TEMOIGNAGES · Facteurs stimulants et
déclencheurs de la production des textes libres ·
Mise au point du texte libre · Le texte libre se prolonge
par des activités d'expression ·
Travaux collectifs autour des textes ·
Genèse du texte libre à l'école maternelle |
Facteurs stimulants et déclencheurs de la production des textes
libres
Le journal
Le journal
scolaire a toujours été dans ma classe une motivation essentielle pour l'écriture.
Selon les moyens matériels à notre disposition, selon les années, selon les modes, il a
pris des aspects divers.
Le tirage
s'est fait au limographe, en partie à l'imprimerie, au duplicateur à alcool, au
duplicateur à encre (grâce à un graveur de stencils électroniques). Maintenant,
suivant en cela d'autres camarades, nous sommes passés au photocopieur. Cet outil qui par
ailleurs devient indispensable dans une classe dès qu'on y a goûté, permet une pratique
renouvelée et particulièrement intéressante du journal.
Voici, à
titre d'exemple, comment cela se passe en ce moment dans ma classe.
Choix des textes
Dès qu'un
enfant a écrit quatre textes, il les présente et en propose un au groupe. Après accord
de la majorité, ce texte passe dans le journal. Si c'est nécessaire, il est revu par
l'auteur, un groupe ou éventuellement toute la classe. Ce moyen permet de solliciter
l'écriture (il faut avoir quatre ou un multiple de quatre textes). On a aussi de cette
façon, pour chaque enfant, son meilleur texte du moment.
Frappe
Le texte choisi est tapé à la machine par moi ou par l'auteur,
Il est frappé en colonnes de 8 cm de large.
Mise en pages
Nous
réalisons une maquette sur feuilles 21 x 29,7, Il en faut quatre pour un journal. Un
cadre de mise en pages permet de tracer rapidement les colonnes au crayon.
Carton évidé servant de cadre de mise en page
On joue
ensuite de la colle et des ciseaux pour répartir textes et illustrations.
La
première page Comporte le titre et les nouvelles de l'école et de la classe. Dans les
autres, on trouve textes, reportages, B.D. enquêtes, poèmes, enfin tout ce qui peut
être dans un journal.
Grâce au
labo-photo de l'école, nous pouvons illustrer de temps en temps nos articles par des
photos.
Cette phase
de mise en page est un véritable travail esthétique, proche de celui des professionnels.
Au début, j'en suis l'artisan mais les enfants y prennent peu à peu une part de plus en
plus grande.
Tirage
Nous
arrivons à la partie technique qui nécessite l'emploi d'un photocopieur permettant la
réduction de documents. N'ayant pas à l'école ce matériel, j'utilise celui de
l'O.C.C.E. ou du C. D. D. P.
A partir de nos quatre pages de maquette nous allons obtenir un
journal de format B4 (26 x 36 environ) plié en deux. Nous retrouverons nos quatre pages
mais chacune réduite au format 26 x 18.
Voici comment j'opère.
Les pages 1
et 4 sont placées côte à côte sur la vitre du photocopieur. J'affiche la réduction à
82 % et le tirage sur format B4. Ce tirage effectué, il reste à photocopier au verso les
pages 2 et 3.
Le même
travail pourrait se faire sur format final 21 x 29,7, mais là, il faut travailler avec
une réduction de 50 % ou 65 % selon les possibilités du photocopieur.
Je suis
pour l'instant très satisfait de cette pratique du journal. La présentation en est bien
meilleure. La simplicité de fabrication permet des tirages rapprochés. Ainsi, un texte
choisi paraît au plus tard dans les quinze jours qui suivent.
Cette
formule est ouverte à d'autres innovations. Ainsi, depuis que notre nano-réseau est
installé, nous travaillons avec un logiciel de traitement de textes et une imprimante.
Daniel CARRÉ
Imprimer rapidement c'est possible
Une
expérience personnelle et l'esquisse de quelques pistes.
Je viens de
reprendre une « classe d'application » à la périphérie d'Auxerre, après
avoir longtemps enseigné dans une classe unique. Partager la classe avec une autre
enseignante non formée aux techniques Freinet, recevoir des enfants sans autonomie d'un
C.P. traditionnel et recevoir des normaliens dès les premiers mois de classe, créent une
situation « d'urgence ».
Je me
retrouve débordé, acculé à une efficacité rapide. L'organisation de la classe est en
place mais il faut une période de rodage où les enfants testent la validité des
nouvelles structures et la réalité des projets mis en place.
J'ai
apporté des journaux réalisés dans la classe de copains et installé un coin
imprimerie-reproduction.
L'idée de
réaliser notre journal accroche (les enfants n'en ont jamais fait, ce qui est parfois un
avantage). Rapidement, on écrit beaucoup dans la classe (est-ce un hasard si les
problèmes d'écriture c'est mon dada ?). Mais le travail à l'imprimerie est long,
artisanat méticuleux, permettant des apprentissages aussi formateurs que celui de trouver
une organisation de la classe adéquate, d'apprendre à travailler en équipe et
d'acquérir des compétences pour imprimer proprement.
Seulement,
la liste des textes à imprimer en attente s'allonge. Il faut trouver une solution.
On en
discute en réunion de coop diront les initiés. Seulement, en début d'année, avec de
nouveaux enfants, la réunion de coop ne vit que par la volonté de l'instit. Éternelle
histoire de l'énigme des origines : est-ce la poule, est-ce l'uf ?
Est-ce
l'apport des outils et techniques que l'instit met en place ou la structure coopérative
et l'organisation de la classe qui est la genèse d'une classe Freinet ?
Inséparablement
les deux !
Nous devons
donc utiliser les outils les plus performants pour arriver à nos fins : Il faut
nous débarrasser de notre verbiage pédagogique, de ce mot nouveau ou nouvelle qui
nous fait tant de tort parce qu'il fait croire que nous cherchons la nouveauté avant
tout, alors que ce qui nous préoccupe exclusivement c'est de rendre plus rationnel, plus
intéressant et plus efficace notre travail scolaire... Nous employons les outils qui nous
paraissent le mieux répondre à nos besoins.
C. Freinet.
J'ai donc
introduit et utilisé le traitement de texte que Roger Beaumont m'avait envoyé pour être
testé.
J'ai été
agréablement surpris par la facilité et la rapidité avec lesquelles les enfants se sont
emparés de cet outil.
Après une
séance d'initiation, les enfants ont compris le fonctionnement de ce logiciel mis au
point par le groupe du Rhône. Rapidement, un accès en autonomie est organisé.
Qu'attend-on
pour diffuser massivement de tels outils qui, loin d'être des gadgets modernistes,
doivent redonner de l'oxygène à tous les camarades qui travaillent dans des conditions
de travail d' « urgence ». Ce qui n'empêche d'ailleurs pas de condamner
publiquement ces conditions.
Il est
également important de souligner pour les informatiphobes ou les inconditionnels du
modernisme que l'imprimante ne remplace pas (?) ne rend pas inutile l'imprimerie, comme
les feutres ne remplacent pas les crayons de couleurs. C'est faute de connaître leur
véritable palette d'utilisations que l'on confond et réduit tout à des équations
simplistes : imprimerie en 1925/imprimante en 1986.
Coloriez
des photos noir et blanc avec des feutres ou des crayons de couleurs, vous verrez la
différence. Et puis, l'imprimerie et le limographe ont-ils été concurrents ?
Utilisait-on exclusivement l'imprimerie pour certains, le limographe pour d'autres ?
Certes non !
En fait, le
traitement de texte plus imprimante (il faut ajouter le photocopieur) accroissent la
palette des outils qui vont permettre la communication et la magnification des productions
des enfants, principe moteur de la pédagogie Freinet.
Si on
accroît la palette des outils de reproduction, en rendant donc possible un choix de la
part des enfants, on approfondit véritablement leur réflexion sur le support imprimé,
sur la lisibilité, sur les délais d'impression, sur l'utilité ou non des couleurs,
riche conscientisation au problème d'adéquation entre la forme et le fond.
Et on ne
restreint pas la réflexion et la gestion coopérative, bien au contraire.
En
définitive, loin de se gargariser de mots sur les technologies nouvelles, la modernité,
le modernisme, l'important est de fournir aux enfants des outils facilitant la
communication.
Bien vite des habitudes institutionnelles et relationnelles de
fonctionnement vont s'installer.
LA CHAISE ET LES LUNETTES MERVEILLEUSES
Il
était une fois, une chaise qui ne voyait pas clair.
Un jour qu'elle se promenait, dans la maison, elle vit une paire de lunettes qui n'était
pas comme les autres.
C'était une paire de lunettes MERVEILLEUSES. Elle prit la paire de lunettes, la mit sur
ses yeux et regarda autour d'elle.
Tout était clair.
Elle s'écria « Youpi ! Youpi ! Je vois clair ».
Elle s'en alla se remettre à sa place, Elle dit :
« Ah ! ça fait du bien de voir les fleurs, le jour levant, et la nuit noire
qui promène la lune. »
Estelle FERRY
Hélène PAUS
La
classe va se structurer autour de ses outils de production, d'échange de communication.
C'est gagné !
La
communication, l'expression ou la production personnelle, ou répondant à un projet
coopératif, deviennent alors les motivations principales d'apprentissages d'autant plus
efficaces qu'ils accroissent la capacité et l'efficacité de l'expression en autonomie.
Un quotidien audiovisuel dans une classe rurale (G. S. - C. P. -
C.E. 1)
Afin de redonner tout son sens à l'écrit, j'ai institué la
communication des textes produits dans la classe par la lecture de notre mini journal
quotidien.
