutte
syndicale, tentant toujours de situer le travail de réflexion en liaison avec les
commissions pédagogiques du syndicat.
Nous
rappelons que le 28 mars nous avons demandé la discussion de propositions précises. Nous
avons à nouveau, le 30 avril, adressé la lettre suivante au secrétaire général du
S.N.I.
Cher
Camarade.
Nous
avons été très heureux d'accueillir à notre Congrès de PAU, Paulette CREPIN qui nous
a apporté le message du S.N.I.
Nous
aurions aimé pouvoir parler plus longuement avec elle, mais nous comprenons que les
multiples tâches qui incombent aux membres du Bureau National ne lui aient pas permis
d'assister à tout le Congrès.
C'est
pourquoi nous vous proposons de continuer l'étude des problèmes posés.
Nous
avons lu avec beaucoup d'attention la résolution adoptée par le Conseil National du 6
avril, et nous pensons que la Charte de lEcole Moderne et les motions adoptées à
PAU seront une réponse à quelques-uns des problèmes que vous posez. En effet, si nous
sommes persuadés, avec FREINET, que seules les techniques de travail permettent de
renouveler efficacement la pédagogie, il n'en reste pas moins que ces techniques doivent
se fonder sur une véritable philosophie de l'éducation que nous avons essayé de
transcrire dans notre Charte.
Je ne
vous surprendrai pas en affirmant que nous croyons comme vous que la rénovation
pédagogique ne peut être que l'affaire des enseignants eux-mêmes, car cela correspond
à la lutte menée par FREINET pendant plus de 40 années de militantisme. C'est pourquoi
nous sommes prêts à apporter notre contribution sincère et désintéressée à l'effort
de modernisation pédagogique de tous les enseignants de la base. Dans cet esprit, nous
vous proposons de mettre à l'étude les points suivants :
1°)
Reconnaissance de nos classes Freinet pour servir de témoignage parmi d'autres, d'un
effort de modernisation pédagogique. A l'heure où l'on risque de créer hâtivement des
classes dites témoins, nous voudrions souligner l'existence d'un réseau de classes dont
les maîtres acceptent de montrer sans prétention, à leurs collègues, ce qu'ils font
pour rénover la pédagogie.
2°) Alors
que de nombreux collègues cherchent isolément à moderniser leur pédagogie, il serait
très bénéfique qu'ils puissent se regrouper en unités scolaires de 5 classes pour
assurer la continuité de leur travail. Pour cela, il faudrait que soit facilité leur
regroupement, et que soient étudiées, en dehors de tout favoritisme et de tout
ostracisme, des possibilités de nomination et de logement qui permettent, sans léser
personne, la constitution d'équipes pédagogiques.
3°) Comme
la confrontation est t'élément essentiel de tout progrès, nous pensons que le S.N.I.
devrait prendre l'initiative de créer des groupes locaux n'ayant d'autre but que la
confrontation des expériences. Ce travail pourrait être réalisé en liaison avec les
commissions pédagogiques départementales qui s en trouveraient ainsi renforcées.
4°)
LEcole Libératrice pourrait consacrer dans ses pages pédagogiques, une rubrique
régulière à la Pédagogie FREINET et à d'autres méthodes pédagogiques, étant bien
entendu qu'il ne s'agirait pas là d'opposer schématiquement des pédagogies, mais de
proposer très simplement des expériences honnêtes d'éducation.
Nous
serions également heureux que des pages de publicité rédactionnelle de nos publications
puissent être accordées à un tarif préférentiel.
5°) Nos
camarades mettent chaque année sur pied un certain nombre stages d'été qui se
révèlent insuffisants. (Nous avons été obligés l'an dernier, de refuser 114 des
candidatures). Aussi, souhaiterions-nous la création, pendant l'année scolaire, sous le
contrôle de l'administration et en liaison avec les Ecoles Normales, de stages
d'initiation d'une semaine environ, dont nous sommes prêts à assurer l'encadrement.
Nous
serions heureux que ces différents points puissent faire l'objet d'une étude
approfondie. De notre côté, nous sommes prêts à étudier toute initiative pouvant
favoriser la modernisation pédagogique selon une conception démocratique de l'éducation
que nous partageons avec vous.
Je vous
prie d'agréer, cher camarade, l'expression de nos sentiments cordiaux.
Pour le Comité directeur de 1ICEM
Le secrétaire
M. Barre
Nous
n'avons jusqu'à présent reçu aucune réponse. Nous espérons pouvoir dire dans l'Educateur
de la rentrée, la suite donnée à nos propositions.
AVEC
LES NORMALIENS
Dans
certains départements, les normaliens occupèrent leur école normale et toutes les
promotions s'associèrent dans la remise en cause de la formation et du métier. Dans
d'autres, les établissements furent fermés par l'administration et seuls les normaliens
de formation professionnelle (parfois même une minorité d'entre eux) participèrent aux
travaux. C'est dire que nous trouvons de grandes différences d'un département à
l'autre.
Parfois
quand l'école normale a rouvert, les normaliens qui avaient été absents pendant trois
semaines, ont repris le collier sans comprendre l'action de leurs camarades restés en
place. Dans d'autres cas, l'administration a octroyé un statut d'autodiscipline sans
modifier aucunement le règlement intérieur. En fait de coopération, les délégués
normaliens constitueraient ainsi une police « indigène » vite déconsidérée
auprès des camarades. Nous devons dénoncer clairement cette curieuse conception de la
cogestion, limitée à la gérance honnête du système ancien.
Ce n'est
certes pas le type de coopération dont nous avons témoigné, partout où les normaliens
nous ont conviés à leurs travaux, dans des cas trop nombreux pour que nous les citions
tous.
Nos
camarades normaliens doivent savoir que nous continuerons à leur apporter un appui
fraternel et désintéressé. Même s'ils sont déçus de voir certains professeurs se
ressaisir après trois semaines d'apparente révolution, ils pourront compter sur nous,
qui leur ouvrirons largement nos groupes, nos stages, les colonnes de nos revues pour
continuer un dialogue parfois unilatéralement rompu à l'intérieur de leur école
normale. Nous les aiderons à obtenir une suite aux travaux de leur congrès national les
4 et 5 juin.
A L'INSTITUT PEDAGOGIQUE
Nous ne savons si l'IPN restera dénommé Institut Pédagogique Populaire comme le voulaient un certain nombre d'enseignants parisiens. Des commissions de travail furent organisées auxquelles participèrent en petit nombre les membres de notre groupe parisien. En petit nombre car il y avait tant à faire à la base : dans les facultés, les lycées, les groupes scolaires que nous ne voulions pas centrer toute notre activité sur l'I.P.P. qui n'est pour nous qu'un carrefour parmi d'autres de la pédagogie. Nos camarades se sont organisés pour que la pédagogie Freinet ne soit jamais absente des débats et des commissions. Ueberschlag assurait la représentation de notre mouvement. Un Comité des Assises pour l'innovation et la Recherche en Education (CAIRE) se constitua sur le plan strictement parisien et suscita des « Etats Généraux de la Recherche » auxquels les provinciaux ne furent pas conviés. Etonnement nouveau lorsque plusieurs professeurs d'université s'instituèrent un peu hâtivement en bureau responsable. Les participants leur firent remarquer qu'il était peut-être souhaitable de voir représenter les praticiens de la base (professeurs, instituteurs) et notamment les mouvements pédagogiques qui ont prouvé la réalité de leur activité.
