TÉMOIGNAGES
·
Ecole pas libre
·
Aménagement de la cour de l'école de
Kérédern à Brest
·
Créer des rapports entre les gens
·
Coopérative et conseil municipal
·
Par la gestion coopérative, la cour
est riche même sans appareil
·
Aménagement de la cour
de l'école du Leuc
·
Notre cour
Dans l'école où j'exerce
...
Dans l'école où j'exerce (16
classes, 18 enseignants), chaque année est établi le jour de la rentrée un règlement
avec les consignes générales.
Il a donc été décidé que les
balles seraient interdites. Étant la seule à m'y opposer, je me suis pliée au
règlement. J'avais fait remarquer àquelques collègues que depuis j'avais constaté plus
de brutalité parmi les enfants. Il faut dire que des enfants inoccupés s'adonnent
volontiers à la taquinerie et ça termine par la violence.
Il y a eu approbation depuis de
quelques collègues et aussi voit-on réapparaître quelques balles. Vendredi une
collègue les a confisquées.
Nous avons essayé à deux
d'expliquer que la violence ayant réapparu dans l'école nous fermions les yeux pour les
balles. Après quelques minutes d'accrochage un peu sec, la collègue furieuse a jeté les
balles aux élèves ahuris qui les regardaient sans oser les toucher. Ce ne sont que les
plus jeunes qui ravis de cette aubaine ont osé ramasser ce joyau.
Là-dessus nous avons été mises en
cause en prétextant qu'il fallait apprendre aux enfants des jeux auxquels ils pourraient
s'adonner, mais bien sûr, nous les éduquant et les dirigeant.
Huguette
Il y avait un petit coin derrière la
grille de la cour, et il n'y avait pas de jeux, alors on a décidé de construire des
jeux, une cabane, un toboggan, un bac à sable.
On a dessiné ce qu'on voulait :
des maisons avec un toit pointu, avec des toits plats, des maisons en forme de tente, en
forme de champignons... des maisons dans les arbres, des maisons par terre.
Ensuite on a pris les dessins pour
savoir toutes les idées qu'on avait, on en a parlé et on s'est mis d'accord pour faire
une maquette avec un toit plat, une ouverture au-dessus, un balcon en haut, deux fenêtres
en haut, une corde pour descendre, un étage avec une échelle.
On a fait trois maquettes. On les a
montrées à la réunion avec les maîtresses et les parents.
·
Une cabane à étage dans le creux.
·
Un bac à sable suspendu.
·
Un pont.
·
Une maison tonneau.
·
Un toboggan quand tout sera fini.
Les grands
Ce projet d'aménagement du fond de
la cour est bien réel. Pour le réaliser nous cherchons des fonds. Nous avons demandé
des aides.
·
La mairie nous fournit le matériel
pour faire le bac à sable, plus ce qu'elle pourra suivant nos besoins (ciment
) et
une aide technique.
·
Pour acheter le bois, nous avons fait
un devis et avons demandé une aide financière auprès de l'Académie.
·
Au troisième trimestre, le samedi
matin si possible, il faudra venir travailler pour réaliser ce projet.
La cour de l'École Maternelle Victor Hugo est un espace trop petit pour y accueillir 6 classes. C'est un espace bitumé.
Depuis
longtemps, parents et institutrices essaient d'aménager cette cour.
1. Ils font
enlever les arbustes épineux.
2. Une voiture type Fiat 850 dont la carrosserie est en bon état est installée.
3. Un filet à grimper est installé entre deux arbres.
4. Une pyramide de pneus est fixée contre le mur.
5. Des gros pneus, fixés ensemble forment une construction triangulaire.
6. De gros tuyaux en plastique rigide sont amenés (le diamètre permet à un enfant de se
glisser dedans).
7. L'association des parents d'élèves aide à l'achat de deux igloos.
8. La mairie installe une pelouse synthétique sous l'igloo et le filet.
Faire
profiter les enfants d'un espace situé derrière le portail de la cour.
C'est un endroit mi-pelouse, mi-talus séparés par une voie de dégagement.
Des travaux ont été entrepris par les services de la mairie, à la demande d'un groupe
de parents, afin d'en faire un endroit protégé (muret et grilles ont été posés).
Il s'agit de l'aménager, en suivant les désirs des enfants.
Les jeux proposés seront fabriqués par les parents le samedi matin.
Mieux vivre
à l'école : pour les enfants, pour les parents.
Sur le plan pratique :
Projet d'aménagements du fond de la cour, espace séparé de la cour par un portail
partie pelouse, partie talus.
Ce projet sera mené à bien par les enfants, les parents volontaires, les enseignantes,
les animatrices de l'accueil, en veillant à ce que le désir des enfants soit respecté.
Sur le plan relationnel :
Projet d'un journal d'école qui sera le reflet de nos activités, de nos réflexions,
Un comité de rédaction composé d'enfants, parents, enseignants, veillera à sa
parution.
Faire
participer tous les usagers de l'école à une oeuvre commune afin d'améliorer la
qualité de la vie à l'école, d'améliorer l'information et la communication entre les
personnes, aider à l'autonomie des enfants qui se voient associés à un tel projet.
AMÉLIORER LA QUALITÉ DE LA VIE A
L'ÉCOLE POUR LES ENFANTS
L'école
Victor Hugo est au départ concue pour quatre classes. Elle accueille aujourd'hui six
classes. Donc manque de place, manque d'espace.
- Par ce projet les enfants pourront profiter d'un espace plus grand, qu'ils se sont
appropriés.
- Les parents vont les aider pour réaliser leur projet afin d'obtenir des réalisations
sûres et solides.
- Ils apprennent à s'exprimer, à présenter et à défendre leur projet face souvent aux
idées toutes faites des adultes.
- Ils sont en situation de recherche vraie.
- Ils se font reconnaître par un groupe d'adultes (leurs parents et les autres).
AMÉLIORER LES CONTACTS AVEC LES
PARENTS
- Ils
viennent à l'école avec leur savoir-faire et non pour des réunions.
- Ils viennent construire pour leurs enfants.
- Ils pourront s'exprimer dans le
journal.
- Ils vont se trouver face à
un groupe d'enfants, il va falloir tenir compte de leurs décisions.
- Il va s'en suivre un échange sur l'école mais à partir d'une expérience concrète.
POUR LES ENSEIGNANTS, UN PROJET
PÉDAGOGIQUE
- Un projet vrai qu'il faut imaginer,
concevoir en maquette, faire la part du rêve et du possible.
- Il s'agit aussi de mesurer, scier, clouter (cela se fera le samedi matin).
- Acheter du matériel.