Histoires, contes, poèmes sont écrits sur feuille mobile puis
rangés près de la machine à écrire (à moins qu'ils aient été abandonnés par leur
auteur insatisfait). Le soir, ils sont tapés par le maître. Les enfants jeunes sont
encore incapables de le faire parfaitement.
Le matin suivant, chaque enfant redécouvre son texte dont
certains détails ont été oubliés. C'est alors une agréable surprise et une occasion
de saisir le rôle de mise en machine del'écrit pour le conserver. Il arrive que le
maître ait corrigé une erreur (de français) qui nuit à la compréhension. L'enfant
remarque ces modifications (assez rares) et les commente. La feuille doit être ensuite
illustrée.
Un soir du deuxième jour, les feuilles sont réunies par le
maître qui les agrafe sous couverture. Chaque jour, un journal est enregistré sur
cassette à l'intention de ceux qui ne sauraient le lire seul. C'est donc ainsi que les
enfants peuvent prendre connaissance de ce qui a été écrit (écrit pour être lu !)
deux jours avant. Ils peuvent lefaire seul, ou avec un copain, ou avec le magnétophone.
Il arrive alors qu'un enfant s'adresse immédiatement à un auteur parce qu'il y a quelque
chose qu'il n'a pas bien compris, ou parce qu'il a quelque chose à dire, sans attendre.
Mais,habituellement, il doit attendre le temps réservé aux communications collectives,
où tout ce qui a été créé individuellement est présenté et commenté.
On peut alors « dire » un texte qui a
particulièrement été apprécié. On peut aussi avoir envie de le reprendre pour le
modifier, le compléter.
Pierre VARENNE
Ecole
de Champlay
Mise au point du texte libre
Premier
témoignage
Le riche et le pauvre
Le riche a beaucoup d'argent, le pouver n'avait rien. Des jour le
riche et le pauvre se battaient car il a pas d'argent. Le riche a beaucoup d'argent, il
s'acheté des habits et le pauvre ses acheté rien car il n'a pas d'argent. Mais un jour,
le pauvre jou au l'auto, il ganne un millions et le riche a vue faire comme le pauvre qui
avait ganner à l'auto. Alors, le riche a tredu son argent à jeux à l'auto. Maintenant,
ses le pauvre qu'é riche mais le riche est pauvre maintenant.
Thierry m'apporte ce texte. Je le lis tout haut. Il dit :
« J'ai répété toujours la même chose. » Comme je n'ai pas le temps de
corriger « à chaud », je lui propose de se faire aider, s'il veut que ce soit
corrigé vite de façon à le présenter à l'heure suivante ; il va trouver
Isabelle.
Remarques. - Thierry est en 5e P.A.* Il est de
ceux qui ont le plus de difficultés pour s'exprimer, à l'écrit comme à l'oral. Mais il
a un grand désir de le faire et de bien faire.
Par rapport au début de l'année, je remarquequ'il va à la
ligne, utilise les majuscules, barre lesET superflus et les remplace par des virgules,
metdes points ;qu'il a un souci d'accord verbe-sujet (se battaiENT)
· Texte refait avec Isabelle :
Il était une fois un riche et un pauvre, L'un avait beaucoup
d'argent, et l'autre pas du touts. Le plus riche pouvait s'acheter des vêtements X que le
pauvre ne pouvait pas. X
Mais un jour il jouerent au loto et puis le malheureux gagna
un millions, tandis que l'autre perdit tout son argent. Alors se futs le contrerent.
Thierry et Isabelle me demandent si ça va. Je leur signale qu'une phrase est incorrecte (X) et que la fin est un peu incomplète.
Je remarque aussi que dans le premier texte, le riche et le
pauvre se battaient.
Thierry répond : Oui, parce que le pauvre était jaloux
du riche.
Je propose donc à Thierry de récrire
son texte auprès de moi en tenant compte, quand cela lui convient, des corrections
d'Isabelle, en complétant avec ce qu'il n'a pas dit et en me demandant l'orthographe des
mots à chaque fois qu'il en a besoin.
· Texte définitif
Le riche et le pauvre
Il était une fois un riche et un pauvre. L'un avait beaucoup d'argent, et l'autre pas du tout.Le plus riche pouvait s'acheter des vêtements et des jouets ; le dimanche, il était servi comme un roi à table et à Noël il avait de très beaux cadeaux. Le pauvre était jaloux du riche et quand ils se rencontraient, ils se tapaient dessus.
Un jour, le pauvre joua au loto et il gagna un million. Le riche
voulut faire comme lui et il perdit tout son argent,
Maintenant, c'est le contraire, ils ne sont plus jaloux car c'est
chacun leur tour d'être pauvre.
Au moment d'écrire : Le plus riche pouvait sacheter
des vêtements, Thierry me dit : Et des jouets ; à table le dimanche il
était servi comme un roi et à Noël il avait de très beaux cadeaux.
Je lui suggère d'écrire cela aussi. (C'était quelques jours
après les vacances de Noël ; on le devine, Thierry est de famille très modeste.)
Pour la suite, Thierry s'est débrouillé tout seul,sauf pour le
temps des verbes : voulut et perdit, pour lesquels il voulait employer le
plus-que-parfait, ce qui changeait le sens de laphrase.
Sur quinze textes de Thierry, deux seulement ont été
travaillés de cette façon. Les autres étaient mieux écrits.
· Sonia a beaucoup de difficultés d'expression écrite, elle
est en 5e P.A.
Avec Suzanne, élisabeth et moi on faisait le file. quand
Sylvia faisait mettre le linge elle dit àRose : va chercher des épingles à linge
et elle mettait les épingles a linge sur les affaires.
La classe est invitée à chercher comment elleaurait pu
« mieux dire ».
Suzanne, Elisabeth et moi, nous représentions le fil qui
sevais à tendre le linge Ouand Silvia épinglait le linge, elle dit à Rose :
« Va chercher d'autres épingles à linge. » Et après les avoir ramener, Rose
les a posées sur les affaires encord mouillé.
suzanne, Moi, élisabette. Nous avons fait lefile, quand-t'a
sylvia commencer à Mettre lelinge, et elle pronoca le nom de rose elle lui dit va Me
chercher les épingles, à linge et elle accrocha le linge.
Nous écoulons toutes les versions.
Nous reprenons chaque membre de phrase de Sonia pour savoir où
il y a « incorrection », pour aboutir à une manière simple de dire
son texte.
Avec Suzanne et Elisabeth, nous représentions le fil.
Sylvia étendait le linge. Elle demanda à Rose :
« Va me chercher d'autres épingles » et elle attacha
les draps sur le fil.
Fréquence de ce travail : deux fois dans l'année.
Simone HEURTAUX
P.A. : programme allégé.
Deuxième compte rendu
1. LE TEXTE
Ecrit par un enfant à problèmes pour provoquer.
Choisi par l'enfant pour qu'il soit imprimé, ce qui entraîne
obligatoirement une mise au point.
C'est la règle dans la classe.
Transcription du texte :
Je trouve que cette classe est nule, on devoirs se bargaré, et
se disputé avec les filles pendant toute la journée. On devoirs reste enclasse pour
faire le sport et caser les vitre et se seré le maître qui pailleré. Il fautrait faire
les math comme ça : 1 + 1 = 2 2 + 2 = 4 puis après c'est fini. Les fiches il
faudrait les découpé en petits carres pour joué au loto. il faudrai casse tout les
bureau pour allumé la cheminé.Les filles il frodorait les mettre dans les cmaps des
nudisme le Metre il fodrait le maitre chezles fous. Il fodrait entrait à 10 et sortir
à10 h e 1 secondes. en français il fodrait crabouille le tableau et à la fin il frodra
faire soté la classe. ex que c'est possible ? oui ou non
FIN
Travail de mise au point :
Le texte est polycopié par l'enfant, tiré à la machine à
alcool et distribué à la classe (un exemplaire à chacun des 28 élèves).
La classe, moins cinq qui refusent ce travail, se divise en 4
groupes et travaille pendant 20 mn sur un passage du texte pour une première phase de
mise au point (orthographe surtout).
Ensuite, la classe se regroupe. Le texte est repris phrase par
phrase, de la manière la plus
classique et copié sur une affiche par un secrétaire. 20 mn).
Un débat difficile est né quand nous avons abordé le problème
de la mise à l'écart des filles dans un camp de nudistes. Je suis intervenu très
souvent d'une part pour secouer les filles qui restaient passives devant cette agression,
d'autre part pour signifier que je ne voulais pas que le texte imprimé contienne ce
passage. L'auteur a été amené à choisir entre la censure ou l'abandon de son texte
pour le journal. Il a choisi la censure. Des enfants ont proposé de supprimer aussi le
passage du maître chez les fous. J'ai répondu que je me sentais concerné mais que
j'acceptais cela de la part de l'auteur. Finalement le passage me concernant a quand même
été enlevé.
Je reconnais que ces remaniements ôtent au texte la presque
totalité de son sens symbolique mais le désir de se voir imprimé était très fort chez
l'enfant. Ainsi, nous avons publié un autre texte que le texte initial, chaque texte
ayant sa fonction, dans les deux cas gratifiant pour l'auteur.
Texte imprimé :
Je
trouve que cette classe est nulle. On devrait se bagarrer et se disputer avec les filles
pendant toute la journée. On devrait rester enclasse pour faire le sport. On briserait
les vitres et ce serait le maître
qui payerait. Il faudrait faire les math comme ça : 1 + 1= 2, 2 + 2 = 4 puis ce
serait fini. Les fiches, il faudrait les découper en petits morceaux pour jouer au loto.