Nous devons
dire que nous contestons d'avance toute forme d' « Etats Généraux »
préfabriqués où les jeux seraient faits d'avance, où les princes et les petits clercs
de l'université se répartiraient les sièges sans reconnaître la place du tiers-état
de ceux qui font quotidiennement la classe. D'ailleurs nous disons tout de suite que nous
ne nous battrons pas pour obtenir la place qui devrait nous revenir, pas plus que nous
n'avons manoeuvré pour être admis aux colloques de Caen et d'Amiens. Simplement nous
disons que la part qui sera faite à la pédagogie Freinet, signera le sérieux du travail
envisagé. Nous nous appliquerons, plus que jamais, à agir à la base pour une
mobilisation de la masse des enseignants, à organiser des stages de forme nouvelle, à
rendre effective partout où nous le pourrons la gestion tripartite des établissements
pour que la rénovation pédagogique ne soit pas un mot vide de sens, mais la réalité de
l'école du peuple.
AVEC
LES ETUDIANTS
Dès les
premières manifestations, nos camarades des villes de faculté apportèrent leur soutien
à l'action des étudiants. La motion suivante fut envoyée le 11 mai à l'UNEF, au SNE
Sup. et à la FEN.
Les
Educateurs du mouvement de l'Ecole Moderne - Pédagogie Freinet conscients des drames qui
vont s'accentuant au sein de l'enseignement à tous les degrés, par suite :
- de l'inadaptation des formes éducatives à la société
moderne et du retard historique de l'école ;
- de l'absence de pédagogie valable, apte à garantir les droits
de la personnalité
de l'éducateur et de l'éduqué ;
- de l'inégalité des classes sociales devant le droit à
l'instruction ;
- de l'insécurité de la jeunesse face à son avenir ;
expriment
leur solidarité totale avec les associations d'étudiants et les professeurs dans la
lutte qu'ils sont en train de mener,
souhaitent
que soit poursuivie la liaison entre les travailleurs de l'Université et le monde
ouvrier, dans un renforcement nécessaire de l'unité de tous les travailleurs.
Conformément
à la pensée de leur maître C. Freinet, les éducateurs de l'Ecole Moderne s'engagent à
lutter pour l'édification d'une école populaire nouvelle où les rapports entre
enseignants et jeunes ne seront plus fondés sur l'autorité mais sur une égale
collaboration et un respect réciproque.
Pour I'I.C.E.M.
la Présidente : Elise Freinet
Cette
motion ne put être, faute de courrier, diffusée à tous nos groupes mais certains en
écrivirent spontanément de semblables, dans le même esprit, traduisant la parenté du
combat étudiant avec le nôtre.
Cependant
nous ne voulions surtout pas nous présenter en aînés quelque peu condescendants
car nous avions autant à recevoir qu'à donner dans le dialogue fraternel que nous
recherchions sans paternalisme ni démagogie. Enfin, en dehors de nos cadres habituels,
nous trouvions des interlocuteurs sérieux et passionnés et cela nous enthousiasmait.
Certes dans
le tourbillon des universités libres, les premiers contacts étaient parfois brouillons,
il était difficile, parfois, de retrouver les interlocuteurs de la veille appelés à
d'autres tâches, mais il y avait partout une telle disponibilité que des liens se
nouèrent vite.
On nous
disait parfois au début : « Oh ! La pédagogie Freinet ça va intéresser
les psychologues » mais ceux qui la connaissaient déjà un peu, par exemple les
anciens élèves de classes Freinet, savaient que cela dépassait nettement ce cadre, que
cela concernait toute une conception de l'éducation, cherchant même parfois comment ils
pourraient adapter à la faculté, le style de notre pédagogie, faire comprendre qu'il
s'agissait en fait non d'une simple action d'apprendre, mais d'une façon de vivre
intensément en s'enrichissant en permanence. Car il y a un aspect psychologique et
philosophique de la pédagogie Freinet qui est tout à découvrir au niveau de la pensée
discursive et du doute constructeur : reprendre toutes les idées acquises, les
vérités déclarées primordiales, pour les mettre à l'épreuve des faits en les
suspectant, en les niant au profit d'une nouvelle démarche de pensée, avec un nouvel
outillage intellectuel. Agir ainsi c'est opérer une révolution, c'est faire surgir du
neuf dans l'ancien et c'est bien la marque de la pensée de Freinet prise dans toute son
ampleur.
Dans nos
premiers contacts avec les étudiants nous étions, certes, dans l'impossibilité de leur
faire pressentir tout le contenu d'un nouveau possible, mais nous pouvions tout de suite
témoigner des aspects divers et nuancés de ce possible réalisé à la base. Nous
pouvions dire comment dans la pédagogie Freinet l'écolier dominé par le magister
cédait la place à l'enfant travaillant en réel compagnonnage avec l'éducateur ;
comment le bachotage cédait le pas à la découverte, à la recherche, à la
création ; comment l'être intellectuel et moral opprimé par la tyrannie du savoir
et du maitre, s'épanouissait au contraire dans la libre expression, la libre activité
pour créer une personnalité se sentant résolument actionnée par la liberté qui en
signe la valeur, le dynamisme, la puissance.
C'est dans
le sens de ces vérités qui sont le pain quotidien de toute notre activité éducative
que nos camarades sont intervenus auprès des Facultés, notamment à Nanterre, à Paris,
Lyon, Caen, Grenoble, Nice, Toulouse, Rouen, Nantes, Clermont, Brest, Aix, Montpellier,
Poitiers, Avignon etc...
Partout
nous avons essayé de faire comprendre aux étudiants et aux professeurs que chez nous, il
s'agit non pas des idées à ajuster sur le plan de la discussion - encore que cela soit
possible et souhaitable - mais qu'il s'agit surtout d'actes essentiels à enchainer dans
le sens d'un travail permanent de création et d'enrichissement et que c'est de ces actes
authentiques que naissent les pensées résolument constructives. Il y a là, dans
l'action orientée et mise à l'épreuve des faits et des événements, une source de
dialectique solide qui fait avancer l'Histoire.
En fait
c'est à ce niveau que devrait être posée l'utilisation de la pensée de Freinet si
totalement éloignée de la discussion stérile et de l'utopie.
Mais par
quels actes réels, favorables à une véritable culture, les étudiants doivent-ils
commencer ? Il ne fait pas de doute que ces faits doivent sortir de la vie même,
dans l'antithèse violente de ce qu'ils ont démoli et de ce qui doit être mis en
place : à ses risques et périls l'homme doit se tirer d'affaire devant le danger et
trouver solution à une situation intenable. C'était là le dilemme de Bar-sur-Loup
auquel Freinet avait trouvé la solution immédiate, d'abord improvisée, puis
expérimentée, mûrie jusqu'à ce qu'elle devienne solution valable pour tous les cas,
pour la grande majorité de ceux qui achopent aux mêmes problèmes.
Quoi qu'il
en soit, quelque limitative qu'ait été cette prise de contact généralisée avec les
étudiants, nous devons en poursuivre la continuation, non seulement pour aider une
expérience si authentiquement valable, mais pour nous aider nous-mêmes à progresser
vers le haut, vers une culture dont nous n'avons pas jusqu'ici senti les exigences et
l'ampleur. Nous n'étions jusque là que des constructeurs en pédagogie, une pédagogie
pleine de mérites certes, mais nous oubliions qu'il fallait aller plus loin et plus haut,
sur les chemins tracés par Freinet et dans lesquels nous avons le devoir de nous engager.