- Voir ses parents, prendre une part active au travail entrepris, ce qui est un facteur de
déblocage de la parole certain.
- Déjà l'an dernier, cette idée a été proposée au cours d'une réunion de parents
par une mère ce qui a amené la municipalité à réaliser certains petits travaux pour
une meilleure sécurité.
- Les enfants ont parlé de ce projet dans les classes : des dessins et des maquettes
ont été réalisés, ainsi que des enregistrements.
- De leur côté, les parents ont recherché des documents et réfléchi sur ce qui
pouvait être réalisé dans cet espace : jardin ou jeux ?
- Une réunion a eu lieu le 8 janvier pour une réflexion commune.
Les enfants ont exposé leur
projet.
Ils veulent des cabanes, certaines
trop sophistiquées pour être réalisées, c'est ce que les parents leur ont fait
comprendre.
Les parents ont montré leurs
documents.
A la suite de cette réunion trois réalisations ont été retenues :
Une cabane.
Un pont suspendu.
Un bac à sable.
Et dans un temps plus lointain :
Un grenier toboggan.
Une cabane à étage.
Un panneau d'affichage informe tous
les parents et les invite à venir participer en plus grand nombre.
- Deux parents sont chargés de faire le plan des réalisations proposées.
- Une demande de rencontre avec les autorités compétentes de la municipalité est
accordée le 15 février pour avoir l'accord d'un tel projet et éventuellement une aide
financière (l'aide ne sera pas financière mais la mairie fournira de quoi réaliser le
bac à sable et des conseils de spécialistes).
Dans la cour d'un collège (dans le cadre d'un P.A.E.)
Beaucoup de classes participent à ce
projet. D'abord le professeur de dessin qui a fait faire plusieurs ébauches.
Pour choisir, les élèves ont voté.
- Afin de réaliser, le professeur de
maçonnerie et celui de constructions métalliques ont donné les possibilités
existantes.
- Après plusieurs réunions, il a
été décidé de construire une première assise en agglos puis de poser dessus des
modules cubiques.
- Les professeurs de sciences ont
demandé un coin nature : bassin et plantations.
- Les professeurs de français ont
demandé un podium pour que les élèves puissent jouer leurs pièces de théâtre.
- Quant aux élèves de 4e
et 3e S.E.S. ils participeront par leur travail en atelier et dans le cadre de
l'enseignement général pour les calculs de quantités de matériaux et par la confection
d'une maquette, en polystyrène expansé, à l'échelle.
C.R. de Lyne Marion
Vive la récréation
28 enfants dans une toute petite
classe, cela fait beaucoup de trop et très vite on étouffe. Heureusement les
récréations sont là et nous permettent de souffler, respirer, bouger, crier. Comme je
n'ai pas de collègue avec qui discuter pendant la récréation, il m'arrive de remplacer
la « surveillance »... ou les rêveries multiples, par l'observation des
gosses à ce moment privilégié de leur journée de classe.
J'ai ainsi découvert chez les
enfants une capacité et un besoin fou de jouer (besoin peut-être un peu trop oublié par
la pédagogie du travail de Freinet...) Leurs jeux, aussi variés que passionnés, ont
été à l'origine favorisés par... mon désordre.
Je ne suis pas un fanatique du
rangement, ajoutez à cela un esprit forcené de bricoleur-récupérateur-etc et vous
devinerez à quoi ressemble le préau où je bricole et entrepose tout objet pouvant un
jour servir. De plus je ne suis jamais en avance dans mon travail et mon bois de chauffage
a attendu des mois avant que je ne le fende. C'est ainsi que les enfants ont pu jouer à
construire, avec ce bois, des maisons à chambres multiples et mobiles. En plus de ce bois
ils ont utilisé des planches (mes futures étagères !), de grands morceaux de
tissu, des rames à haricots, etc. Les constructions les plus répétées étaient celles
de l'hôpital (avec ses recoins discrets où se faisaient de grandes opérations à coeur
ouvert et sans anesthésie) et celle de la prison (où on frissonnait de peur et d'où on
s'évadait avec bravoure et fracas). Bref, ce n'était pas triste et plus d'une fois,
n'ayant pas le coeur d'interrompre ces jeux passionnants pour les enfants, j'ai prolongé
les moments de récréation.
« Profondément »
culpabilisé par ces prolongations alors qu'il y avait tant de choses
« sérieuses » à faire, je me suis dit que je pourrais aussi faire de ces
récréations un moment « d'éducation » physique (activité reconnue comme
scolaire !)
Glanant des idées à droite et à
gauche (revues d'éducation active, fichier E.P.S. de la C.E.L.) j'ai peint dans la cour
le tracé d'un terrain de ballon prisonnier et plusieurs marelles. C'était de suite le
coup de foudre pour la marelle et le ballon-prisonnier (ça continue d'ailleurs toujours
pour le ballon prisonnier).
J'ai ensuite fixé une corde à
grimper sous le préau et construit avec des perches en sapin une sorte de grande cage à
grimper (notre « complexe sportif »). Pour ceux qui se souviennent de leur
enfance, inutile, je pense, de dire le succès de cette cage à grimper.
J'ai aussi en projet la confection d'un
grand rideau sous le préau pour faire du théâtre ou du cirque l'activité découverte
récemment par eux, les
W.C. servant de loges-vestiaires et les planches (de mes futures étagères) de bancs pour
les spectateurs.
Il n'y a pas à dire : ce genre
de récréations ça réconcilie un peu avec l'école et ses quatre murs étouffants. Il
me faut ajouter, pour compléter ce tableau idyllique que préparer la classe en
construisant une cage à grimper a été pour moi, bricoleur invétéré, plus motivant et
enrichissant que de compulser des bouquins pour préparer un moment d'éveil.
De plus, les enfants de la classe
m'ont aidé à écorcer les perches de sapin et à mettre en place le tout et ce travail
commun a favorisé une relation plus directe avec eux. Une fois la cage à grimper
terminée nous avons même fait une photo, installés sur notre chef-d'oeuvre surmonté
pour l'occasion d'un drapeau tricolore (récupéré à la mairie... c'était le 8 mai....
ô sacrilège !)
Bien sûr, ces belles récréations,
ludiques et créatrices, ne résoudront pas les problèmes de ma classe surchargée, de
l'échec scolaire et de l'ennui pour certains, du ras-le-bol périodique pour moi. Mais du
moins elles favorisent l'expression corporelle dans un espace stimulant et surtout la joie
et le plaisir du jeu et du rêve, indispensables à la vie.
(Y.Gac)
LES INTERVENANTS
- « Sculpture pour rire »
(architectes- réalisateurs).
- La municipalité de Brest (de gauche à cette époque).
- Le quartier (éducateurs,
enfants).