On casserait les bureaux pour allumer la cheminée. Il faudrait rentrer à 10 h et sortir
à 10 h 1/2. En français, il faudrait gribouiller tout le tableau. Pour finir, il
faudrait faire sauter la classe.
Est-ce que c'est possible oui ou non ?
Jacky
II. EXPLOITATION ET PROLONGEMENTS
a) Je
reconnais que la nature du texte peut susciter les plus grandes réserves quant à
l'exploitation qui a suivi. Mais je n'hésite pas à prendre comme support de travail en
français un texte d'enfant s'il se prête à ce que je veux enseigner aux enfants.
C'était le cas. Pourquoi ne pas prendre un texte d'auteur ? Parce que ce texte a
mobilisé la classe pendant une heure. Les enfants le connaissent, en sont imprégnés,
donc ils n'ont aucun effort à faire pour le pénétrer. Ils sont donc disponibles pour
exercer une observation sur la forme et les moyens mis en oeuvre pour l'écrire. Je le
crois.
b) Quelques
jours plus tard :
·
Utilisation du texte pour un travail d'observation et d'analyse
sur le conditionnel.
- Travail
auditif.
- Travail
visuel.
- Approche
pour une prise de conscience que le conditionnel est l'outil qui permet d'exprimer les
situations imaginaires, irréelles, désirées...
Le travail
a été oral. Je n'ai pas noté ce qui s'est passé car je n'ai pas pensé que je ferais
ce compte rendu. Nous avons essayé de percevoir auditivement et visuellement les signes
phonétiques et graphiques ainsi que leurs correspondances qui nous permettaient
d'affirmer que nous étions dans l'imaginaire.
Tout le
monde savait déjà que nous étions dans l'imaginaire (c'est pour cette raison que
j'avais choisi le texte). Nous cherchions ce qui permettait de l'exprimer (les moyens).
Ici, nous travaillions au niveau du décodage : Comment quelqu'un (le lecteur du
journal, les corres, etc.) qui ne connaît pas l'histoire parvient-il à admettre que ce
texte est imaginaire ? Tout le monde dans la classe a pu répondre. De ces réponses,
je tirais ce qui était pertinent à l'oral et à l'écrit. Par exemple : Ce
serait le maître qui payerait en l'opposant à : Ce sera le maître qui
payera ou à : C'est le maître qui paye.
Par ces
modifications, nous passions du réel à l'imaginaire, de l'imaginaire au réel et en
même temps, nous manipulions consciemment les outils et les moyens qui nous permettaient
de le faire.
Passée
cette phase d'observation et d'analyse du phénomène, j'ai provoqué une séquence
directive, Obligeant les enfants (qui ne se sont d'ailleurs pas fait prier) à exprimer
des faits ou des événements irréels, imaginaires en utilisant le conditionnel.
Quelques
exemples :
On
serait des Martiens qui attaqueraient la Terre et on détruirait tout le monde.
Nous
tournerions un film, nous serions les héros et on sauverait la justicière.
·
Ensuite, nous cherchons des textes d'auteurs parmi lesquels nous
gardons celui-ci :
Si le
monde était à l'envers,
Je marcherais les pieds en l'air
J'irais à la plage en décembre,
Le jour, je garderais la chambre
Deux et un ne feraient plus trois...
Quel ennui, ce monde à l'endroit.
c) Le
lendemain, je propose aux enfants de passer de l'irréel au réel. Ils doivent écrire des
phrases ou des séquences se passant dans le réel puis par modification du verbe passer
dans l'irréel. Deux exemples parmi la multitude proposée par les enfants :
Réel :
On écrira un roman d'aventures qui se passera loin, très loin. Trois personnages se
poursuivront sans jamais se rattraper.
Irréel :
On écrirait un roman d'aventures qui se passerait loin, très loin. Trois personnages se
poursuivraient sans jamais se rattraper.
Réel :
Tu entreras clans une grotte, tu découvriras trois squelettes, tu partiras en courant.
Irréel : Tu entrerais dans une grotte, tu
découvrirais trois squelettes, tu partirais en courant.
Ces deux
exemples seront consignés dans le classeur de français.
d) En fin
de semaine, nous ferons une dictée dont le texte passe du réel à l'irréel.
Classe C.M.1-C.M.2., 28 élèves, mai 1981
Jacques TERRAZA
Quand un problème se pose, comme ici l'expression de
l'agressivité, c'est une occasion qu'il faut saisir pour rechercher comment l'écriture
peut « rendre » cette agressivité dans d'autres textes libres et si aucune
production ne permet de présenter des solutions au problème posé, je recherche des
textes d'auteurs que je propose aux enfants d'analyser dans le but de voir comment
exprimer l'agressivité, comment la canaliser vers l'humour. Il n'y a pas antinomie entre
expression spontanée de l'enfant et apprentissage de l'expression écrite.
Troisième témoignage
Stratégie
d'apprentissage : aider les enfants à s'approprier les règles d'écriture
(techniques graphiques, maîtrise syntaxique, capacité discursive) tout en permettant que
cet apprentissage reste celui d'une expression singulière.
I. INTERACTION ADULTE ENFANT
J'essaie de
me rendre le plus disponible possible pour aider un enfant pendant l'écriture de son
texte s'il le réclame, et plus généralement, pour relire, avec son auteur, le texte qui
vient d'être écrit. Ce n'est malheureusement pas toujours possible, pour des raisons
organisationnelles et temporelles, je veille alors à ce que tous les enfants
bénéficient de ce feedback « correctif » à un moment ou à un autre.
Pendant ce
travail, je supprime devant l'enfant les plus grosses incorrections, je corrige certaines
erreurs orthographiques et lui indique celles qu'il peut corriger (je n'hésite pas à
utiliser et faire utiliser le dictionnaire). Je renvoie certaines erreurs dont je juge
l'enfant mûr pour sen débarrasser, à un travail individualisé. Mais j'essaie
surtout que l'enfant arrive à produire l'effet qu'il désire en l'aidant à recentrer son
énonciation sur l'effet désiré. Je n'hésite donc pas à lui donner des procédés pour
débarrasser son texte d'éventuelles scories.
Exemple :
Marie-José présente ce texte simple à la « correction » du maître :
Chanson
Je
cherche des poux dans la tête de Frimousse qui tombé d'une échelle de 1 m. Il a eu une
bosse sur sa caboche son père l'a appelé pour jouer à se faire des bosses mais il n'a
pas voulu.
Marie-José
Le maître
lui indique à titre d'exemple une « scorie » à la ligne 3 : « l
m », sur laquelle d'ailleurs Marie-José semble avoir hésité, et lui propose d'y
appliquer sa première règle d'écriture (répétition du phonème ([u]). Rapidement
« douze » est trouvé. Ensuite, Marie-José est invitée à retravailler la
fin de son texte avec sa deuxième règle d'écriture.
Voici le
texte final proposé à la classe par Marie-José qui s'est adjointe Valérie pour
retravailler sa chanson :
Chanson
Je
cherche des poux dans la tête de Frimousse qui est (correction du maître) tombé d'une
échelle de douze mètres.
Il pousse une bosse sur sa caboche.
Son père s'approche et hôche la tête.
Frimousse
n'a plus de bosse.
Réécriture (Marie-José et Valérie)
Remarque :
Je ne réduis pas la création poétique à ce travail minutieux du tissage de
« rimes », un travail de créativité verbale, de recherches de métaphores
étant également favorisé dans ma classe, mais il me semble important que les enfants
découvrent, dans leurs propres recherches poétiques des lois, une cohérence interne,
spécifiques de l'activité littéraire.
L'important
est de respecter le texte d'un enfant pour aider celui-ci à obtenir l'effet qu'il
désire, et d'adapter finement son intervention.
II
RENVOI A UN TRAVAIL « INDIVIDUALISÉ »
a) Techniques
graphiques (segmentation des mots, orthographe d'usage). Je sélectionne dans chaque
texte, pour chaque enfant, quelques mots ou expressions parmi les erreurs orthographiques
(en raison de leur fréquence). Ils sont recopiés dans l'ordre chronologique de leur
rencontre sur un cahier d'orthographe, dans une phrase inventée par l'enfant.
Chaque
enfant dispose ainsi d'un répertoire où sont numérotées ses phrases.
Chaque
soir, les enfants notent sur un petit carnet (pense-bête) une série de phrases, plus ou
moins nombreuses selon les niveaux, à voir pour le lendemain. Et tous les matins, dès le
C.E.1 chaque enfant s'autodicte sa série, puis s'autocorrige, ça dure 5 mn.
b) Maîtrise
syntaxique (ortho-grammaticale, syntaxe des verbes, utilisation des prépositions,
ponctuation...).
Je renvoie parfois à une fiche de nos fichiers d'orthographe ou
livrets de français (si elle ou il existe, sinon j'en écris un(e) nouveau(elle)
aussitôt inscrit(e) par l'enfant sur son plan de travail (fiche à faire en priorité).
Ce travail programmé, lié aux productions de l'enfant me paraît important, car non
seulement l'enfant peut ainsi prendre en charge son travail (ici, même
« scolaire ») grâce à son plan de travail, mais surtout il peut en saisir le
sens, la raison utilitaire : accroître ses capacités langagières et parvenir à
l'autonomie de son écriture.
