Techniques de classe

Danièle Dagois - Massenet

Le coin écoute : entraînement autonome à la compréhension auditive

Ce que j'appelle mon coin écoute se compose tout simplement d'un magnétophone à cassettes sur lequel sont branchés 8 casques (réplique plus moderne d'un bricolage que j'avais fait faire il y a 15 ans sur le magnétophone de la classe).

Je ne l'utilise qu'en travail individuel ou en petits groupes.

Je m'en suis servi systématiquement l'an dernier avec un groupe composé d'élèves de 4ème LVI et de 3ème LVI. Je prenais en alternance un groupe pendant que l'autre travaillait seul. Grâce au magnétophone je n'étais plus réduite à toujours démarrer les textes avec les élèves. Ils pouvaient aussi utiliser seuls une cassette et une fiche guide de compréhension et d'exploitation donnée en début d'heure. Ceci leur permettait d'avoir une approche auditive du nouveau document. Ce travail était diversement corrigé, de façon auto-corrective quand le cas se présentait ou en bilan collectif à l'heure suivante. Il m'arrivait aussi de ramasser le travail en fin d'heure. Ainsi je pouvais varier mes activités lorsque je prenais un groupe en charge. D'autre part, l'étude d'un texte était moins longue et donc moins lassante grâce au travail en coin-écoute.

Quand je ne me retrouve pas face à une classe extrêmement hétérogène, je l'utilise moins systématiquement. Son emploi est réservé aux moments de travail autonome. Durant ces séances-ci, je ne proposais jusque-là que des travaux écrits (fiches auto-correctives de grammaire, compréhension écrite, textes libres) qui ne pouvaient donc développer que certaines compétences: expression et compréhension écrites, maîtrise grammaticale. Depuis que j'ai installé le coin écoute, ils peuvent s'entraîner à la compréhension auditive et ceci de façon individuelle et à leur rythme. Un entraînement n'impose pas, comme un contrôle de compréhension, un nombre défini d'écoutes du texte. Les élèves y restent le temps qu'il leur faut. Et quand il s'agit d'une chanson, les élèves s'y attardent même pour le plaisir. Ce sont les autres qui doivent les rappeler à l'ordre, afin que tous puissent en disposer à tour de rôle.

Aux cours de ces séances, soit ils sont tous en travail autonome ou de groupe et je passe les voir à tour de rôle, soit je prends un groupe d'élèves en difficulté et les autres passent d'atelier en atelier. Je constate que j'ai tendance à prendre avec moi ceux qui peinent afin de les aider à résoudre leurs problèmes. Si je n'étais pas vigilante, ils passeraient moins au coin-écoute que les autres. Je dois donc être attentive car c'est une activité que les élèves aiment bien, et ceux qui sont en difficultés ont encore plus besoin d'être motivés que les autres.

Si l'on cherche à évaluer les aspects négatifs et positifs, on peut dire que ce coin écoute a l'inconvénient de ne pas permettre aux élèves de s'enregistrer sans gêner les autres. Il faudrait l'installer dans une sorte de cabine insonorisée, ce qui n'est pas encore le cas dans ma classe, mais ne désespérons pas !

Par contre ce matériel présente l'avantage d'offrir une meilleure qualité d'écoute et d'attention. L'élève est plus concentré qu'au cours d'un travail collectif. S'il n'y travaille pas seul, celui qui est aux commandes doit tenir compte des autres. Ils se mettent d'accord avant sur la façon d'écouter ce texte : en tronçons ou entièrement à chaque écoute. Même à plusieurs, ils se sentent plus libres qu'avec toute la classe. Et cela multiplie de toutes façons les moments d'entraînement à l'audition.

Le coin écoute n'est pas utilisé pour l'instant à des fins d'évaluation sommative. A la fin d'une séance de travail autonome, les élèves inscrivent sur leur plan de travail, comme pour les autres activités individuelles, ce qu'ils ont fait, quelles ont été leurs difficultés et leurs réussites.