- Les parents de l'école.
- Les enfants de l'école.
- Les instits.
Le projet d'école mis au net par les
services municipaux est présenté aux élus et « Sculpture pour rire »,
chargé par la mairie de la réalisation des projets.
Rapidement, « Sculpture pour
rire » remet en cause le type d'aménagement « pot de fleurs », qui
n'offrait pas les caractéristique d'un lieu de vie tel que nous le souhaitions.
C'est tout l'intérêt de travailler
avec des chercheurs, qui diffèrent bien des marchands d'aménagement.
Il faut faire remarquer que les
discussions que nous avons eues avec les enfants débouchaient souvent sur du déjà vu
très standardisé. Les aménagements proposés par « Sculpture pour rire »
(igloos en ferro-ciment, grande structure de rondins enchevêtrés épousant le terrain)
ont permis d'offrir d'autres perspectives.
Quant à la gestion, les conseils d'école ont largement pris en compte cet aspect essentiel (rapports entre enfants lors de l'utilisation des « jeux », évolution des aménagements, entretien...).
Créer
des rapports entre les gens
(G. Boudesocque)
1981-1982 : Dans la cour des
petits, on voit apparaître des pneus de voiture ; les enfants jouent avec et se
salissent, mais il y a beaucoup moins de disputes pendant les récréations. Les parents
ne protestent pas trop.
Nous avons un but pour la fête des écoles. Au mois de juin,
réussite inespérée de la kermesse, et par/pour cette kermesse des contacts très
étroits s'établissent entre parents et enseignants. L'aménagement de la cour est
décidé, il y a de l'argent, il faut établir un (des) projet(s).
Il a été présenté un projet
accepté par l'ensemble de la municipalité et des parents d'élèves. Un plan est apposé
sur le mur du préau à l'école des petits. Toute main d'oeuvre bénévole ou matériaux
gratuits entrant dans la réalisation de ce plan seront les bienvenus.
Aménagement de la cour de l'école de Giraricourt
(Vosges)
(C. Sion)
Prise de contact avec les parents
d'élèves, le foyer d'éducation populaire du village, les élus locaux, l'I.D.E.N., le
D.D.E.N., les conseillers pédagogiques.
MISE EN PLACE DU PROJET EN SEPTEMBRE
1983
- Faire apparaître les besoins dans
chaque classe.
- Mise en commun des besoins au niveau de l'école.
-
Élargissement des recherches (collecte d'informations).
- Transcription du projet en
vue d'une présentation devant les partenaires.
- Réalisation.
ACTUELLEMENT,
depuis le mois de mars 1984, la classe de C.M.1-C.M.2 travaille une fois par semaine
avec deux architectes du C.A.U.E. (Conseil d'Architecture d'Urbanisme et de
l'Environnement) à l'élaboration d'une maquette à l'échelle.
Un mur de vieilles pierres (en partie
éboulé) a été abattu pendant les vacances du printemps 1984, alors que le projet
(présenté aux élus locaux) en prévoyait la réfection. Le bureau de la coopérative a
été invité à participer au conseil municipal du 27 avril pour un accord en vue des
travaux d'enceinte : la pépinière de l'école fournira les épicéas délimitant la
cour et la commune offre des rosiers pour l'enceinte de l'entrée. Chaque classe a voté
pour établir un choix parmi tous les jeux répertoriés.
Par
la gestion coopérative la cour est riche... même sans appareils.
LES ENFANTS ET LA COUR DE RÉCRÉ
Le conseil se réunit régulièrement
tous les quinze jours dans une classe de manière à intéresser tous les enfants au
conseil. Seuls les enfants délégués ont la parole. Le conseil est un lieu de parole et
de pouvoir pour les enfants. Il permet de gérer aussi les conflits, l'organisation de
l'école, et l'occupation des différents espaces. C'est ainsi qu'au cours des années et
des conseils, les enfants ont posé le problème de l'aménagement de la cour.
Avant 1981, une décision avait été
prise en conseil coopératif : sur le terrain de billes on ne peut pas jouer au
ballon et pendant la récré on peut aller jouer au foot si l'adulte de service est
d'accord pour surveiller le grand terrain (terrain de sport jouxtant l'école. voir plan
ci-joint).
CONSEIL DU 15 JANVIER 1982 :
Les petits C.P.-C.E. se plaignent que
les grands jouent toujours au foot. Pourtant il avait été décidé que le terrain serait
ouvert à condition que les petits et les filles puissent jouer aussi au foot. Après
rappel de ces conditions, une proposition est faite par un délégué enfant :
- les grands jouent le matin,
- les petits jouent
l'après-midi et les grands leur apprennent et ils jouent tous ensemble.
- une partie pour les châteaux.
- une partie pour les billes.
Ces deux propositions sont à discuter dans les classes pour le prochain conseil.
CONSEIL DU
29 JANVIER 1982 :
Première
semaine
- Le foot :
les petits jouent le matin, les grands jouent l'après-midi pendant une semaine.
Deuxième
semaine : les enfants équilibrent les équipes et tous jouent ensemble.
C'est un
essai, il faudra faire le point et choisir la solution qui convient à tous.
Pour le
terrain de billes : une partie est réservée aux châteaux, une partie est
réservée aux billes.
CONSEIL DU
26 FÉVRIER 1982 :
Après les
deux semaines d'essai pour le foot les enfants choisissent la solution
- les petits
jouent le matin,
- les grands
jouent l'après-midi.
RENTRÉE
82-83
CONSEIL DU 15 OCTOBRE 1982 :
L'occupation
du terrain de foot et du terrain de billes n'est pas remise en cause. Les grands demandent
à pouvoir jouer à la balle de tennis sur le mur ouest de l'école (les balles étaient
interdites jusqu'alors).
CONSEIL DU 4
NOVEMBRE 1982 :
Après aller
et retour dans les classes, les délégués peuvent décider que les balles sont
autorisées, mais reste en suspens le problème des balles qui sortent de l'école.
A la rentrée 1983, les enfants peuvent jouer au foot sur le terrain, aux balles sur le
mur, billes et châteaux de sable.
CONSEIL DU 3
FÉVRIER 1984 :
Une demande
est faite par une petite C.E.1 au nom de sa classe : et si on jouait avec les pneus
pendant la récré. Les grands (les délégués de ce conseil) donnent tout de suite un
avis négatif : « C'est dangereux, je suis contre, moi je n'y jouerai pas, il
n'y aura plus de place dans la cour ». J'interviens en tant que déléguée des
maîtres pour soutenir la proposition des petits en rappelant que celles des grands n'ont
jamais été refusées d'emblée.