Le fouilleur de poubelle
Un jour,
un clochard qui se promène dans une rue, voit une poubelle, il saute dessus. Mais !
un chat lui saute à la figure ! Le clochard horrifié s'en va en courant. Il voit
cette fois une grosse poubelle, il saute dessus. Il plonge la main dans la poubelle,
AH ! un rat lui mord la main ! Alors, il s'en va le ventre creux. Plus loin,
tout à coup il voit une dame qui avait un panier rempli de commissions : il lui
saute dessus, mais elle prend des pêches bien mûres. Et hop ! tout ça dans la
figure ! Tout barbouillé, le clochard s'en va très peureux ! Le soir, il voit
les gens bien manger, il est très triste, il meurt de faim ! Il va dormir dans une
poubelle mais il saute en l'air une bande de souris est dans sa culotte. Il court partout
et les souris tombent. Il dit : « ce coup là je dors dans le métro. Le
lendemain, il voit une drôle de dame barbue, elle transporte des commissions, il saute
dessus ! Mais ! manque de chance c'est l'inspecteur de police !! il braque
son pistolet sur le clochard. Et là, il l'emmène en prison, le clochard n'est pas
content mais là au moins il a quelque chose à se mettre sous la dent.
FIN
Guillaume
Dans le
texte de Guillaume, le fouilleur de poubelle, je lui signale, « il mord, rempli, des
commissions, des fruits bien mûrs, la faim », où il avait fait des fautes, à
prendre sur son répertoire. Un peu plus tard, Guillaume me présente les phrases
suivantes qu'il inscrit dans son répertoire :
47. Souvent
le chien de Karine mord le facteur.
48. J'ai rempli ma poche de bonbons.
49. Tous les mercredis, je vais faire des commissions au super marché.
50. Maman a acheté des fruits bien mûrs.
51. Beaucoup d'enfants meurent de faim dans le monde.
Parallèlement,
je le renvoie à trois fiches d'orthographe qu'il inscrit sur son plan de travail :
mais ! (fiche 112) que Guillaume a utilisé correctement, mais avec une
petite erreur de ponctuation facilement rectifiable.
Des
pêches bien mûr. (fiche
118 et 155) accord de l'adjectif que Guillaume a besoin de consolider mais qu'il commence
déjà à maîtriser (une dame barbue, il a bien accordé l'adjectif).
III.
ATELIER COLLECTIF
Tous les
lundis, un texte choisi pour être imprimé est polycopié et distribué à chaque enfant
de l'atelier.
Principe :
Dans la mesure où les enfants écrivent un texte dont ils ont prévu en gros l'effet
général, on peut examiner ces textes une fois écrits pour, en les lisant, chercher
comment telle ou telle difficulté narrative a été résolue. Le but de cette séance est
donc plus un démontage, une mise à nu des ressorts textuels et dramatiques du texte
qu'une réelle mise au point corrective.
Cette
fois-là, le texte polycopié était le texte de Guillaume, élève de C.M.1. « Le
fouilleur de poubelle ». Il est accompagné des deux directives rituelles :
1.
Qu'est-ce qui t'a plu dans ce texte ? Pourquoi ?
2. Fais les
changements que tu juges nécessaires.
Après un
long moment de travail individuel, vient le moment de la confrontation collective.
Marc :
Moi, ça m'a plu parce qu'il lui arrive plein de choses.
Isabelle : Et pi, c'est drôle...
Sylvie :
Moi, ce qui me fait rire c'est quand il attaque la dame et pi il prend des pêches bien
mûres dans la figure.
Isabelle :
Et la souris dans la culotte. (Mimes dans la classe...)
Laurence :
Moi, ça m'a plu parce que c'est rigolo tout le temps... Et à la fin le clochard, il a
quand même à manger.
Benoît :
On dirait une « histoire sans paroles » (cf. télévision).
Séverine : C'est pour ça que ça va vite, il y a
beaucoup de gags, sauf quand il voit les gens manger et qu'il est triste.
L'auteur :
C'est parce que c'est un peu la réalité, c'est dur quand on a faim de voir manger les
gens !
Benoît :
Dans les films de Charlot, il y a aussi des passages tristes.
David :
A la fin aussi ça pourrait être triste.
L'auteur :
Oui mais c'est pas triste car il a enfin ce qu'il veut.
David :
Ouais, mais la prison ça peut être triste...
Claude :
Au début, à chaque fois qu'il fait quelque chose, on s'attend à la catastrophe qui
va lui arriver...
Valérie :
Non, on se demande ce qui va encore lui arriver, c'est ça qu'est drôle.
Le
maître : C'est une histoire drôle avec beaucoup de gags. Le clochard finit par
obtenir ce qu'il voulait, c'est-à-dire à manger, quand on ne s'y attend plus.
Séverine
nous a dit que le rythme était rapide, on relèvera tout à l'heure les verbes de cette
histoire.
Maintenant,
on va voir plus en détails, voyons vos changements phrase par phrase. Alors la numéro 1.
Séverine :
Un jour, un clochard qui se promenait dans la...
L'auteur :
Je préfère « promène », on le voit comme dit Benoît comme dans un film.
Séverine :
Alors, il faut mettre aujourd'hui.
L'auteur :
C'est pas aujourd'hui, le jour exact est pas important...
Séverine : « Un jour », c'est passé
David :
Ah non ! C'est comme dans « Le meneur de loup » (Collection « J'aime
lire » présente dans la bibliothèque) ça se passe autrefois et bien c'est
raconté comme si c'était aujourd'hui...
Séverine
va vérifier à la bibliothèque ; très bonne élève elle est très suprise d'avoir
tort...
Le
maître : C'est un présent de narration, Guillaume l'a utilisé pour rendre son
récit plus proche...
On en
profite pour refixer rapidement les introducteurs temporels au tableau :
PRÉSENT
PASSÉ
un
jour
maintenant
aujourd'hui
autrefois
en ce moment
hier
à cet instant
l'autre
jour
il
était une fois
il
y a bien longtemps
ce
matin
Benoît nous ramène à cette première phrase :
Un jour,
un clochard qui se promène dans une rue, cherche de la nourriture. il voit une poubelle
et saute dessus. Parce que sinon on sait pas pourquoi il saute dessus.
L'auteur : Mais c'est pas gênant... au contraire
David :De
toute facon, on peut s'en douter.
Marc :
Il peut chercher des habits !
Le
maître : Benoît propose d'apporter un renseignement supplémentaire, Guillaume
préfère un peu d'imprécision.
2e phrase
Karine :
Il a mis un point d'exclamation après « mais » Ça ne va pas.
L'auteur :
J'ai voulu couper pour la suprise.
David :
Pour le suspense...
J'introduis
les points de suspension et insiste sur l'effet d'opposition/de surprise produit par le
« mais ».
3e phrase
Rien, je
demande qu'on me précise « horrifié » : on me propose, il a très peur,
il est épouvanté, terrorisé.
4e phrase
Valérie :
Après, il voit une grosse poubelle, il saute dessus.
David :
Oui, mais il a déjà vu une grosse poubelle.
Claude :
Ça se répète, et à chaque fois on se doute qu'il va arriver quelque chose.
Marc :
C'est comme dans le conte « Le petit pêcheur ».
L'auteur :
Ouais, ça doit être pour ça que j'ai utilisé « cette fois »...
Analyses et conclusions
L'habitude
de ces discussions qui suivent une lecture très précise d'un texte choisi, rendent les
enfants très sensibles aux « trouvailles » d'un texte. (Ici :
développement de l'action, effets comiques, structures à répétitions typiques des
contes).
Je vois un
double intérêt à cette façon de faire :
·
Cette relecture active permet à chacun de
« digérer » le texte et ainsi de s'approprier, selon ses compétences et ses
besoins du moment, les « savoir-faire » que chaque texte contient. Cette
appropriation n'est évidemment jamais une simple réception d'un modèle proposé. Elle
se fait par des cheminements personnels, chaque enfant, aussi jeune soit-il, ayant son
histoire propre. Cette histoire personnelle fait que son contact avec les
« savoirs » est empreint de sa « subjectivité ». Ainsi, pour
Benoît, la prise de conscience du rythme de ce texte, passe par une comparaison
subjective avec une « histoire sans paroles ». Dans cette démarche
d'appropriation, chaque membre du groupe classe grandit, même l'auteur du texte qui, le
plus souvent, a écrit sans avoir conscience des règles d'écriture qu'il a utilisées,
mais avec une connaissance intuitive qui lui vient de son histoire et de son expérience
culturelle personnelle.
·
L'auteur découvre l'effet que produit son texte sur ses
camarades. Il doit tenir compte des choses auxquelles les autres n'ont rien compris ou
qu'ils interprètent différemment. Cette confrontation avec les autres, pour lesquels il
avait écrit, lui permet de prendre conscience de la démarche qui a été la sienne, il a
apporté aux autres un « objet observable », un déclencheur, les
« autres » le forçant à sortir de sa subjectivité en clarifiant les
mécanismes de sa pensée.
Remarques :
J'ai
évacué presque totalement de ces séances ce que Freinet appelait la « toilette du
texte » pour la bonne et simple raison que la séance devenait démesurément
longue. Ici, c'est la capacité discursive qui est en jeu. Des recherches collectives ou
individuelles ayant une visée plus orthographique sont réservées à un autre moment, ce
qui ne veut pas dire qu'elles ne sont pas liées aux productions des enfants.
Néanmoins,
afin d'éviter l'enlisement dans des discussions interminables (inévitables au départ)
la part du maître est importante pour résumer les interventions principales, faire
passer à la suite. Toute la difficulté est de savoir déceler dans les remarques des
enfants les premières approches d'une prise de conscience d'une règle d'écriture
découverte dans le texte, et de leur offrir des apports stimulants et adaptés qui les
aident à structurer, à clarifier leur intuition.