Ce sera pour nous un aspect nouveau de la culture.
A
ROUEN, la Faculté de Lettres étant devenue
Université Populaire libre, les étudiants avec lesquels nous étions entrés en relation
(car ils en avaient parlé eux-mêmes en réunion) nous ont demandé de venir présenter
la Pédagogie Freinet ou plutôt, disons, un ensemble dans l'optique des travaux de
l'ICEM.
Vraiment
formidable ! Au nom de Freinet, l'amphithéâtre, le plus grand, plein à craquer. Il
y avait des gens partout et non seulement un grand nombre d'étudiants mais aussi des
professeurs de tous ordres, des instituteurs et des parents d'élèves. Denjean, au
début, était un peu inquiet.. On ne devient pas Professeur de Faculté du jour au
lendemain ! Nous nous étions partagé pour le mieux le travail : Denjean
présenterait l'histoire du Mouvement, Perrier le travail libre, les bases de l'expression
libre et du tâtonnement expérimental, Micheline Perrier les « affinités
électives » du mouvement Freinet avec les aspirations étudiantes, Chatroussat la
Coopérative Scolaire et la Coopération maîtres-élèves etc. Mais en fin de compte,
nous avons décidé au départ, en disant au public que nous étions réfractaires à
l'exposé magistral, que nous leur demandions de nous poser des questions. (M. Perrier).
A GREN0BLE, nous
avons essayé tout de suite d'entrer en relation avec les Etudiants au Domaine
Universitaire,
Nous
avons eu le meilleur accueil et nous avons pu nous associer aux amphis-débats organisés
tous les jours. Nous avons pu parler pédagogie, et plus spécialement Pédagogie Freinet
aux Facs de Sciences, Lettres, Droit et Art Déco.
Mais
c'est surtout en Fac de Lettres que nous avons le plus travaillé, et en Sciences ensuite.
Il y avait des commissions pédagogiques qui avaient été créées par les étudiants et
nous avons participé à leurs travaux.
Nous
avons posé des jalons pour continuer les rencontres et les discussions. Mais déjà de
nombreux étudiants sont inscrits pour le stage de Chambéry.
Nous
avons beaucoup d'espoir de ce côté, car les relations que nous avons eues et le travail
que nous avons fait ensemble sont vraiment positifs (Péllissier).
A
CLERMONT, après des contacts répétés depuis
le 18 mai, une réunion d'information sur la Pédagogie Freinet, demandée le 22, eut lieu
le 28 dans un amphithéâtre de la Faculté des Lettres avec une assemblée de 250
étudiants, réunion commune d'ailleurs à la demande des étudiants avec la délégation
départementale des CE.M.E.A..
Ces
conditions ont rendu notre action plus délicate, plus limitée aussi nous refusions
l'exposé magistral pour ouvrir le dialogue direct mais rendu difficile par les conditions
citées : accord de certains, critiques d'autres (en particulier de certains
étudiants en psychologie) comm :
- « vous imposez une idéologie... »
- « vous avez un système qui, pour cela, sera dépassé un
jour... »
Ces
critiques permirent aussi de prendre rendez-vous avec ces derniers, à leur demande
toujours, pour un nouveau dialogue au sein de leur institut.
Le 31
mai, à la demande des étudiants, nous prenions contact, toujours en équipe, avec la
commission pédagogique (30 membres) de la Faculté des Sciences. Là aussi, le dialogue
fut ouvert dès le début, nous répondions à de nombreuses questions.
Ceux-ci
furent particulièrement et vivement intéressés par les expériences révélatrices de
la démarche du tâtonnement expérimental en sciences et mathématiques, par la technique
de la « recherche libre ou programmée » individuelle ou par équipe.
La vie
coopérative du mouvement fut aussi abordée.
Ces
étudiants nous firent part de leurs premiers projets, où, en accord avec certains
professeurs, ils tendaient à une démarche semblable pour une amélioration de leurs
« Travaux pratiques » qui n'ont actuellement pas cet aspect de recherche
expérimentale.
Nous
leur avons aussi demandé de se préoccuper de la construction d'une Université
populaire, ouverte à tous, pour un recyclage ou une formation permanente, en leur disant
nos difficultés à nous, membres de l'enseignement pour entrer à cette université
actuelle et pouvoir profiter d'informations nouvelles lorsqu'elles nous sont nécessaires.
Nous
restons en contact, nos adresses et celle de 1I.C.E.M. ont été recueillies.
Le 4
juin, à la demande des responsables qui nous avaient apporté la contradiction à cette
séance du 28 Mai, une matinée entière fut consacrée à une réunion-dialogue au sein
de l'Institut de psychologie de la Faculté des Lettres. Elle fut extrêmement riche pour
tous car la critique qui nous avait été faite, qui avait été faite à Freinet nous
permit, avec le nombre réduit, en table ronde, d'aller plus loin ensemble :
- théorie du tâtonnement expérimental bien sûr, bien comprise
et approuvée,
- les
techniques fondamentales de la Pédagogie Freinet : texte libre, correspondance
scolaire, journal scolaire, coopérative...
- notre définition de l'enfant, de l'homme,
- notre
engagement politique en tant qu'hommes responsables, notre autocritique permanente,
- la vie du mouvement en coopérative.
Il se
révéla très vite que c'était le vocabulaire qui nous séparait, le
« jargon » des spécialistes était pour une grande part à l'origine de ces
critiques faites d'ailleurs assez amicalement.
Eux
aussi nous firent part de leurs projets qui allaient également dans le sens de ce que
nous leur avions présenté.
Nous leur avions proposé aussi de se préoccuper d'ouvrir leur institut, leurs équipes de recherche à tous les adultes, et particulièrement aux enseignants, qui, extérieurs à la Faculté, pourraient désirer s'y informer, en même temps qu'ils pourraient y apporter leurs expériences réelles, vécues. Ils se montrèrent d'accord sur cette symbiose intéressante, apportant ainsi la Vie à l'Université et ce fut une proposition qu'ils envisagèrent d'ajouter à leurs revendications.
Le 12
juin les étudiant, de lInstitut d'Italien, dont certains étaient présents à la
séance commune du 28 mai, ont à leur tour sollicité une réunion-dialogue d'information
au sein de leur institut :
- présentation du tâtonnement expérimental avec documents,
- manifestations du prolongement de cette démarche dans la vie
adulte,
-
comment à partir de la création nous atteignons la culture (documents),
- les
techniques fondamentales et les outils,
- l'individualisation et le travail de groupe,
- la coopérative - l'autogestion lICE.M.,
- le démarquage de Freinet par rapport aux philosophes de
l'Education, aux psychologues contemporains..
Participaient
à ce débat, en plus des étudiants, des maîtres de conférence de l'Institut, un
ingénieur en électronique, une juriste, des inspecteurs primaires..
Nous
avons laissé un dossier 2e degré sur l'Enseignement des langues...
D'autre
part, de nombreux contacts particuliers renouvelés furent pris lors de manifestations de
rues, de rencontres à l'exposition Ecole Moderne annuelle qui est ouverte au C.R.D.P.
depuis le 18 mai, exposition très fréquentée par les étudiants, où se prolongèrent
devant les documents, les discussions amorcées ailleurs...
En
résumé, six séances - débats d'information et de dialogue enrichissants au cours
desquelles nous avons rencontré des étudiants curieux, intéressés, désireux de
s'informer, de construire, qui ont senti la conformité de la Pédagogie Freinet avec
leurs aspirations ....