Les
délégués des petits, ont eux très envie (six classes de petits) d'avoir les pneus dans
la cour.
Cette
proposition est à discuter dans les classes.
CONSEIL DU
24 FÉVRIER 1984 :
Après
discussion toutes les classes sont d'accord pour mettre les pneus dans la cour. Ils y
seront dès le lundi matin suivant. Les délégués sont arrivés avec des propositions
pour organiser le rangement. Tout s'organise très vite rangement et responsabilité.
Au cours de
ce même conseil, les grands demandent àfaire du patin à roulettes et que cette
proposition soit discutée dans les classes.
CONSEIL DU
23 MARS 1984 :
Évidemment
la proposition des patins a séduit tous les enfants ; le retour se fait très vite
au conseil, mais avec des propositions pour que personne ne soit lésé et que patins et
pneus puissent cohabiter. Très vite deux propositions se dessinent : un jour patin,
un jour pneu.
Le matin
pneu, l'après-midi patin.
Un essai
d'un mois est décidé.
Et si on
demandait à la mairie une cage à écureuils ? Nouvel aménagement proposé.
CONSEIL DU
11 MAI 1984 :
Tous sont
d'accord pour faire la demande de cage àécureuils, trois enfants se proposent pour faire
la lettre, et une nouvelle proposition de labyrinthe dans la cour mais elle est assez
imprécise, donc à repréparer dans la classe et à reproposer au conseil suivant.
LE POINT A
LA FIN MAI 1984 : Les 220 enfants de l'école peuvent pendant les récrés :
- Jouer au
foot.
- Jouer aux billes.
- Construire des châteaux de sable.
- Jouer aux balles de tennis.
- Pneus et patins en alternance.
Plus tous les autres jeux, cordes, marelles, etc. Sous le préau, les enfants ont droit
aux jeux calmes (cartes, osselets).
Ce qui nous
semble intéressant dans cette évolution c'est que les enfants ont vraiment pris
conscience de tous les espaces qu'ils pouvaient occuper. Tous les jeux ont été
proposés, organisés en écoutant, en les prenant en compte tous. Il y a moins de
concentration d'enfants, donc moins de bagarres, de conflits, et peu d'accidents. C'est
sûr que nous aurions pu vite, dès le début, sortir les pneus, autoriser les patins,
Si les enfants étaient arrivés dans
un lieu préalablement aménagé ils n'auraient pas pu se confronter à cette démarche.
Nous avons essayé de prendre en compte toutes les propositions, de ne pas trancher par un
vote majoritaire, solution rapide, facile, immédiatement plus efficace. Nous avons opté
pour une dynamique prenant en compte toutes les minorités et basés sur
l'expérimentation de toutes les solutions possibles ce qui permet un véritable choix.
Néanmoins l'équipe des maîtres a
déposé un projet d'aménagement du grand terrain, ce qui apporterait des possibilités
complémentaires aux activités des enfants pendant la récré.
École de La
Mareschale Annick Thomas
Avec des barres
de bois
Malgré l'intérêt que suscite
l'expression corporelle, le corps reste souvent le grand absent à l'école. En
complément aux activités corporelles possibles en classe, voici une façon de modifier
l'infrastructure de la cour de l'école, pour que là aussi, le corps soit présent et
vivant.
L'ORIGINE DU PROJET
Gaston Meyer, un camarade de
l'E.E.D.F. (Éclaireuses et Éclaireurs de France), vieux baroudeur de l'I.C.E.M.
(Institut Coopératif de l'École Moderne), anime un groupe de scouts depuis qu'il a fini
son service à l'Éducation Nationale, pour introduire là aussi un mode de fonctionnement
coopératif. Il dispose d'une longue expérience dans la fabrication d'objets en bois. Il
cherche des camarades pour faire une critique coopérative d'un livret programmé avec le
« carré canadien ». Ce qui suppose qu'on le construise. Le permis de
construire est demandé au maire et à l'I.D.E.N. : les autorisations sont
accordées.
LE TRAVAIL EST LANCÉ
J'ai pu me procurer le bois sans le
payer : gros avantage. C'est du sapin d'environ 8 cm de diamètre. On se met à la
tâche pendant les vacances d'été.
Tous les jours, les enfants du
village, de 7 à 12 ans, filles comme garçons, viennent aider : deux au moins,
parfois une dizaine. Certains ne sont même pas scolarisés à l'école. Selon les
préférences de chacun, le travail est organisé pour qu'il y en ait pour tout le
monde : enlever l'écorce, percer les trous, visser les tire-fonds, nettoyer le bois,
vernir...
Les outils font un peu les frais de
leurs premières expériences en menuiserie, mais il faut voir l'application, la
persévérance, les fronts plissés pour trouver des solutions, la répartition des
tâches entre eux ! Ils sont suffisamment motivés pour surmonter les difficultés
qui se présentent, et ne se rendent même pas compte des efforts qu'ils déploient. C'est
l'illustration vivante du mot de Freinet : « Le travail est naturel à l'enfant, et non le
jeu ». Si seulement cet enthousiasme existait toujours en classe !
LA MISE A L'ÉPREUVE DU MATÉRIEL
Une école à deux classes dans un site
assez idéal : une vaste cour dont la moitié est plantée de grands arbres, des
marronniers surtout (utiles
pour accrocher des cordes aux troncs et aux branches) et de l'herbe par terre. C'est dans
cette partie que les installations prennent place.
La première semaine après la
rentrée de septembre, le carré est posé. La ruée ! Comme des étourneaux sur un
cerisier ! Ils viennent même après la classe et les jours de congé. Il y a même
des adolescents qui viennent clandestinement avec l'obscurité du soir. Maintenant, cette
frénésie est un peu tombée, mais elle existe toujours. Peu à peu, les cubes sont
placés, la poutre, les cordes... La cour est toujours occupée !
LES RÉFLEXIONS DES PARENTS
« Ils aiment ça. Pendant qu'ils vous donnent un coup de main ou qu'ils s'amusent ici, ils ne traînent pas dans la rue ».
« Avec tous ces jeux, ils sont
bien occupés ? » Enfants et parents semblent donc y
trouver leur compte. Les récréations sont plus calmes aussi.
L'INTÉRÊT DE CES INSTALLATIONS
L'activité que suscitent ces
diverses constructions crée de nombreuses
situations de communication : les enfants
se mettent à plusieurs, inventent des jeux, discutent de leurs trouvailles respectives,
s'aident mutuellement pour réaliser ce qu'ils ne peuvent faire seuls (pneus où l'on se
pousse...), se brouillent et se réconcilient...