Ainsi, à
l'époque je n'ai pas profité des remarques « dissidentes » de David :
« A la fin aussi ça pourrait être triste », « ouais, mais la prison
ça peut être triste » pour proposer aux volontaires comme piste de recherche la
réécriture de cette histoire pour qu'elle devienne triste, en utilisant les mêmes
personnages, les mêmes décors.
Aurais-je
dû le faire ? Qu'en pensez-vous ? Est-ce que cela aurait débouché sur une
fructueuse comparaison entre la construction d'un texte drôle et la construction d'un
texte triste ? Est-ce que l'étrange proximité de ces deux trames narratives
dévoilerait un peu l'importance du narrateur (qui n'est pas l'auteur) dans le
texte ; car finalement seul le regard porté par le narrateur puis par le lecteur sur
les actions qui se déroulent dans l'histoire justifie le jugement de triste ou de
comique.
Tout cela,
je n'en avais moi-même jamais pris conscience si nettement. Alors à quand la pratique du
texte libre dans les E.N., afin que les instits en formation, rencontrant des problèmes
de productions, réfléchissent à la structuration du récit et s'approprient les
recherches modernes en « linguistique du texte ».
Texte
libre et éveil linguistique
Freinet
proposait une « Grammaire en quatre pages ». Il allait même jusqu'à
écrire : « Et si la grammaire était inutile ? » Si l'on réduit,
en effet, la grammaire à la grammaire scolaire ainsi que cela se fait presque toujours,
il est vrai, et nombre de collègues le constatent tous les jours, qu'elle semble pour le
moins peu efficace en ce qui concerne l'amélioration du français écrit.
Faut-il
pour autant abandonner toute activité d'observation de la langue ? Je ne le pense
pas.
Confronté
au même problème, après bien des essais, des recherches et des tâtonnements, je suis
arrivé à une pratique qui me paraît plus satisfaisante théoriquement et qui a, de
plus, le mérite de provoquer l'intérêt, la réflexion et la participation des enfants.
De plus, travaillant en équipe, nous avons décidé d'adopter la même démarche dès le
C.E.1 voire de C.P. C'est de cette démarche que je vais tenter de rendre compte ici.
1. Une
démarche fondée sur une pratique relationnelle et fonctionnelle de l'écrit.
Il faut, en
préambule, préciser que le préalable à notre démarche est que les enfants soient
plongés dans des situations relationnelles et fonctionnelles d'écriture et que ces
situations soient les plus nombreuses, fréquentes et variées possibles. Il s'agit là
d'un impératif incontournable sous peine de retomber dans la scolastique et le
formalisme.
Sans faire
un inventaire exhaustif de ces situations, on peut citer :
- les
albums d'éveil historique, géographique ou scientifique ;
- les questionnaires et comptes rendus de visite, enquêtes... ;
- la tenue du cahier « notre vie » (recueil des événements importants de la
classe destinés au journal) ;
- les textes destinés à la publication dans le journal scolaire
- les poésies
- la correspondance tant individuelle que collective, toutes situations véritables de
communication.
Seul, le
besoin de parvenir à un écrit satisfaisant, motivé par un véritable désir de
communiquer pour de vrai permettra à l'enfant, confronté à une difficulté, à
un problème linguistique, de ressentir le désir de mobiliser ses connaissances
antérieures et de faire acte de réflexion afin de dépasser cette difficulté.
2. Une démarche qui repose sur l'écoute
Si jai
insisté un peu longuement sur les étapes préalables c'est aussi pour montrer que cette
démarche n'est possible que dans la mesure où on accepte d'être à l'écoute des
enfants.
En effet,
c'est au cours de ces multiples confrontations à l'écrit, tantôt individuelles, tantôt
collectives, que vont se faire jour des situations qui poseront problème aux enfants. La
part du maître consistera alors à relever ces points d'achoppement, à faire préciser
la difficulté, expliciter le problème et en prendre note pour un travail ultérieur.
Afin de
préciser les idées, quelques exemples de situations - problèmes rencontrées cette
année (C.E.2-C.M.) :
- A quels
noms met-on des majuscules ?
- Comment choisir ce ou se ?
- Pourquoi dans « chante ! » il n'y a pas de « s » ?
- Est-ce que « devra » correspond à « devrait » ?
- Au passé simple « a » ou « t » ?
- Les compléments de verbe ne se remplacent pas tous par le, la, les, l' ;
pourquoi ?
- Pourquoi « anse » mais « lasse » ?
Ce qui est
remarquable c'est le nombre de questions que se posent les enfants dès lors qu'ils sont
habitués à une attitude de curiosité, d'éveil par rapport à l'écrit. C'est là une
attitude de distanciation qui peut être extrêmement profitable à leur réflexion sur
leurs productions écrites.
3. Une
démarche de tâtonnement expérimental
Je vais me
permettre de détailler quelque peu le déroulement d'une séquence afin de concrétiser
mes propos.
Lors de la
réunion de coopérative, nous programmons une ou deux séances de ce que les enfants
appellent « recherches de français » et que je désignais dans le titre, sous
le terme « d'éveil linguistique ». Je pense à ce sujet que l'utilisation du
mot « recherche » par les enfants n'est pas du tout innocent mais rend
parfaitement compte de cette activité et de leur attitude.
La séance se déroule en plusieurs temps :
A.
L'enfant, auteur de la remarque, aidé par le maître qui l'a notée, rappelle quel est le
problème soulevé, ce qui l'interroge.
B. Ici, le
rôle du groupe et de l'adulte va être de faire expliciter la remarque.
Il s'agit
là d'une étape fondamentale car l'explicitation de la situation va :
- amener
l'enfant et le groupe à mobiliser leurs connaissances antérieures (réelles ou
supposées, véritables ou erronées) ;
- amener le groupe à faire des hypothèses.
Ce sont
deux phases extrêmement importantes car fondements d'une véritable démarche
scientifique, de ce que nous désignons par tâtonnement expérimental. C'est à cette
occasion que vont pouvoir apparaître les représentations que se font les enfants
du fonctionnement de la langue. Il y aurait d'ailleurs matière à une observation fine de
ces représentations. Ceci dit, il est fondamental que les enfants puissent les exprimer
et les expliciter. Il faut noter que, sans cesse, durant la séance, il y aura réflexion,
discussions, échanges à l'intérieur du groupe.
C.
L'hypothèse ayant été explicitée, précisée et comprise de tous, va se poser alors le
problème de sa validation. Pour cela, il va nous falloir la confronter à un
corpus de phrases. La différence, c'est que ce corpus va être constitué au départ
d'énoncés d'enfants ce qui leur donne un statut et une valeur bien différente de
l'habitude.
Commence
donc une phase de recherches très active dans nos textes. Au fur et à mesure des
découvertes, les enfants proposent des exemples relevés dans leurs textes. Chacun est
examiné et nous vérifions qu'il correspond bien au thème de notre recherche. Si oui, il
est inscrit au tableau. Dès que nous en possédons une quantité suffisante, nous passons
à une phase d'observation du corpus réuni.
D. Lorsque
la phase d'observation est terminée (elle ne dure que quelques minutes) chaque enfant
fait part de ses remarques. Il y a alors confrontation de la remarque avec le corpus
observé et validation éventuelle. Celles qui semblent valides sont alors notées au
tableau à partir du moment où elles sont acceptées par le groupe.
E. Enfin,
ces observations accompagnées de quelques exemples significatifs sont copiées sur une
feuille de classeur. Ces feuilles grossièrement classées en groupe verbal : rouge,
groupe nominal : jaune, « pronoms » : bleu, syntaxe : vert,
orthographe : blanc vont ainsi constituer progressivement un « classeur de
français », outil de travail que l'enfant aura constitué peu à peu, qu'il aura pu
s'approprier et que, pour cela, il saura facilement utiliser.
Bien sûr,
nos observations sont souvent imparfaites, presque toujours incomplètes, parfois
inexactes. Ceci n'invalide pourtant pas la démarche présentée. N'en est-il pas de même
dans toute démarche scientifique ?
« Toute
position sommairement juste, tout raisonnement sommairement efficace peuvent servir de
point de départ pourvu qu'ils ne soient pas posés comme intangibles, pourvu qu'ils
soient considérés comme révisables ». F. Gonseth (cité dans Pratiques n°33).
Au contraire, ces inexactitudes, ces manques alimenteront de nouvelles réflexions,
fourniront de nouvelles pistes de recherche lorsque de nouvelles observations invalideront
nos observations ou lorsqu'un problème du même ordre resurgira. Alors nous serons
amenés à reprendre, compléter, corriger nos observations.
C'est ainsi
que, petit à petit, avec les enfants, nous construirons une démarche active
d'observation des phénomènes linguistiques, une authentique démarche d'éveil
scientifique à la langue écrite.
4. Une
démarche cohérente par rapport aux autres activités de la classe.
Si j'ai dit plus haut que la démarche dont je rends compte ici
me satisfaisait théoriquement c'est que, alors que jusqu'à présent les séquences ou
leçons de grammaire étaient complètement coupées du reste des activités de la classe,
il y a là unité. Il y a en effet d'une part, un lien réel et nécessaire avec les
besoins des enfants. D'autre part, et c'est sans doute là une des raisons qui fait que
les enfants s'impliquent incomparablement plus depuis que nous travaillons ainsi, c'est
qu'ils retrouvent par rapport à la langue, la même méthode de travail qu'en
mathématique, éveil scientifique, historique ou autre.
C'est-à-dire
que, plutôt que de transmettre des mécanismes, nous privilégions toujours la mise en
situation de recherche.