Parfois nos
camarades furent appelés de loin pour dialoguer ; ainsi Lecanu sollicité par les
étudiants qui le connaissaient dut faire le voyage de Cherbourg à Caen où il retrouva
l'équipe du Calvados.
De même
Delbasty fut appelé à la Faculté des Lettres de Toulouse par Favry qui nous
écrit :
Nous
avons participé à deux réunions, l'une en Faculté des Sciences le mercredi 19 juin,
l'autre en Faculté des Lettres le jeudi 20 juin.
La
première réunion était consacrée à la formation des maîtres et organisée par un
groupe d'ipésiens et de capésiens (préparant le CAPES théorique ou déjà en CPR).
Assez formelle dans son principe elle avait pour but d'abord de faire dire aux
organisations présentes (syndicats enseignants, CRAP, OCCE, GEMAE, Ecole des Parents,
institut de psychologie, Ecole Moderne, CEMEA) ce qu'elles pensaient du sujet et ensuite
de présenter un projet étudiant de formation des maîtres. En fait on a procédé à une
discussion générale à bâtons rompus (environ 300 personnes présentes, seule une
faible minorité a parlé). On a pu constater :
1- la
faiblesse de la représentation syndicale et pédagogique. Seule lEcole Moderne
était réellement en force (et encore n'avions-nous que les représentants de la
Haute-Garonne faute d'avoir pu prévenir le Tarn-et-Garonne, mais j'étais là
évidemment) et en mesure de présenter quelque chose de cohérent.
2 une réelle inquiétude au niveau des étudiants qui après avoir contesté pendant des semaines, veulent maintenant construire.
3. ces
étudiants restent une minorité : les autres continuent à vivre sur l'idée des
concours à préparer (et auxquels ils échoueront en majorité vu les réductions de
postes).
Nous
avons décidé :
1.
d'ouvrir largement le stage de Muret à tous les étudiants et travailleurs,
2. de
venir en Université d'été en juillet pour montrer comment nous travaillons. Les
étudiants qui étaient là ne voulaient nous lâcher craignant que notre venue comme
celle d'autres adultes ne soit quéphémère : nous les avons rassurés, leur
laissant nos adresses et celle de l'I.CE.M.
La
seconde réunion a été du même type. Cette fois Delbasty était là avec une équipe
conséquente. Le thème de la réunion était « L'enseignant et les relations
humaines ». Nous avons expliqué, Delbasty, Astre et moi, comment nous voyons les
choses et comment nous travaillons. Auditoire sympathique mi-étudiant, mi-adulte (500
présents, un amphi bourré). Les mêmes décisions que plus haut ont été reprises, nous
avons trouvé encore des étudiants inquiets et décidés à construire, peut-être plus
encore qu'en Fac de Sciences car ici la contestation a été plus radicale et plus
complète. Il faut dire que le fascisme intellectuel sévissait plus fortement chez les
littéraires qu'ailleurs et presque malgré moi, parce que je n'aime pas la violence
verbale, je me suis trouvé entraîné à prononcer un réquisitoire très dur et très
passionné contre les professeurs de Faculté. Il est vrai que depuis mes années de
faculté jen ai gros sur le coeur en songeant aux bassesses intellectuelles
auxquelles les manies des profs soumettent les étudiants (il y a d'heureuses exceptions,
je ne l'oublie pas, mais le climat général était vraiment délétère).
Nous
revenons en Lettres mercredi 26 pour mettre au point l'université d'été. Nous
amènerons alors du matériel et nous ferons déjà un travail concret.
Je
souhaite qu'alors les assistants de faculté soient là. En effet l'action de l'Ecole
Moderne s'exercera de la manière la plus profitable sur :
1. les
étudiants qui vont enseigner l'an prochain,
2. les
assistants spécialement chargés des 2 premières années et qui sont, je vous l'ai
déjà écrit très inquiets sur la conduite qu'ils doivent tenir.
Un
détail encore : en faculté ils tirent des affiches extraordinaires : j'ai
voulu voir la technique. Ils se servent de limographes géants et de caches.. et
évidemment ils travaillent en équipe... Et ils faisaient cela pendant que nous
discutions de la formation des maîtres.. Mais elle était là cette formation : le
gars qui tire des affiches en sait parfois plus sur la pédagogie que celui qui
discute !
(F. Favry)
AVEC
LES LYCEENS
Dans de
nombreux lycées et collèges des mouvements de contestation naquirent de la révolte
étudiante. Un certain nombre de chefs d'établissements encouragèrent ou tolérèrent le
dialogue entre professeurs et élèves. D'autres s'y opposèrent de toutes leurs forces
comme l'auteur du « Lycée impossible » (voir l'Educateur n°2 du 1.11.67, p.
35) marquant ainsi dans son livre la part de l'imaginaire et de l'imposture.
Par delà
les débordements parfois incontrôlés, les comités d'action lycéens auront eu le
mérite de permettre aux jeunes de mieux se connaître eux-mêmes et entre eux. Pour la
première fois, bien souvent, ils trouvèrent là l'occasion d'un échange sincère avec
les professeurs.
Voici ce
qu'écrit Favry pour
MONTAUBAN:
Le 10
mai 1968, 3000 lycéens ont déclenché un mouvement de grève concernant les trois
lycées de la ville. Dans la presse on put lire le 11.5 : « Cette
manifestation, pourtant quasi-spontanée (à peine quelques mots d'ordre et quelques
tracts, la veille) se déroula dans un ordre parfait. Les situations les plus épineuses
ne provoquèrent jamais les incidents qu'on aurait pu redouter. » Il y eut un
défilé en ville d'une tenue exemplaire, puis à midi, les internes restèrent en ville
où ils furent nourris par les externes. A 14 h, les responsables lycéens avaient réussi
à faire raccompagner les élèves du premier cycle. À 16 h, un meeting rassembla les
lycéens du second cycle et les 3e années C.E.T. ainsi que de nombreux
professeurs. Une résolution fut adoptée :
« Prenant
conscience avec inquiétude de l'insuffisance du système d'éducation actuel, l'ensemble
des internes et externes de deuxième, première, terminale des trois lycées et du C.E.T.
de Montauban, a désigné un groupe de dix élèves pour présenter leurs revendications
essentielles :
1.
Réalisation effective :
des
points accordés par les textes : établissement d'un dialogue entre les élèves et
l'administration par le biais d'un conseil d'élèves élus par leurs camarades et
représentés dans les conseils de discipline et d'intendance attribution d'une salle pour
un foyer socio-éducatif ;
des
points promis dans les discours officiels : développement rapide de l'équipement
scolaire, sanitaire et sportif ; mise en place au sein des lycées d'un centre
d'orientation et de documentation dirigé par une personne compétente et permanente.
2. La
liberté d'expression, de réunion, d'informations économiques et sociales (presse,
télévision, radio).
3. Nous
souhaitons que les adultes qui nous entourent soient avant tout des éducateurs au sens
plein du terme, refusant la solution facile du paternalisme et nous préparant à assumer
notre rôle au sein de la société,
Soucieux
de notre avenir, nous refusons tout frein arbitraire à l'entrée en Faculté et
réclamons une politique de l'emploi visant à réduire le chomage.
Nous
sommes entièrement solidaires du mouvement étudiant et à travers ces exigences, c'est
l'éducation que tente de nous imposer la société actuelle que nous rejetons.