Mais l'échange n'est pas seulement
verbal. Le corps est très engagé dans ces
jeux : on cherche à imiter les
autres, à faire mieux, à trouver autre chose... C'est une recherche spontanée d'expression corporelle :
les façons d'escalader, de se laisser pendre, de
tourner, de faire toutes sortes de contorsions. En bref, ne pas être embarrassé de sa
carcasse, être à l'aise dans son corps et en
tirer du plaisir. Les visages illuminés en témoignent.
Bien qu'on se trouve dans un village,
certains enfant sont souvent cloîtrés dans leur maison et ne profitent pas des
possibilités du milieu ambiant : arbres, champs, ruisseaux... Certains sont affolés
dès qu'ils quittent la terre ferme et n'ont pas de nombreux appuis pour se tenir.
Progressivement, ils deviennent plus
dégourdis et confiants en eux-mêmes. Des petits de 4 ans franchissent le carré de
deux mètres de haut, avec des échelons espacés de 50 cm ! Ils acceptent les chutes
avec une bravoure remarquable : les larmes sont vite séchées, mais on remet ça,
plus prudemment, mais plus efficacement. Après tout, les bosses et les bleus font partie
du tâtonnement expérimental. L'attrait de cette activité est plus fort que les bobos
inévitables et par là, c'est une stimulation du
courage physique.
Ces exercices libres fournissent aussi l'occasion de se dépenser, plus qu'une cour qui ressemble à un désert. C'est une nécessité après la scolarité assise, le cathéchisme (nous sommes en Alsace-Moselle), et la présence assidue devant la télé. Et avec la constatation heureuse que les blessures sont en fait très rares et jusqu'à présent sans gravité.
QUELQUES CHIFFRES ET LES CONDITIONS
D'UTILISATION
Environ 105 mètres de sapin, d'un
diamètre de 8 à 15 cm, ont été utilisés. Ce bois n'a rien coûté heureusement. Les
autres fournitures (vernis, tire-fonds, clous, 50 mètres de corde en nylon de 16 mm de
diamètre) sont revenues à 670 F. L'huile de coude a été offerte gratuitement et il en
a fallu pas mal. Une subvention a été demandée à la commune.
Les installations faciles à
démonter sont mises àl'abri pendant l'hiver pour ne pas souffrir des intempéries. Ce
matériel, avec quelques modifications, peut être adapté pour être posé dans une cour
macadamisée.
ET
EN CAS D'ACCIDENT ?
Il faut bien entendu vérifier
régulièrement si le matériel est toujours fiable. Si un accident arrive pendant
l'horaire de la classe, l'assurance scolaire intervient. En dehors de ces heures, les
enfants se servent de ce matériel à leurs risques et périls. L'accident serait alors
pris en charge par la responsabilité civile des parents. Légalement, les enfants n'ont
pas le droit de rentrer dans la cour en dehors de l'horaire scolaire. Ces dispositions ont
été discutées en réunion de parents et affichées à l'entrée de l'école.
D'AUTRES RETOMBÉES POSITIVES
Ces installations exercent un attrait certain dont bénéficient aussi les
activités plus scolaires, ce qui n'est pas négligeable. Les parents sont rassurés
sur les occupations de leurs enfants quand ils savent qu'ils sont dans la cour de
l'école ; le fait qu'un enseignant ait utilisé son temps libre pour améliorer
l'accueil à l'école, entretient une sorte de préjugé favorable vis-à-vis du travail
scolaire, favorise le contact avec eux et aide à faire accepter une pédagogie qu'ils
trouvent parfois déroutante (pédagogie Freinet).
Le temps investi dans ce travail, ainsi que dans d'autres activités extra-scolaires (spectacle monté avec les enfants pour la fête de Noël...) est un argument de poids, appuyé par les parents, pour demander des subventions plus importantes à la commune pour le fonctionnement des classes. Beaucoup de municipalités se montrent avares pour les crédits ; les enseignants ne devraient pas avoir besoin de faire des « prouesses » pour disposer d'un matériel pédagogique plus fourni.
Cependant,
ces activités « hors service » permettent de créer des rapports plus
naturels avec les enfants, par des tâches librement choisies, souvent plus facilement
qu'en classe.
ON PEUT ENCORE FAIRE MIEUX !
Les enseignants ont été les
« têtes chercheuses » du projet et de ses premières étapes. Si les enfants
ont largement participé aux phases d'exécution, il aurait été préférable de faire
appel à eux aussi pour contribuer à la conception des diverses installations. Ce sera
encouragé dans les réalisations ultérieures. Ce sera une prise en charge plus
coopérative des différentes étapes de cette entreprise.
EN CONCLUSION
Les mérites de l'éducation
corporelle sont nombreux : si elle réhabilite le corps dans des formes d'expression
très diverses, elle participe en même temps pour une large part au développement de la
personnalité. Suffisamment de raisons pour vous donner la furieuse envie de transformer
une cour d'école-caserne triste à mourir en un lieu de vie ! La caisse à outils
n'est pas loin et avec un peu d'huile de coude et plein de bonnes volontés prêtes à
venir en renfort...
Bernard
SCHNEIDER (Moselle)
BIBLIOGRAPHIE
- École Émancipée n° 9 du
20.1.82 : textes officiels pour se protéger, conseils divers, bibliographie.
- Fichier C.E.L. « Expression corporelle » 48 fiches avec beaucoup d'idées.
- « A corps
retrouvé » : Casterman Collection E3 - L'éducation corporelle en milieu
scolaire ; livre écrit par un collectif de l'I.C.E.M.
Aménagement de la cour de lÉcole
de Leuc (Aude)
Lorsqu'on arrive à l'École de Leuc,
on trouve le bâtiment traditionnel avec les inscriptions : École de garçons -
Mairie - École de filles.
Les enfants y vivent en trois
groupes : la maternelle à l'étage et deux classes primaires au rez-de-chaussée.
La cour, encaissée, humide en hiver,
mal ensoleillée, non ouverte sur l'extérieur présente encore les traces d'un mur de
séparation entre les deux écoles : garcons-filles. De chaque côté, un préau et
un coin W.C.
Au-dessus de la cour, un jardin dans
lequel on pénètre par deux escaliers... lui aussi était partagé par un mur de
pierres...
En 1980-1981, la maternelle
n'existant pas encore, l'espace cour est complété par le jardin auquel les enfants ont
maintenant accès.
Ils peuvent y trouver un lieu de vie
différent en évitant une trop grande concentration. Peu d'aménagements pour l'instant,
mais la présence d'un énorme figuier avec des cordages, une série de clapiers et une
partie gazonnée. Le gazon étant relativement fragile, les enfants réunis en
coopérative décident de faire un tour de rôle pour profiter de l'herbe.
En 1981-82 : création d'une
maternelle.