Jean-Marie FOUQUER
Le texte libre se prolonge par des
activités d'expression
Expression corporelle
Ce
matin-là, suite à un texte d'enfant qui avait intéressé la classe, les enfants avaient
trouvé au tableau Le Premier saut de Léo Valentin :
Texte
d'auteur :
- Partez !
J'entendis
l'ordre en même temps qu'une grande tape me faisait BASCULER. Je FERMAI les bras, les
yeux, les jambes, tout. Je SERRAI les mâchoires à m'en faire mal. La tête dans les
épaules, je tombai comme une boule, RECROOUEVILLE. Comme un arrachement des épaules, un
ÉCARTEMENT qui fait que tout s'ouvre : les bras, les jambes, la bouche, les
oreilles. La vie, L éo ! Tu vis, vieux gars !
Prolongements :
Après une
lecture des yeux, nous avons fait une lecture de gestes sur le contraste
ouvert/fermé : recherches individuelles, recherches en groupe, dans le préau.
Puis
séance collective de travail corporel autour de quelques mots inducteurs :
contracter-décontracter, resserrer-relâcher, raccourcir-ralonger, raidir-assouplir,
dur-fluide, rétrécir-agrandir, se ramasser-rayonner, se rentrer-sortir, se tasser-se
dérouler, tendu-détendu, raide-mou, foncer-étirer, crisper-desserrer, bloquer-libérer.
Jeu de mots en deux classes : ouvert/fermé : larme, explosion, boule, petit,
large, rivière, fleur, feuillage, maison, triste, rire, épanoui, feu, ami, guerre...
Relecture
du texte, à voix haute, debout. Chacun lit la phrase qu'il veut, ou un mot, ou tout le
texte.
Patrick
Peinture
Texte
créé collectivement et écrit par deux enfants à partir des idées recueillies
ensemble.
Sij'étais le ciel, je serais soleil.
Si jétais le ciel, je couvrirais la terre d'une nuit argentée.
Si j'étais le ciel, je serais le coucher du soleil.
Si j'étais le ciel, je serais le paradis des enfants et des grandes personnes.
Parallèlement,
les enfants peignaient en projetant la peinture, en faisant couler, en pliant. Ils
tendaient même à s'enfermer dans ce procédé facile et spectaculaire et commençaient
à tourner en rond. L'arrivée de ce texte permit de faire une jonction entre l'expression
écrite et l'expression par la peinture. En effet, toutes les taches pouvaient être
traduites en ciel, en univers dans lesquels les enfants laissaient libre leur imagination
et emmagasinaient de nouvelles possibilités de textes...
Jacques, C.M.1-C.M.2
Notre cinéma à nous ou...
Le texte libre en mouvement...
une idée... lumineuse
Tout a
commencé par une aventure martienne alors qu'un O.V.N.I. descendait inexorablement vers
la surface de la Terre...
Tout a
commencé, disais-je, sur des diapos dessinées et d'ambiance quand, encore frais mais non
miscibles entre eux, les produits qui les couvraient s'énervèrent à la surface de
l'écran. Puis ce brin d'herbe perpétuellement agité par le ventilateur du projecteur
déclencha le processus : Eurêka ! ... ça bougeait
TILT
Ici, intervient la « part du maître ».
Ainsi
naquit Bande dessinée, notre premier film, « réservoir » de
techniques d'animation. L'inconnu surgissait et emplissait de joie et d'enthousiasme notre
aventure cinématographique... Enfin ses premiers tâtonnements.
Depuis six
ans, nous n'avons cessé d'écrire en images émouvantes et mouvantes quelquesuns de nos
textes libres :
·
poétiques :
La
semaine bizarre, Le nuage, L'imprudent, Oh ! le vilain brouillard, Drôle de temps,
Le petit oiseau, Drôle d'histoire, Le bateau-soleil ;
·
d'animaux :
Sylvain
le lapin, Les deux ours, Au zoo, Le petit canard ;
·
fantastiques
Le
poisson-motard, La gyrn des charlots, Les cailloux crieurs, La maison fragile, Le gros et
le maigre, Les dingues du C.E. 1, Oh ! le méchant, Les aventures d'un grain de
café, Les hommes géants, Les grimaces ;
·
quotidiens :
Pédali
et Pédalo (achat d'une maison, son voisinage) ;
·
de vie :
Chatte-chat, La naissance de Julien ;
·
conte de Noël :
Le nez rouge ;
·
de publicité :
Anti-publicité, Le fromage, Le soûlé ;
·
d'aventures :
Les
« éros du faroueste », La victoire de dArtagnan.
Afin que
vous appréhendiez l'étonnante diversité et richesse de nos films, je ne citerai pour
exemple que leur durée qui s'échelonne de quinze secondes à vingt-cinq minutes.
Pourquoi
faire du cinéma ?
J'ai déjà écrit que la caméra était cette nouvelle
imprimerie capable de démystifier/ démythifier la télé mais aussi :
- C'est un acte essentiellement pédagogique, créateur et
coopératif.
- C'est écrire un nouveau langage avec sa dialectique
particulière.
- C'est
connaître du soleil et des nuages, les caprices du ciel.
- C'est
appréhender les distances et le temps.
- C'est
travailler ensemble, se débrouiller, inventer...
Inventer
comme Stéphan écrivant à la machine pour les parents de chacun de ses
camarades : « Voulez-vous aider les enfants à faire un film en
donnant 5 F ? » C'est un acte hautement politique que celui de se prendre
en charge !
Nos histoires en photo
Nous avons
tous l'habitude d'inventer des histoires que nous lisons à toute la classe. Souvent
aussi, nous les illustrons de dessins. Nous réalisons parfois des B.D. (bandes
dessinées).
Plusieurs
classes de Haute-Savoie ont décidé d'inventer et de réaliser des histoires en photo,
grâce à l'aide du service audiovisuel de la Fédération des oeuvres laïques. Les
enfants vous expliquent comment ils ont fait.
COMMENT RÉALISER ENSEMBLE UN ROMAN-PHOTO ?
L'histoire
Il faut
d'abord une histoire bien intéressante, mais pas trop compliquée, ou un texte libre ou
une idée apportée par un camarade.
Mais avec
des paroles ou de l'écriture, on ne s'exprime pas comme avec des images.
Nous avons
décidé de mettre en roman-photo un texte libre de Véronique. Ce texte a provoqué trois
histoires assez différentes.
Nous avons
choisi la plus simple à illustrer en photos, car nous nous sommes apercus que certaines
auraient été impossibles à prendre.
Le découpage de l'histoire
Vous pouvez
commencer par étudier de près comment sont découpées les bandes dessinées. Comparez
la taille, le contenu des différentes vignettes. Observez bien chaque image. Vous
remarquerez que l'angle de vue et l'échelle des plans (vue générale, vue rapprochée,
détail en gros plan) ne sont pas toujours les mêmes. C'est cette diversité des images
qui crée l'animation de l'histoire.
Pour en savoir plus, lire la B. T. J. n°251 du même titre.
Travaux collectifs autour des textes
A l'école maternelle
Le travail
est essentiellement oral. L'enfant raconte son histoire. La maîtresse intervient si le
message passe mal. Elle le restitue dans une forme communicable, à la portée de
l'enfant.
Dans la
classe enfantine d'Annie :
On
éclaire le feu dans la cheminée pour plus qu'il pleut. (Stéphane, 4 ans.)
Réaction de Benoît : Il ne pleut pas dans la maison, il pleut dehors.
Annie : Est-ce que tu allumes le feu quand il pleut ?
Stéphane : Oui.
Annie : Pourquoi l'allumes-tu ?
Stéphane : Parce que quand il pleut, il fait froid. Alors, ma maman, elle allume
le feu.
Annie : Alors, ta maman allume le feu quand il pleut pour réchauffer la maison.
Ce
travail est nécessaire pour que les enfants ne restent pas enfermés dans les clichés du
langage « bébé ».
Un
vécu collectif riche et passionnant au cours élémentaire
Cécile
parle du cheval de son grand-père et ses camarades demandent si on ne pourrait pas aller
le voir. Le grand-père consulté nous amène « Gamin » et répond à toutes
nos questions.
Nous
prenons des photos, nous réalisons un album, nous lisons des poèmes parlant du cheval
(complainte du petit cheval blanc de Paul Fort et Cheval de Lucienne Desnoue).
Le
lendemain de « la visite de Gamin », les enfants imaginent : « Les
pensées de Gamin pendant le reportage ».
-
« Qu'est-ce que c'est tous ces gens ? C'est la première fois qu'ils voient un
cheval ? Il y en a bien à la télévision.
Ils posent des questions à mon maître, qu'est-ce qu'ils me veulent, peut-être
veulent-ils m'acheter ?
On ne sait jamais
Qu'est-ce que c'est cet appareil ? Je vais faire un petit sourire.
Il me chatouille avec son couteau
Qu'est-ce que c'est ce grand bâtiment ? Je ne vais pas rentrer dedans avec ma
charrette ? Je casserais les marches d'escaliers, les enfants tomberaient, je serais
en cause, j'irais au juge. Je pourrais apprendre à lire, je saurais le langage des êtres
humains.
Ils me
fatiguent à me faire avancer et reculer. Je vais baver un peu pour leur faire peur. J'en
ai assez d'être « planté » au même endroit, je voudrais bien marcher un
peu. Enfin, me voilà parti, je vais pouvoir être tranquille. »
Puis à
l'atelier magnéto, un groupe du C.E.1 élabore le texte suivant, pas forcément meilleur
que le texte initial, qu'il écrit ensuite :
Le cheval dans le pré
Le
cheval dans le pré
trotte sur l'herbe verte
et saute les barrières.