Des
contacts furent établis, en particulier au lycée technique, entre les trois parties en
présence : lycéens, professeurs, administration. Ceci a été facilité par
l'attitude de nos internes qui ont informé le directeur par téléphone le 10 mai de ce
qui se passait tout au long de la journée. Le mercredi 15 mai nous avons eu une réunion
générale des professeurs (lycée CET) groupant 52 collègues sur 90. A l'unanimité,
nous avons admis la validité de ce mouvement (ce qui n'impliquait pas l'adhésion à
toutes les positions des élèves, en particulier sur la question des examens). Cette
réunion a entraîné chez nos collègues une prise de conscience sur le contenu, les
formes et plus généralement sur les structures aliénantes de l'Education Nationale.
Il est
évident qu'un tel mouvement chez les lycéens ne pouvait nous laisser indifférents et
ceci pour plusieurs raisons :
- C'est la première fois qu'une telle manifestation se produit
qui ne soit ni axée sur des problèmes purement intérieurs (ex : grèves de la faim
réprimées par l'exclusion des « meneurs »), ni utilisée comme force
d'appoint par les étudiants (il y a le soutien explicite aux étudiants mais il y a aussi
autre chose...) ni manipulée par un appareil.
- Ces revendications sont justes et recoupent très largement ce
que nous demandons (avec quelle mollesse à travers nos syndicats.
- Alors
que nous essayons de mettre en place au niveau des établissements un enseignement
personnel et de groupe (équipes de professeurs) qui suit les lignes de force de la
pédagogie Freinet, nos élèves prennent en main leur destin et par leur action de masse
créent un climat qui exige nos techniques.
- Le
mouvement sous peine d'avorter (ce qui est possible mais nous avons ici notre rôle à
jouer pour qu'il n'avorte pas) va poser très vite les problèmes de la rénovation
concrète de l'enseignement, c'est-à-dire que nous aurons tous à faire connaître (même
si nous ne les pratiquions pas toutes dans nos classes jusqu'à présent) les solutions,
les techniques d'enseignement propres à l'Ecole Moderne, non dans le souci de nous
targuer de telle ou telle antériorité dans l'innovation niais dans celui de faire
aboutir les événements dans un sens libérateur et constructif.
- Enfin
au niveau des institutions (du lycée par la définition du « lycée
critique » encore en partie vide de sens, du ministère pour les programmes, les
horaires, les structures de décision et de relais entre le ministère et les lycées)
nous aurons peut-être (si nous luttons fermement en ce sens) notre mot à dire.
Cet
engagement aux côtés des lycéens était loin d'être un mouvement éphémère et
irréfléchi, comme en témoignent ces mots écrits par Favry dès le 11 mai :
- Il faut lever ici certaines équivoque : lorsque je vois
ma classe de terminale sortir en blouse hors des grilles de l'établissement pour
manifester je n'ai que deux solutions : ou je reste dans les murs, ou je les suis.
Dans la mesure où, comme le dit Rabelais, nous construirons « pierres vives »
il semble que, quelles que soient les raisons qui incitent nos élèves à sortir (et qui
ne dépendent pas de nous), nous devons être avec eux le plus vite possible, ne serait-ce
que pour être à leurs côtés et les aider à éviter des heurts avec la police et des
manipulations toujours possibles. Il est bon de rappeler certaines lignes de L'ESSAI DE
PSYCHOLOGIE SENSIBLE : nous fonctionnons comme recours-barrière. Dans une optique
aliénante et traditionnelle, nous fonctionnons comme barrière ; dans une optique
libératrice, nous fonctionnons comme recours. Les élèves nous ont ainsi demandé
d'être à leurs côtés pour les aider sur le plan du style (pas du contenu) à formuler
leurs revendications. Ce que nous avons fait comme professeurs de français, moi et
quelques autres collègues.
Par
ailleurs, et je ne me dissimule pas que c'est ici une question délicate : nos
élèves souhaitent approfondir le mouvement au plan local et l'étendre au plan national.
Déjà des revendications spécifiques naissent ici et là dans les lycées, à Rennes en
particulier. Un mouvement de lycéens, par les complications juridiques qu'il soulève (il
s'agit de mineurs), a difficilement des moyens d'information sur l'extérieur. Comment
écrire à d'autres lycées où l'on ne connaît personne ? Faut-il lire dans nos
classes, des motions comme celle que je vous transmet ? Il me semble qu'au niveau des
terminales et pour les élèves les plus mûrs, ceci est possible puisqu'il s'agit
d'événements qui les concernent. Je tiens aussi à avoir votre avis sur la
question. » (Favry)
Comme on
s'en doute, nos amis Lèmery furent très tôt mêlés à l'action. Leurs élèves de 3e
prouvèrent par leurs travaux de commissions que l'autogestion des établissements ne doit
pas être limitée au second cycle. Un véritable manifeste fut publié par le
groupe :
POUR
L'INSTAURATION DUNE PEDAGOGIE POPULAIRE dans L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
Une
jeunesse solidaire vient de désacraliser vaillamment des structures universitaires
sclérosées et dépassées, une pédagogie distributrice de vérités révélées, un
contrôle inadéquat d'appréciation des connaissances, tout un style de vie sociale qui
privilégie des valeurs accessibles par des moyens techniques, et sonne le réveil des
idées populaires qui se propagent dans le monde.
« L'imagination
a pris le pouvoir - ont proclamé beaucoup d'affiches placardées sur les murs de la
Sorbonne. C'est le signe précurseur d'une remise en cause fondamentale de la Culture,
hypertrophie intellectuelle et automatisme de robots, et l'avènement d'une culture
dynamique, audacieuse, éveilleuse d'appétits vers un au-delà des choses.
C'est
cette culture que nous avons voulu et voulons promouvoir dans notre compagnonnage
quotidien avec l'adolescent ; c'est pour promouvoir cette culture, élargissement de
la création, que nous sommes attentifs aux manifestations globales de la vie adolescente,
sans préjugés, sans tabous, sans prétention, respectueux en toutes circonstances des
droits de LA VIE.
Cela est possible .......
- PARTIR
du bouillonnement intérieur de chaque être jailli spontanément dans l'acte d'écrire,
de dire, de peindre, d'appréhender le monde, et permettre à lêtre entier de remettre en
branle, dans l'instant ou les jours qui suivront, une autre idée plus affinée, un autre
acte mieux réussi, plus authentique ....
CELA EST POSSIBLE ........
-
BRASSER dans un ample dialogue dynamique et démocratique les pensées, les rêves, les
espoirs, les contestations des adolescents et des professeurs d'une même classe, des
adolescents et des professeurs de classes correspondantes françaises et étrangères ....
CELA EST POSSIBLE ........
- SUIVRE
ce chemin de VIE et l'illuminer, comme des fonctions naturelles, de résonances
littéraires, poétiques, artistiques, psychologiques, sociologiques, remises en action
dans le circuit de vie .....
CELA EST POSSIBLE ........
-
PARTIR, avec l'adolescent, « du familier », de ses questions, de ses
observations, de ses intérêts réels et profonds, nuis surtout de ses actions, de ses
inventions, de ses créations abondantes pour fonder avec lui, sur ses apports
extrêmement riches, une culture mathématique et scientifique véritable .....
CELA EST POSSIBLE ........