L'effectif total passe à 66 enfants
de 2 à 11 ans. Les problèmes de la concentration d'enfants, des comportements et de la
sécurité se présentent au groupe et demandent une résolution rapide.
Nous avons proposé aux enfants de
participer à la recherche d'une solution en recherchant des aménagements possibles. Les
trois classes se sont mises au travail et des projets ont été élaborés sous forme de
plan ou de dessins. A partir de ces propositions, il nous fallait rechercher les moyens
pour arriver à la concrétisation :
- Faire le plan définitif
- Trouver les matériaux et
l'outillage
- La main d'oeuvre
Nous avons fait appel aux parents
d'élèves, et lors d'une première réunion, chacun en fonction de son vécu, des
souhaits des enfants, des lieux, a fait des propositions et un plan a été établi.
La liste du matériel est
faite : ... des troncs d'arbres, des planches, des palettes, des pneus de tracteur,
des buses, des cordages, des poteaux télégraphiques, du ciment, des moellons, des
chevrons, des panneaux d'aggloméré.
Un samedi et un week-end sont fixés,
pour lesquels les personnes se déterminent en fonction de leur disponibilité.
Au cours de ces trois journées, coopération de tous, parents, enfants, enseignants... prêt du tracteur, don de poutres, de poteaux, de planches... achats divers par la caisse de la coopérative, de sable par la mairie.
Réalisations :
Dans la cour : fixation sous
chaque préau d'un tableau de 2 m x 1 m à deux hauteurs différentes.
-
Suspension d'une corde à
grimper.
-
Pneus de tracteurs et de
voitures.
-
Cordes à sauter.
-
Planches de tailles
différentes.
Dans le jardin :
Clapiers, cordages, poutre inclinée,
jeu d'orgues, bancs, poteau-mât, pas japonais, un gros pneu, toboggan, figuier, mur
banquette, bac à sable sautoir, mur sautoir, palissade, cabane, coins jardins semis,
buses.
Ce qu'on observse dans le jardin et
dans la cour :
La satisfaction des besoins...
(grimper, escalader, se balancer, ramper, sauter, monter, descendre, se cacher, faire de
l'équilibre, observer par-dessus le mur, se reposer, s'isoler, courir, manipuler le
sable, l'eau, organiser des jeux seul, à deux, à trois... en grand groupe, s'exprimer
par le dessin, l'écriture...).
Les aménagements ont été pensés
pour permettre àchacun de les utiliser tous et tout de suite, et permettre aussi de se
mesurer progressivement à des difficultés grandissantes sans aucune contrainte des
adultes ni des autres enfants.
Le
comportement social des enfants :
Approche différente des lieux par
les enfants, stimulation et émulation par le groupe. Respect des petits par les plus
grands. Aide des plus craintifs par ceux qui réussissent.
Notre
rôle :
- Au début, nous avons fait prendre
conscience de ces éléments nouveaux au groupeclasse (effectif réduit), à tour de
rôle.
- Ensuite, canalisation du grand
groupe afin d'éviter les grandes concentrations, les bousculades.
- Maintenant, être présent
passivement en veillant à ce que rien de grave ne risque de se produire ; être
présent activement en participant à une activité : soins aux lapins, aux plantes,
aux semis ou encore aux jeux de grands ou petits groupes, ou encore aider un enfant à
franchir une étape dans l'investigation des lieux.
M.T. et André Villeneuve École de Leuc 11250 Saint-Hilaire
Notre cour n'étant pas goudronnée,
mais recouverte de terre de remblai, nous avons eu envie de l'aménager de façon à ce
qu'elle soit agréable à vivre et que nous puissions y jouer à divers jeux sans danger,
petits de section enfantine jusqu'aux C. M.2.
RECHERCHE DES DIFFÉRENTS JEUX
Nous avons d'abord décidé en
réunion des jeux que nous voulions trouver dans notre cour. Le maître nous a ensuite
montré des plans de différents jeux qui équipent des cours, des centres aérés... Cela
nous a permis de réviser certains avis sur des jeux jugés trop difficiles à faire, trop
dangereux, ou d'en adapter d'autres à l'espace dont nous disposions, et surtout à
l'argent qui devait y être consacré.
FINANCEMENT
C'était le point crucial de cette
opération. Nous voulions tout réaliser nous-même, par nous-même, donc pas question de
demander de l'argent à qui que ce soit.
Depuis deux ans, les élèves de la
classe des grands (C.E.2, C.M.1, C.M.2) collectent dans le village les vieux papiers
qu'ils revendent à une société de Nice. Il a donc été décidé d'utiliser les sommes
qu'ils gagneront chaque année pour réaliser ce projet. Nous avons donc procédé en deux
ans.
LES JEUX
LE MATÉRIEL
Étant donné que nous devions
économiser au maximum les sommes dont nous disposions (ou dont nous disposerons, le
maître faisant souvent l'avance de certaines sommes), nous avons été des clients
assidus de la décharge publique située à 3 km de l'école - c'est fou toutes les choses
qui peuvent encore servir et que les gens jettent. Ainsi, nous avons récupéré :
-
2 seaux de
maçonnerie ;
-
32 pneus de voiture de même
taille ;
-
1 barre de bois de 2 m de
long environ
-
2 barres de fer de 2 m de
long ;
Un maçon du village nous a donné
-
4 sacs de ciment ;
-
des palettes de transport de
briques dont nous avons décloué les traverses afin d'en récupérer les barres de bois
de 2 m de long ;
-
3 petits bouts de madrier.
Un ferronnier (le beau-frère du
maître, donc travail gratuit) a confectionné des pattes de fixation pour maintenir les
poteaux de mini-basket.
LES OUTILS
L'école ne disposant pas d'outils de
travaux publics, nous les amenions selon les besoins pioches, pelles, truelles, brouette,
rateau...
PRESENTATION DE LA COUR
Elle mesure en gros 13 m sur 20,
recouverte d'une terre de remblai, et trois platanes alignés dispensent leur ombre
l'été. De plus, un coin classe d'été, avec gradins et pelouse la complète
agréablement.
QUAND
A LIEU CE TRAVAIL ?
1. L'an dernier nous avons aménagé : le terrain de basket, le tunnel, les balançoires.
Au troisième trimestre, nous avions
instauré dans notre école à trois classes un après-midi atelier ou chaque maître
proposait une activité ouverte à tous les élèves de l'école (zoologie, musique...
aménagement de la cour). Cela avait lieu tous les lundis. Des enfants de S.E., C.P.,
C.E.1., C.E.2, C.M.1, C.M.2 ont participé à la réalisation de leur aire de jeu.