Quand son maître vient
il galope vers lui.
Des fois, il va aux champs
pour tirer la houe
ou la charrette.
Quand le soir arrive,
son maître l'amène
à l'écurie.
Un groupe du C.E.1
Et Johny, un matin, lit à la classe :
Le cheval
Le cheval galope dans l'herbe.
Il fait des courses, il gagne,
on lui met des médailles,
on lui donne des coupes d'or.
Il joue à saute-mouton avec les rochers,
les branches d'arbres,
Il se sent seul, ce petit cheval.
Aidez-le ce petit cheval.
Johny, C.E.2
L'enquête
sur un sujet qui intéressait les enfants a permis la création de textes libres.
Classe de Anne-Marie
L'écoute
disponible du maître :
Comment
est née lécriture poétique dans ma classe de C.M.2
Un soir du mois de novembre, avant de quitter l'école, Christine
s'approche de moi et me dit :
- J'ai
inventé une chanson !
- Chante-la.
Juste le
temps de brancher le magnétophone et Christine me sussurre de sa petite voix douce sa
chansonnette « Dis-moi ».
DIS-MOI
Un mois, deux mois, trois mois
Quatre mois, cinq mois, six mois
Sept mois, huit mois, neuf mois, dix mois.
Dis-moi
si notre terre
est plus grande que le ciel
dis-moi, dis-moi, dis-moi, dis-moi.
Dis-moi,
dans la montagne
y a-t-il un cheval qui broute ?
Dis-moi, dis-mois, dis-moi, dis-moi.
Dis-moi
si dans la rue
il y a beaucoup de gens.
Dis-moi, dis-moi, dis-moi, dis-moi,
Dis-moi
ce que tu veux,
Dis-moi ce que tu vois,
Dis-moi, dis-moi, dis-moi, dis-moi.
J'ai
trouvé ca très intéressant ; aussi le matin suivant, nous avons écouté,
déchiffré et appris le chant de Christine.
Ce fut pour
cette enfant un déclic, car à partir de ce moment-là, elle se mit à écrire des textes
tels que Sylvie et Dors petit enfant.
Ses
camarades furent de plus en plus intrigués et bientôt Corinne se mit elle aussi à
écrire La pluie, Il neige
SYLVIE
Je ne
dors pas Sylvie
Je ne pleure pas Sylvie
Je ne cours pas Sylvie
Je ne ris pas Sylvie
Je ne fuis pas Sylvie
Je n'entends pas Sylvie
Je ne crie pas Sylvie
Mais je travaille, Sylvie.
DORS PETIT ENFANT
Dors
petit enfant aux joues rondes
Dors petit enfant au nez rouge
Dors petit enfant aux grosses chaussures
Dors petit enfant aux habits déchirés
Dors, dors, petit enfant clown.
IL NEIGE
Il neige
à Paris
Sur les toits gris
Il neige à Versailles
Sur les toits de paille
Il neige partout
Il neige sur tout
Mais voilà, tout à coup.
Il ne neige plus du tout.
LA PLUIE
Couverte d'un manteau jauni
Déposa sur les toits
Ses gouttes de soie.
Couverte d'un manteau jauni
Est morte à minuit
Sur les toits ses amis.
Nous
étions à quelques jours de Noël, lorsque Patrick nous lut : Je l'attends,
puis Christine D. nous apporta C'est pour. Ainsi était née dans la classe une
« atmosphère réceptive » à ce nouveau genre d'expression et depuis, les
textes se sont multipliés.
Ainsi des enfants se sont livrés :
Patrick a
dévoilé dans Loin de tout sa hantise de la mort ; hantise justifiée,
puisque sa soeur atteinte de la maladie bleue est décédée pendant les dernières
vacances.
Christine
D. nous livra sa joie dans lattente d'une naissance prochaine d'une petite
soeur (qui en réalité fut un petit frère) dans Mon enfant.
Et bien d'autres encore...
Ce qui est certain, c'est que dans cette atmosphère, les enfants se sont arrêtés sur des textes et des auteurs qui jusqu'alors ne les accrochaient pas.
J.-C. DUMARTIN École de Pontonx-sur-L'Adour (Landes)
dans ma chambre je l'attends.
Je sais qu'il viendra
un jour
Et puis il m'emmènera loin,
loin dans le monde,
Mais je l'attendrai toujours
Mon amour.
Marie-Noëlle,
après plus d'un trimestre de classe, n'a écrit que deux ou trois textes récits de ses
activités, tout le reste étant des poèmes (mais quelle profusion !). Ils ont
d'ailleurs, en général, été bien accueillis par la classe parce que pleins
d'imagination à tous les niveaux (forme et fond). Mais un jour, la remarque est venue,
pertinente :
- Moi,
je trouve que Marie-Noëlle écrit que des poèmes. Elle pourrait changer un peu.
COCHON
Cochon
qui cochonne
honne ! honne !
C'est pas un cochon.
Un âne ?
Oui c'est un âne
avec des oreilles de lapin
et la queue en tire-bouchon.
Cochonne qui cochon
Hon ! hon !
C'est pas un cochon.
Un loup ?
Oui c'est un loup
qui fait ouh ! ouh !
A moi ! à moi !
Là j'ai
un coeur qui souffle
souffle sur les nuages
mon coeur a un trou
je ne vis plus
mon coeur s'envole
sur le soleil
CHICH0
Chicho Chichoco
Chichoco Chicholi
Chicholi Chicho-maîtresse
Chicho-maîtresse est une bombe
Un deux trois et ça explose !
MA VACHE
Ma vache
a des oreilles
d'écureuil
ma vache a une queue
ronde
ma vache a les dents
longues
ma vache a le ventre
musclé
ma vache
fait un bruit extra.
Marie-Noëlle,
10 ans
Ils habitaient une petite maison au sommet du plus grand sapin de la forêt, et ils
étaient très heureux.
Mais, un jour, les animaux sauvages sont tous partis. La maman alla regarder son
calendrier et s'écria : Ciel ! c'est le premier jour de la chasse et il ne
doit plus rester que moi et mes peits dans la forêt. Il nous faut partir au plus vite, et
elle alla réveiller ses enfants .Vite, vite, levez-vous, la chasse est ouverte, il ne
faut pas rester ici, nous risquons de mourir !
Puis elle partit chercher les valises.
(à suivre)
- Je vais voir ma maman à l'enterrement.
Maman ! maman ? si tu étais vivante,
je t'aimerais de tout mon coeur.
Marie-Noëlle, 10 ans
- soit écrire sur le vécu du groupe-classe et son interprétation. Par exemple, depuis
trois semaines, toutes les activités d'observation sont centrées sur la vie d'une
courtilière et de différents insectes. Ce qui a amené dans la classe : des
documents variés sur les insectes, des lectures sur ce thème, des dessins, des jeux
dramatiques, un émerveillement (la naissance d'un papillon s'arrachant lentement à sa
chrysalide) ...
Nous avons
particulièrement travaillé deux textes :
a) Un de Le Clezio (Voyages de l'autre côté) :
Naja
Naja, quand elle a trouvé la cachette qui lui convient, s'assied en boule au soleil et
reste immobile.
Elle est
devenue minuscule, à peine grande comme un insecte... Elle est posée sur la terre, entre
les genêts et les ronces. Le soleil brûle, il chauffe sa carapace noire, brillante...
Pattes minuscules, élytres, antennes. Si on bougeait, on mettrait des jours à explorer
un arbre, des heures à faire le tour d'une feuille.
Naja
Naja reste longtemps dans sa cachette, enfermée dans la broussaille. Elle ne bouge
presque pas : tu fais un mouvement un peu brusque et tout à coup tu te remets à
grandir.
Jouer ce
texte. L'apprendre par corps. Le reciter.
b) Un des
bardes celtes d'Irlande (C.-J. Guyonvarc'h -
Textes mythologiques irlandais - I - Ogam-Celticum)
Je suis
vent sur la mer,
Je suis vague de l'Océan,
Je suis le bruit de la mer,
Je suis le taureau aux sept combats.
Cheval blanc, cheval noir.
Il fait beau, il va pleuvoir.
Je suis le cheval qui trotte,
cheval gris. Cheval d'or.
Il fait bien gris. Il fait très beau.
Je suis le cheval au pas.
Cheval doux, cheval nerveux.
Je suis le cheval dans toutes ses allures.
Cheval très beau, cheval très grand.
Il fait beau, il va pleuvoir.
Il fait bien gris. Il fait très beau.
Il fait doux. il fait orageux.
Le cheval s'en va et le poème part avec lui...
Ikel (11
ans)
j'ai rencontré
de grands voiliers sans équipage
voguant silencieusement
à travers les forêts.
Les enfants
réagissent au texte, entrent mieux que je ne l'aurais cru dans l'évocation du
poète : voici quelques-unes de leurs réactions
- Les
Vosges, c'est pour se promener.
- La mer aussi est profonde.
- Le sommeil de la belle au bois dormant était profond.
- C'est un mer de sommeil.
- Et dans la forêt c'est une mer de silence.
- On peut dire « un mer de sommeil » ?
- Les troncs, c'est les mâts des voiliers.
- Oui, c'est une forêt de bateaux.
- Et l'eau ?
- Il n'y en a pas besoin, et si on veut on peut l'inventer.
- On peut tout dire.
- Même quand ce n'est pas vrai, on peut quand même dire qu'il y a des bateaux.