-
PERMETTRE à l'adolescent de s'exprimer, de choisir librement, d'accumuler un très grand
nombre d'expériences tâtonnées, vécues, diverses, qui constituent par la
« trace » qu'elles laissent en chaque individu un CAPITAL REFERENCE propre,
base d'une accession progressive aux concepts mathématiques et scientifiques .....
CELA EST POSSIBLE ........
-
ORGANISER, avec la participation coopérative de tous, le groupe social classe
- afin
que chacun puisse, selon ses besoins, à son rythme, faire de la recherche individuelle ou
s'intégrer à une équipe restreinte pour une recherche commune.
- afin
que les apports, les découvertes, les constructions de chacun soient ensuite communiqués
à tous par la conférence d'élèves, par l'exposition permanente, par la diffusion
imprimée,
- afin
que la mise en commun de ces conquêtes soit l'occasion de débats au cours desquels la
critique, la confrontation sont susceptibles de réorienter recherche, de la faire
avancer, d'affiner la pensée ....
CELA EST
POSSIBLE ........
- FAVORISER, dans cette action coopérative,
-grâce à la multiplicité des expériences, des situations
rencontrées, des découvertes ;
-grâce
à la diversité des tâtonnements dans les activités manuelles de construction,
représentatives de schématisation et de symbolisation, mais encore purement abstraites
parfois.
la
NAISSANCE NATURELLE de connexions à l'origine des lois scientifiques, des concepts et
structures mathématiques.....
CELA EST POSSIBLE ........
- AIDER
les adolescents à agir, à se construire, à même la VIE par un assemblage progressif en
un tout significatif en faisant un appel nécessaire aux théories,
leur
propre univers mathématique et scientifique par une accession naturelle à la pensée
abstraite.....
CELA EST POSSIBLE ........
-
LAISSER l'adolescent construire sa personnalité, en favorisant l'expression des
potentialités de chacun par l'expression libre littéraire, artistique, scientifique,
mathématique socialisée dans une dynamique de groupe inhérente au travail coopératif,
travail pensé avec son esprit comme avec ses mains .....
CELA EST POSSIBLE ........
-
RE-NAITRE par l'exercice de son métier d'une culture ascensionnelle dans le sillage de
l'adolescent, dans le brassage continuel des métamorphoses de la vie, qui appellent, pour
le maître, le brassage des références psychologiques, sociologiques, scientifiques
secourables .....
CELA EST POSSIBLE ........
CELA S'EST
FAIT
comme en
témoignent les documents reflétant nos expériences passées.
CELA SE FAIT ........
Il ne
tient qu'à la prise de conscience par l'administration des potentialités de notre action
et à l'offre de structures institutionnelles rénovées, pour que nous décuplions nos
forces et nos réussites.....
Dans
quelques lycées, les élèves ont pris eux-mêmes l'initiative du contact avec le groupe
de l'Ecole Moderne, (parfois parce qu'ils avaient travaillé en classe Freinet). Ce fut le
cas, entre autres, à CHATEAUROUX :
Nous avons eu une prise de contact avec les lycéens qui commençaient à trouver qu'on tournait un peu en rond dans leurs établissements où les discussions étaient très fortement influencées par la direction qui gardait sa mainmise sur les élèves et les conduisait où elle le voulait.
Notre
pédagogie les a séduits et ils sont venus travailler avec nous dans le cadre de la FEN.
Leurs travaux, leur sérieux, ont surpris tous nos collègues, d'autant plus qu'ils sont
allés au creux des problèmes que les adultes hésitaient à aborder. Les profs aussi ont
été surpris par leur attitude constructive et cela a sans doute aidé à établir les
contacts. (Jarry).
A la
reprise du travail, les lycéens ont été souvent déçus par un retour aux habitudes
passées. Là encore, nous avons le devoir de leur apporter notre soutien. Comme le dit
Favry :
« Nous
avons vu les élèves prendre la tête du mouvement et se révéler dans l'action un
moteur extraordinairement dynamique. Ils nous font confiance et nous ne pouvons les
décevoir ni syndicalement ni pédagogiquement. Mais en même temps l'écart entre eux et
les parents se creuse dangereusement. Le pédagogue doit donc devenir le ciment, le liant
entre enfants et parents. »
Ce ne sera
pas toujours facile car certains parents des lycéens veulent maintenir à tout prix leurs
prérogatives bourgeoises et se sont montrés parfois odieux, il faudrait dire fascistes,
à l'égard d'enseignants et de chefs d'établissements pourtant bien modérés qui
avaient accepté le dialogue avec leurs enfants. Il y aura fort à faire pour ne pas
laisser les associations de parents basculer dans le sens le plus réactionnaire. Là
encore il faudra multiplier les contacts avec la grande masse des parents.
OUVERTURE
SUR LE MILIEU SOCIAL
ET LES PARENTS
Dans de
nombreux secteurs nos camarades ont porté l'effort sur le milieu social : les
parents, les travailleurs en grève. Parfois on découvrit lors des réunions
départementales de comités interprofessionnels, que bon nombre étaient animés par des
éducateurs de l'Ecole Moderne ayant préféré cette action à la seule pédagogie, mais
n'est-ce pas aussi, dans ce domaine, de la pédagogie au sens où l'entendait Freinet,
militant ouvrier autant que pédagogue ?
Comment
citer toutes les actions menées dans ce sens ?
Nos
camarades de LOIRE-ATLANTIQUE décrivent longuement les nuits de veille au
comité de grève, passées avec les travailleurs, en discussions de tous ordres, musique
et chants révolutionnaires, les débats avec les ouvriers en grève dans leurs usines,
les meetings, les manifestations.
Une
initiative originale en milieu rural dans l'INDRE nous est racontée par nos
amis Jugie :
« Contacts
avec les syndicats et partis de gauche : Notre commission a été très bien
accueillie par tous les piquets de grève, par les ouvriers et ouvrières. Jamais nous
n'avions tant vu de gens !
-
Contacts avec les familles.
Dès le
1er matin, Jacques et moi, avions lancé l'idée d'aller chaque soir dans les
villages informer les parents sur la grève et sur les réformes que nous voulions. La
plupart des collègues ont accepté (nuis peu étaient convaincus du bien-fondé de ces
réunions-là). Bref on tire deux sortes de tracts, on distribue cela un peu le soir,
jusqu'à la nuit, un peu le matin avant 9 h et on s'en va chaque soir faire les réunions.
Pour notre part nous en avons fait 5 (5 soirs durant jusqu'à 1 h 30) dont la dernière à
Lurais (65 personnes sur 290 habitants, 3 jeunes du village, étudiants, très bien + 18
collègues).
Partout
les contacts ont été bénéfiques. Il y a eu, bien sûr, les éternels questionneurs
pour rien, mais il y a eu aussi les parents avec leurs vraies angoisses, leurs problèmes
quant à l'avenir de leurs enfants. Et partout, les familles ont demandé d'autres
rencontres semblables, plus souvent. »
Du TARN-ET-GARONNE, L. Fabre nous écrit: Du côté des parents, j'ai éprouvé une certaine inquiétude quand je me suis rendu compte que les maîtres Ecole Moderne étaient les premiers à sentir la grève impopulaire parmi les parents d'élèves. Nos relations avec eux paraissaient pourtant bonnes jusqu'ici. Après plus ample réflexion, nous avons réalisé qu'en effet le climat était sensiblement le même dans tout le département. Nous étions les premiers à nous en apercevoir parce que nous avions gardé le contact avec eux et que nous les laissions s'exprimer librement.