2. Cette année, seule la classe de
C.E.2, C.M.1 et C.M.2 y travaille car il faut un peu plus de travail de force, et pendant
qu'une maman d'élève vient une fois par semaine apprendre la couture aux filles, les
garçons piochent, cimentent...
Le terrain de mini-basket
Possédant des poteaux de mini-basket, il était important de commencer par s'occuper de tracer de façon définitive cette aire de jeu. La difficulté venait du fait que les dimensions du terrain auraient pris toute la cour. Il fut donc
décidé d'en faire un mini-terrain de mini-basket, c'est-à-dire de réduire les dimensions, préférant jouer à trois contre trois plutôt que de voir notre rêve anéanti à cause de ce terrain (le stade communal possède un grand terrain sur lequel nous pouvons nous rencontrer autant de fois que nous le désirons). Nous l'avons donc placé dans le sens de la largeur, vers la pelouse, entre le préau et un platane.
Nous avons tracé les limites,
pioché sur les lignes obtenues sur une profondeur de 20 cm àpeu près. Les tranchées
ont été comblées par du béton que les enfants préparaient, et dans lequel nous
mélangions petits cailloux et bouts de ferraille. Après séchage total, la semaine
suivante, nous retracions les limites avec l'épaisseur, et nous peignions les lignes du
terrain. Les poteaux ont été démontés afin d'être poncés car deux ans à la pluie
les avaient un peu rouillés. De la graisse a été introduite dans les tubes, sur toutes
les parties coulissantes, puis on les a remontés.
Pour les fixer en terre afin que le
vent ne les fasse plus tomber (ce qui est dangereux et les abîme) on a fabriqué des
cadres de bois de 27 x 25 x 15 cm que l'on remplissait de béton et où l'on faisait
prendre une patte de fixation en U percée. Le poteau en place, la brique ainsi obtenue
était enterrée, le poteau percé et maintenu en place dans cette patte par un boulon.
Notre terrain est maintenant opérationnel.
Le tunnel
Lors de l'une de nos expéditions à
la décharge publique, nous avions remarqué des buses d'égout neuves, inutilisées, sur
le bord de la route. Celles-ci étant la propriété de la mairie, nous avons demandé à
M. le Maire l'autorisation de les prendre pour notre cour. Il a accepté et un
après-midi, les employés municipaux nous en ont apporté sept.
Pour les fixer, nous avons tracé une
tranchée de 10 cm de large en forme de fer à cheval. Elles ont été roulées dessus
afin qu'elles ne bougent plus car elles sont très lourdes et il ne faut pas qu'elles nous
écrasent les pieds. On a cimenté les raccords entre deux pour que les graviers de la
cour ne nous fassent pas mal aux genoux. Depuis on les a peintes, elles sont belles !
Les balançoires
Un des platanes de la cour présente
trois belles branches équidistantes, droites ou peu inclinées, qui permettront d'en
supporter chacune une. Celles-ci seront faites d'un pneu renforcé par un bout de madrier
introduit de force dans le logement de la chambre à air, percé à chaque extrémité
pour permettre le passage d'une chaîne de type « marine » qui ne rouillera
pas à l'air et à l'eau. Chaque extrémité de la chaîne s'enroulera autour d'une
branche préalablement protégée contre les frottements par un demi-pneu maintenu par du
fil de fer. Chacune sera à une hauteur différente :
- celle des « petits »
est supportée par la branche la plus fine et près du sol ;
- celle des « moyens »
par une branche plus grosse, un peu plus haute ;
« celles des
« grands » par la plus grosse et la plus haute.
Ceci est général et adapté en
fonction du poids de l'enfant.
La poutre d'équilibre
Un parent d'élève nous a apporté
des poteaux télégraphiques mis au rebut, ils nous serviront de support pour notre barre
de bois de 2 m.
Nous avons scié le poteau en deux
morceaux de 50 cm de long. Chaque morceau sera enterré à 2 m l'un de l'autre, à une
profondeur de 20 à25 cm de façon à être à 25 ou 30 cm du sol. Des pierres, puis du
ciment les maintiendront. Elle est peinte de couleurs vives afin d'être visible pour
éviter les heurts ! Une fosse à sable l'entoure pour amortir les chutes.
La cabane
Nous allons utiliser les barres de
bois de 2 m prises sur les palettes de transport du ciment. La cabane aura la forme d'une
tente de camping : 4 barres deux à deux en forme de V renversé, entaillées de façon à
s'imbriquer et boulonnées, les trois autres les maintenant écartées, entaillées et
boulonnées elles aussi. Les pieds seront placés dans des bouteilles d'eau minérale en
plastique où l'on introduira du ciment, le tout maintenu dans une brique en ciment que
l'on enterrera. Cela permettra de conserver la rigidité de l'ensemble et l'inclinaison
des pieds.
Les murs seront en
« canisse » car il ne faut pas d'élément trop lourd et offrant trop de prise
au vent. La base sera enterrée et tenue par la terre. On prévoiera un rembourrage en
mousse aux deux entrées car elle est un peu basse pour des élèves de grande taille.
Lestoboggans
C'était l'élément le plus attendu
de cette plaine de jeux.
Deux solutions s'offraient à
nous :
- les construire : cette
solution n'a pas été
retenue étant données les difficultés qu'elle présentait ;
- les acheter
: cette solution a été retenue. Les modèles « collectivité » étaient hors de prix pour notre budget, nous avons donc décidé d'acquérir les deux modèles présentés par laC.A.M.I.F.Il a tout de suite été établi
qu'ils devraient être traités avec ménagement. Nous avons préparé un rond de 2,50 m
de rayon à peu près et nous avons creusé tout autour une tranchée de 30 cm de
profondeur sur 20-25 de large. Les pneus ont été placés debout dans cette saignée, mis
de niveau, calés avec des pierres, puis du ciment a été coulé de facon à les
emprisonner.
Dès réception des toboggans, nous
avons assemblé les éléments, confectionné des briques emprisonnant des crochets qui,
enterrés, tiendront fermement ces engins. La mairie fournira le sable qui amortira les
réceptions (en attendant nous avons disposé de la mousse).
Nous avons acheté deux toboggans car
les « grands » voulaient plus de pente que n'en offrait celui des
« petits », celui des « petits » a les bords relevés pour
garantir les chutes.
QUE FAIRE DE LA TERRE ENLEVEE ?
Cette quantité est assez importante,
alors un entrepreneur de maconnerie la prendra en nous apportant le sable.