- Mais la mer fait parfois du bruit.
Nous n'avons pas appris ce texte par coeur (nous n'en apprenons
jamais systématiquement), mais à plusieurs jours d'intervalle, certains enfants redisent
le texte, du moins ce qu'ils en ont retenu, compris, ce qui les avait frappés. En voici
des exemples :
- Dans
ce profond silence j'ai rencontré des bateaux, (Nathalie)
- Dans un grand silence, j'ai vu passer des voiliers. (Marie)
- Dans le profond silence des Vosges, j'ai rencontré des voiliers sans équipage qui
voguent par un grand silence. (Marc)
- Dans un profond silence, j'ai rencontré quatre voiliers. (Cécile)
- J'ai vu passer un voilier dans un silence profond (Richard).
- Dans les Vosges, j'ai vu quatre voiliers. (Nathalie).
- Dans un profond silence, j'ai rencontré trois grands
voiliers qui traînaient ça et là. (Marc)
L'association
des deux mots silence et profond a semble-t-il retenu l'attention de la
plupart d'entre eux. (Marc utilise l'expression « qui traînaient ça et
là » en la reprenant d'un texte de Georges Jean). Contrairement à ce que
j'attendais un peu, l'évocation de voiliers dans une forêt n'a pas choqué les enfants.
Une semaine
s'écoule encore (je ne sais plus si nous avons redit entre temps le texte d'Arp) et
Richard, devant le groupe, commente ainsi un de ses dessins :
Le
bateau est petit la mer est immense le bateau est tout seul dans un grand silence (Le
26.10.74.)
Je vois une
influence du texte d'Arp sur l'expression de Richard et je me suis demandée pourquoi.
Des notes
concernant le comportement de Richard, ses cahiers de textes et de dessins me fournissent
quelques éléments pour une possible réponse.
Richard
semblait dès le départ un enfant très anxieux, timide, manquant nettement d'assurance ,
il est par ailleurs très sensible ; il aime et retient (sans doute parce qu'il les
aime) très vite des poèmes ; il est parmi les plus actifs pendant les séances de
poésie.
En feuilletant son cahier de textes, je trouve :
- Le
20.9.74 (son 4e texte) : Je m'amuse avec mon bateau.
- Le 26.9.74 (son 6e texte) : Le bateau regarde les étoiles tourner
autour de la lune.
- Le 27.9.74 (son 7e texte) : Le bateau voit un ballon et un
hélicoptère.
- Le 18.10.74 (son 13e texte) : Le voilier voit l'île.
- Le 21.10.74 (son 14e texte) : Le soleil brille sur les quatre
voiliers.
- Le 4.11.74 (son 16e texte) : Le soleil brille sur le bateau et
l'oiseau chante sur l'étoile.
- Le 14.11.74 (son 18e texte) : Le bateau a vu un ballon atterrir dans
la mer.
Et cette chaîne s'arrête bruquement.
Je note que
les 18 et 21 octobre, il écrit voilier à la place de bateau alors que j'ai
lu le texte de Jean Arp le 17 octobre. Les dessins qui illustrent ses textes et ceux qui
figurent dans son cahier de dessins sont très expressifs et représentent souvent des
bateaux de guerre, des scènes de bombardement... Je relève à ce propos, dans un ouvrage
du docteur Aubin, que le bateau est considéré comme un symbole de l'évasion, de la
solitude (cette solitude n'est-elle pas clairement exprimée dans le texte de
Richard ?) J'y lis aussi que le bateau, s'il est cuirassé peut être signe
d'agressivité, d'angoisse (et anxieux, Richard l'était visiblement). Il parle également
de la mer (refuge du ballon, texte 7) et de son immensité : la mer est immense. L'eau
est un symbole féminin et peut représenter la mère. Pour Gaston Bachelard, la barque
est le berceau redécouvert. Pour F. de Meredieu, la présence d'eau dans les
dessins (et pourquoi pas dans les textes) peut traduire « une volonté de
régression », et elle cite à ce sujet J. Servier : Ce désir inconscient
d'être bercé par une mer tiède et de découvrir la paix des eaux intra-utérines, un
renouveau de (ses) rêves embryonnaires.
Mon propos
n'était pas de tenter d'interpréter les textes de Richard ; je voulais simplement
dire que s'il a été, plus que d'autres, sensible à ce texte d'Arp, c'est peut-être
parce qu'il portait quelque chose en lui, qu'il a peut-être saisi dans le message du
poète ce qu'il exprimait déjà inconsciemment. Cet apport extérieur qu'était le texte
d'Arp a été un maillon dans sa chaîne, s'y imbriquant parfaitement et de ce fait il
« l'a assimilé » (d'ailleurs, il ne reprend pas l'expression un profond
silence mais écrit :
DANS UN GRAND SILENCE.
Son texte
(sa poésie ?) n'est donc pas né du hasard, mais dû au fait que plusieurs
éléments concouraient, à savoir :
- Sa situation affective ;
- La possibilité qu'il avait de l'exprimer ;
- Sa sensibilité, sa perméabilité à l'expression d'autrui (est-ce lié à un profond
désir d'entrer en communication ?) ;
- L'apport extérieur du texte d'auteur.
Bien
entendu, tout ceci n'est qu'hypothèse. Mais peu importe. Richard s'est exprimé ;
son texte a beaucoup plu à la classe et l'a sûrement aidé, lui le timide, l'anxieux, à
prendre une place et à s'affirmer dans le groupe et cela est important. Par la suite, il
a souvent été fait appel à lui pour trouver un mot juste, traduire une image, une
impression. Le groupe lui a reconnu une valeur.
Cours préparatoire
68490
Ottmarsheim
Genèse du texte libre à l'école maternelle
Comment naissent les bandes
dessinées collectives en petite section
Les
circonstances :
- un petit
groupe d'enfants volontaires pour raconter une histoire collective (environ une
douzaine) ;
- un adulte
(au moins) pour écouter, écrire, dessiner.
Le
matériel :
- des
grandes feuilles de papier (environ 65 cm x 100 cm si possible glacé) si possible glacé
(c'est plus joli) fixées verticalement (tableau, mur, cloisonnette...) ;
- une
poignée de stylos feutres de couleur (grosse mèche), sur le papier glacé les feutres
indélébiles sont plus jolis ;
- un peu de
temps (mais pas trop pour ne pas se lasser).
Le
déroulement :
1. Les
enfants décident du début de l'histoire l'adulte aide à choisir parmi toutes les
propositions ; pour l'instant il s'agit toujours d'animaux ayant un pouvoir un peu
« magique » dans l'esprit des enfants).
2. L'adulte
écrit, en demandant des précisions si besoin, puis il dessine en très grand, « à
la commande » (il faut un bateau, des poissons, tu as oublié le nombril...).
3. Quand
l'histoire est finie (ou quand le groupe n'a plus envie de continuer), elle est
présentée à toute la classe.
4. On peut
l'afficher ainsi, mais c'est plus joli quand elle est découpée puis collée sur une
bande de papier kraft brun, mise en couleur et quand certains passages sont recopiés pour
mettre le texte en valeur. C'est le travail d'un adulte.
5. On
choisit un lieu d'affichage pour que les enfants puissent « relire »
l'histoire tout à leur guise. Ils nous demandent souvent de leur relire les bandes
dessinées anciennes qui sont encore affichées.
6. Les
bandes dessinées sont réduites au format 21 x 29,7 et ronéotées pour faire un petit
livre (avec nos chansons et nos poésies) que les enfants emporteront en fin d'année.
Brigitte et Roger
Le journal des moyens
(Extraits
d'informations rédigées pour les parents).
Nous avons
continué la pratique de l'an passé en petite section à partir du deuxième
trimestre :
- les faits
importants racontés le matin à l'entretien,
- certaines
grandes histoires inventées ensemble,
- des
informations diverses donnent lied à la rédaction collective d'une grande affiche
murale.
Nous ferons
de même en petite section cette année, dès que les enfants nous sembleront prêts à
pratiquer ce type d'activité.
L'affiche
rédigée en moyenne section est ensuite reproduite à la ronéo sous forme de pages
individuelles que les enfants emportent à la maison. (Plus tard, les enfants reproduiront
eux-même le journal au limographe). C'est cette page qui constitue, pour l'instant, le
journal quotidien. Il grossira si besoin avec le temps. Ce journal a pour but de servir de
support à une meilleure liaison entre l'école et la maison. Grâce à lui, vous devez
pouvoir plus facilement parler avec votre enfant de ce qu'il a fait à l'école.
Avant
d'emporter le journal, on le relit en petits groupes pour que chacun saisisse bien la
continuité avec l'activité du matin et pour permettre une sensibilisation à un aspect
de la lecture des « grands ».
Il arrive,
pour des « événements » que les petits bénéficient aussi d'une page à
emporter à la maison (exemple : le cinéma). Cela les familiarise avec le document
écrit qui prend alors une grande valeur : il se rattache à un événement. Il
permet de se considérer pour une fois à l'égal des « grands » de moyenne section.
TRES
IMPORTANT
Dans le
cadre du travail entrepris avec les moyens pour la préparation à l'enseignement de la
lecture, nous avons modifié la présentation du journal afin qu'il mette mieux en
évidence chaque paragraphe et la correspondance entre le texte et l'illustration.
Par
ailleurs, nous vous proposons à tour de rôle, d'emporter à la maison l'affiche
du jour qui correspond au texte du journal et de l'afficher dans la chambre de votre
enfant.
Vous
pourrez vous inscrire sur un tableau à l'entrée de l'école.
Pour plus de renseignements, nous consulter. Merci.