J'ai
posé la question à un groupe de collègues et leurs réponses étaient
significatives :
« on
les évite - on ne leur parle pas - on leur cloue le bec - ce n'est pas le moment
d'adopter une attitude défensive mais une attitude offensive - moi, je ne me sers plus
chez les commerçants de mon village - tu n'as qu'à ne plus aller à Montastruc (j'avais
en effet la possibilité de rester à Montauban chez mes parents).
En
assemblée générale, un collègue rural (non E.M.) avait demandé pour les réunions de
parents l'aide des syndicats agricoles locaux. L'idée nous paraissait bonne ; une
réunion nous semblait difficile en cette saison où ils sont surchargés de travail
(artichauts, cerises, qui se vendaient mal). La présence de quelqu'un de leur milieu
risquait de les attirer. Nous avons donc relancé les démarches demandées par le
collègue et nous avons réussi à rencontrer quelques responsables des syndicats
agricoles avec qui nous nous sommes tout de suite fort bien entendus. Ils ont vu en nous
les meilleurs formateurs de véritables syndicalistes et se sont mis à notre disposition.
Un tract a été rédigé en commun. Pour nous, il a remplacé la réunion - remise
seulement à un peu plus tard. Il nous a permis de nous présenter dans nos 21 familles,
ensemble, ma collègue et moi, pour les informer et surtout les écouter. (Distribution le
samedi 25 et le dimanche 26 mai).
Nous
avons appris leurs inquiétudes devant la prolongation de la grève, nous avons parlé
longuement avec eux.
Nous avions là le vrai visage de la grève. Et nous voyions
notre assemblée d'instituteurs clamant : « Camarades, la grève se poursuit,
nous tiendrons jusqu'au bout ». Nous prenions conscience qu'il ne suffit pas de
réunir des gens pour leur dire de tenir, mais quil faut préparer et maintenir
l'action de chacun à tous les niveaux (L. Fabre).
On comprend
mieux après les élections le bien-fondé de notre souci de mettre toujours les parents
à nos côtés, de mener parallèlement à toute revendication une campagne d'explication
sur le sens de l'action entreprise.
Cette
campagne, nous l'avons menée autant que nous l'avons pu dans les ALPES-MARITIMES,
et. notamment dans la région de Cannes. On ne saurait trop souligner l'importance de
ce travail en profondeur.
« À
Cannes, nous avons insisté pour que les écoles soient ouvertes aux parents afin de leur
expliquer le sens de notre grève. Après quelques réticences de nombreuses réunions
furent organisées auxquelles participèrent les camarades du groupe qui s'étaient
répartis les tâches. Dans certains quartiers, des cycles de réunions (jusqu'à 6
demi-journées) furent suivis par de nombreux parents, abordant tous les sujets qui les
préoccupent (examens, programmes, horaires, surmenage, éducation sexuelle, etc.).
Partout où nos camarades étaient présents, ils portaient témoignage des solutions de
lEcole Moderne, donnant des exemples concrets, montrant des documents, lisant un
texte de Freinet.
Dans plusieurs cas, les parents, heureux de ce dialogue, ont décidé de se retrouver régulièrement en groupe de discussion.
Un des thèmes principaux des revendications des enseignants
était la gestion tripartite de l'Education Nationale enseignants, parents et
administration.
Les
parents furent donc associés à de nombreux travaux et notamment à la mise au point d'un
dossier « 25 élèves par classe » Dans chaque école, on rechercha les
modalités pratiques d'ouverture pour appliquer dès la rentrée le mot d'ordre de 25
élève :: utilisation des locaux vides, possibilité de nomination des
roustanniennes du département.
Plusieurs
assemblées générales de parents furent organisées, la dernière au Palais des
Festivals réunit plus de 1000 personnes. Notre groupe fut très sensible à l'hommage
rendu à Freinet dans un tract appelant à une manifestation : un Dit de Mathieu
accompagnait un extrait du courrier de l'Unesco au verso de l'appel.
L'action
auprès des parents doit être poursuivie avec profondeur et régularité. Nos camarades
ne doivent pas se hâter de structurer le mouvement en AME.
L'essentiel
est d'abord de rendre effectif le dialogue, il sera toujours temps de constituer
l'association sur le papier. Comme pour notre coopérative de classe, l'important n'est
pas l'aspect formel mais la vie même du groupe même s'il n'a pas de nom, même s'il ne
s'agit que du rassemblement spontané de gens soucieux d'éducation. Il sera utile de
militer au sein des associations traditionnelles de parents si des règlements étriqués
ne viennent pas nous empêcher d'y traiter les questions essentielles, celles qui
concernent l'éducation.
PARENTS
D'ÉLÈVES DE CANNES
Alors :
·
que les classes sont surchargées,
·
que l'académie refuse la réouverture des
classes fermées en octobre,
·
que deux cents institutrices des
Alpes-Maritimes attendent une nomination,
vingt-huit
classes de Connes sont inoccupées !
Ces salles entièrement équipées
sont prêtes à recevoir les élèves. IL SUFFIT DE NOMMER DES MAITRES.
Les enseignants et les associations de
parents d'élèves de Cannes, réunis en Comité de Gestion, ont décidé que
Vingt-deux de ces classes doivent
être immédiatement ouvertes.
Ils exigent que l'Académie désigne,
dans les plus brefs délais, 22 maîtres pour assurer le fonctionnement de ces classes.
Pour soutenir cette revendication,
venez tous, vendredi 31 mai à 17 h 30 à lEcole du Mont-Chevalier au Suquet.
Quand le
fermier accroît son cheptel, il ajoute naturellement une aile à son écurie, et quelle
aile ! inondée d'air et de lumière, avec eau courante et force motrice, conditions
d'hygiène garanties par le contrôle régulier de l'Etat qui subventionne d'ailleurs les
travaux indispensables de modernisation.
Quand
l'arboriculteur veut planter son verger, il n'entasse pas cent arbres là où cinquante
seulement peuvent vivre. Il défriche le champ voisin et rend sa plantation rationnelle et
productive.
Nos enfants
qui seront les inventeurs et les constructeurs de demain, ne sont-ils donc pas dignes
d'une égale attention ?
Que
s'élèvent les voix qui revendiquent, en faveur de la grande oeuvre d'éducation, les
règles d'hygiène et de salubrité prévues pour l'usine, les magasins, les bêtes de
rapport et les vergers fertile !
Que
s'organisent les commissions d'enquêtes de parents, d'éducateurs, de parlementaires qui
étudieront objectivement les besoins des écoles du peuple pour qu'en l'an 1959 l'enfant
ait les égards qu'on réserve au profit, à la bête de luxe, à l'arbre
producteur !
Les
fonds ?
Il suffira
de faire reculer les forces de guerre au profit de la vie !
C. FREINET les Dits de Mathieu -
1959
*
Coût d'un nouveau bombardier
prototype avec son équipement :
- Salaire de 250 000 instituteurs
pendant un an, ou
- 30 facultés des sciences pour 1 000
étudiants chacune, ou
- 75 hôpitaux de 100 lits
complètement équipés ou
- 50000 tracteurs ou 15000
moissonneuses.