INTÉRÊT
Je passerai sur le fait que nous
avons une magnifique cour de récréation, l'essentiel est autre :
- Les enfants ont calculé, décidé,
imaginé de bout en bout leur aménagement ;
- ils ont travaillé avec des
instruments dont certains ignoraient le nom ou l'existence ;
- ils se sont répartis en équipes
et chacun se donnait un travail précis ;
- le maître veiliait à ce qu'aucun
des enfants n'ait un geste « malheureux » avec ces outils qui pouvaient
devenir dangereux. Il naviguait entre les groupes afin d'aider à piocher un endroit
particulièrement dur (nous sommes très souvent tombés sur des pierres de bonne taille),
fignoler un détail, rattraper une erreur de dosage du ciment, et terminer pendant
quelques mercredis et dimanches des travaux inachevés qu'il était important de finir
pour pouvoir progresser la fois suivante, ou pour faire un travail trop dur où la
présence des enfants aurait été gênante car toute l'attention était captée par cette
besogne et la surveillance n'aurait pu s'exercer dans les conditions optimum de
sécurité.
Le travail scolaire a bénéficié de
ce « chantier ». Nous avons étudié ainsi :
- le cercle, le disque (périmètres,
aire, rayon, trouver le rayon connaissant le périmètre ou l'aire
) ;
- les aires (définition, unités,
calcul, transformation ;
- les volumes (définition, unités,
calcul, transformation) ;
- la monnaie ;
- le plan (du terrain au plan et
inversement, calcul, détermination de l'échelle) ;
Le travail de francais a aussi
beaucoup tourné autour de cette activité ;
- vocabulaire (noms des outils, des
éléments, des matériaux utilisés
) ;
- orthographe ;
- grammaire ;
- conjugaison.
Et enfin je crois pouvoir dire qu'une
amitié est née ou s'est renforcée entre élèves et maître car sur le chantier nous
étions tous égaux devant la pelle et la pioche, et les enfants ont pu mesurer la part
d'initiative qui leur était laissée et d'invention que je leur demandais car c'était
pour leur cour de récréation.
Audry Weiermann
École
de Saint-Cézaire-sur-Siagne
Aides
architecturales :
- On peut en obtenir auprès
des :
C. A. U. E. (Conseil dArchitecture,
d'Urbanisme et de l'Environnement),
des Parcs régionaux.
Rondins
de bois :
Selon les régions, demander à l'O
N.F.
·
Loi du 5 avril 1937
La responsabilité de l'État est
substituée à celle des membres de l'enseignement.
·
I.O. 23.03.72 n° 721027
Répondre aux besoins des enfants
- Orientation donnée à l'aménagement
de l'espace scolaire et des cours en particulier.
·
I.0. n°73345 du 20.08.73
Textes relatifs à la construction des écoles élémentaires.
· La
maison de l'école. Janine QUILGHINI. Nathan.
· L'aménagement des cours de
récréation. Nicole
et Claude LAMOUROUX. Revue EPS 151 - 1974.
· L'aménagement de la cour d'école. Ministère de l'Éducation du
Québec.
· Changer les cours de récréation. C.O.D.E.J.
· Étude
sur l'aménagement des espaces extérieurs des écoles. C.N.D.P. C.D.D.P. Niort. Deux
Sèvres.
· Les
enfants et la ville. Fondation du Roi Beaudoin. Bruxelles.
· Les espaces de jeux. Revue l'École Maternelle Française
n°7. Avril 1980.
· Publications F.F.C. :
-
Aller jouer dans la cour. F. F. C. Île de France.
-
Aménagement des cours d'école. G.A.E. Loire Océan.
·
La
cour de récréation. Groupe Audois de l'École Moderne - Pédagogie Freinet.
·
Fichier
Éducation corporelle. I.C.E.M.-C.E.L. d'où sont tirées les fiches des pages 45
à54.
LÉducation du travail. C. Freinet. Delachaux et Niestlé.
DESSEIN, DESSIN, CLICHÉ ?
S'IL TE PLAIT,
DESSINE-MOI UNE ECOLE
Lorsque l'action d'un roman, d'un film,
d'une bande dessinée se situe à l'époque actuelle, on y voit des paysages actuels, des
immeubles actuels, des moyens de transports actuels, des vêtements actuels. Mais si par
hasard on doit y montrer une école, alors, dans quatre vingt dix neuf pour cent des cas,
on y montre l'école du temps des machines à vapeur, de la lampe à gaz et de la marine
à voiles.
Chaque adulte vit avec en lui une idée
de l'école, une image de l'école auxquelles il s'accroche en dépit de toute logique, au
mépris de tout réalisme. Et si à la rigueur il accepte de voir évoluer quelque peu en
apparence le mobilier scolaire, il est incapable de concevoir l'existence d'une forme de
travail scolaire autre que celle dont ses souvenirs d'enfance lui ont laissé une trace au
demeurant caricaturale. Et ce, à tous les « niveaux ».
Quel technicien, quel banquier, quel
industriel, quel médecin, quel artisan, quel travailleur de quelque branche que ce soit
supporterait une telle entrave à l'évolution normale de ses conditions de travail et de
ce travail lui-même ?
Tu admets, bon gré mal gré, que se
remodèle le monde, que se redistribue le travail, que se restructure l'économie. Alors,
s'il te plaît, que ton dessein pour l'école ne soit plus une image d'Épinal.
Un autre dessein pour l'école,
chaque mois, dans la revue
L'ÉDUCATEUR
Revue de l'institut Coopératif de
l'École Moderne
Pédagogie Freinet
Abonnements
P.E.M.F. - B.P. 109 - 06322 Cannes La
Bocca Cedex
Ce POURQUOI-COMMENT a été réalisé par Monique
Bru, Claude Cohen, Guy Champagne, Yvon Gac, Denis Morin, Jacques Rey avec la participation
et les témoignages ou photos de André et M.-T. Villeneuve, André Denat, Maîté Milhet,
J.-M. Kovac, Ursula Hoff, Joël Blanchard, G. Boudesocque, Claudine Sion, Claire
Vuillequez, Bernard Schneider, Annick Thomas, Francine Douillet, Monique Ribis, Jean
Legal, Francis Agras, Lyne Marion, Ph. Mussbaum, Audry Weiermann, le groupe départemental
de l'Aude, Huguette Lemmet, Laure Huet, Xavier Nicquevert, Liliane Corre, Francis Labat,
Véronique Lebas.
Photographies :
Beis : p. 4 - G.
Champagne : p. 10, 11, 13, 16, 32, 42 - C. Cohen : p. 5 - L. Corre : p. 20,
44 - L. Huet : p. 30, 43 - F. Labat : p. 14, 28 - V. Lebas : p. 15, 32 - M.
Milhet : p. 33 X. Nicquevert : p. 20 -Photo École maternelle Saint-Palais-sur-
Mer : p. 27 - Photos X : p. 17, 28, 44.