Extrait dé l'article « L'épée et la charrue »
pages 14-15 du Courrier de l'Unesco
de novembre 1964
RESTONS
A LA HAUTEUR
DE CES JOURNEES
HISTORIQUES
Lorsqu'un mouvement a eu l'ampleur que nous avons connue, il risque d'être suivi d'une chute de tension qui peut faire croire aux observateurs superficiels que tout est fini, qu'on s'est finalement battu pour rien. Pour ceux dont l'action n'est qu'une bouffée éphémère entre deux léthargies, il pourrait en être ainsi, mais nous n'avons pas cette conception de l'action pédagogique, sociale, politique. Nous savons que le combat est continu, qu'il peut prendre des formes diverses mais qu'il ne doit jamais s'interrompre.
Certains
moments sont particulièrement favorables à certaines formes d'action mais l'action
elle-même doit être continue, c'est là le sens militant de la Pédagogie Freinet.
Toutes les
fois (et elles furent nombreuses en mai) que notre travail s'effectue à la base auprès
des collègues, des parents, des jeunes, il ne peut être perdu, quels que soient les
aléas de la politique générale.
Même au
moment où certains espoirs sont momentanément déçus, nous connaissons la valeur de
notre action militante, valeur sûre que rien ne peut dévaluer. C'est pourquoi nous
devons refuser la retombée estivale et post-électorale qui est la marque de notre
société de consommation et d'aliénation. Nous devons par tous les moyens tenter de
continuer dès maintenant l'action sur les plans suivants :
1) Préparation de la campagne 25 élèves par classe,
2) organisation de permanences d'été pour la liaison
avec les jeunes et les collègues,
3) ouverture de nos groupes de travail aux jeunes
(étudiants, normaliens, lycéens) et aux parents, à tous ceux que préoccupent les
problèmes d'éducation,
4) élargissement ou dédoublement de nos stages.
Partout où
nous serons cet été nous continuerons l'action dans tous les domaines où nous pourrons
le faire.
Bon
courage.
NOTRE
PEDAGOGIE EST-ELLE REVOLUTIONNAIRE ?
Nous nous
excusons auprès de nos camarades du laconisme de notre rapide compte rendu, tant pour ce
qui regarde l'ampleur de l'action entrepris que les effets qui s'en sont suivis :
pendant tout ce mois de mai 1968, dans chaque département et tout spécialement dans les
villes universitaires, nos camarades se sont mobilisés, sans compter la fatigue, la
faiblesse des moyens, le manque d'expérience dans des actions nouvelles. Nous nous
excusons surtout de ne pouvoir évoquer tout le dynamisme, tout l'élan, toute l'humanité
qui ont présidé à l'action, à tous les niveaux d'un militantisme à la fois
pédagogique et social.
Mais ce que
nous pouvons dire c'est que notre mouvement s'est mi en route selon les mêmes directives
d'action à la base, selon les perspective de libération, selon les données impératives
de l'école du peuple. Ce sont là les signes profonds de la maturité de notre pratique
pédagogique, de sa solidité dans l'épreuve, de son élan au-delà des événements qui,
par leur soudaineté ont désemparé ceux qui ne savaient à quoi se raccrocher.
Chaque
militant savait, lui, où il devait porter ses efforts. Ils ne pouvaient aller, ces
efforts, que dans le sens d'une pédagogie de mouvement et daction en liaison avec
le milieu social et humain, d'approfondissement de situations et de pensées imposées par
la soudaineté d'une crise révolutionnaire Chacun de nous savait qu'il ne s'agissait pas
exclusivement de pédagogie au sens scolaire de l'apprentissage du savoir, mais d'une
pédagogie nouvelle par tous les facteurs sociaux qui brusquement la projetaient au-delà
de l'école, dans le monde des travailleurs et dans le monde enseignant pour jeter bas la
factice scolastique, pour semer les graines fécondes d'où germera la culture du peuple.
Désormais
la réadaptation de l'école est posée avec vigueur, ampleur et précision. Certes nous
aurons à lutter avec fermeté avant que tous les préjug »s, les scléroses
sévanouissent mais du moins, face à une vaste audience, les problèmes essentiels
et les plus impérieux auront été posés pour ce qui regarde le présent et l'avenir de
l'école. Pour bien situer nos problèmes nous nous reporterons à une époque
historiquement semblable, celle qui précéda les événements de 1936.
« Notre
pédagogie, écrivait Freinet, telle que nous l'avons définie et telle que nous la
pratiquons, est-elle une pédagogie révolutionnaire et dans quelle mesure ?
...
Précisons d'abord un fait : nous sommes des éducateurs et non des politiciens. Dans
nos recherches nous ne sommes jamais partis d'un point de vue politique, ce qui, à notre
avis serait une hérésie. Nous nous sommes engagés sur la voie nouvelle sans aucun
apriorisme mais aussi, sans aucune considération conformiste, sans égards pour les
idoles auxquelles nous refusons de sacrifier, bousculant sans pitié les conceptions
centenaires d'une pédagogie traditionnelle et routinière, renversant les barrières
qu'on n'a cessé de dresser entre l'école et la vie, entre l'école et le milieu social.
Par
l'imprimerie à l'école, nous avons touché à sa source la vérité dégagée de tous
les sophismes scolastiques qui l'étiolent. Nous ne nous souciions point à l'origine, de
savoir si oui ou non cette pédagogie pourrait un jour supporter l'étiquette
révolutionnaire.....
Il s'est trouvé alors que, parce que nous avions trouvé en d'autres éléments les
principes de notre pédagogie, nous avons découvert, nous avons dit ce que les
éducateurs sentaient confusément mais n'osaient exprimer.. nous avons de même appelé
l'adhésion des parents d'élèves, des travailleurs, en liant l'école au monde du
travail qui est notre milieu naturel et cela sans qu'intervienne une quelconque orthodoxie
politique.
....
Toute notre action est justifiée pédagogiquement comme se justifie pédagogiquement
aussi notre refus d'inculquer à nos élèves des pensées, des sentiments, des modes de
vie, en opposition avec leurs nécessités fonctionnelles, notre refus d'abstraire les
enfants de leur milieu, même si les enseignements qu'ils reçoivent sont en désaccord
avec les théories sociales régnantes. C'est là une des plus grandes tares de la
conception capitaliste de l'éducation populaire : prétendre par dessein égoïste,
isoler l'école de tous les faits sociaux ou politiques qui la conditionnent ou en
annihilent la portée, c'est s'associer à l'un des plus redoutables mensonges de notre
époque.
....
L'action pédagogique poussée jusqu'à ses limites normales devient nécessairement
action sociale, voire action politique... elle est forcément action révolutionnaire, car
la vie est révolutionnaire. » (L'Educateur prolétarien, mai 1933.)
NAISSANCE
D'UNE
PEDAGOGIE
POPULAIRE
quarante
ans de militantisme pédagogique
textes
recueillis par E. Freinet
Les
journées de mai 1968 ont redonné une activité criante aux premiers textes de C.
Freinet.
Vous
trouverez dans NAISSANCE DUNE PEDAGOGIE POPULAIRE l'historique de lEcole Moderne et
notamment des articles de l'Educateur Prolétarien des années 1932 à 1936.
Tome 1 :
Bar-sur-Loup - L'imprimerie - Le premier Congrès Saint-Paul-de-Vence
Tome
II : Saint-Paul-de-Vence 1933-1934 - La CEL et ses relations avec les forces
populaires - Le mouvement pédagogique - L'épreuve de la guerre 1939.
COLLECTION BIBLIOTHEQUE DE L'ECOLE MODERNE - Les deux tomes 18 F.
En vente CEL 06 CANNES - BP 282 - CCP 115-03 Marseille
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